"Le Jedi a perdu un bras ♪ Le Jedi a perdu un bras ♪"

Darth Shakaxhi clama cette phrase, la chantant comme un enfant dans une coure d'école, avant de se mettre à fait un, puis deux, tours sur lui même. Il s'amusait comme un petit fou complétement timbré. À croire que pour lui ce combat n'avait été qu'un jeu, et au fond c'était certainement le cas. Telle était l'impression qu'il laissait, celle d'un homme sur qui rien n'a d'emprise, pour qui rien ne compte réellement si ce n'était le divertissement tel que son esprit pervers pouvait le concevoir. Ce n'était certes pas tout à fait vrai, mais pas réellement faux non plus.

"Oh allez !! Souris un peu Jedi. Il fait beau, la brise que les murs laissent passé est des plus agréables, et la cerise sur le gâteau, on s'est marré comme des fous."

Sa phrase tout juste finie, le zélosien avait éteint son sabre et le rangea à sa taille dans la foulée. Pour lui l'humain ne représentait clairement plus de danger, à tord ou à raison. Ce fut d'ailleurs sans faire preuve de la moindre prudence qu'il vint s'accroupit face à lui, amenant son visage à quelques centimètres seulement de celui qui était désormais plus sa victime que son adversaire.

"Et puis tu ne vas pas mourir, ne t'en fais pas. C'est ça la magie de nos armes, on peut découper un homme tant qu'on veut, si il est assez résistant il ne mourra pas tant qu'on ne le voudra pas. Pas d'hémorragie, que la douleur."

Puis il attrapa le visage du Jedi par le menton, de sa main artificielle. Le métal de ses doigts était froid sur les joues du