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"Ulrich ?"

"Ulrich, je ne te reconnais plus."

"T'as tellement changé..."

Taisez-vous.

"La lumière est un chemin étroit au cœur d'une forêt merveilleuse. Mais ne t'égare jamais du côté des fourrées. Car derrière leur apparence séduisante, sont dissimulés chaos et désastre."

Tais-toi !

"Je t'aime. Ne me déçois pas outre-tombe."

Maman...

"Belle nuit... Pour fuir ses démons..."

Tais-toi, je t'en supplie...

"Il est des blessures qu'on ne peut guérir avec l'exigence et la droiture."

Vel, arrête...

"D'la triche."

Orme ?

"Tu as l'air très triste."

...

"Après tout nous sommes partenaires pas vrai ? Hors de question que je laisse tomber ma première mission, et mon premier coéquipier."

"Vel, je suis avec Ulrich ! Il est évanoui !"

Un fracas. Mes yeux s'ouvrirent. Mes pieds ne touchaient pas le sol. Mes mouvements étaient immobilisés. Je parvins à agiter mes doigts engourdis. D'épaisses lanières me comprimaient contre une surface verticale parfaitement lisse. Je tentai quelques mouvements avec ma tête, et l'acier froid de mon support me glaça la nuque. Je subissais le froid ambiant de la pièce obscure dans laquelle je me trouvais. Je pus alors distinguer un mince rai de lumière percer les ténèbres. Une étroite brèche dans cette opacité insoutenable. Ce qui s'apparentait à une porte se tenait à environ cinq mètres de moi. Une pression s'exerçait sur mon thorax et mes bras. J'avais peur.

Des bruits de pas. J'entendais des bruits de pas. Parfaitement égaux. Un tempo parfait. Soudain, la brèche lumineuse s'élargit. Les vannes de l'éclat étaient ouvertes. Mes paupières se plissèrent, pour protéger mes rétines, accoutumées au noir.

-Ulrich, de Kuat.

Je rassemblai en moi mes forces pour enfin distinguer la silhouette qui s'était engouffrée dans ma geôle.

-Vladimir...

Les traits du vétéran étaient reconnaissables entre mille. Commandeur des forces spéciales de Kuat, Vladimir Rasmussen était aussi l'attaché parlementaire de mon père. Une cicatrice, mémoire de son passé guerrier, barrait son visage violemment. Elle prenait source sur son arcade gauche, lui ciselant son sourcil blanc, pour s'enfouir dans les profondeurs de sa barbe fournie. Il arborait l'armure de mon monde. Son plastron verdâtre était juxtaposé de deux immenses épaulières couleur émeraude, signes distinctifs de son rang.

-Tu oses porter les couleurs de notre nation.

-Et toi, tu oses la trahir.

Sujet sensible. Mes muscles se crispèrent, et mon échine se secoua en tout sens. L'effusion de rage faisait bouillonner mon sang, mais les lanières limitaient tout mouvement de ma part. Seules mes épaules, mes mains, mon abdomen et mon visage s'agitaient.

-Comment !? Je te défends de dire ça ! Essaye seulement de remettre en cause mon patriotisme ! Fils de chien !

Un sourire nauséabond apparut sur sa face balafrée. Les commissures de ses lèvres s'arquèrent, comme pour sinistrement souligner son cache œil brun.

-Patriote hein ? Et rappelle-moi depuis quand la notion de patriotisme implique-t-elle de s'unir à l'ennemi ?

Cette nuit au Titan. Cette bataille. Vel. Mes yeux s'écarquillèrent.

-Je suppose qu'il est plus honorable de mettre en œuvre une embuscade contre moi en pactisant avec un contrebandier.

-Tous les moyens sont bons, pour débusquer les traîtres.

-Kuat a toujours combattu la corruption. Du moins, c'est seulement la face visible de l'iceberg ça. Tu en sais quelque chose, hein ? Sombre m**de.

Il élança sa main gantée contre mon cou. Le bras métallique de son armure de combat m'agrippait. Intense douleur. Son pouce comprimait ma trachée, tandis que ses phalanges écrasaient ma nuque.

-Écoute-moi bien, petit chiard ! Ça fait un moment qu'on observe tes agissements. Si ça ne tenait qu'à moi, nous n'aurions jamais dressé d'alliance avec les Jedi. Tu es une souillure contre-nature Ulrich ! Mais pour ça, j'ai toujours dû la boucler. Non, ce qui m'amène, c'est que tu as collaboré avec une Sith. Et crois-moi, ça, tu vas amèrement le regretter.

Il me cracha à la figure. Humilié, impuissant, je contenais tant bien que mal les larmes que je sentais monter.

-Toi, le gamin infâme, ton père et moi avons enfin trouvés le moyen de te briser ! Tu es l'argument parfait pour discréditer les Jedi auprès du sénat. Crois-moi, au su de tous, tu seras la risée, aussi bien du côté de notre patrie, que de tes semblables !

Mes nerfs cédèrent. Les larmes coulèrent. J'étais pris de spasmes. Il plaqua violemment mon crâne contre son support métallique, et me gifla lourdement de sa main blindée. Son unique œil vomissait une foudre glaciale.

-C'est ça, pleure. Petite lopette, va. Maintenant, tu es seul.

Il fit volte-face, et sa longue cape dansa, comme soulevée par sa fureur hémoglobine. Mes larmes coulaient au long de mes joues. J'étais sous état de choc. Qu'allait-il advenir de moi ? Comment avait fini cette bataille...? C'est alors que la pièce dans laquelle je me tenais vibra intensément. Je pris alors conscience qu'un bruit de fond accompagnait mon sommeil et mon réveil, à l'instant où celui-ci s'évanouit. Des moteurs ? Je devais me tenir dans un vaisseau. Mais alors... Où me trouvais-je ?

Quatre miliciens surgirent du couloir par lequel s'était introduit Vladimir, éminence grise de ma nation. Leur visage était entièrement dissimulé par le casque de l'armée verte. Aucune parole. Aucune expression. Un dégoût profond sillonnait dans les nœuds de mon ventre. Cette fois-ci, les troupiers de Kuat ne me saluaient plus. Cette escorte allait sans aucun doute différer de ce à quoi j'étais habitué. Ils libérèrent mes mouvements, et mes pieds touchèrent enfin le sol. Je plaquai ma main droite contre mon crâne douloureux. Ils pointèrent leurs fusils blaster en ma direction.

-Avance.

Désespéré, j'obéis aux hommes d'arme masqués. Je pénétrai alors dans le couloir blanc, et pris directement un virage sur la gauche. Un des soldats actionna silencieusement un levier, et la lourde porte métallique qui nous barrait alors la route dévoila à mes yeux le paysage qui m'accueillait. Hapès. Je pouvais décerner les hautes tours blanches incurvées qui caractérisaient le monde des esthètes. Le ciel brillait d'une teinte orangée, faussement chaleureuse. Ils m'ordonnèrent de descendre de la passerelle métallique. Traversée en dix pas, j'étais à présent sur l'une des hautes plateformes de la cité édénique. Deux créatures d'une terrible beauté accueillirent notre arrivée par un regard froid et analytique sur ma personne. Le céleste jugement des déesses jumelles tomba.

-C'est lui ?

-Bien sûr, que c'est lui.

-Il a du potentiel.

-Un certain potentiel.

-Ambrosia, tu es cynique. Ce garçon est parfait.

-Admettons. Où est Vladimir ?


Moi, noble de Kuat, je me faisais à présent démarcher comme un vulgaire esclave. Le glas de mon déclin social retentissait. Ayant toujours refusé de porter foi aux pires croyances au sujet des Hapan, il me revint à l'esprit ce qui se disait à leur sujet. J'étais pétrifié. L'officier de Kuat semi-ventripotent descendit du vaisseau.

-Alors, il vous convient ?

-Il est parfait.

-Presque parfait.

-Nous te le prenons, Vladimir.

-Toujours un plaisir de traiter avec vous. Je suis ravi de consolider le pacte qui unit nos glorieuses nations.

-Trêve de flatteries. Tu auras ta part du gâteau, comme convenu.


Un sourire carnassier défigura l'homme qui suivait les traces de mon père. Il se savait fort de la plus belle des victoires. Celle de me vaincre, moi. Les nymphes tournèrent les talons. Leur chevelure soyeuse flottait tel l'étendard que l'on dressait au terme d'une bataille couronnée de succès. Les gardes me firent avancer sans mot-dire, de l'extrémité de leur arme de tir.

Parce que paraître digne en pareille situation eût davantage été de l'ordre du ridicule, je marchai, les yeux rivés au sol. J'étais bafoué. J'avançai sur la plate-forme étroite. Je ne voyais sous le pont que le vide, et une vague brume de même couleur que le ciel cendré. Les quelques minutes qui suivirent me parurent interminables. Dans le silence le plus religieux, je suivais mes nouvelles tortionnaires, secondé par l'escouade militaire. Nous pénétrâmes alors dans une petite ouverture de l'une des immenses tours ivoires. Certainement pas l'entrée principale. Après avoir emprunté un couloir austère, au décor incroyablement épuré, se découvrit à moi un ascenseur. Une fois à l'intérieur, l'une des sirènes actionna un bouton. Une voix féminine synthétique annonça alors:

-Hapès, tour Égérie, 133ème niveau. Pass identifié. Vous avez demandé le niveau S.

La cabine fusa dans un silence feutré. Je la sentais s'engouffrer dans les racines de la tour, au fur-et-à-mesure que les étages apparaissaient sur l'écran d'affichage. 7... 6... 5... 4... 3... 2... 1... 0... -1... -2... S. Les battants découvrirent alors un paysage très loin de la réalité hapan. Alors que dans leur cité, chaque élément architectural était lisse et d'une grande pureté, je pu contempler un couloir sombre et crasseux, émanant une odeur de pourriture. Les divines inconnues ouvrirent la voie. Leur démarche glissait gracieusement dans la salle profanée. L'atmosphère était lourde. Je pénétrai en terres inconnues, toujours menacé par les blasters des factionnaires. Je m'enfonçai dans les couloirs obscurs et sinueux. C'est alors que j'osai une œillade sur le côté. Mes yeux, jusqu'alors rivés sur mes propres pas, ne m'avaient encore aucunement dévoilé la tragédie qui me cernait. De toute part, des cellules disposant de barreaux rouillés, au travers desquels je pouvais discerner des abominables faciès. Des êtres aux regards mortuaires. Décharnés, vieillis, et comme siphonnés de leur âme, ils me toisaient d'un air lugubre. Des frissons parcouraient mon épine dorsale, et mes membres tremblaient. C'est alors que l'une des sinistres voleuses de beauté arracha d'un pli de sa robe, un trousseau de clés oxydées. Elle en enfonça une dans la serrure poussiéreuse, et pointa sévèrement du doigt les lieux. Je m'exécutai, une fois de plus. La pièce puait le rance et la moisissure. C'est alors que la grille grinça derrière moi. Mes hôtes mal intentionnés s'éloignèrent. L'écho de leurs pas diminuait chaque seconde un peu plus, au rythme martelant d'infâmes clous qui scelleraient mon cercueil. La pièce était munie d'une couchette en lambeaux, et d'une cuvette de toilettes poisseuse. Alors... J'en étais arrivé là ?

Je m'effondrai à genoux, le dos courbé, et mon front affaissé sur mes genoux. Mes poings étaient aussi serrés que mon cœur, qui laissa voler en éclat le soupçon de fierté qu'il me restait. Je sanglotais comme un enfant.
Luke Kayan
Luke Kayan
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Vel avait aidé Luke qui se remettait petit à petit de ses émotions, prêt à en avoir de nouvelles. L'adolescent s'était complètement éveillé et sentant la présence d'Ulrich s'éloigner, s'était jeté à sa suite, sauf que le flot de personnes encore présentes dans la boîte et totalement paniqué d'ailleurs lui ferma toute ouverture. Le Hapan se tourna alors vers un garde encore en vie pour lui demander où ils emmenaient le Padawan. Essayant de garder son calme bien que ce soit vraiment difficile, il menaça l'inconnu des choses habituelles: "votre peine n'en sera que lus lourde, vous écoperez de complicité d'enlèvement" mais ça ne fonctionnait pas. ça ne fonctionnait jamais! Les Jedis bien qu'il les admire et suive leur dogme au maximum étaient pourvus de bien peu d'armes. Quel garde de Hutt -y compris mort-préférait parler pour avoir moins de peine de prison si c'était pour mourir dès sa sortie de la main d'un frère limaçon vengeur qui détestait pourtant le défunt avant son décès?

Luke pointa alors son sabre-laser sur la poitrine de l'individu, visant là où devait se trouver à peu près le coeur. De toutes façons où que la lame se plante, un gros trou dans la poitrine ne laissait personne de vivant. C'était du bluff bien sûr. Luke ne pouvait pas se réduire à tuer quelqu'un à terre. Il avait du suivre des enseignements Siths mais n'en était heureusement pas arrivé à ce point là, sinon les siens ne l'auraient pas gardé, c'était évident. Par chance, le bluff fonctionna... Luke ouvrit de grands yeux, il était plus qu'étonné et ne réagit pas pendant une seconde avant de se précipiter vers Vel, non sans avoir ficelé le garde trop mal en point pour lui opposer de véritable résistance.

-Vel...

Luke était essoufflé. Galoper parmi toute cette foule compacte était une épreuve pour quiconque, lui encore plus. Hapès était une planète généralement fermée, y pénétrer serait difficile. Heureusement le Padawan avait sa petite notoriété dessus grâce à son nom de famille. Sa mère avait été la pire femme qui soit mais elle était noble là-bas et son père était sénateur à Coruscant. Le procès de Maria Kayan avait été retentissant, sans compter que pour ajouter au spectacle Saï Don, le grand maître du Conseil des Jedis y avait participer. Certains hapan étaient du côté de l'enfant, d'autres plus aveugles que lui encore avaient clamé que le paternel et le Temple avaient manipulé le jeune homme. Quant à Maria Kayan, le Padawan s'était renseigné. Après 8 ans passés dans la prison pour femmes sur Nar Shadaa, elle avait survécu contre toute attente. Sûrement à coup de pots de vin... Si Luke se rendait là-bas, elle saurait peut-être que son fils était ici. On disait que son état physique n'était plus si mirobolant que ça. Comment survivait-elle? Avec quel leitmotiv et comment était-elle encore respectée sur cette planète ou tout tournait autour de la beauté?

Pour le moment ces questions ne devaient point exister dans l'esprit du jeune Jedi qui s'efforça d'oublier ce qui se présentait comme une nouvelle épreuve. Il se dirigea vers la jeune femme, toujours assez balloté par ses sens et les gens pour ne pas la considérer comme Sith en tant que tel bien que son aura lui paraissait singulière et assez sombre.

-Hapès... Ma planète. Nous entrerons grâce à mon nom s'ils ne nous laissent pas passer. Tu as un vaisseau?

Ce n'était pas le moment de perdre son temps en politesse et Luke était certain que la courageuse Vel était d'accord. Elle avait peut-être une aura un peu bizarre mais elle avait été de leur côté. Pour l'instant ça lui suffisait! Si ça se trouvait c'était une jedi grise? Ils faisaient office de légendes ou de réalité insaisissable pour les enfants comme pour les adultes souvent d'ailleurs. Certes elle avait menti en disant ne pas posséder la Force mais c'était probablement pour rester neutre ou tromper l'ennemi. De toutes façons Luke lui faisait confiance pour une chose: elle voudrait sûrement sauver son camarade comme elle l'avait sauvé lui.

-Une fois mon nom donné, je ne servirai plus à grand chose. J'ai quitté l'endroit très jeune et aveugle. Il se pourrait même que mon patronyme soit source d'ennuis... On risque d'avoir ma mère à nos trousses.

Décidément! Entre Ulrich qui avait de gros problèmes avec son père et Luke qui enchaînait avec sa mère, on ne pouvait pas dire qu'ils étaient bien logés comme gosses. Et la pauvre Vel non plus n'était pas gâtée.

-Je connais plus ou moins certains lieux toutefois. ça dépend, nous verrons bien. On y va?

Lança le Hapan rempli d'espoir quant à la jeune femme. Seul il ne pouvait pas se rendre là-bas. Déjà il n'avait pas de vaisseau, ensuite même s'il en avait eu un il n'avait pas Bip pour le conduire à sa place. Et puis malgré le fait qu'il ait déjà son propre sabre laser et pas mal d'expérience, il ne fallait pas se leurrer, il n'était encore qu'un Padawan. Vel avait les capacités approximatives d'un chevalier ou d'un très jeune maître, il en était sûr.

[HJ: Vel je me suis permis de te percer plus ou moins à jour à cause de ton utilisation de la Force. Si ça ne va pas et qu'elle le cache encore, je changerai^^]
Darth Velvet
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Avoir laissé en arrière Ulrich… comment puis-je être aussi stupide ! Mon poing se crispe involontairement, les ongles s’enfoncent dans la paume tendre de ma main. Ce constat, cet échec me déchire aussi surement qu’un sabre pénétrant le sanctuaire de ma poitrine. Je n’ai aucune autre excuse que ma faiblesse, que ma défaillance. Le padawan comptait sur moi, et moi je viens de l’abandonner à un sort que je devine peu enviable. Mes démons me hantent, me broient, exaltent mes peurs les plus sombres, attisent ma rage et ma colère. Mon bras se projette et mes phalanges rencontrent la dureté d’un pilier d’acier dans un feu d’artifice de douleurs. J’ignore le craquement de mes os, la rivière pourpre bouillonnant de cette blessure de guerre. Guerre ? Oui… c’est davantage qu’une revanche, davantage qu’une vengeance… c’est une guerre, brutale et sans pitié, que je mènerais contre ces hommes jusqu’à ce que je retrouve Ulrich.

Mon regard se fait plus dur, troquant l’azur bienveillant pour une teinte foncée emprunte de ténèbres et de violence. Interroger le garde était malin, mais il est heureux pour lui que cet interrogatoire soit le fruit du jeune Luke et non le mien. Alors que les révélations tombent en grappe désordonnée sous les menaces gentillettes du padawan, je sais ce qu’ils nous restent à faire pourtant je n’interviens pas, laissant juste au blondinet l’occasion de m’exposer ses arguments. Force est de reconnaitre leurs pertinences…

« Luke. T’emmener à la poursuite de ces personnes t’exposera et je ne suis pas en mesure d’assurer sans mentir qu’il ne t’arrivera rien. Mais je doute que tu acceptes facilement de rester sagement en attendant que je le récupère. En outre, j’ai réellement besoin de ton aide pour franchir les obstacles administratifs et militaires si tu disposes d’une certaine notoriété comme tu sembles le prétendre. Mais Es tu certain de vouloir venir ? »

Je pose la question plus pour la forme, néanmoins je ne veux pas qu’il s’enferme dans une illusion.

« Pour ce qui est de ta mère… je ne tôlerais aucun coup fourrés. Il serait raisonnable de sa part de se tenir à l’écart de nous, je doute d’avoir suffisamment de patience pour être cordiale. Mais si tu crains qu’elle te poursuive, nous nous en occuperons en temps voulu. Pour l’instant seul le sauvetage d’Ulrich importe et demeure mon objectif. Si tes spéculations prennent vie, une fois sur Harpès… et bien nous aviserons. »

Je l’invite à me suivre d’un geste tout en contactant par comlink, le pilote robot de ma petite navette arrimé dans l’une des nombreuses baies d’amarrage de la ville.

Inlassablement, heure après heure, jour après jour, je me ressasse les événements du Titan. Malgré toute mon énergie à comprendre je ne parviens pas combler tous les blancs de cette mésaventure. Au bout du compte, mon intuition me souffle que je n’étais pas la cible de ce guet apens, juste le grain de sable inopportuns dans les rouages huilées d’une machination dont je ne devine ni les tenants, ni les aboutissants. Malgré les nombreuses questions, rien de ce que m’apprends Luke n’éclaire ma lanterne. Je demeure dans cette obscurité oppressante, peuplée de théories extravagantes et surréalistes.

La poursuite des kidnappeurs se révèle plus difficile que prévue. Si la présence de Luke et la notoriété de son patronyme nous permettent de dépasser les contrôles usuels d’Harpes avec brio, elle ne résout pas notre principal problème : où Ulrich a-t-il été conduit ? Je sais d’expérience qu’il est toujours plus aisé de suivre une piste encore tiède… tout comme je sais que chacune des journées que nous perdons à le chercher sans résultat diminue exponentiellement nos chances de le retrouver. Nous nous employons à chercher les traces de leurs navettes dans les registres officiels de la navigation aérienne, interrogeons le personnel susceptible de nous offrir un indice. Et alors que nous désespérions de suivre les traces de cette navette et de cet équipage fantôme, une rumeur arrachée à son dépositaire dans les larmes et le sang surgit telle une lueur d’espoir.

Je suis de nature prudente. Les aléas de la vie, l’académie, les peines et les déceptions autant que les blessures et les plaies m’ont forgée. Se précipiter la tête la première dans la gueule du loup n’est pas de mes options. Je suis, accompagnée de Luke, les miettes que nous ont laissé les mercenaires du Titan. Lentement mais surement nous remontons la piste, des bars à soldats aux quais d’amarrage des vaisseaux. Etrangement les langues se délient plus rapidement à mesure que nous approchons de notre objectif. Le revirement m’inquiète mais sans plus, mon esprit en ébullition s’anarche d’œillères et ne remarque rien.

Tout converge vers un seul point, une navette frappé d’un symbole vert rappelant cette couleur dont les kidnappeurs se paraient. Le nom inscrit sur la coque ne m’évoque strictement rien. Je doute de trouver à son bord celui que nous cherchons mais pour avoir des réponses, il n’y a pas d’autres solutions que de s’infiltrer à son bord jusqu’à la cabine du commandant et de son occupant. L’impression de fourrer son nez dans un piège me traverse avec constance, mais je la refoule tout au fond moi. Je n’abandonnerais pas Ulrich. Quoi qu’il puisse advenir.

« C’est ici… » Soufflais-je à mon comparse aveugle.

Nous avons mis au point ce stratagème, ensemble. Il n’est ni brillant, ni très subtil mais je lui demande juste d’être efficace. En tout cas, si je sens Luke réticent à l’idée de répandre autour de lui, la mort, pour ma part je n’en éprouverais aucun remords. Nous avançons vers les deux hommes en faction jouant une comédie bien huilée. Je me moque bien de savoir quelle aura me drape alors que la main froide de ma psyché enserre celle des gardes dans l’étau de ma volonté. Leurs résistances se brisent et ils s’écartent pour nous offrir le passage. Leurs indications s’avèrent utiles et nous ne croisons âmes qui vivent dans les couloirs aseptisés du vaisseau. Les occupants doivent être accaparés par les verres alcoolisés et les jolies harpiennes, trop heureux de profiter des délices d’une escale et de leurs soldes.

La Cabine du Commandant est assurément la plus spacieuse de toutes, mais je ne l’imaginais aussi luxueuse. Mon regard effectue une 360 degrés alors que je referme soigneusement la porte derrière nous. Pourtant je ne m’attarde pas sur la conception originale et chaleureuse du lieu, mes prunelles se fixent irrémédiablement sur les data-blocs trônant sur un bureau boisé. Vraisemblablement le journal de bord… ou peut-être mieux encore. Mes doigts se tendent vers cet objet de convoitise avant de se suspendre, immobiles, aux cliquetis métalliques annonciateurs d’un verrouillage.

Les portes sont condamnées. Frustration et rage m’envahisse alors les grilles de ventilation commence à cracher une brume invisible. En un rien de temps la pièce se retrouve totalement envahie et j’inhale cet air impur, à plusieurs reprises avant d’aviser de mon erreur. Mes mises en garde pour Luke meurent sur mes lèvres, alors qu’inexorablement la torpeur s’empare de moi. Je lutte désespérément pour demeurer consciente mais c’est un combat perdu d’avance. Peu à peu mon esprit s’enfonce, inconscient, dans un sommeil sans rêve. Et je perçois comme un dernier écho, le bruit mat de mon corps s’affalant sur le sol.

Mes paupières sont lourdes, ma bouche pâteuse, ma gorge sèche, mes idées embrouillées. Je porte ma main à ma tempe comme pour apaiser l’affreux mal qui secoue mon crâne. Mes yeux s’ouvrent, papillonnent, se referment sans parvenir à analyser mon environnement. Mais où suis-je donc ? Et… et Luke ?
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Mes paupières s'ouvrirent dans le chaos de la cellule hapan. Étais-je finalement parvenu à trouver le sommeil ? Ma geôle était aussi sinistre qu'à l'habitude. Je ne savais depuis combien de temps j'étais incarcéré dans ce lieu morbide. À l'instant où je tentai de me lever de ma couchette, mon corps s'effondra sur le sol dans un bruit mat. Fébrilement, je massai mon coude endolori. Mes jambes et mes bras me positionnèrent alors en tailleur, adossé contre le flanc de ma couchette. J'étais affaibli. Je ne savais pas de quand datait mon dernier repas. Des heures ? Des jours ? La notion du temps m'échappait. Ici, seule l'obscurité régnait, et j'avais été séparé de tout objet qui aurait pu, dans une certaine mesure, me servir de repère, ou de lien avec l'extérieur.

Le monde à présent, se résumait à cet espace semi-clos. C'était ma réalité. Une planche métallique reliée au mur par deux chaînes rouillées, superposée d'un mince et étroit matelas. 149 larges dalles composaient le sol. Je les avais compté. Il en manquait une. J'observais régulièrement l'emplacement vide. Vide comme mon estomac. Vide comme mon esprit. Mes pensées fuyaient. Je peinais à faire le point. L'énergie me manquait. À ma droite, la moitié du pan de mur était réservée à la grille crasseuse, par laquelle mes tortionnaires venaient parfois m'observer. J'étais devenu une bête en captivité. Toujours sur le même côté de la cellule, mais opposé à la couchette, le lavabo sale, qui grinçait lorsque je l'activais. À ses côtés, une cuvette usée. Droit devant moi, un miroir. Un affreux miroir rectangulaire. Je passais le plus clair de mon temps à observer mon reflet. J'étais à présent dans un état lamentable. Mes joues étaient creusées par la fatigue, et l'absence de nourriture. Mes cheveux devenaient gras et emmêlés. Mon regard se faisait plus vide que jamais. Ternes comme la cendre, mes iris étaient mourants. Une barbe de trois jours avait pris racine sur mon visage blafard. Soudain, des bruits de pas.

Je déviai mes yeux de mon sinistre reflet, pour le porter à ma droite, sur le couloir obscur. Deux hommes apparurent. Leur silhouette était sculptée. Leurs jambes étaient couvertes de parures soyeuses. La lumière était ici-bas dispensée parcimonieusement. Mais à défaut de discerner la couleur des tissus, je pu sans mal remarquer les affreux tatouages tribaux qui sillonnaient la totalité de leur visage. Leur crâne était à nu. L'expression qu'ils affichaient, accentuée par la rudesse des peintures, était mortifère. Les souvenirs de mon entretien avec Vladimir faisaient surface. Allai-je subir une nouvelle humiliation ? Les funestes gardiens insérèrent une clé oxydée dans la serrure de ma geôle. La grille coulissa, dans un affreux couinement métallique. Ils se saisirent alors brutalement de mes bras. Je ne me débattais pas. Loin de tout, mon espoir avait été brisé à l'instant même où ces deux harpies m'avaient introduit dans ce nouveau lieu de résidence. Mes yeux se plissèrent de douleur quand leurs bras musclées attachèrent à mes poignets un objet métallique, qui les réunit. Mes mains étaient attachées. L'outil était relié d'une chaîne, et ils me conduisaient, tel un chien, du côté encore inexploré des boyaux carcéraux.

Après avoir quelques instants sillonné les couloirs, nous pénétrâmes dans un salle d'une blancheur effroyable. La lumière attaqua sauvagement mes rétines. Nous n'étions pas seuls. Des hommes et des femmes, d'aspect juvénile, étaient alignés au fond de la pièce. Toutes et tous étaient parfaitement dénudés. Appréhension. Un des gardiens, après m'avoir libéré les poignets, m'ordonna de me dévêtir. Dérouté, je leur adressai un regard plein d'angoisse. Agacés devant mon refus d'obtempérer, l'un d'eux se saisit de moi, tandis que l'autre me déshabilla avec hargne. Dépouillé de tous mes vêtements, je fus jeté au sol, en direction des autres prisonniers. Je me relevai, n'endossant pour seul habit que la honte, et me dirigeai parmi mes compères, alignés sur le mur du fond. Mes mains cachaient mon membre, et mes yeux étaient rivés sur le sol carrelé. Des amas de poudre jaune tombèrent du plafond. Je toussai légèrement, ayant aspiré quelques particules. Cela ne semblait pas effrayer mes semblables, sans doute ici depuis plus longtemps que moi, et habitués à ce genre de pratique. Toujours provenant du même endroit, c'est alors une eau glacée qui se déversa sur nous. La poudre moussa instantanément. Les autres faisaient glisser leurs mains sur leur corps et leurs cheveux. C'était visiblement notre douche commune. J'en fis alors de même. Tout en lavant mes impuretés, je bouillonnai de l'affront qui m'était fait en ces lieux. J'étais bafoué.

L'eau s'arrêta de couler. Tous quittèrent alors les lieux, en se saisissant dans un placard coulissant de serviettes, et de vêtements blancs. J'allais en faire de même, jusqu'à ce que l'un de nos tortionnaires m'annonce "Toi, tu restes." Son regard me terrorisa. Je savais que toute opposition s'avérerait inutile. Il se dirigea en direction des linges. Les prisonniers, effrayés, s'immobilisèrent à son passage. Il marcha ensuite en ma direction, libérant le passage. Ils se hâtèrent alors de rejoindre le couloir, accompagnés du second gardien. Nous n'étions à présent plus que deux dans la pièce. Mon tortionnaire me jeta une serviette, et un short blanc. J'essuyai mon corps trempé dans la vitesse, et enfilait le vêtement. Je m'attendais à ce qu'il me tende également le gilet qu'il tenait dans sa main puissante, mais il n'en fit rien. Au lieu de cela, il me comprima le bras, et m'emmena avec lui dans une arrière salle. La peur tordait mon ventre vide. Il m'ordonna alors de me tenir tranquille. La pièce était plus petite que la précédente, mais toute aussi vide que la précédente, et en arborait les mêmes couleurs. Il disparut un instant dans un salle annexe. Avant même que l'idée de m'enfuir en courant ne me traverse l'esprit, je le vis revenir vers moi, muni d'une longue tige de fer. L'embout de celle-ci était rouge, et fumait. Panique. Aucun son ne sortait de ma bouche. Je me contentai, épouvanté, de hocher la tête de droite à gauche, tout en observant l'instrument se rapprocher de moi.

-Ne bouge pas. Tu risquerais d'avoir mal.

Il plaqua alors l'embout de la tige en haut à gauche de mon nombril. Mes chairs s'immolèrent. Je hurlai. Il avait apposé la terrible marque des esclaves Hapan. Une simple seconde. Un temps aussi court que cela. Il était pourtant incroyable de constater à quel point la souffrance dispersait le temps de façon sibylline. Il ôta l'instrument infernal de mon corps. Mon cri persista quelques secondes, avant de s'achever dans un râle de douleur. Mes jambes fragiles se dérobèrent. Mon genou s'affaissa au sol, et mon corps contorsionné entraîna ma chute sur mon flanc gauche. Je parvenais à peine à respirer. J'étais pris de nausées. Ma peau cuisait, et mes mains tremblaient.


Plus tard, j'avais regagné ma cellule. Muni du short blanc, je me tenais torse nu, immobile, devant l'objet réfléchissant. Quel cruauté. Ces êtres avaient blasphémé mon corps au fer rouge, mais ils laissaient cet infâme miroir à disposition. Mon ventre était terriblement douloureux. Ma chair était devenu brune et avait cuit sur trois bons centimètres de diamètre. Je restai à me contempler des heures durant.

De nouveau des bruits de pas. Effrayé, comme un animal traqué par son prédateur, je m'élançai au fond de la pièce, prostré en position fœtale. Mais j'étais bien loin d'imaginer la surprise qui m'attendait. Quatre gardes apparurent, trainant deux poids morts. Ils ouvrirent la porte de ma cellule dans un nouveau grincement, et y déposèrent les corps. Je n'en croyais pas mes yeux. Vel, et Luke. Effrayé par cet événement inopiné, je m'en approchai lentement. Les deux respiraient sans difficulté apparente. Ils étaient simplement inconscients. Fou de joie et accablé tout à la fois, je ne savais comment percevoir leur présence ici. Je n'étais plus seul. Mais c'étaient eux qui m'avaient retrouvés, et non l'inverse... Et cela, dans des circonstances tout aussi tragiques. À présent, ils étaient comme moi. Prisonniers. Impuissants face à leur destin. Je n'avais qu'un souhait. Celui qu'ils ne perdent pas espoir. Et peut-être... Qu'ils parviennent à raviver le mien.

Ma rationalité morcelée se restructurait. Un lien s'établissait clairement avec l'extérieur. Je n'étais plus isolé, à l'insu de tous. Je plaçai leurs corps inertes de façon à ce que la couchette suspendue leur serve de dossier. Assis en tailleur face à eux, je les observais. Tout me revenait en mémoire. Soumis ici à la servitude et l'obéissance, j'en avais oublié ma propre liberté spirituelle. Mon regard s'attarda en premier lieu sur le visage de Vel. Tous mes souvenirs liés à sa rencontre refluaient. Pourquoi avaient-ils finis dans ma cellule si longtemps après moi ? Peut-être ne se sont-ils pas fait capturer au Titan. J'étais certain que Vel aurait pris l'initiative de se lancer à ma recherche. Je me sentais coupable du résultat. Je tournai ensuite mon regard en direction de Luke. Son sommeil semblait si pur. Les boucles de ses cheveux étaient resté intactes. La noirceur de ceux de Vel était identique. C'étaient bien eux. J'osais à peine admettre qu'ils étaient là, avec moi. Le temps s'écoulait tellement lentement...

C'est alors que Vel porta fébrilement la main sur sa tempe. Ses paupières s'écartèrent avec difficulté. Mon cœur battait à toute allure.

-Vel...

Je lui adressai un sourire brisé. N'ayant pas endossé le gilet qui m'avait été fourni, elle constaterai sans doute dans un premier temps mon corps encore plus maigre qu'à l'habitude, mes joues creusées, et... l'affreuse marque qui m'avait été apposée sur le ventre...

-Je... Je suis tellement content de te revoir... Mais maintenant... Vous aussi, vous êtes...

Mes nerfs lâchèrent à cet instant précis. Une eau salée embua ma vision, pour aussitôt s'écouler au long de mes joues, et s'affaisser sur l'une des 149 dalles poussiéreuses. Ma voix tremblait.

-J'ai tellement peur Vel... tellement peur... Comment êtes-vous arrivés là ?

J'étais éploré.

-Ils m'ont trainés dans la boue... Je suis humilié... Ils pensent que je leur appartiens...

Je m'avançai alors en direction de Luke. Mon visage s'approcha du sien, et ma main parcouru les stries de ses cheveux.

-Comment va-t-il... Et toi... Comment vas-tu Vel...?
Luke Kayan
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-On y va

C'était la seule réponse qu'avait donné Luke après que Vel lui eut expliqué les enjeux. Il se moquait complètement du danger du moment qu'ils avaient une chance de retrouver Ulrich vivant. Bien sûr, il y avait peu de chances pour que cela se fasse facilement. C'était grand une planète après tout, mais il fallait au moins essayer. Luke ne laisserait pas une vie se perdre sans avoir rien fait pour tenter de la sauver. Quant à la demoiselle qui l'accompagnait, certes elle avait une aura particulière, qui pourrait même être qualifiée de inquiétante mais elle voulait l'aider et Luke savait qu'il n'avait pas le temps de retourner en arrière prévenir le temple. En moins de deux, peut-être de manière égale à celle de son maître qui avait décidé de lui porter secours quand il avait été enlevé le Padawan suivait Vel. Quand enfin ils finirent par arriver à destination, l'apprenti suivit sa guide envers qui il avait confiance bien qu'il réprouve sa façon de semer la mort. Leur seul espoir s'ils ne sortaient pas d'ici avant un temps et c'était ce que commençait à penser le Hapan était que Bip, resté à Coruscant prenne l'initiative d'aller prévenir les Jedis, ou qu'il parvienne à entrer en contact avec lui si jamais son Comlink ne lui était pas retiré à l'arrivée sur Hapès. Le garçon du penser trop haut parce que c'est exactement ce que l'on fit. Cependant on les laissa entrer sans difficultés malgré quelques murmures après que Luke ait décliné son identité et qu'on l'ait reconnu.

Comme les siens, le Padawan était d'une beauté quasi surnaturelle, il se fondait mieux dans ce paysage trop parfait pour être honnête, mais les yeux vairons restaient quelque chose de rare qui aurait pu causer sa mort. En effet les Hapans étaient connus pour rechercher la perfection physique et si à sa naissance on avait considéré ces deux cristaux purs comme discordant, il aurait été tué sans pitié. Beaucoup réduisaient cet état de fait à celui de légende, Luke était certain que cette pratique de sélection existait encore. Quoiqu'il en soit la couleur de ses yeux avait plu à sa génitrice et il était de retour sur sa planète d'origine, immédiatement repéré à cause de ce trait physique marquant et si rare ici, plus encore que dans les autres coins de la Galaxie. Heureusement aucun signe de sa mère et les deux jeunes gens purent prospecter sans qu'on ne les entrave.

Leur mission était décidément trop simple. Luke allait en parler à Vel, en tant qu'aveugle il était plus sensible aux obstacles et décidément là, ils étaient trop peu nombreux. L'apprenti qui réfléchissait toujours avait finalement prit le parti de s'exprimer quand tout à coup une brume envahit leur espace. Il ne la vit pas mais sentit cette humidité soufflée contre son visage. Reculant le blond tituba. Le jeune Jedi lança la Force, percutant inutilement un mur via son onde. Il était totalement égaré. Les sons devenus diffus à cause de sa torpeur lui avaient fait perdre l'ouïe en plus de la vue et Luke se cogna contre un des dits murs qu'il aurait repéré en temps normal.

Lentement il se réveilla, ses yeux s'ouvrant tout doucement comme pour s'adapter à son nouvel environnement bien que ce soit inutile. Quelque chose se promenait dans sa chevelure mi longue. Le Padawan eut un petit geste pour se recroqueviller, ses muscles se bandant pour faire face au danger. Une voix provenant du même endroit que la chose qui le touchait, une chose avec des doigts s'il analysait les divers endroits de son crâne tripoté... Ulrich! Le Padawan ne le connaissait pas bien mais toujours en tant qu'aveugle, il avait apprit à très vite enregistrer les tonalités qui l'intéressaient. Le garçon étant son partenaire, c'était logique que le Hapan ait conservé en mémoire le son de sa voix. Le jeune homme revenant à lui voulu se redresser, il vacilla légèrement à 4 pattes, entendant plus ou moins bien son camarade parler de "Vel". Est-ce qu'elle aussi était présente?

Luke esquissa quelques pas, toujours à 4 pattes. Ses mains s'étendirent pour le rattraper dans sa chute sans y parvenir. Ce fut autre chose qui soutint son poids... Surpris par le nouvel obstacle, l'aveugle fit un bond sur place et se retourna. Doucement ses doigts s'approchèrent de ce qui l'avait retenu... C'était vertical avec des trous entre, parfaitement alignés, mathématiquement postés à une distance égale. C'était froid, dur, et le lien de rencontre de cette "porte" avec le sol était soudée.

-Une cage. Nous sommes enfermés?! Où sommes-nous? Au poste de police? Ulrich, comment vas-tu?

Le Hapan se dirigea avec la Force jusqu'à ce dernier ainsi que Vel. La femme aussi était éveillée selon sa grande amie mystique. Luke se fichait de l'utiliser, il n'avait plus aucun autre moyen de se repérer et sans elle, briserait probablement son poitrail contre les barreaux. Par automatisme il se redressa, tâtonnant pour essayer de trouver la couchette qu'il y avait toujours dans les postes de police. Quelque chose lui disait que ce serait trop beau qu'ils soient juste au poste mais il ne voyait vraiment pas où ils pourraient être autrement. En réalité il ne lui venait pas à l'esprit qu'il "visitait" un lieu que sa démente de mère avait toujours décrit comme bien réel. Un endroit où des pratiques ancestrales voyaient le jour, suivant méthodiquement les avancées technologiques pour satisfaire le besoin de perfection des Hapans.

-Vel... Allonge-toi sur la couchette. Il y a une couchette ici? La cellule est grande?

Le désarroi du Padawan était grand bien qu'il tente de le cacher. Contrairement à ses camarades il ne voyait rien de ce qui se produisait autour de lui et ne pouvait se raccrocher qu'au noir indicible. Mais finalement, vu l'horreur c'était peut-être lui le plus chanceux. Si on lui décrivait les choses par contre, il y avait de grandes chances pour qu'il se souvienne de ce que sa mère prônait et qu'il sache décrire aux autres ce qui les attendait probablement. Était-ce une bonne nouvelle? Probablement pas.
Darth Velvet
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Avec difficulté je m’arrache de cette torpeur infâme où ma conscience se débat farouchement, emprisonnée de cette gangue douloureuse qui enserre mon crâne d’un étau. Mes doigts se glissent entre les mèches sombres et rebelles de ma chevelure, jusqu’au contact de mes tempes. Reprendre mes esprits, sortir de ce miasme me parait soudainement plus réalisable à mesure qu’une voix connue m’attire dans le monde des vivants.

« Vel… »

Mon nom résonne à de nombreuses reprises, et tel un phare au milieu de l’océan, une balise de détresse au cœur de l’espace sidéral, je suis ce guide jusqu’à reprendre le sens des réalités. L’odeur. C’est la première chose qui m’aide à bondir hors de ma léthargie. Elle m’assaille brutalement, douteux mélange de sueur et de produits chimiques, d’âcre et d’aseptisé. Inconsciemment je plisse le nez, non parce que cette effluve me gêne mais pour les relents de souvenirs qu’elle provoque. Une impression de déjà vu, odieuse et indéfinissable, provocant un imperceptible tremblement de mon corps.

Refusant de me soumettre aux fantômes de mon passé stimulé par mes sens déroutés, je me focalise sur le visage qui me fait face. Le relief ne m’est pas inconnu, quoique les joues plus creusées qu’usuellement, les traits plus tirés, l’expression plus désespérée. Surgissant du tréfonds de mon âme, j’articule lentement, comment si je peinais à me remémorer les syllabes de son nom :

« Ulrich ! »

Si ma volonté souhaitait que ma voix demeure sûre d’elle, et indifférente à mes limites corporelles, elle se fourvoie. Mes mots ne sont qu’un filet éraillé, quasiment inaudibles. En tout cas, ses questions à lui se succèdent à une vitesse effrénée. Elles suintent la peur, l’angoisse, le découragement si bien que je me noie dans le flot de ses paroles. D’un geste, je l’arrête. J’ai besoin d’un tout petit peu de temps pour comprendre, pour assimiler, pour réfléchir. Les paumes de mes mains effleurent le dallage froid, alors que je prends appui pour me relever.

"Vel... Allonge-toi sur la couchette. Il y a une couchette ici? La cellule est grande?"

Luke. Lui aussi est ici. Bien que la situation ne me paraisse guère enviable derrière ses barreaux, entre ces murs blancs, leurs présences apaisent d’une certaine façon les remords de ma culpabilité.

« Je ne suis pas si vieille, qu’il me soit nécessaire de m’allonger Luke… Je vais très bien »

Ma dernière affirmation s’adresse à l’un comme à l’autre même si elle se teinte d’un léger mensonge. L’idée de me retrouver enfermée, à la merci de quiconque me révulse intérieurement mais je me dois de rester inflexible, ne pas sombrer dans ce qui fait de moi une sith, pour eux… pour moi. Mais pour ma part je n’ai aucune illusion quand à notre séquestration. Nous sommes en cage, non en cellule. D’ailleurs à voir la mine affreuse d’Ulrich, il ne subsiste aucun doute. Je m’inquiète de ce regard terne, limite hagard, de ces larmes striant ses joues. Une ombre…

Je m’approche de lui, surmontant ma phobie de contact, comme cette nuit là sur Alderaan, ma main se loge autour de son menton et l’oblige à lever les yeux vers moi. D’un revers de pouce, j’essuie cette larme roulant vers ses lèvres et elle vient mourir sur la pulpe de mon doigt.

« Tu ne leur appartiens pas Ulrich. Ne les laisse pas penser le contraire … jamais. Je sais combien c’est difficile, combien c’est dur mais tu ne dois pas céder, te laisser briser. Tu ne dois pas te rendre, tu ne dois pas leur facilité la tâche. Luke et moi sommes venus te chercher, et même si ce n’est pas exactement ce qui était prévu… nous feront front ensemble et nous sortirons de ce trou. Je n’abandonnerais pas… Luke n’abandonnera pas … et tu n’abandonneras pas Ulrich.»

Sa faiblesse me fait aussi mal qu’un poignard en plein cœur. Il me rappelle tellement celle que je fus, que je ne supporte plus la détresse dont il se pare.

« D’accord ? »

Puis je me penche vers lui, mon souffle caressant sa joue humide, mon murmure se glissant jusqu’à lui, rien que pour lui.

« Je ne les laisserais plus te faire du mal… je te le promets. »

Je ne sais pas vraiment si ce serment est pour lui en tant que tel, ou si elle est l’écho de celle que je me suis faite il y a bien longtemps pour avoir la force de survivre. Est-ce réellement à lui que je promets ou bien à cet autre moi, cette jeune jedi brisée avalée par les années de souffrance ? Qu’importe. Je suis sincère… d’autant plus lorsque j’aperçois cette détestable marque calcinée et rouge sur l’épiderme de son ventre. Aucun besoin d’user de la force pour connaitre ses sentiments à son égard.

« Et à trois, nous ne sommes ni sans ressources, ni sans ingéniosité. Nous trouverons un moyen de sortir d’ici »

Je le libère, ôte la bure qu’on ne m’a retiré et lui couvre les épaules d’un geste presque maternel.

« Luke, possèdes-tu quelques talents de guérison ? »
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Digne. Froid. Distant. Condescendant. Hautain. Individualiste. Voilà des mots qui, dans la bouche de certain, fusaient régulièrement à mon égard. Mais depuis mon enlèvement, l'armure avait fondu sous les assauts de l'humiliation et de la peur. J'avais fini par craquer, à l'instant même où Vel s'était extirpé de son sommeil artificiel. Comme une mère bienveillante consolerait son enfant éploré, la mirialan me redonnait espoir. Elle n'aimait pas à me voir pleurer. Elle en savait long sur mon introversion. Elle savait que ce déchirement était le douloureux cri de mon cœur à vif.

Pourfendeuse de mon chagrin et dompteuse de mon désespoir, elle noya ma honte dans un océan de tendresse. Vel et moi n'étions pas du genre à être exponentiels. C'est pourquoi je perçus le contact physique qu'elle établit comme un présent merveilleux. C’est la rareté, qui fait la force des événements. Ses mots me redonnèrent confiance. Seul, loin de tout, ma volonté avait été brisée. Mais dans l'union, germerait un nouvel espoir. Sa main rassurante, mais ferme, comme pour me raisonner, m'obligeait à plonger mon regard dans le sien. C'était bien la première fois depuis des années que l'on me redonnait courage de la sorte. Mes fréquentations n'avaient pas d'emprise sur moi. Et Vel savait que c'était en cela, que constituait son exception. Elle était consciente que je l'écouterai elle, plus que n'importe qui.

Elle approcha alors la pulpe de ses lèvres au creux de mon oreille. Secrètement, elle susurra une phrase qui embauma voluptueusement mon être.

-Je ne les laisserai plus te faire du mal… je te le promets.

Ses propos éveillèrent en moi un sentiment enfoui, en hibernation dans une région oubliée de mon cœur. Celui de savoir que je pouvais compter sur les autres. Mon parcours m'avait conduit à guider ma vie seul. Mon indépendantisme forcené était pour les uns, un exemple. Pour les autres, j'étais comme déshumanisé. Tranchant, je suscitais les controverses. Mais au fond, je crois que c'était bel et bien cela, qu'il me manquait. Une épaule sur laquelle je puisse me reposer. À cet instant précis, Vel était mon rocher. Elle avait juré de me protéger. Et peu importe, qu'elle tienne ou non sa promesse. Ses paroles avaient érigé une bulle protectrice, ondulant aux reflets changeants de ses yeux amande. Une bulle protectrice, harmonieuse et rassurante. Rien à voir avec cette armure d'un acier glacé que mon attitude, ma gestuelle, mon regard et mes mots avaient forgés.

J'essayais de me calmer. Elle passa alors sur mes épaules sa bure, comme pour recouvrir l'affront qui m'avait été fait, les outrages que j'avais subi. Elle me prouva pour la seconde fois, qu’elle disposait d’un don pour m'apaiser. Si j'avais toujours la gorge nouée, les sanglots avaient disparus. Mes yeux humides la toisaient encore. Et dans un souffle...

-Merci...

Mon avant-bras amaigri se souleva alors des pans de sa bure, et je tentai d'essuyer les larmes qui avaient ravagé mon visage. Je devais reprendre constance. Ne serait-ce que pour remercier ses efforts. La scène qui s'était déroulé, avait sans doute apporté à Luke la réponse à sa question. Comment allais-je ? À présent, il était au fait de la situation… Rassuré qu’il n'ait cherché à me réconforter ni par les mots, ni par la tendresse, j'en étais pour le moins légèrement surpris. Dans sa candeur, faisait-il aussi preuve d'une innocence telle que ses yeux aveugles ne perçaient pas le chagrin ?

Les yeux tournés au au sol, j'enrobai alors davantage les atours que m'avait confié Vel. Comme un enfant se protège sous sa couverture des chimériques dangers de la nuit, je tissais mon cocon. L'heure était à la parole. Au concret. Je décidai donc de leur expliquer mon histoire. Ma voix vacillante poussait étrangement vers les aigus. J'étais fragilisé. Le Ulrich Andersen que j'avais laissé paraître à Luke s'effondrait.

-Je me suis réveillé dans une navette kuati. J'étais attaché. Le commandeur des forces spéciales de ma nation, Vladimir... c'est lui qui avait mené les opérations. C'est un ami de mon père, qui est ambassadeur. C'était un complot... Quand bien même on sortirait de ce... de ce trou... je devrai fuir. Ils vont me faire passer pour un traître. Ils savent que j'ai combattu à tes côtés, Vel. Et ça, je n'aurai pas à cœur de le nier. Ils m'a marchandé comme un esclave avec deux femmes hapan. Ce sont elles, qui m'ont mené ici. On n'est pas seuls. Il y a d'autres prisonniers. Ils sont tous jeunes. Mais leurs yeux sont éteints. Je ne sais pas depuis combien de jours je suis enfermé... Trois, quatre ? Cinq ? Une semaine, peut-être. D'ici, je ne vois pas la lumière du jour. J'ai perdu mes repères. Je me croyais condamné. Peu avant votre arrivée... Ils m'ont marqué au fer...

Je plaquai ma main sur le côté de mon nombril, et la pulpe de mon pouce caressa l'immonde blessure dissimulée par l'étoffe soyeuse.

-Je suis leur esclave, à présent... Mon corps est marqué.

Ma liberté avait volé en éclat. Cette affreuse sensation me donnait des nausées.

-Pourquoi êtes-vous arrivés si tard ? Vous êtes parvenus à vous sortir de la bataille ? Je t'ai vu déchirer le ventre de Karrba. J'ai entendu ses entrailles se répandre. Mais il n'était qu'un pion. L'occasion pour mon père de me faire disparaître une bonne fois pour toutes, sans laisser de traces. Luke, je crois savoir que ton maître a des ennemis. Et toi Vel... La couleur de ton sabre est celle du sang. Ça leur suffit. Si je n'étais pas tombé au combat, tout ça ne serait jamais arrivé...

Je relevai à présent mon visage. Mes iris noyés sous les flots de l'affliction toisait leurs traits. J'étais seul coupable de leur sort...
Luke Kayan
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Luke commençait à saisir. Il redressa lentement la tête, sa bouche inondée du goût de l'horreur au fur et à mesure du récit de son camarade, ainsi que le réactions de Vel. Non le Padawan n'était pas si stupide que ça, ni "aveugle", en réalité il s'était aveuglé lui même pour tenter de se rassurer. Maintenant c'était impossible d'échapper à la vérité, de faire semblant de raisonner froidement pour résoudre un problème "facile". Sondant Ulrich avec douceur, frôlant son esprit sans en violer le contenu, Luke ressentait le chagrin immense qui submergeait son partenaire. Aussitôt il se sentit mal tandis que les larmes tentaient de se frayer un chemin jusqu'à ses yeux qui luttaient contre elles, les guerrières de sel, petites mais vaillantes, fragiles mais amères. L'adolescent se sentait faiblir à chaque seconde tandis qu'un tourbillon de sentiments noirs l'envahissaient. L'ombre, le désordre, le manque de contrôle à nouveau... Il ne savait pas d'où lui venait cette "allergie" contre la peur. Peur qui mène à la colère puis au côté obscur bien entendu. Dès que le Hapan en sentait les prémisses, il se sentait égaré, perdait ses forces ainsi que sa lumière petit à petit étouffée dans les couvertures sombres et moites d'une nuit indicible. Plus indicible que celle que voyait sans cesse ses yeux éteints.

Pourtant Luke ne lutta pas cette fois, il ne chercha pas à apaiser son âme, à s'élever au-dessus des tourments comme lorsqu'il était petit et contemplait d'un air vidé le soleil à travers la baie vitrée, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve. Non le Padawan voulait rester dans la cage avec ses amis bien que cela le fasse souffrir. D'une oreille attentive le jeune homme écouta Vel et Ulrich parler puis il les devina proches, très proches. Lorsque la femme lui assura son soutien, le Hapan se redressa doucement, vacillant car en proie de maux de tête brutaux à cause des sentiments qui le submergeaient, lui l'enfant si doux, si calme...

Aujourd'hui, ses capacités à être ailleurs, à voir au-delà des barreaux et de sa cécité, il n'en voulait point. Luke souhaitait avoir aussi mal que les siens, mais comment leur exprimer son soutien? Le Padawan avait connu beaucoup de cages, mais il avait toujours été seul en leur sein. Lui qui pensait ne pas connaître pire tourment que cet enfermement venait de saisir que si, il y avait bien plus grave: être enfermé avec des amis sans rien pouvoir faire pour eux. D'un seul coup le drame avait en effet transformé son partenaire et cette inconnue en proches. Les mois, les mots étaient habituellement les armes de tout à chacun pour nouer une relation, mais cette fois l'aiguille était plus brutale, plus incisive et rapide au travail pour tisser le lien. La douleur accouchait du plus beaux des sentiments qui soit; la solidarité. Et c'était cette solidarité qui les emprisonnaient sans doute encore bien plus que leur cage. Ils étaient dépendants les uns des autres, affaiblis par le chagrin de leur ami.

Luke cependant acceptait cette souffrance. Tout à coup, il la laissa affluer dans ses veines tout en continuant sa marche. Retombant aux côtés d'Ulrich enveloppé dans la toge de Vel, sans penser à son habituel problème de contact, l'adolescent l'entoura de sa propre chair, comme une couverture de plus. Il avait laissé à Vel le droit, le devoir de montrer sa présence, désormais c'était à son tour.

-Vel a raison, je ne t'abandonnerai pas, ni toi, ni elle... Je t'en fais le serment. Et non, tu n'es ni esclave ni coupable! Nous avons la Force et chacun d'entre nous a deux partenaires pour l'aider. Ils ne gagneront pas quoiqu'ils nous fassent... Tout ça n'est pas de ta faute Ulrich. Personne n'est coupable sinon le contexte lui même. Ne deviens pas ton propre bourreau.

Le Padawan tremblait, les larmes désormais coulaient le long de ses joues. Il sentait sous ses doigts l'espace trop fin entre la chair et les os d'Ulrich, ce qui lui rappelait sa propre fragilité. Sauf que sa constitution à lui était ainsi faite, celle de son camarade non et c'était bouleversant de sentir sa déchéance. Déchéance qu'il ne pouvait visualiser avec les yeux mais qu'il touchait désormais sans problème du bout des doigts et du coeur.

Comme Ulrich avait redressé son visage, Luke suivit le mouvement, il était à genoux, le regard aussi noyé de larmes. Doucement, ne sachant pas trop pourquoi il agissait de la sorte, il suivit le sillon salé, la rivière de chagrin et remonta jusqu'à la source. Là le jeune Hapan tremblant déposa deux baisers chastes pour avaler les petites gouttes, comme pour nettoyer un peu son ami. Laissant ensuite Ulrich respirer, le garçon poussa un lourd soupir et s'affaissa légèrement. Vel parlait... Vel était la plus mature d'eux trois, elle semblait capable de réfléchir et de fomenter les premiers plans de survie malgré le tourment. Elle avait la Force aussi, une puissance assombrie mais lumineuse en même temps. Leur amie avait raison, il fallait commencer à s'organiser pour se sortir de là et surtout... Sauver Ulrich.

Luke hocha doucement la tête une fois, vacillant avant de reformer son geste de manière plus abrupte. Ses traits se fermèrent légèrement, eux qui avaient semblé volutes de fumée tant ils avaient eu l'air fragile, noyés sous le brouillard des larmes. Doucement le Padawan baissa sa main, se laissant guidé par le bras d'Ulrich posé sur la boursouflure. Luke tenta de dégager ses doigts, espérant que leur camarade réagissait bien. Soulevant légèrement le tissu, le jeune homme frôla le pouce de son ami et plaça sa main sur la blessure. Un sursaut de dégoût monta dans sa gorge mais ce n'était pas son partenaire que lui faisait cet effet sinon ces gens, ces monstres.

-Je vais essayer... Mais je ne promets rien, mes sens sont très troublés... Pendant ce temps Vel, tente de voir ce qui se passe autour de nous, un détail... Un signe, entendre des mots. C'est dur je sais... Cependant j'ai peut-être une idée de ce qui se passe. C'est vraiment une suggestion vague, ça tiens plus de la légende qu'autre chose mais bon, c'est la seule piste.

Il commençait à saisir que l'excès d'ombre affaiblissait ses capacités. Inutile de tenter de l'expliquer, ce serait perdre le peu d'énergie qui leur restait et puis aucun autre Jedi ne semblait en être victime, tout comme aucun autre n'avait jamais crée le genre de bulle de Force lumineuse pure que lui pouvait former. Il maîtrisait la puissance mystique des siens de manière différente, et en ce moment il en subissait les inconvénients. On ne peut hélas pas toujours être gagnant.

Quoiqu'il en soit, Luke avait toujours été doué pour la guérison, il espérait que cette fois cela fonctionnerait, le souhaitant de tout coeur. Mais justement, cette subjectivité ne risquait-elle pas de le faire rater? Le jeune homme soupira, fermant les yeux et se concentrant le plus possible. Pour cela il lui fallait évacuer l'image d'Ulrich dans sa tête. Un visage déformé, avec des couleurs erronées mais non moins poignant qu'avait dessiné son imagination dans son esprit. Puis il tenta, tandis qu'il laissait le soin à Vel de raconter à Ulrich leur propre aventure. Elle au moins avait les bonnes images pour décrire ce qui c'était passé et ce qui se passait désormais aussi peut-être. Et puis lui devait se concentrer. A ce moment là, sans prévenir le Padawan lança la Force qu'il avait emmagasiné, de la même façon qu'une vague se ramasse sur elle même pour s'étendre sur la grève. Avec une violente douceur, une force fragile qui balaye tout en se brisant.

[HJ: sagesse: Luke essaye d'accélérer la cicatrisation de la blessure ou tout du moins d’apaiser la douleur de son ami.

HJ2: je sais que la guérison fonctionne sur soi même normalement... Mais nous ne sommes pas en Event, et je ne voulais pas exagérer en disant "gratuitement" qu'il réussit et voilà. C'est un moyen de laisser le hasard choisir Wink et comme les Jedis soignent souvent les leurs, j'ai pensé que ça pourrait marcher aussi. ]

Le Masque de la Force
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Darth Velvet
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Je me tais alors qu’il raconte son histoire. Je me tais alors que Luke prend ma place auprès de lui. Je me tais pour ne rien divulguer de cette sourde colère envahissant mon esprit crescendo. Une vague furieuse, quintessence de ma révolte contre ceux qui l’ont brisé, s’écrase sur les récifs de mon impassibilité apparente, morcelant ce calme et cette confiance en moi. Ma colère ne se dirige pas uniquement sur les cerbères de cet enfer mais aussi contre le géniteur de mon protégé. Eliminer la chair de sa chair. Son propre sang. Sa lignée. Celui qui devrait être sa fierté. Je n’ai pas de mots de décrire l’orage qui gronde en moi. Je ne connais pas cet homme, je ne sais rien de lui, hormis son nom et pourtant l’idée même de son existence me révulse. L’envie oppressante de lui faire subir mille et un tourments en écho à ceux de son fils s’empare de moi. Oui… si nous sortons, il est assurément une personne qu’il me faudra rencontrer.

« Ton père ne mérite pas de vivre. »

Le couperet tombe et je m’aperçois un temps trop tard que mes pensées ont franchi les frontières de mes lèvres.

« Si tu n’étais tombé cette fois ci au combat, un autre serait venu. Tôt ou tard. Laisses Luke te guérir s’il le peut et cesse de te tourmenter. Te torturer ne nous aidera pas à sortir d’ici… d’autant plus que notre capture est le résultat de notre naïveté et non de ton fait »

Je regarde œuvrer quelques instants le padawan aveugle avant de me détourner vers les barreaux de notre geôle et rapidement lui raconter les événements depuis notre séparation, de la fuite du Titan à l’enquête sur Harpès. Je reste succincte n’abordant ni le statut de Luke sur cette planète, ni les angoisses de notre quête. Je me contente de lui délivrer la vérité dans son plus simple appareil, sans fioriture, sans détails superflus.

Enfin ma voix se meurt, et comme pour combler le silence qui s’installe alors, mes mains s’enhardissent sur les barreaux de notre prison. Ils sont froid et inquiétant, semblables à cette atmosphère lourde qui nous entoure. L’idée de Luke n’est pas mauvaise en soit. Tenter de découvrir les secrets de ces lieux en usant de la Force. Mais je ne suis pas certaine d’obtenir la concentration adéquate. Les muscles de mon corps sont tendus, mes nerfs à fleur de peau et mon esprit en lutte avec mes peurs enfouies et mes colères naissantes. Pourtant je me décide à suivre son conseil.

J’inspire profondément une goulée de cet air aseptisé et la refoule doucement. Mes yeux se closent. Derrière mes paupières, des images de mon passé surgissent, empruntant leurs plus terribles formes pour m’empêcher d’oublier la dureté d’être captive… esclave… objet. Une à une je les repousse dans les méandres sinueux de ma conscience. Les battements affolés de mon cœur, se régulent et j’atteins enfin la sérénité nécessaire à cet exercice que je ne maitrise que partiellement.

Mon affinité avec la Force, n’est et n’a jamais été mon atout majeur. Pourtant je m’enfonce dans ses profondeurs, ouvrant toujours plus ma conscience à ses modulations. Ma perception augmente, et mon petit monde qui se réduisait à cette cellule s’agrandit. Je perçois en demi-teinte, les présences d’autres prisonniers, leurs étincelles vacillantes, le déclin de leurs âmes. Mon esprit s’aventure toujours plus loin, libéré de ses chaines matérielles puis soudain la douleur me vrille les tempes, me rejetant à une vitesse infernale dans mon corps.

« Humfr.. » grommelais-je en me massant la tempe « On a de la visite… et je ne pense pas qu’elle soit plaisante. »

Et comme pour affirmer mes dires, une porte coulisse dans un grincement sinistre.

Spoiler:
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Lorsque je me tus, Luke m'offrit son étreinte. Un profond malaise germa dans mon cœur. Je ne m'étais pas préparé à sa réaction. Si j'en croyais les explications de Vel quant à ce qu'ils avaient vécus, il fallait en déduire que le padawan dédiait ses larmes à l'holocauste nauséabond de ma souffrance, plutôt qu'à sa propre incarcération. Alors qu'il se serrait à moi, j'étais comme pétrifié. Fallait-il que je réponde à ses tendresses ? Je me contentai de baisser les yeux.

Je connaissais bien peu Luke. La preuve en était. Gêné, je n'oubliais pourtant pas ce que j'avais ressenti au temple, lorsque j'avais fait sa rencontre. Son portrait qui se dessinait de plus en plus précisément. Mes difficultés à respirer. Mes rougeurs. Mes jambes fébriles. Dans l'incompréhension la plus totale, je ne comprenais pas la raison de ce soudain rapprochement. Ses paroles se voulaient rassurantes. Peut-être l’étaient-elles véritablement. On accorde toujours davantage de crédit à celui qui en dit peu.

Avant même que je ne puisse décider si j’allais ou non répondre à l’étreinte de Luke, il se détacha de moi. Dans un étrange soulagement, peut-être dû à la lâcheté, ou à la forme de fidélité que je vouais peut-être inconsciemment à Orme, ce padawan rencontré quelques jours avant celle avec Luke, je séchai de nouveau mes larmes. Il fallait que je me ressaisisse. Dans un état déplorable, perdu au fin fond de la galaxie, je devais rester fidèle à moi-même. Ma saine pudeur commençait à reprendre le dessus.

Alors que Luke apposa ses mains sur ma blessure pour tenter d’estomper la douleur, Vel lança une phrase haineuse à l’égard de mon père. Selon elle, il méritait la mort. À vrai dire, cela me réjouit. C’était bien preuve que la mirialan souffrait de me voir mis à mal par celui qui m’avait donné vie. Celui qui voulait peut-être désormais me la reprendre… et si ce n’était cela, c’était ma liberté qu’il avait brisé. S’il s’avérait que nous trouvions un quelconque moyen de sortir de notre geôle, il était certain que mon existence allait prendre une dimension bien éloignée de celle que je menais auparavant. Mais j’y ferai face. Je m’étais préparé à quitter l’Ordre. À assumer mes véritables convictions. Et ainsi à… non. Ça ne serait pas si facile.

Je repensais à Orme Aryssie. Ce jeune homme qui m’avait ouvert les yeux sur tant de vérités… Celui-là même qui avait su percer mon armure, tout en tissant un voile protecteur, ô combien plus sain autour de mon âme. Il avait ruiné mon paradigme erroné, au cours de cette soirée sans pareil, sur Iziz. Les instants passés ensemble. Cette folle course dans les ruelles tortueuses, puis ces larmes et… cette étreinte. Pourtant, s’il s’avérait que je quitte le temple…

J’émergeai de nouveau dans le monde réel, préférant enfouir ces pensées douloureuses dans la boîte de Pandore qui tenait lieu dans un recoin oublié de mon âme. J’étais alors confronté à cette vérité, tellement plus laide, où nulle place n'était dédiée à l’espoir. Alors, c’était ça ? Enfermés comme des animaux, nous étions destinés à finir ivres de folie. Cette même folie qui éviderait notre cœur de toute aspiration. Pourtant, mon fatalisme ne semblait pas être partagé par mes compagnons. Je ne savais si ce n’était qu’une façade destinée à me réconforter, où s’ils étaient véritablement déterminés à l’idée de nous sortir d’ici.

Un flux éthéré frôla mes organes, et ma blessure cessa de me faire souffrir. Si elle défigurait fatalement mon ventre, j’étais désormais anesthésié à la douleur qu’avait causée la brûlure.

-Merci… lançai-je timidement à Luke.

Alors que les yeux de Vel miraient les barreaux, brunis par la rouille, je l'écoutais conter son récit. Celui de leurs aventures, qui avait abouti à cette fatale destinée. Je restais silencieux, partagé entre la culpabilité, et l'apaisement de savoir que dans cet univers, il était des personnes qui mettaient en péril leur vie pour moi. Je baissai de nouveau mes yeux au sol tandis que la Sith, appliquant les conseils du padawan, sondait ce que les perceptions seules de notre organisme ne pouvaient révéler. Elle sembla alors heurtée par sa découverte, alors même qu'une porte grinça lourdement.

Effroi. La dernière fois que l'on m'avait rendu visite, c'était bel et bien pour m'humilier, et me signifier que j'étais devenu esclave. Mes yeux s'écarquillèrent, et je reculai hâtivement dans un recoin de la pièce, les bras croisés et la tête rentrée dans mes épaules, comme pour me mettre en sécurité face à la sinistre menace qui approchait.

-Ils viennent vous marquer au fer vous aussi, je ne veux pas que vous connaissiez ça, il faut qu'on dégage d'ici, il faut qu'on fuit !

Mon cœur s'emballait, et un flot de paroles déstructurées faisait montre de ma terreur et de mon choc. Peut-être me trompais-je, peut-être avais-je raison... En attendant, rien n'indiquait que mes annonces étaient exactes.
Luke Kayan
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[HJ: désolé, je suis parti en vacances et en revenant je n'ai pas vu la réponse d'Ulrich, lequel m'a heureusement signifié mon oubli via MP, sinon on n'était pas sorti de l'auberge^^ enfin de la prison dans ce cas présent.]

Luke ne se rendait pas bien compte des troubles divers qui traversaient l'âme d'Ulrich. Il devinait juste le désarroi total du garçon mais pas la fluctuation de ses pensées ni sa raideur suite à son étreinte. Pourtant lui qui connaissait si bien la souffrance face à un contact physique gênant aurait pu le savoir. Seulement le jeune Jedi était occupé à récupérer après sa guérison sommaire ou plutôt le simple soulagement de la douleur car la plaie devait bien sûr être encore présente. Le Padawan écoutait aussi, il n'avait pas étendu la Force autour de lui pour savoir ce qui se tramait, laissant ce soin à Vel. Il fallait préserver son énergie, rassembler son pouvoir autour de lui pour le projeter quand ce serait nécessaire. Le jeune homme ne pourrait en effet pas chercher la porte de sortie du regard et se battre avec la Force, il faudrait que la grande puissance mystique des Jedis fasse tout pour lui. Se diriger pour un voyant dans un lieu inconnu était déjà difficile, pour lui ce serait infernal. Seulement Luke était prêt, stimulé par Vel et par Ulrich. Vel se montrait forte, utilisant la colère contre le père du garçon pour ne pas montrer la peur qui l'irradiait sans doute aussi, à moins qu'elle ne soit pourvu d'un courage si intense que la crainte n'existe pas pour elle, mais cela étonnerait fortement le jeune Jedi.


Lui-même pensa un moment que le géniteur de son camarade ne méritait pas la vie, cependant, il se retint, se rappelant de son statut de Padawan. De plus cette idée sombre avait déjà commencé à lui donner un haut-le-coeur. Il avait beaucoup de peine à supporter l'obscurité de la Force, si fugace soit-elle, surtout quand c'était lui qui la laissait entrer en son coeur. Quoiqu'il en soit, l'heure de apitoiement était fini, il fallait désormais se battre et malgré son abattement, sa terreur l'adolescent était prêt à faire face. Il se ramassa sur lui-même, continuant de piocher dans son énergie bien éparpillée après tous ces événements. Ulrich semblait encore plus terrorisé que lui ou Vel mais c'était normal car il avait déjà subi le marquage au fer rouge, et le souvenir cuisant n'allait pas l'aider à reprendre courage. Toutefois Luke se persuadait que son comparse avait bel et bien cette vaillance terrée au fond de lui, tout comme il tentait de penser la même chose de lui. Car oui le Hapan avait peur, et cela il ne pouvait l'effacer comme cette colère soudaine mais éphémère de tout à l'heure.

-Dès qu'ils ouvrent, on sort... Paraissez faibles et exténués. Les Hapans sont des êtres orgueilleux, ils pensent probablement déjà vous avoir brisé. Quand ils m'attraperont je me débattrai, jetez-vous dehors et délivrez-moi si vous le pouvez, sinon foncez.

Le Padawan savait que s'enfuir en premier serait inutile, il serait complètement égaré à cause de sa cécité, ses sens étaient encore troublés, tandis que Vel et Ulrich jouissaient de leur vue. Automatiquement ou tout du moins plus rapidement que pour lui, leurs yeux sauraient repérer la sortie alors que lui devrait se coordonner. Le Hapan avait besoin d'un guide s'il voulait fuir, c'était pourquoi il serait le troisième à fuir, si seulement les deux autres arrivaient à le libérer, sinon tant pis. Malgré son effroi Luke se rappela que sans son maître il serait mort sur Korriban. Il avait eu un beau sursis et devait désormais faire son devoir de Jedi si difficile cela se révèle-t-il. Heureusement il avait d'autre part assez confiance en ses deux alliés pour espérer allonger le sursis offert par Saï Don. Quoiqu'il en soit on verrait bien songeait-il en se laissant choir au sol pour paraître faible; chose qui n'était pas très difficile vu sa silhouette chétive. Ulrich non plus ne devrait pas avoir de peine à le faire s'il se décidait à accepter le plan de Luke. Quant à Vel il n'en savait rien, n'ayant pas pu la toucher, il ne connaissait pas sa constitution mais le désarroi et l'emprisonnement pouvaient détruire n'importe quel montagne de muscles. Les Hapans y croiraient et riraient de cet affaiblissement évident, ils penseraient les avoir brisé par orgueil, il fallait que cela fonctionne! A moins qu'Ulrich ou Vel aient un meilleur plan?
Darth Velvet
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Me marquer au fer rouge… Mes lèvres s’ourlent d’un rictus malsain et l’ombre de ma folie étend ses ailes au cœur de mon regard. Sous les tissus de ma tunique, les lignes courbes et dentelées de mes cicatrices irradient d’un feu insupportable. Même avec de la bonne volonté, je doute que ces hommes trouvent sur mon ventre, une parcelle d’épiderme suffisamment intact pour apposer le sceau de leur pourriture. Mais peut-être détourneront-ils les regards, incapables de supporter les vestiges de mes années passées. Ma langue claque contre mon palais. Je jubile presque de cette situation perverse imaginé par mon esprit névrosé. En cet instant, rien ne compte. Ni Luke, ni Ulrich, ni cette cellule. Juste eux, avec leur blouse blanche, leurs cheveux gominés, leurs airs supérieurs. Juste moi. Juste notre « entretien » dont je rêve d’une conclusion appropriée dans le sang et les larmes. Leurs larmes. Leur sang.

"Dès qu'ils ouvrent, on sort... Paraissez faibles et exténués. Les Hapans sont des êtres orgueilleux, ils pensent probablement déjà vous avoir brisé. Quand ils m'attraperont je me débattrai, jetez-vous dehors et délivrez-moi si vous le pouvez, sinon foncez."

La voix fluette du padawan traverse tel un rayon de soleil, les nuages sombres de ma démence. Sans en avoir conscience, il déchire le miasme obscur de mon aliénation, rejetant au plus profond de mon être, cet autre moi, infiniment plus noire, plus dangereuse, plus funeste. Mon sourire pervers s’étiole alors sur le galbe charnu de ma bouche, laissant qu’une expression déchirée sur mon visage. Dans un souffle, les mots d’approbation se forment, mais je me sens si détaché de ce qu’ils signifient que je n’ai pas l’impression qu’ils émanent de moi, un peu comme un mensonge vite formulé pour ne pas inquiéter l’autre. Je sais que même si j’acquiesce, je ne laisserais ni Ulrich, ni Luke en arrière. Les abandonner serait comme m’abandonner moi-même, une seconde fois.

Dans le couloir, les pas résonnent, de plus en plus proches. Surgissant enfin dans notre angle de vision, ils sont quatre, entièrement vêtus de blanc et de lumière. Ma main glisse presque protectrice sur l’épaule affaissée d’Ulrich, dont je devine les tremblements. Frustration, colère, haine, peur. Un parfum de déjà vu pour moi, mais je comprends son désarroi. Mes doigts le serrent fermement, non pour imprimer leur marque sur sa peau, mais pour qu’il sache que je ne romprais pas la promesse, faite plus tôt.

Quand à Luke, comme convenu, il joue à merveille son rôle de gamin brisé par sa condition. En ce qui me concerne, je ne peux me résoudre à cette soumission lorsqu’ils pénètrent dans notre cellule. Loin de baisser les yeux pitoyablement, je les toise avec une fierté qu’ils ne sont pas prêt d’étouffer. Ils peuvent rire, décocher un coup de pied dans le corps servile de l’aveugle, s’essayer à l’exercice sur moi, je ne ramperais pas devant eux. Deux d’entre eux s’emparent du padawan, et je trouve là, enfin, l’instant propice à notre évasion. Dans un ricanement de défoulement, j’expédie sèchement mon poing contre la gorge du plus proche, appréciant sous mes phalanges le bruit sec en résultant. Et pour être certaine qu’il ne s’en relève définitivement pas, mon genou, mue d’une volonté propre, s’envole vers son entre-jambes.

« Ulrich, cours ! » hurlais-je au jeune homme, tandis qu’on tente à présent de m’immobiliser.
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À mesure que les pas résonnaient, marquant le glas d'une affliction en devenir, Vel m'étreint l'épaule, d'une poigne dure, mais protectrice. Mon horreurse dissipa aussitôt, poussée par le souffle d'un courage oublié, et ma combativité s'immisça de nouveau dans mon esprit, menée par un instinct de survie animal. Mes muscles se crispaient, mais cette fois-ci, je n'étais pas mû par la peur. Ils m'avaient humiliés. Et l'ire de ma vindicte serait terrible.

Cette fois-ci, la troupe qui vint à notre rencontre était plus terrifiante encore que la première. Si leur musculature avait fondu, ce n'étaient plus des tatouages tribaux qui dissimulaient leur visage, mais des masques chirurgicaux, qui laissaient à présager la volonté de nous faire subir un calvaire plus malsain qu'il ne le fut tout à l'heure. Luke nous proposa de nous terrer dans une faiblesse physique et morale dont ils auraient été les initiateurs. Si l'idée était bonne, ma fierté et mon intégrité me poussèrent à agir en contradiction avec ce plan.

Luka joua le jeu. Deux des infâmes bourreaux se dirigèrent en sa direction, pour porter sans mal le poids mort qu'il représentait. Vel et moi, contre les deux autres tortionnaires. Ils nous avaient sous-estimés. La mirialan frappa la première. Elle neutralisa notre premier adversaire en un instant. Je constatai alors une nature propre à la fille du lac qui m'était jusqu'alors inconnue. Ses lèvres s'étaient cambrées dans un sourire carnassier, et ses yeux diffusaient une expression propre à la démence. Affolés, les hapan s'organisèrent pour contenir sa fureur.

-Ulrich, cours !

Fuir ? La laisser à son sort, alors même qu'elle avait fait tout son possible pour me retrouver ? Non. Elle avait ravivé la flamme de l'espoir éteinte en moi. Je ne pouvais pas la laisser tomber. Surtout pas elle. Violemment, je tirai le drap de la couchette, et le projetai au visage des deux hapan les plus proches. Aveuglés le temps d'une seconde, ma diversion avait fonctionné. Alors qu'ils arrachaient le voile de leur visage, j'étais déjà derrière eux, et l'instant suivant, j'abattis l'immense miroir poussiéreux sur leurs crânes. Dans un fracas durant lequel je ne su distinguer le verre cassé des os éclatés, mon arme s'était brisée en plusieurs morceaux. Il en restait un, toujours agrippé à Vel. Il tourna son visage vers moi, pour mieux affronter de manière frontale la mort brutale que j'allais lui asséner. Une division asymétrique du miroir, de la taille d'un avant-bras, se tenait toujours dans ma main. Si ma première arme était contondante, la seconde serait tranchante. Je lui agrippai alors brutalement la nuque de ma main libre, la fit plonger à ma gauche, et je plantai la lame sur sa peau nue.

Une effusion de sang gicla sur mon épaule. L'arme, plantée dans sa carotide, avait ruiné toute espérance de vie au belligérant. Lourdement tombé au sol, il laissait échapper des glapissements noyés dans le sang qui inondait à présent sa gorge. Dans une expression que je ne me connaissais pas, je m'agenouillai lentement, et penchai mon visage en face du sien. À l'agonie, il m'adressait un regard inconnu. Mêlés d'effroi de supplication, ses iris vibraient en tout sens. Je me saisis du monceau de verre qui m'entailla légèrement les doigts, et l'abaissai alors. La plaie s'ouvrit, et je sentis le craquement de sa moelle épinière derrière le déchirement de ses chairs. Il rendit l'âme, les yeux presque exorbités.

Loin de m'effrayer de l'acte que j'avais commis, j'étais exalté par le fait de lui avoir porté la mort dans un plaisir libidineux. Un sourire malsain se dessina sur mon visage. Ma vengeance était accomplie. Je me relevai alors, et observai le chaos qui nous entourait. Les trois hommes gisaient au sol, le crâne ensanglanté, ou dans le cas du plus infortuné, la nuque désaxée d'une façon improbable. J'entendis alors un gémissement horrifié dans mon dos. C'était vrai, il y en avait un quatrième. Celui dont s'était occupée Vel. Voûté à terre, un main sur ses parties, et l'autre sur sa gorge, sa bouche était entrouverte. Je retirai hâtivement le voile souple que m'avait endossé ma protectrice, et l'enfonçai entre les dents du survivant. Je me penchai alors face à lui, et étalai le sang qui coulait de ma main sur son front.

-N'essaye même pas d'appeler à l'aide ou de t'enfuir. Tu comprends les enjeux, n'est-ce pas ?
Luke Kayan
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[ HJ: pardon pour les fautes, je suis sur un clavier español... Et l'écran est à moitié déformé^^+]

Ils n'avaient pas joués, lui si. Luke mit un certain temps à le comprendre mais finit par le deviner à leurs auras s'étalant avec une puissance nuisible dans la pièce. Emporté par des bras inconnus et sans amitié aucune le jeune Jedi prit son mal en patience. Son rôle d'acteur révélait d'une tromperie dite propre aux Siths mais faisait-il vraiment du tort aux Jedis? La ruse était un bon moyen d'arriver à ses fins quand il ne vous restait plus rien et surtout pas le goût des couleurs. Dans ce lieu aussi hermétique qu'inconnu, le Hapan avait estimé ne pas avoir le choix. Il avait jouém, Vel et Ulrich gagnaient. Oui mais de quelle façon? Sortant de sa torpeur Luke s'arracha tant bien que mal à l'emprise de ses tortionnaires. Il était souple comme l'anguille et conservait l'avantage de la surprise, néanmoins sa force physique laissait à désirer, sans compter une hésitation dans chacun de ses gestes à cause de sa cécité.


Luke mettait plus de temps que ses compagnons à se repérer, il devait se coordonner dans un endroit totalement inédit en faisant fi se ses propres peurs. Heureusement Luke était habitué à cet exercice après avoir séjourné à Korriban. Il se redressa vaillament bien qu'étrangement faible. Vraiment, le Padawan ne s'expliquait pas ce malaise soudain. Certes ils avaient été mené en ce lieu peu propice à l'épanouissement mais le Hapan n'avait pas été aussi rudement traité qu'Ulrich, alors pourquoi?

L'adolescent chancela, il avait le coeur au bord des lèvres. Il se sentait étouffé comme à l'académie Sith, où était la lumière? Et pourquoi cela lui importait-il tant que ça à lui l'aveugle? Ulrich et Vel se soutenaient mutuellement dans un combat inégal pendant ce temps. Seulement la bataille ne se révélait pas injuste pour le camps auqul on aurait pu penser. Leur rage avait tout décimé sur le passage, les autres prisonniers se taisaient et se terraient. Luke porta une main à son coeur qui battai la chamade. Il sentit un coup violent heurter a frêle poitrine, ça venait de l'intérieur, c'était intervenu au même moment ou l'ennemi à l'agonie avait rendu l'âme. Sa mort mais plus encore la manière dont elle était venue le faucher avait abimer le jeune Jedi. Il ne supportait plus cette haine. Heureusement la gangrène pu être stoppée en se concentrant sur le désespoir. Remplacer la haine par le chagrin et la peur, était-ce la bonne solution? Peut-être pas mais c'était l'unique.

Luke fut donc guidé par la peine des autres prisonniers. Le Padawan s'empressa de les délivrer. Il savait qu'ainsi les pauvres hères courraient à leur perte face qux Hapans qui allaient probablement rconstituer leurs forces la surprise passée. Seulement il valait meiux s'assurer que tous aient leur chance de survivre plutôt que de les laisser périr ici. La révolte terminée, les cobayes restanet seraient tués pour conserver le secret. De plus, la vague assurait une protection certaine, éphémère mais nécessaire. C'était triste de songer que le nombre d'hommes à tuer occuperait suffisamment les assaillants pour permettre aux plus forts et aux plus rusés-encore une fois- de s'en sortir mais ainsi allait la vie. Luke le savait parfaitement, il fallait consentir au sarifice.

Le garçon aux yeux pairs avait récupéré des clés, il allait conseiller de mettre les ennemis dedans, enfin celui qui restait en vie toujours. Ce dernier se tourna vers l'aveugle qui avait tant bien que mal ouvert une serrure puis laissé le prisonnier libérer ses compagnons. Instinctivement il avait moins peur de Luke qui n'avait pas l'air haité de la même folie meurtrière que ses deux collègues.

-Ulrich! Non!

Lança-t-il d'une voix nette pour anticiper une éventuelle vengeance de son compagnon. L'Aura de ce dernier s'était approché de l'homme et le Padawan ne pouvait être certain que le jeune humain laisserait son tortionnaire en vie, il avait donc préféré prévenir. De plus son appel aussi simple que concis rappelerait peut-être ce dernier à la raison. Luttant contre son mal être qui heureusement se dissipait pour le moment, Luke désigna plus ou moins la silhouette qui s'était glissée jusqu'à ses pieds pour supplier sa protection. Le Hapan lui accorda un air méprisant mais ne le frappa nullement.

-Il faudrait le baîllonner et l'enfermer là dedans, ce sera tout aussi efficace.- il ne pouvait évidemment pas voir qu'Ulrich avait déjà bailloné le gémissant petit paquet de chair misésereux.-On peut aussi le faire passer pour l'un d'entre nous, pareil pour deux d'entre eux et un autre comme dégât latéral pendant la rébellion.

Acheva le jeune Jedi dont la voix était rendue plus calme. L'action lui avait fait oublié sa peur, elle était toujours là, bien enfouie dans son âme, cependant se déplaçant moins vite que lui, elle peinait à suivre sa victime.

-D'autres vont venir, même si lui n'a pas crié l'alarme a dû être donné. Nous devons défendre les prisonniers, c'est notre priorité. Nous pourrons réquisionner un trasport commun de Coruscant ou d'une autre planète qui reconnait l'autorité des Jedis pour leur faire quitter le système. Vel, tu aurais un traceur pour ton vaisseau quelque part si nous retrouvons nos effets?

Le Padawan savait que Hapès était peu enclin à répondre aux demandes des Jedis. Coruscant était plus respectueuse en général. Il ne s'agissait pas d'emmener la poignée de Survivants dans un autre piège. Pour lui la mission était claire mais en serait-il autant des deux autres? Enfin sauf Vel qui n'était pas une Jedi et n'était donc pas engagée auprès des victimes. Quant à Ulrich c'était son devoir de Padawan mais vu son comportement, serait-il apte? Luke devait pour l'instant garder ses commentaires et tâcher de lui faire confiance, seul c'était impossible. Il affina son idée concernant les trois scientifiques morts et l'autre qu'Ulrich avait pour l'instant laissé en vie. Une nouvelle fois, il en fit part à ses compagnons.

-Il faut atteindre l'astroport mais avant, contacter le Temple... En attendant faison-nous passer pour des gardiens. Je jouerai le rôle d'un scientifiaue qui qccompagne les sujets malgré ma cécité cette fois

il savait bien imiter les voyants sur un temps court du moment qu'on n'esquissait pas de gestes brusques devant lui. Localiser le visage de son interlocuteur avec le son de sa voix puis sembler poser ses yeux dans les siens était devenu un de ses exercices favoris à l'académie pour ne pas avoir l'air faible. Parler serait difficile mais au moins, en tant que simple travailleur, il devrait suivre et non guider. De toutes manières si son plan était choisi, il fallait obligatoirement un Hapan comme scientifique. Sa mère avait toujours vanté l'exclusivité de ces merveilleuses recherches à ceux de sa race. Peu importait les gardiens, mais les scientifiques devaient être des Hapan

-je suis Hapan et d'après ce que j'ai compris on peut nous différencier des humains. -Pour lui ce n'était quune hypothèse incongrue, le touché était semblale: même peau, même mains, yeux etc. En quoi la beauté pouvait bien concerner un aveugle?-C'est une chance de plus pour créer la confusion, Peut-être pourrions-nous mener ce groupe de survivants dans une autre planque après que deux résistants et un scientifique aient été tués?

Lança Luke au petit bonheur la chance, plus pour lui-même que pour les autres. Pendant ce temps il s'était également mis au travail pour soigner ou tout du moins soulager les victimes, ne restant pas aussi inactif qu'un Hutt donnant ses ordres. De toutes manières le Hapan ne semblait pa être le Leder malgré ses conseils, il parlait peu et bien en général mais ce n'était pas non plus un maître dans l'art oratoire. Chacun était libre de l'écouter ou pas... Ou bien d'avpoir une meilleure idée.

-Vel... Merci pour ton aide. Sans toi nous n'aurions ni trouvé Ulrich ni ces pauvres gens et je serais probablement tombé dans le piège comme un grand. Tu as beaucoup donné. Si nous sortons d'ici, sache que je ne l'oublierai pas, tu auras toujours ma reconnaissance et ma confiance. Et je comprendrais aussi que tu ne nous accompagnes pas, c'est notre devoir de Jedi après tout.

Acheva doucement Luke. Malgré son aura sombre, la demoiselle avait conquis le coeur de l'adolescent qui avait tenu à en parler avant la tempête qui allait probablement s'effondrer sur eux. Silencieux par la suite, le Padawan continua sa tâche qui s'était lui-même octroyé: prendre soin des blessés, les réunir de son mieux et les calmer afin de les préparer à la grande sortie.
Darth Velvet
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Ulrich…. Mes iris épousent les courbes de son visage avec une tendresse fraternelle… Le long de ses bras, de des doigts s’égouttent le sang de ses victimes, encore chaud, encore rouge. Ulrich… plus, bien plus que lors de notre rencontre éphémère sous un ciel de minuit, s’abîme dans les ténèbres de son âme, revêt ses atours d’ombres et de colères. Je retrouve dans son sourire malsain, l’écho de mes tourments, dans la fluidité sans remords de son geste, la haine de mon cœur. Un reflet…. Mon reflet…. J’esquisse un mouvement, non pour effacer la vindicte légitime qui envahit son regard, tel un incendie d’amertume et de haine. Je comprends ce qu’il ressent. Je sais son besoin, son désir d’assouvir sa souffrance pourtant l’heure n’est pas à la vengeance, pas maintenant, pas tant que nous sommes emprisonnés dans ces sous-sols.

Peut-être ma compréhension réfrène-t-elle mes actions, parce que Luke me devance. Sa voix adolescente se fait moralisatrice. Certes, il est efficace de bâillonner et ligoter un bourreau jusqu’au moment où il se libère. Je préfère me taire, laisser cet enfant à ses illusions de bonté. Imagines-t-il seulement le traitement que celui-ci lui infligerais si on le laissait faire. Naïveté…. Innocence….

Je m’occupe de nouer les nœuds à ses poignets et ses chevilles, d’enfoncer profondément dans sa gorge le chiffon servant de bâillon. Insuffisamment pour qu’il s’étouffe mais assez pour que chaque inspiration devienne une torture. Je le pousse dans un coin de notre ancienne cellule, me penche pour lui susurrer quelques mots. Ses yeux s’écarquillent d’effroi sous l’impact de notre petit secret. Il ne reverra jamais plus la lumière du soleil. Une punition adéquate pour un homme dont la conscience ne souffrait visiblement pas d’enfermer des êtres dans l’obscurité d’une cage jusqu’à les transformer en loque. La colère gronde à nouveau en moi, violente et rebelle mais je la canalise… une promesse est une promesse, son cri d’agonie se noiera dans son chiffon lorsque nos pas franchiront le seuil de ce couloir c’est là la teneur de notre secret. Jamais je ne laisserais respirer une heure de plus, les tortionnaires de mon âme-sœur.

« Voilà. Bâillonné et saucissonné. » Déclarais-je à haute voix pour faire plaisir à Luke tout en envoyant à Ulrich un regard tout à fait révélateur de mes intentions envers l’hapan affalé contre le sol de notre prison.

« D'autres vont venir, même si lui n'a pas crié l'alarme a dû être donné. Nous devons défendre les prisonniers, c'est notre priorité. Nous pourrons réquisionné un transport commun de Coruscant ou d'une autre planète qui reconnait l'autorité des Jedis pour leur faire quitter le système. Vel, tu aurais un traceur pour ton vaisseau quelque part si nous retrouvons nos effets? »


Que l’alarme soit donné est une évidence… je suis même étonnée que personne n’ait encore débarqué en force dans cet endroit. Pourtant, chaque seconde que nous perdons en palabres inutiles apportent à nos ravisseurs une chance de nous recapturer. Quoique nous décidions de faire, il nous faut agir avec rapidité et discernement. Discernement, voilà assurément une qualité qui n’entrave pas le jeune jédi aveugle.

« Non. Pas de traceur. Je suis navré Luke mais nous ne pouvons pas défendre ses gens » - je jette un regard sur les silhouettes courbées et amorphes de nos congénères – « Ils sont incapables de bouger pour la plupart, ils vont nous handicapés et nous ralentir. Tu trouves peut-être ça cruel mais ils ont déjà perdus l’envie de vivre. Rien ne les sauvera. S’ils nous accompagnent nous n’aurons aucune chance de sortir de ce trou. Ceux sont déjà des légumes. »

Je ne veux pas être abrupte mais je sais que mes propos vont heurter sa sensibilité, c’est pourtant le cadet de mes soucis.
« Il faut atteindre l'astroport mais avant, contacter le Temple... En attendant faisons-nous passer pour des gardiens. Je jouerai le rôle d'un scientifique qui accompagne les sujets malgré ma cécité cette fois je suis Hapan et d'après ce que j'ai compris on peut nous différencier des humains .C'est une chance de plus pour créer la confusion, Peut-être pourrions-nous mener ce groupe de survivants dans une autre planque après que deux résistants et un scientifique aient été tués? »


Ses mots ne m’atteignent plus. Ni son stratagème pour fuir, ni sa proposition, ni même ses remerciements et sa reconnaissance. Imprimée dans ma conscience en lettrine de feu CONTACTER LE TEMPLE déclenche en moi une vague de fureur glaciale. Pourquoi faire ? Ce n’est pas comme si la condition de leur padawans leur importait réellement. Je sens un à un les barrages de ma sérénité céder sous une vague de rancœur aussi vieille et profonde que les cicatrices parcourant ma peau.

« Tu veux contacter le temple ? Parce que tu crois qu’ils vont venir te sauver Luke »

Ma voix est dure, acerbe, corrosive. Elle expose au grand jour mes ressentiments à l’égard du temple mais je n’en ai cure. Mon regard s’est durci, insoutenable, il lacère de sa rage le jeune homme protégé par sa cécité.

« Ils ne viendront pas. Ni pour toi. Ni pour Ulrich. Ni pour ces gens. Ils s’en foutent que tu crèves, tu n’es qu’un petit soldat remplaçable. Rien d’autre qu’un pion interchangeable. Entres-toi bien ça dans le crane. Il n’y aura pas de mission de sauvetage, ou d’aide. » - mon rire presque possédé déchire le silence lourd- « Imagines bien que vu que les intérêts et la politique d’Harpès sont importants, que les relations sont tendues ils ne foutrons pas tout en l’air pour protéger ta jolie frimousse. Comprends bien Luke que le Temple sacrifie et sacrifiera sans sourciller des milliers de vie si ça préserve leurs foutu équilibre et leur paix illusoire ! »

De plus en plus la haine s’exfiltre de moi, telle une aura vorace et noire. Mon poing part et s’écrase brutalement sur le mur le plus proche. Mes phalanges hurlent de douleur sous l’impact mais loin de me calmer cette souffrance alimente davantage la colère qui m’anime. Je perds pieds, je perds le contrôle m’enfonçant plus profondément dans le côté obscur de mon être. Comme une marionnette sans son marionnettiste, ma main ensanglantée se lève, mes doigts s’agitent sur des fils invisibles et au fond de la cellule occupé par le dernier survivant des gardiens, un craquement sinistre accompagné d’un râle d’agonie étouffé. Finallement , je n'ai pas tenu ma promesse....



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Si les ailes noires de ma folie meurtrière s'étaient dissipées, l'adrénaline qu'elles avaient engrangé circulait toujours dans mes veines, et je sentais battre dans mes tempes l'excitation du danger, la rage de vaincre, et la haine de l'immobilisme. Ils avaient raison. Il fallait agir vite. Vite, mais pas de la façon dont le proposait Luke. C'était vrai, il ne me connaissait pas. Contrairement à Orme ou Vel, je n'avais en rien eu des conversations d'ordre idéologique. Mais la haine que je portais pour l'Ordre Jedi était bien là, enracinée dans mon âme. Et ses paroles ne firent qu'intensifier cette constriction. Mais alors qu'à mon sens, s'enchainaient les absurdités d'une candeur maladive dans ses propos, Vel me devança, de façon plus hostile encore à ma propre pensée.

Si nous avions été proches dans une forme d'amour platonique, peut-être orgueilleux, puisqu'en chacun de nous était constitué le miroir de l'autre, la jonction entre nos cœurs s'était également opérée dans ce combat. Je voyais en son regard l'admiration qu'elle vouait à mes excès, et cela n'eut pour autre conséquence que de me galvaniser. Et cette liaison ne fit que s'élargir, lorsqu'elle fit part de ses contradictions, à l'égard de Luke. Il m'était venu les mêmes pensées, à l'heure où il avait exposé son projet. Malheureusement, si celui-ci était noble, il n'eût été applicable que si nous disposions d'une armée, et qu'une flotte de bataille organisée nous attendait à la sortie de notre geôle.

Pourtant, il me fallait calmer le jeu. Vel avait largement pris l'ascendant sur Luke, libérant le sceau qui contenait sa sainte colère, et les quelques remarques que j'émettrai allaient devoir convaincre le padawan rapidement, sans pour autant être chronophages. Je ramassai, puis enfilai hâtivement le gilet blanc qui m'était dédié, et entrepris de mettre en œuvre l'art complexe qui consistait à agir dans la vitesse, tout en apaisant les tensions. Joie, je n'éprouvai aucun remords aux meurtres que j'avais commis qui, dans d'autres circonstances, auraient pu freiner mon dynamisme.

-Luke, les Jedi sont presque partout. Sur Coruscant, ils sont sûrement déjà au courant de ce qui s'est passé, et s'ils ne me portaient déjà pas vraiment dans leur cœur, autant te dire que ma réputation est ruinée avec ce qui s'est passé au Titan. Si on ajoute à ça que Vel n'a pas les mêmes préceptes qu'eux, tu t'en doutes, dans l'affaire, il n'y a que toi qui t'en tires. Nous on va t'aider, parce que tu vois pas. Alors toi, ne nous trahis pas en nous livrant à ceux qui nous voient déjà comme des ennemis. On contactera pas plus le Temple, qu'on n'empruntera un vaisseau Jedi. De toute façon, c'est impossible sur Hapès, et tant mieux. Pour les prisonniers, on n'a pas le temps. Vel a été suffisamment explicite sur le sujet. Et si ton plan est de privilégier la discrétion, créer une émeute, qui se fera dissoudre aussi vite que les prisonniers ne seront sortis de leurs cellules, c'est pas ce qu'il y a de plus pertinent, à l'heure actuelle.

Mon regard dur et froid se posa à présent sur Vel. Elle était effrayante. Il était bienheureux que ce ne soit pas contre moi qu'elle se soit tourné. Sans trop savoir comment m'y prendre, je m'affairai à calmer ses ardeurs.

-Notre but, c'est de sortir tous les trois, et ça se limite là. Alors c'est pas le moment de se déchirer. Allez, on fonce. Maintenant, vous êtes tous les deux aveugles, c'est moi vos yeux, et vous me suivez. Je sais où est la sortie. On est dans une impasse, alors on se bouge avant qu'ils arrivent en masse. Question de bon sens. Vous vous engueulerez après.

Je saisis le bras de Luke, sans vraiment lui laisser le choix, et entamai ma course au travers des couloirs sinueux de notre prison. Alors que mes pieds nus claquaient au sol dans un rythme effréné, mes rétines étaient attaquées par les néons grésillants au plafond. Je ne savais pas vraiment où tout cela nous mènerait. Il était impensable d'utiliser l'ascenseur, et j'espérai que le destin nous sourisse, en nous offrant une autre voie de sortie. Tout en courant, j'assénai à Luke:

-Pas le temps d'enfiler leurs sapes. De toute façon, on est déjà grillés, ils connaissent nos visages.

Si j'avais eu le mérite de céder à la pulsion salvatrice de la survie, et que j'avais mis de côté une inactivité qui nous aurait causé une mort certaine, mon plan était bancal. Quand bien même un escalier de secours était mis en place, nous étions enfoncés très profondément dans la tour des... La tour ! Bien sûr. Nous n'étions pas sous terre, puisqu'à mon arrivée, si j'avais effectivement descendu plus d'une centaine d'étages, j'étais arrivé sur une plate-forme très élevée. Les réminiscences qui semblaient avoir été effacées me revenaient à présent en mémoire. Lorsque j'avais pénétré dans l'ascenseur, la voie indiquait que nous étions au 133ème étage.

-On est dans une tour, je suis rentré par le haut, mais il y a peut-être une chance qu'on soit au niveau du sol ! Il faut trouver une voie d'issue à ce niveau, on peut pas se permettre de prendre l'ascenseur.

Nous arrivâmes à un croisement, et je freinai ma course. L'hésitation du moment était propice à faire un point. Je tournai alors mon visage en direction de Vel, et mes yeux s'ancrèrent dans celle qui, dans sa rage, avait supprimé notre possible espoir d'escapade.

-Je voulais qu'on maintienne le hapan en vie pour lui soutirer des infos. Bon, tu l'as tué, tant pis. On est livrés à nous-même, mais au moins, je sais que tu seras capable de refaire ce que tu lui as fait aux autres personnes qui pourraient nous poser problème. Ça va nous être utile.

Les deux couloirs qui se croisaient de façon perpendiculaire, ne m'aidaient quant à eux, pas du tout à savoir quelle route emprunter. Celui qui prolongeait le nôtre, me semblait être celui par lequel j'étais passé. Celui qui s'étendait à notre droite, comme à notre gauche, étaient parfaitement identiques au nôtre. Seulement, un écriteau était ancré sur chaque mur. Par malheur, c'était écrit en hapan. Par bonheur, nous avions un hapan parmi nous. Un hapan aveugle.

-On va pas tout droit, c'est l'ascenseur, on va se faire coincer. Luke, à droite et à gauche, y a des écriteaux. C'est du hapan, et les écritures sont en relief. Si en les touchant, tu sais ce que ça veut dire, vas-y. Sinon, on se fie à notre instinct.
Luke Kayan
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-Les Jedis sont ma famille! Notre famille! Mon maître est venu jusque sur Korriban, un endroit infesté de Siths pour me sauver. Oui juste pour moi... Et sans eux, je serais... Je serais... Je ne sais pas trop mais juste "quelque chose" sans âme. Perdu aux tréfonds d'une abîme bien plus obscure que ce que mes yeux voient aujourd'hui.

Luke ne pouvait pas rester sans rien faire face à telle injure. Vel les avait aidé, elle avait été une précieuse alliée, une amie mais désormais elle bafouait tout ce en quoi il croyait. Le Hapan vouait une adoration sans bornes à Saï Don et les croyances des Jedis étaient sa raison de vivre, sa raison de supporter toutes les cécités du monde, toutes les souffrances. Son père cet homme si bon avait jugé que le Temple pourrait le sauver, comment imaginer un instant qu'il s'était trompé? Si Vel l'avait vu alors qu'il avait 10 ans, sans nul doute comprendrait-elle. Mais comment serait-ce possible pour la jeune femme? Luke ne lui en voulait pas et avait parlé calmement. En revanche la colère le piqua au vif lorsque Ulrich refusa de défendre ceux qui l'avaient recueillis après tout le mal que son paternel lui avait fait. Comment pouvait-il être aussi ingrat?

-S'en sortir? Tu penses à ça? Ta réputation? Maintenant... Quoi faire pour échapper à des réprimandes? Nous sommes des Jedis Ulrich, notre vie passe après celle des civils que nous protégeons. Nous sommes nourris, logés, aimés, entrainés au Temple pour ça, en toute connaissance de cause, nous nous engageons librement à suivre cette voie!

Luke se moquait que le temps presse, il voulait convaincre au moins l'autre Padawan de se défendre pour sauver ne serait-ce qu'une de ces victimes. Si un d'entre eux s'en sortait, ce qui était probable, alors leur mission serait réussie. Luke se jugeait prêt à mourir étant donné que sans les Jedis, sa vie se serait déjà éteinte depuis longtemps, physiquement peut-être pas, mais mentalement il n'aurait plus été l'ombre de lui même.

-Nous laisserons Vel partir avant de les appeler, ça va de soit, il n'est pas question de la trahir, mais nous devons, nous... Assumer nos actes, nos erreurs! Je ferai face et toi aussi tu le do...

Le jeune homme se sentit tiré par le bras. Coupé dans sa phrase, surprit et incapable de résister à la traction, le Padawan se laissa happer. Il essaya de résister un peu l'étonnement passé mais rien n'y faisait. Sa constitution frêle et sa cécité ne faisaient pas bon ménage, il devait suivre. Peu après, le Padawan épuisé par son propre tourbillon de désespoir et d'énervement, sentant le malaise repointer dans le fond de sa cage thoracique se força au calme et écouta ce que ses compagnons disaient. L'apprenti ne semblait pas vraiment heurté par la mort des êtres qui certes, les avaient -et surtout Ulrich- torturés mais était-ce une raison? Même dans une situation désespérée les Jedis évitaient de tuer au lieu d'enjoindre leur compagne déjà violente à le faire.

-Alors finalement tu l'as tué.

Soupira Luke en dardant ses yeux aveugles mais ô combien expressifs sur Vel, fixant approximativement son propre regard. Il se tourna ensuite vers Ulrich.

-Utile en dernier recours...

Rappela-t-il en s'éveillant à la Force pour guetter les alentours au cas où. Luke ne rechignait pas au combat, il était prêt à défendre sa vie et ceux de ses camarades à défaut de pouvoir aider les civils désormais, mais il souhaitait le moins de violence possible. Suite à cette mission viendraient la culpabilité, le moment d'assumer ses erreurs, chose que le jeune Jedi comptait faire avec dignité. Pour l'instant, dans le feu de l'action, après avoir longtemps voulu retourner en arrière, le Hapan sachant que c'était inutile était revenu à la raison. Il semblait toujours en colère mais de façon mitigée, comme si quelque chose ignoré de lui-même l'empêchait de céder totalement à ce sentiment. Peut-être son entraînement de Jedi, sûrement ce mal être qui l'avait envahi auparavant lors du début de leur fuite.

Luke garda un visage tendu, mais c'était plus l'inquiétude qui enserrait son âme désormais qu'autre chose. Il avait su retourner sa colère contre la situation; ce n'était pas encore LA bonne méthode du Jedi qui doit rester calme en toutes circonstances mais c'était mieux que rien. Ses doigts se posèrent sur le relief. Il y avait longtemps que le jeune homme n'avait plus parlé Hapien, de plus vu son état de légume avancée, ce serait d'autant plus difficile de se souvenir de ce langage, sans compter l'effacement consciencieux d'un esprit ayant trop souffert. Cependant l'indication était très basique, autant essayer donc. Le Hapan se concentra de toutes ses forces, il se revoyait dessiner maladroitement des lettres sur une feuille en papier, lire des livres avec sa mère qui le battait dès qu'un trait était trop de travers ou que sa langue fourchait.

Luke se souvint de son regard fiché sur ce grand écriteaux pendant les soirées mondaines que donnaient sa mère. Il pouvait rester des heures à l'embrasser de loin, à la supplier de clignoter parce qu'un feu brûlerait toute cette scène grotesque de froufrous, de musiques affriolantes et de boissons. Le souvenir était si violent que le Padawan en eut presque mal à la tête, allant jusqu'à se souvenir de la sensation que donnait la couleur verte. Si forte, si puissante, si accueillante pour lui, à l'égal de ce soleil qu'il contemplait béatement pendant des heures devant sa baie vitrée alors que sa mère éclatait de rage. "Sortie de Secours" lisait-il inlassablement alors que ses yeux vairons alors voyants se posaient sur les convives aveugles pour les supplier "au secours... Laissez-moi sortir". C'était le médecin de Maria qui avait compromis son métier pour lui, qui avait failli aller en prison. C'était lui qui avait offert à Luke ces trois mots magnifiques, qui avait été sa porte.

-Pour tous les autres écriteaux, je ne sais plus lire le Hapan... Mais cette phrase... J'en suis sûr, ça dit Sortie de secours.

Luke frissonna, il retira doucement ses doigts du mur, ayant l'impression qu'ils étaient poisseux de sang. Les gémissements des prisonniers abandonnés lui revinrent en tête, une larme coula le long de sa joue mais il tâcha de l'ignorer, se postant devant le couloir droit.
Darth Velvet
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« Et moi ! Ils m’ont abandonnée, livrée à ces bourreaux ! » hurlais-je silencieusement dans le vacarme assourdissant de mon être.

Luke, si gentil et doux, modèle de vertus, toujours pétri de bonnes intentions et d’idéalisme, Tu me donnes la nausée. Tu m’écœures et provoques en moi une vague irrépressible de dégoût et de colère. Pourquoi-t-ont-ils sauvé, toi, alors que la faiblesse de ton corps trahit tes limites physiques, alors que tu avoues les défaillances de ton esprit face à l’adversité ? Un faible. Un pleutre. Un inutile éclopé. Pourquoi toi et non moi ? Une haine jalouse me déchire les entrailles, s’insinue sournoisement dans mes chairs meurtries par un passé de tortures, poison fulgurant et acide. Toute mon incompréhension, toute ma frustration, devenues le souffle de ma folie se déversent, me submergent alors qu’il en devient la victime. Etendard des Jedis, Incarnation de leurs erreurs, Avatar d’une absurde vérité, il devient un Némésis, un écrin à mes aversions profondes, mes sombres désillusions, à cette atroce réalité perçant mon cœur tel une lance enflammée.

Je voudrais le faire taire, le faire ravaler ses belles paroles mensongères, lui faire gouter l’humiliation et le rejet, celui là même dont il me fustige avec cette sérénité arrogante et intolérable. Mes doigts, tels des serres avides de sang chaud, s’incrustent dans la paume tendre de mes mains, entaillent la peau comme un exutoire à leurs démons. Mon regard, lourd de reproches muets, lourd de cette colère sourde, de cette folie sous-jacente, s’accroche au padawan avec le même désir vampirique qu’une sangsue.

La voix d’Ulrich me parvient au travers du voile d’obscurité dans lequel je me perds. Dure, froide. Il n’est que glace mais ses mots percutent avec efficacité les lambeaux de ma raison. Mes prunelles se baissent pour s’ancrer vers lui. Une lumière froide dans un monde d’ombres mouvantes. Il a peut-être perdu sa chaleur mais ses propos n’en sont pas moins réfléchis. Je m’attèle à repousser toute la haine contenue dans mon cœur jusqu’aux confins de mon esprit, à rabibocher les morceaux effilochés de ma conscience. S’enfuir est primordial et je fais de ces quelques syllabes le leitmotiv de ma résurgence. Je m’accroche au mot, m’extirpe du miasme obséquieux de ma colère au prix d’une grimace de douleur.

Oui… je suis peut-être à nouveau Vel, amicale et mesurée, mais je sais que nous n’en avons pas terminé, Luke et moi. Il représente ce que j’aurais dut être, mes espoirs envolés et mes rêves brisés sur l’autel des orgueilleux Maitres Jedis. Pour cette raison, sa vue me demeure insupportable, comme une pincée de sel sur mes plaies ouvertes, comme un affront permanent à mes tourments.

Dans l’immédiat, je suis ce que me dicte mon instinct de survie. Tout comme mes deux compagnons, je cours dans les couloirs fermant la marche en bonne dernière. Mes pas claquent en rythme sur le sol, comme un écho de ceux de Luke et Ulrich. Je suis étonnée de ne voir apparaitre devant nous, les cerbères inévitables de ce genre de lieux pourtant je ne m’en préoccupe pas. D’ailleurs je ne fais pas non plus l’effort de projeter ma conscience dans les artères du bâtiment pour connaitre les obstacles de type « humanoïde » pouvant nous barrer la route. Je me contente de suivre et de serrer les dents pour ne pas céder à un autre accès de rage dont je devine l’émergence stimulée par la seule vue de cette tête blonde, devant moi.

Soudain, les bruits de notre course s’arrêtent nets à une bifurcation de corridors. Les reproches d’Ulrich glissent sur moi, comme un navire sur l’ondée. Evidemment… je l’ai assassiné sous les effets de la colère, peut-être un peu trop tôt, mais de toutes façons, jamais je ne l’aurais laissé voir une fois encore la couleur du ciel. Et puis je ne me leurre pas… plus qu’un avantage, il serait devenu à terme un problème. Peut-être même aurait-il essayé de nous piéger avec des informations erronées. Non, si la fureur m’a aveuglé, sa mort à lui n’en reste que justifiée, mieux vaut s’en tenir à ses aptitudes plutôt qu’aux mensonges d’un tortionnaire.

« Oui je l’ai tué. Et je n’aurais aucun scrupule à recommencer. Ce genre de pourriture ne mérite même pas une mort aussi propre et puis qui te dit que ses informations auraient été fiables ? »

Je croise les bras attendant alors que Luke nous indique quel couloir emprunter. L’un comme l’autre ne m’inspirent confiance. En réalité, je ne crois pas que nous soyons dans une tour, je nous imagine bien plus enterré sous plusieurs mètres de terre, à cause, sans doute, de cette absence totale de fenêtres. Quoique… pour une prison il n’y ait là rien d’anormal.

« J’en suis sûr, ça dit Sortie de Secours »

Il ne reste qu’à suivre l’indication sur le petit panneau. Je m’engage en premier dans la direction. Je ne sais pas pourquoi tout me semble facile, presque trop. Pourquoi n’y a-t-il ni membres du personnel, ni équipes de sécurité. A droite comme à gauche, pas un chat, je suis pourtant certaine que notre évasion n’est pas passée inaperçue.

« Hmmm… je n’aime pas ça, nous n’avons encore rencontré aucune résistance pour stopper notre évasion »

L’évidence me frappe alors que j’arrive devant une porte surmontée de symboles happans. Je ne comprends rien à ces écritures mais je reconnais sans difficultés les caractères identiques à l’écriteau précédent. Elle est verrouillée. J’ai beau tirer de toutes mes forces, elle se refuse à bouger.

« On ne peut pas passer par là. C'est bloqué. Un cul de sac… »

Sens en éveil, je me retourne et scrute le bout du couloir. Le clignotement sporadique d’une lumière rouge attire mon attention sur une caméra habilement dissimulée sur ma droite. Mon bras se tend vers l’engin, paume ouverte alors que j’expédie sans autre forme de procès une salve de Force pour en désintégrer les circuits imprimés.

« …. Ou un piège à rat » ajoutais-je en entendant les pas pressés de plusieurs hommes venant dans notre direction
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Nous étions dans l'impasse. Rien d'étonnant. Je ne m'attendais pas à ce que la porte de sortie soit grande ouverte. La sécurité de la prison était importante. Pourtant, dans un excès d'espoir, mêlé à un instinct de survie dévorant, nous nous étions aveuglément jetés dans la voie qui paraissait la plus évidente. Non sans une certaine violence, Vel brisa les circuits de la caméra de surveillance qui avait repéré notre présence. De lourds bruits de pas s'amoncelaient en notre direction. Un sourire macabre déchira mon visage.

Une saine peur prenait possession de moi, accompagnée d'une exaltation profonde, indicible. Cette fois-ci, ce fut une douzaine de factionnaires qui vinrent à notre rencontre. Nous n'avions pas à faire à ces psychopathes vêtus de blanc, mais aux bourreaux qui m'avaient humilié quelques temps auparavant. Je les reconnaissais à leur torse nu, et aux tatouage tribaux qui sillonnaient leurs visages au crâne rasé. Alors qu'ils dégainèrent chacun un poignard acéré, l'un d'entre eux, à l'arrière, portait une hampe métallique surmontée d'un vibro-lame. La tension était palpable. Leurs regards étaient menaçants, mais cette fois-ci, j'étais une autre personne.

J'avais retiré la vie d'autrui, dans des flots d'hémoglobine et dans le fracas des os. Je n'allouais plus à la vie le respect que jadis je lui portais. Cela devenait secondaire. Ils étaient là pour nous tuer. Nous ne leur ferions pas de cadeaux, à l'exception peut-être du jeune aveugle qui nous accompagnait, épris d'une ubique candeur. Qu'importe. Vel et moi allions, dans le fracas des tambours de la guerre, porter un terme à l'existence de ces être nuisibles. Ils avaient l'avantage du nombre, du terrain, de l'armement, et de la surprise. Il nous restait celui de la Force.

S'il était une évidence, c'était bel et bien que je la maîtrisais avec peu d'adresse. La raison en était très simple. Mes maîtres se vouaient à une utilisation lumineuse et pacifique de celle-ci. En théorie, ces usages sont louables. Mais la réalité du terrain est toute autre. J'avais vu Vel étrangler à distance cet homme. Pourquoi, jamais, les Jedis n'avaient-ils fait cause d'une telle maîtrise ? Mon aversion pour cette institution maudite m'ulcérait. Une ombre ravageuse et destructrice voilait la lueur de mon regard.

Injustice. C'était cette injustice, qui m'avait mené à haïr l'Ordre Jedi. Ce laxisme probant, cet immobilisme néfaste, et cette morale, aussi ouvertement déclarée que flexible, dans la réalité des faits, qui m'exécrait en ces maîtres oligarques. C'était cette injustice, qui m'avait mené ici, dans les tréfonds de cette geôle malsaine. Celle qu'avait voué mon père à mon égard. C'était encore une fois cette profonde injustice, qui avait contribué à cette cicatrice infâme qui barrait mon ventre, symbole éternelle de ma captivité ici-bas.

Mais s'il était une chose de véritable, c'était bien que seule la noble rétribution que nous avions porté sur nos ravisseurs nous avait permis d'entrouvrir à nos yeux l'espoir de sortir de cette prison. La vindicte de notre colère serait terrible. En ce jour, la Saine Révolte entacherait de sang les murs crasseux de cette tour.

Des terres déchirées de mon âme émergea un colosse funeste, hurlant l'ire de notre victoire. D'obscures énergies parcouraient mon corps. Enfin, je la percevais. La Force, dont une maîtrise talentueuse m'avait toujours échappé, prenait refuge au creux de mon âme. Elle étendait ses racines d'airain dans mon cœur, et un arbre, embrasé d'un feu sacré, et éternel, avait pris possession de mon cœur et de mon esprit. La Force était avec moi, et cette fois-ci, je le savais. Elle était bien éloignée de celle dont faisaient mention les faux prophètes du Temple.

Je me ruai alors sur nos adversaires. Le temps semblait figé. Bien que dissimulée sous des peintures mortuaires, l'expression de leurs visages les trahissait. En première ligne, trois guerriers. Dans leur orgueil, les autres restaient en arrière, supposant qu'une bataille équitable leur vaudrait la victoire. Ils se fourvoyaient. M'attaquer à celui qui était au centre eût été une erreur. Je me ferais encercler en un rien de temps. Pourtant, je simulais de me diriger sur lui, alors que je jetai une œillade à celui de droite, puis à celui de gauche.

C'était lui. L'homme, à ma gauche, était celui qui avait consumé mes chairs, en apposant sur mon corps le sceau de la servitude. De tous, il était celui qui m'avait le plus humilié. Celui qui avait inscrit de façon éternelle le signe de mon esclavage. Au dernier instant, je bifurquai. Ma main gauche se saisit de son bras armé, et ma paume ouverte fusa en direction de son visage. Ma rage se transforma en énergie pure. À l'instant où ma peau entra en contact avec son front, un fracas assourdissant et une lumière blanche intense déchirèrent l'obscurité de ce champ de bataille étroit.

Ce violent choc n'avait rien de commun. Un courant électrique, parti d'une impulsion noire générée par mon cœur, avait parcouru mon bras dans toute sa longueur, et s'était déchargé sur le crâne de mon adversaire. Son corps chavira lentement en arrière, et sa tête laissa dans son sillage d'abominables fumées, qui teintèrent les lieux d'une odeur de chair et de cervelle grillée.

Vaincre le feu, par le feu. Ange de la Justice, j'avais abattu ma vindicte sur cette vermine. J'avais déchaîné la foudre sur cet être misérable. Si j'étais le premier étonné par ce que je venais d'accomplir, il me fallait profiter de l'effet de surprise que j'avais occasionné. Mon adrénaline m'offrait une toute autre perception du temps. Les mouvements des belligérants me semblaient ralentis. J'étais plus vif, plus adroit. La Force s'était immiscée dans la moindre de mes cellules. Le dos de ma victime n'avait pas encore touché le sol, que ma main fusa en direction de l'arme qu'il avait lâché, tournoyant dans les airs. Je l'interceptai et, habilement, plantai l'arme dans la gorge du hapan voisin, tout en lui arrachant sa dague recourbée.

J'effectuai un bond en arrière, un poignard dans chaque main, et tendis le fruit de mon second larcin à la sombre mirialan. Nous étions armés. Je me plaçai alors à côté de Vel, du côté du mur, de sorte à ce que rien ne gène la ligne de mire de l'aveugle.


-Utilise la Force, Luke !
Luke Kayan
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-Et qui nous dit à nous qu'un être sans scrupules comme toi est fiable? Le tuer alors qu'il était sans défense c'était agir à leur égal, exactement comme eux oui.

Luke ne connaissait pas l'état d'esprit de Vel, il se gardait bien ne serait-ce que de frôler son esprit avec la Force. Premièrement, entrer en conflit avec son alliée était une chose, violer son intimité et déclencher une guerre en était une autre. Le Padawan avait conscience qu'il devait faire avec cette femme. Sa confiance en son égard s'envolait petit à petit, il se raccrochait à sa loyauté, à son envie de retrouver Ulrich et à le libérer tout comme lui. Ulrich... Ce dernier montrait-il un nouveau visage ou dévoilait-il enfin sa véritable face? Non ça devait être le premier cas, les maîtres l'auraient remarqué avant sinon. Quoique. Il était arrivé que des individus potentiellement dangereux trompent leur vigilance, c'était difficile de l'accepter mais c'était un fait, les Jedis n'étaient pas invincibles, même leur mentor à tous Saï Don avait ses faiblesses. Luke ne montra à ses camarades qu'une moue mécontente mais il ne s'attarda pas plus, ni dans ses reproches-qui était-il pour réellement juger?- ni dans sa perdition pensive. Le Hapan savait qu'ils devaient désormais avancer, la voie était libre mais pour combien de temps encore? Vel avait raison, son expérience parlait et il serait idiot de jouer le rôle du sourd en plus de celui de l'aveugle, malgré sa perte de contrôle, elle restait plus à même que lui à les diriger, Luke devait suivre, il n'avait plus la voix du chapitre-l'avait-il seulement eu?- et ses deux compagnons unis par la même force obscure guidaient ses pas.

Une nuit métaphorique et bien réelle à la fois s’abattit sur les pauvres âmes errantes qu'ils étaient. Un groupe d'adversaires vint à leur encontre et Luke se tint légèrement en retrait pendant un moment. La situation était plus difficile à analyser pour lui et le mal être de tout à l'heure commençait à le consumer à nouveau. Une odeur de chair grillée s'éleva dans le couloir et le Hapan gémit malgré lui, se rattrapant à un mur. La pestilence n'était toutefois pas ce qui l'avait fait chaviré comme un bateau maladroit ou ivre; c'était autre chose... Cette nuit qui drapait désormais ses épaules. Luke se souvint avoir déjà ressenti une morsure semblable. Korriban. C'était la Force obscure qui le rendait malade, qui étouffait sa bougie, exactement comme lorsqu'il était plus jeune et que sa mère l'enveloppait de toute sa haine.

Un déclic. Le Padawan comprit. Pourquoi il n'avait pas sombré dans l'Académie Sith, il n'avait aucun mérite pour s'en être sorti aussi lumineux qu'il y était entrée. Pourquoi il avait perdu la vue aussi. Son hémorragie interne qu'une cuve de Bacta n'avait pu guérir, il avait cette fois tout le mérite de la chose. L'obscurité le rongeait, le dévorait et lui ne saurait un jour la trouver attrayante parce qu'elle ne s'embarrassait pas comme avec ses autres victimes. La puissance noire ne tentait pas de le séduire, elle le détruisait tout simplement. Luke était investit d'une bien étrange lumière, il n'était pas mieux loti qu'un autre, ou plutôt si, théoriquement parlant mais cela n'avait rien d'un cadeau. Sa fameuse bulle protectrice faite de Force lumineuse pure était trop puissante pour son corps. C'était pour éloigner cette obscurité prédatrice que le Padawan, sans se contrôler lançait cette vague étrange, cette onde qui portait sa marque de fabrique, mais le fragile réceptacle qu'était son enveloppe charnelle ne pouvait le supporter. Plus jeune, déjà blessé par la vie ou plutôt par sa mère, presque mort, Luke avait perdu la vue, ensuite pris en charge par le Temple, connaissant déjà mieux la Force il s'était contenté de s'évanouir au chevet d'Ellana Caldin ou lors de son enlèvement.

D'ailleurs alors qu'il était emmené sur Korriban, le Hapan s'était sciemment servi de cette puissance étrange, il l'avait volontairement convoquée pour appeler son maître, c'était donc encore possible surtout dans cette situation. Son corps habitué à recevoir la protection de la Force n'avait érigé aucune véritable barrière contre la nuit, voilà pourquoi il tombait malade devant l'obscurité, il n'avait pas "d’anticorps" naturels. Luke s'approcha du combat, provoquant involontairement son mal, la colère le submergea face à l'injustice, face aux souffrances endurés par Ulrich, par Vel et lui-même puis contre la Sith en personne. Il ne savait pas ce qu'elle était vraiment, juste qu'elle incarnait cette rage qui l'affaiblissait, cette haine qu'il détestait. Ulrich lui avait dégagé un chemin, parfait. Le Padawan s'entoura de sa bulle protectrice, puisant dans ses souvenirs pour la convoquer. Le jeune Jedi tâcha de se calmer, refusant absolument de reculer, il ferma les yeux et songea à son maître, convertissant sa colère en amour. Calme. Sérénité, il n'y avait plus d'urgence. être aveugle lui facilita les choses, visualiser le noir paisible d'une salle de méditation à la place de cette indicible nuit, cette nuit sans étoiles.

Le Hapan sourit pour lui même, il se souvint de son maître encore une fois. A dix ans Luke lui avait demandé si les habitants de Coruscant voyaient les étoiles, ou bien était-ce Saï influencé par son drôle de petit Padawan philosophe qui avait posé cette question rhétorique? Le Jedi ne savait plus vraiment, mais peu importait... Cette fois au lieu d'invoquer l'onde de Force par la peur ou la colère, il allait se servir de la sagesse. Doucement la lumière monta en lui, il inspira tranquillement, offrant à ses adversaires et alliés un visage qui ne correspondait nullement aux circonstances. Tendant la main le jeune Jedi replia deux doigts, cette fois son corps ne devait pas être trop endommagé et il fallait canaliser cette énergie brûlante.

La blancheur. Si lumineuse qu'elle aveuglait au même titre que la nuit. Une étoile, belle mais brûlante.

La Force jaillit, à cet instant l'adjectif "fragile" qui lui avait toujours parfaitement collé à la peau ne correspondait plus du tout. Luke sentit ses cheveux se soulever comme en proie à un vent capricieux et joueur. Il sentit bientôt la douleur l'envahir, mais c'était une douleur chaude qu'il se plaisait à accueillir. Le Padawan ouvrit les yeux, laissant l'onde pure s'effacer après un passage court mais intense, malheureusement il lui avait été impossible de se contrôler totalement et il ne savait pas si ses deux alliés s'étaient retrouvés eux aussi, de part leur âme sombre, chassés par la lumière. La fatigue afflua dans ses veines, le jeune homme chancela se rattrapant au mur, mais au moins il ne s'était pas évanouit et avait pu se contrôler pour ne rien détruire. Si ses adversaires étaient sonnés ce serait déjà bien. L'onde avait été puissante mais pas au point de tuer. Luke serait déjà heureux d'avoir réussi à donner un petit répit à ses camarades. Quoiqu'il en soit si jamais son stratagème répondant à l'ordre d'Ulrich avait fonctionné ils avaient été plaqué au mur ou envoyés plus loin dans le couloir mais cela ne les libéreraient probablement pas de l'emprise des ennemis. Vel et Ulrich avait heureusement déblayé les lieux auparavant via leur haine, lui avait tâché de terminer le travail avec la lumière. Est-ce que la nuit et le jour pouvaient marcher ensemble? Pouvaient-ils cesser de s'affronter mutuellement l'espace d'une mission de survie?

Luke se redressa, prêt au combat. Il ne savait pas si sa bulle protectrice avait fonctionné parce qu'il s'était contrôlé au maximum et avait donc minimisé les dégâts. Malgré sa fatigue toutefois le Padawan en appela à la Force. Avec un sabre-laser il était bien misérable mais Saï Don ne s'était pas trompé en clamant que Luke était un élève spécial, son lien avec la Force était puissant, sa volonté aussi. Malgré son affaiblissement et sa peur le Hapan était décidé à sortir, ne serait-ce que pour témoigner de ce qui se passait ici et essayer de sauver les civils. Oui, il y croyait encore et cela lui donnait plus de courage que jamais.

-Tâchons de trouver une porte ouverte

Dit-il la voix enrouée, brisée, tellement abîmée qu'il ne savait même pas si ses camarades l'avaient entendu. Son intervention avait quand même laissé ses marques. Sa perception de la Force bien qu'elle coule à nouveau dans ses veines, prête à intervenir était perturbée, il comptait sur ses alliés pour sentir l'aura d'autres ennemis qui arriveraient prêter main forte à l'escadron défait par les trois fugitifs. En réalité il était même probable que ceux touchés par son onde auparavant se soient déjà relevés mais même cela, Luke ne pouvait le ressentir, il avait la volonté, plus la force.

-Vel, Ulrich, d'autres viennent? Vous voyez le sigle que j'ai lu?


Vel et Ulrich étaient condamnés à suivre des marques qu'ils ne comprenaient pas, et Luke à faire confiance à un sigle qu'il ne voyait même pas. Quelle fine équipe.

Darth Velvet
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Je me mords la langue. Juste pour la faire taire. Juste pour l’empêcher d’user ses talents acerbes sur le padawan. Juste pour étouffer cet agacement et ne pas ajouter d’huile sur un brasier encore trop chaud. Le sang coule le long de mon gosier, pourtant mon visage s’enracine dans une attitude de parfaite impassibilité. Qu’il me crache son arrogance juvénile et son pitoyable savoir s’il le souhaite, mon but à moi est de survivre quel qu’en soit le prix, pas de mourir à cause de sa charité naïve de gamin du Temple. Mais plus important, nous n’avons pas le temps de nous déchirer, pas maintenant alors que des hommes du service de sécurité s’empressent de nous bloquer la seule autre issue que cette porte close.

J’hésite… je louvoie… Pas Ulrich. Il s’élance et je le regarde muette d’étonnement devant cette initiative. L’aura qu’il dégage n’est que colère, noirceur et vengeance. Un cri de son âme écorchée par sa captivité. La force pulse autour de lui plus, poisseuse, palpable, impérieuse. Elle revêt chacun de ses mouvements, complétant harmonieusement les déficiences de son corps amaigri et affaibli. Et moi… je suis là, le regard étrangement rivé sur sa silhouette fugitive. On pourrait croire une marionnette, tant il n’exprime aucun regret, aucune réticence à arracher la vie, ainsi manipulé par les fils de sa haine vindicative. Mon visage, un instant, se transpose sur ses traits. Plus que jamais, en cet instant, je retrouve mon écho en lui et inexorablement mes lèvres s’incurvent d’un sourire tendre.

« Bouges ! »

Hurlement intérieur de la face sombre de cette guerrière sommeillant en moi. Je dois réagir… arrêter de lambiner… aider Ulrich. Il se recule vers moi et j’attrape le poignard silencieusement offert.

« Utilise la Force, Luke ! »

Dans un parfait mimétisme, je me plaque brutalement contre la paroi au son de cette voix impérieuse. J’ignore réellement de quoi est capable Luke mais je fais confiance à cet humain chétif dont la lame dégouline encore de sang. Je ne suis pas déçue, onde de choc me frôle, effleure ma peau et mon visage dans un violent brassage d’air. Mes cheveux volettent un instant autour de mes joues tandis que les gardes s’effondrent, propulsés comme de vulgaires poupées de chiffon. L’attaque était puissante, mais je devine qu’elle ne recelait toutes les capacités du padawan. Se serait-il retenu pour ne pas tuer ? Cruelle ironie, le cou de l’un des hommes à terre forme un angle étrange, et ses yeux exorbités fixent ahuris le plafond du couloir pour l’éternité. Vouloir ne signifie pas réussir. De toute façon, nous ne pouvons nous permettre qu’un seul en réchappe.

Si la plupart gisent à présent sur le sol, inconscients et incapables de nuire dans l’immédiat, tous ne sont pas réduit à un état de carpette baveuse sur le dallage. Certains, avisant de la contre-attaque s’étaient à l’instar d’Ulrich et de moi-même, collés contre les murs du corridor pour échapper à la vague destructrice de Force. Malgré tout nous avons l’avantage de la surprise à défaut de la supériorité numérique. Mes doigts se resserrent machinalement sur le manche de mon poignard. Je n’attends pas que nos adversaires reprennent un tant soit peu leurs esprits. Je n’attends pas que Luke surmonte sa faiblesse passagère suite à la sollicitation brusque de son organisme. Je n’attends pas qu’Ulrich soit prêt. Je me contente juste de suivre mon instinct, de courir vers le premier happien encore debout.

Il n’a pas le temps de riposter. D’ailleurs il n’a le temps de rien avant d’exhaler un dernier soupir. Ma lame vient de fleurir sur sa poitrine en étoile écarlate. Lentement son regard se vide alors qu’il s’écroule à genoux avant de basculer sur le flan. De la douzaine du début, ils ne sont plus que quatre encore debout au milieu des corps terrassés de leurs collègues. J’ignore si leurs consignes étaient de nous prendre vivants, en tout cas si c’était leur volonté, elle vient de changer radicalement. Le jeu du chat et de la souris vient de s’achever brutalement, tandis que le suivant sur ma liste, encore en possession de sa matraque énergétique, aussi utile pour calmer un cobaye récalcitrant à faible dose que pour le tuer, en augmente la puissance. L’arc électrique crachée par les deux crocs en face à face, s’intensifie et s’amplifie à vue d’œil. Une morsure de cette engin là, enverrait certainement ad-patrès n’importe qui… oui mais sommes nous n’importe qui ?

L’initiative s’inscrit dans son premier mouvement. Lente mais dangereuse, son attaque m’arrive sur mon flan désarmé, mais je le bloque habilement de mon avant-bras. S’il s’imagine que de la finesse de ma silhouette il tira un quelconque avantage, c’est qu’il est tout simplement trop idiot pour ressentir le tissu de muscles nerveux et entrainés tressant mon corps, pour reconnaitre la parade d’une personne usitée à se battre. Son arme frôle ma joue, si prêt que j’entends quelques uns de mes cheveux griller dans le faisceau énergétique. Elle s’approche inexorablement, et lorsque je lis dans son regard celui du victorieux, je relâche mes muscles tout en me baissant. Privé de ma contre-force il se déséquilibre, m’offre une ouverture que je saisis. Ma main percute avec fureur son ventre. Il se plie en deux et mon genou accueille violemment son nez, dans un coup ascendant particulièrement vicieux dans un craquement totalement ignoble d’os. Tuer quelqu’un de cette manière est assez déconcertante. Il s’écroule au sol, les yeux exorbités, du liquide encéphalique dégoulinant par les oreilles et les glandes lacrymales.

Son ami s’est précipité sur moi, un temps trop tard pour l’aider, un temps trop tôt pour que j’évite la crosse de son arme. La douleur fulgure, ma lèvre éclate, mon sang coule mais aucun cri ne s’échappe de ma bouche. Il n’a pas tiré, de peur de toucher ma précédente victime, il va pourtant s’en mordre les doigts. Je ne le laisse pas se reprendre, ni même me viser. Ma main s’agrippe à son poignet pour dévier son axe de tir. Clef de bras, je le désarme, reprend l’avantage, enserre mon emprise sur sa gorge et l’immobilise.Je projette une onde de Force sur le blaster au sol, il se propulse jusqu’à moi et le canon se bloque sur la tempe de mon adversaire.

Autour de nous les bruits de combats ont cessés. Je ne me retourne pas vers mes compagnons, je me contente juste de lancer un joyeux :

« Je crois que nous avons un guide, maintenant…. »
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L'énergie qu'avait libéré Luke fut ahurissante. Plaqués contre le mur, chacun d'un côté, j'observais, l'ombre d'une seconde, le regard de Vel, qui semblait constater que dans le domaine de la guerre, notre écho résonnait une nouvelle fois, plus harmonieuse encore. Nos cheveux et nos vêtements battirent brusquement dans le puissant souffle de Force qu'avait déclenché le padawan.

Le temps n'était pas à l'attente. Nous avions gagnés l'avantage, en infligeant de lourdes pertes de façon brutale et immédiate à l'escouade qui nous opposait. Les talents assassins de Vel la firent agir la première, et elle se rua, munie de sa nouvelle arme, en direction du gardien le plus réactif. Sa lame déchira l'abdomen du hapan, alors que les trois autres, encore conscients, s'étaient relevés, ou remis du choc de l'attaque de Luke. La Mirialan ne perdait pas de temps. Alors que je me lançai à son soutien, j'étais à mi-chemin, lorsqu'elle eut abattu sa seconde cible.

Ses mouvements gracieux entonnaient un ballet mortel, et elle usait de la force de ses adversaires pour les mettre hors d'état de nous nuire. Sa feinte face au gardien qui combattait à la vibro-lame fut remarquable. Un des hapan restants me toisait avec effroi. La quasi-totalité de sa troupe avait été défaite en quelques tours de bras, et lui, qui imaginait nous avoir par le poids du nombre, comprenait alors qu'il n'avait pour seule chance de survie que la fuite, il s'exécuta aussitôt.

Je le coursai alors sur quelques mètres. Mais comme le fuyant, mu par son instinct de survie, coure toujours plus rapidement que son opposant, ce dernier étant imposé, en l'occurrence, de ne pas s'écarter de ses frères d'armes, ma main se leva, pendant ma course, au niveau de ses jambes. Je me concentrai un court instant, et j'appelai, par des liens invisibles, celle-ci à venir à moi. Si les pouvoirs de la télékinésie n'avaient chez moi été que peu entraînés, la vitesse de mon adversaire était suffisante pour que la loi d'attraction la plus dérisoire le déséquilibre. Son pied se souleva alors un peu trop loin en arrière, et il s'effondra sur le sol, glissant sur un bon mètre. Je le rattrapai, et il comprit qu'il n'avait plus d'option que le combat pour sa survie.

Il se releva maladroitement, cramponna son poignard de ses deux mains tremblantes, et ses iris se dilatèrent à mesure que ma course meurtrière m'approchait de lui. Ses doigts, mus par la peur, étaient fébriles. Je tirai une nouvelle fois parti de sa faiblesse, en lui arrachant à distance par les pouvoirs de la Force son arme. Mon bras libre effectua un arc en arrière, et sa dague fusa contre le mur. Désarmé, il aperçut l'ange de la mort que j'étais devenu, déployant ses ailes impies, et dressant son couteau justicier sur lui. Pris de vitesse, il n'eut le temps que de déplacer son corps de quelques centimètres lorsque ma lame, visant initialement le creux de sa gorge, ripa sur sa clavicule et déchira les tendons de son épaule gauche. Un nuage de sang gicla en arrière, et le gardien hurla de douleur. Pourtant, son bras droit me livra un coup de poing percutant contre la joue. Quoiqu'affaibli, il avait réuni suffisamment de force pour me faire subir un choc redoutable. Je vacillai, et me rattrapai contre le mur de la prison. Les ossements de ma nuque avaient craqués sous le choc, mais les dégâts n'étaient pas importés. Sonné, je refis surface en quelques instants, et enfonçai ma lame dans les abdomens de ce corps musculeux. Les yeux de mon adversaire s'écarquillèrent, sa bouche s'écarta, et je laissai courir le tranchant de mon arme sur plusieurs centimètres supplémentaires. Le foie perforé et les intestins déchirés, il n'en avait plus que pour quelques secondes d'agonie. Une douleur paralysante bercerait ses derniers instants de vie.

Me frottant la joue qui avait accueilli son coup de poing, je marchai en direction de Vel, qui tenait notre ultime adversaire en respect, par le canon d'un pistolet blaster, déposa sur la tempe du gardien de prison, pétrifié. Ma voix essoufflée, mais mais menaçante, résonna dans le couloir mortuaire.

-Tu as compris de quoi on était capables. Alors maintenant, tu nous expliques comment sortir d'ici. Si tu fais mine de ne rien savoir, tu souffriras. Si tu nous en dis le minimum, tu mourras. Il est dans tes intérêts que tu nous suives, et nous indiques la voie de la liberté, comprends-le bien.

L'homme tremblait, ayant vu son monde s'effondrer en l'espace d'une minute. Sur la douzaine de gardes, il était le seul à n'avoir été ni blessé, ni tué. Et malheureusement pour lui, le flot de Force de Luke ne l'avait pas laissé inconscient. Dans un brin de contradiction, sa voix s'éleva, et si son ton exprimait le refus de soumission, ses paroles et son regard disaient l'inverse.

-Je suppose que je n'ai pas le choix.

-Tu supposes bien.

-Celui avec la vibro-lame. C'est lui, qui a les clés de la porte de ce couloir.

-Et les autres couloirs, en arrière ?

-L'un mène à l'ascenseur. J'ai beau être avec vous, les autres gardes recevront l'ordre de faire feu sur nous. Ce n'est pas dans mes intérêts non plus. Les sœurs de la tour Égérie ne reculent devant rien pour qu'il n'y ait aucune fuite sur ce qui se passe ici...

-Il y en a une qui s'appelle Ambrosia, c'est ça ?

-Oui.

-Le second corridor, donc.

-Il mène à une salle d'expérimentations.

Je fustigeai du regard le gardien. La mort de ses confrères avait été la digne rétribution aux actes infâme qu'ils avaient ici commis. Je m'abaissai alors, et fouillai les poches du chef abattu. J'en retirai une carte magnétique de couleur verte. Tout en maintenant mon regard sur elle, je repris mon interrogatoire.

-Et donc, au fond de ce couloir. L'après ?

-Vous sortirez de la tour dans laquelle nous nous trouvons.

-"Nous." Tu viens avec nous.

-... La porte débouche donc sur une seconde tour. La base est commune pour trois d'entre elles. Nous sommes au niveau le plus bas, quelques mètres sous terre. La tour dans laquelle nous allons accéder est moins sécurisée. C'est un bâtiment civil.

Je me saisis de la vibro-lame du chef d'escadron, et tendais mon poignard à Luke. Bien que muet, j'étais stupéfait parce qu'il avait accompli quelques instants plus tôt, et une vague crainte avait émergé de mon âme. Mon regard amarra sur l'océan obscur des iris de Vel, sœur de guerre et d'harmonie.

-On y va ?
Luke Kayan
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Dans l'incapacité de se battre directement au front, Luke se contentait de fermer la brèche. Autant dire que cette dernière n'était pas bien large étant donné l'ardeur au combat de Vel et d'Ulrich. Le Hapan ne pouvait voir ce qui se passait mais il sentait l'art obscur se déployer, cela l'inquiétait, le rendait à nouveau malade mais le fascinait également. De son mieux le Padawan "observait" ce que faisait ses alliés tout en combattant un ou deux adversaires ayant échappé à la vigilance de l'infernal duo. Luke sauta par-dessus un ennemi sans user de la Force, il préférait s'économiser même si cette acrobatie ne l'y aidait pas tellement. Après un atterrissage assez lourd, le jeune homme se récupéra tout de même, de façon assez correcte pour répondre à un croche patte vicieux en tout cas.

Le Hapan tâchait de repérer ses adversaires via la Force mais aussi les vibrations et les bruits sur le sol causés par les pas de ses ennemis pressés d'en découdre. Le combat était plutôt égal, il y avait deux gardes contre Luke et la Force qui formaient un bon duo, malheureusement le Padawan était fatigué, épuisé même par sa dernière prestation. Toutefois le Hapan arrivait à éviter la plupart des coups, mis à part un poing dans la figure qui l'envoya voler contre le mur et un coup de pique ou de couteau, bref quelque chose de tranchant sur sa joue droite. Finalement en puisant dans son énergie déjà amenuisée le Jedi parvint à assommer ses deux adversaires, non pas avec la Force mais en se baissant entre ceux qui l'avaient acculés pour qu'ils se portent un coup réciproque et tombent au pied du mur ou il était auparavant allé s'écraser.

La suite fut rapide, un otage fut prit, le Padawan entendait plus ou moins les menaces qu'Ulrich proférait à celui attrapé par Vel si il avait bien suivit l'histoire bien qu'il n'en soit pas certain. Quoiqu'il en soit le jeune Jedi ne dit rien cette fois, il ne râla pas contre les méthodes utilisées, se contentant de hocher la tête brièvement et de remercier Ulrich d'un signe de tête lorsque le métal froid se glissa dans la paume de ses doigts. Un poignard, c'était peu mais mieux que rien et le Padawan le manierait peut-être mieux que le sabre-laser au final. Désormais ses forces lui revenaient, la fougue de sa jeunesse aidant. Il avait légèrement passé son tour dans la dernière escarmouche mais comment aurait-il pu être optimal avec sa précédente prestation? De toutes façons Vel et Ulrich avaient prit le relais à merveille, désormais ils avançaient un peu plus vers la lumière grâce aux indications du captif, Luke se mit à suivre, confiant malgré lui.

-On y va, mais on fait attention aux civils. Quant au captif, vérifiez bien ses mains, ses mimiques... Tout peut servir de code d'alerte. Si c'est un bâtiment civil, il y a des chances qu'ils n'aient pas encore été alertés de notre fuite pour ne pas les faire paniquer et qu'ils s'enfuient. Ils pensent nous contenir dans les couloirs parce que nous ne connaissons pas les lieux et reculeront le moment d'évacuer ou de débarquer pour faire des dégâts.


Le jeune homme espérait que le captif n'avait pas une trop sale tête mais il ne pouvait pas en juger. Selon lui il fallait éviter de donner à cet enlèvement un air trop "dramatique". Les civils paniqueraient et pourraient les coincer involontairement, du même qu'ils pourraient être tués mais qui l'écouterait cette fois? Vel et Ulrich aimaient foncer dans le tas, jusqu'à présent cela avait fonctionné, comment faisaient-ils pour conserver toute cette énergie? Ce talent et cette chance?

-Cette fois... C'est important. Je sais comment fonctionnent les structures Hapans, ici ce sera probablement comme partout. Les civils ne sont jamais au courant de rien jusqu'au dernier moment. Les alerter c'est risquer de nous bloquer la sortie et créer des morts. Le bâtiment civil doit contenir des scientifiques exclusivement ou des gens qui servent à la maintenance tout simplement... C'est ainsi qu'on les appelle ici. Il arrive même parfois que les civils ne soient pas au courant de ce que font leur entreprise. Ma mère avait pour habitude de dire qu'ils n'avaient pas besoin de tout savoir.

Luke prit un air déterminé, au pire il passerait encore pour un idiot mais tant pis, au moins il avait dit ce qu'il avait à dire.

-Toi, pas de geste équivoque, nous te surveillons

Acheva le Hapan d'un ton neutre et pas vraiment impressionnant -sauf qu'Ulrich et Vel l'étaient suffisamment pour que la menace paraisse quand même visiblement.- en s'adressant à l'homme. Bien entendu c'était impossible pour lui mais il n'allait quand même pas lui l'avouer
Darth Velvet
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Sur le bras de ma victime, comme les serres d’un vautour sur sa proie, mes doigts se referment avec cruauté. La chair ploie sous mon égide implacable, arrachant un rictus de douleur à l’agent de sécurité. Il frémit, mais n’ose bouger, le canon d’une arme logée amoureusement sur sa tempe. Etrangement cette proximité ne déclenche pas en moi, sa salve habituelle de désagréments et de souvenirs funestes. Surement les résidus d’adrénaline du combat, empêchent-ils la phobie de s’emparer de moi à cet instant bien inopportun. Un répit aussi appréciable que rare.

Le gardien lui, observe bien sagement ses pieds, tandis qu’Ulrich le questionne. Des perles de sueur gouttent le long de son front et sur ses joues. Il est encore jeune à ce qu’il semble, la petite trentaine…, des cheveux bruns coupés courts mais avec une note d’originalité, des yeux en amande d’un vert profond, des lèvres pleines tremblotantes sous ses réponses hésitantes. Pourtant ce n’est pas son physique de Don Juan que je perçois en premier, mais l’odeur tenace de sa peur. Quel crédit apporter aux propos d’un homme rongé de terreur et dont je ne doute pas, prêt à tout pour rester en vie, quitte à monnayer notre liberté et la sienne par la même occasion ? Ne ment-il pas lorsqu’il prétend que nous ne pouvons utiliser les ascenseurs ? Dit-il la vérité lorsqu’il sous-entend que notre unique échappatoire passe par les laboratoires d’expérimentation. Possible mais invérifié. Une part de moi demeure indubitablement sceptique à ses explications. Tout semble si simple, énuméré de la sorte. Trop peut être. Il suffisait juste de posséder un badge pour obtenir un accès complet des installations ? Je ne sais pas pourquoi mais cette facilité me semble atrocement illusoire, un mirage d’oasis projeté dans les méandres d’un désert trop aride.

« On y va »

Je garde pour moi, les réserves de cet interrogatoire. Il ne sert à rien de perdre davantage de temps avec cet homme alors que nous en manquons maintenant cruellement. Mon arme se décolle du visage de notre otage et se glisse entre ses deux omoplates lorsque je l’invite à nous ouvrir le chemin. S’il nous a délibérément menti pour nous attirer dans un guet apens, il sera le premier à en subir les douloureuses conséquences.

« Avances. » ordonne ma voix se joignant à une poussée dans son dos

Je le contrains à prendre le second corridor tout en me portant à hauteur d’Ulrich et de Luke. Si extérieurement je parais d’un calme parfait, les questions se bousculent dans ma tête. Qui est cette Ambrosia ? Quel est le but de ces installations ? Quelles horreurs nous attendent dans les laboratoires que nous sommes forcés de traverser ?Et puis je n’arrive pas non plus à digérer les explications de Luke au sujet de la société hapienne. De mon point de vue, les civils ignorent ce qui se passent entre ses murs juste parce qu’ils le veulent bien, parce que ça les arrange. Il y a un vieux dicton, que je tiens de mon ancien maitre : « c’est l’inaction des hommes de bien qui permet au Mal de triompher ». Cette philosophie ressasse peut-être d’enseignement jedi, mais elle n’en est pas moins dépourvue de vérité pour autant. Finalement je ne suis pas une fille de bien, mais je suis sûre d’une chose, je meurs d’envie de voir ce centre disparaitre dans une explosion de gravats et de flammes. Sans connaitre les tenants et les aboutissements, mon instinct me dicte qu’un tel endroit ne devrait jamais avoir existé. Mon instinct…. Ou ma rancune….

« Qui est cette Ambrosia, Ulrich ? »

Ma question ponctue le bip vert validant notre passage à la porte sécurisée. Les battants constitués d’un seul bloc de matière blindée, s’ouvrent sur une pièce spacieuse tenant plus d’un hall de spacioport avec ses rangées de bancs alignés que du secteur ultra-surveillé de laboratoires clandestins. En fait, la toute première chose qui me frappe c’est le silence absolu. Tout est vide, et sans bruit, un peu comme si l’on avait anticipé notre présence en faisant évacuer les lieux. Nos pas se répercutent sur le dallage, réguliers, tandis que nous traversons avec une certaine prudence.

Sur les écrans holographiques, des messages rouges d’alerte défilent encore… Ici et là, des portes documents et des datapad gisent sur les chaises, abandonnés. De ma main libre, je me saisis d’une liasse de documents. C’est écrit en hapien. Incompréhensible. Les pages se succèdent mais je ne peux déchiffrer les gribouillis. Mon bras se tend vers le gardien.

« Lis »

« Dossier n° 12545.5478.256AE,
N° d’immatriculation : 12 14 TG
Sujet : humain, mâle, 23 ans

Entrée N°3 : le sujet présente des difficultés à absorber les toxines G15 et H28. Je préconise une ablation des organes présentant un danger de mutation dans les plus brefs délais. Risque de niveau 2 pouvant se solder par un échec partiel de l’expérimentation.

Entrée N°4 : intervention sur le sujet, totalement réussie. Les cellules souches contaminées sont expédiées au laboratoire pour analyses détaillées. Aucune trace de mutation de l’ADN. Le sujet est maintenu en état végétatif complet. »

Des expériences sur les humains. Pas uniquement si je m’en réfère à la diversité raciale des prisonniers enfermés avec nous dans les cages de ces scientifiques. Les implications ne me disent rien qui vaille… Je n’ai aucune connaissance anatomique ou chirurgicale mais à jouer les apprentis sorciers, j’imagine qu’on doit fréquemment engendrer des monstres. L’idée de croiser quelques horreurs dans la galerie jusqu’à la sortie du bâtiment n’a rien pour me plaire. Mon regard se plisse, s’attarde sur les reliefs faciaux de mes compagnons avant de balayer le hall. Je n’aime pas cet endroit. Le bout de mon blaster s’enfonce entre les omoplates de l’ex-geôlier pour le faire autant taire qu’avancer.

« Ne restons pas ici. »

Il nous guide sans rechigner. A croire que lui non plus n’apprécie pas outre-mesure l’atmosphère pesante de cet endroit. Il nous dirige vers l’une des nombreuses allées dont le hall parait être le point central. A droite, comme à gauche, nous traversons des ensembles de laboratoires vitrés, où s’exposent des machines improbables ou compliquées. A mesure que nous avançons, il me semble que les cellules deviennent moins immaculées, moins blanches. Le mobilier lui aussi change. Les engins d’analyses à la pointe de la technologie font place aux fauteuils à sangles, aux tables d’opération oppressantes avec leurs lasers et leurs outils de torture.

Une nouvelle porte. Une nouvelle sécurité. Le badge s’empresse de la déverrouiller et nous changeons de service.

A ne pas douter, s’ils cachent leurs monstres, ils sont assurément ici. L’air est lourd presque vicié. Une odeur médicamenteuse de produits ménagers me rappelle celle d’une morgue. Un frisson me parcourt l’échine et inconsciemment ma main se fait plus lâche sur la garde de mon arme. Il y a des cuves. Tantôt hautes et larges, parfois plus petites, mais toutes emplies d’un liquide jaunâtre où flottent des formes dont je préfère ne rien savoir. Inconsciemment je mordille ma lèvre pour refouler la nausée qui me menace. Quelque soit l’endroit où se posent mes yeux, je ne perçois que la monstruosité des expériences menées entre ces murs. L’arrière boutique du musée des horreurs….

« Que… »

Ma voix s’étrangle entre dégout profond et colère.
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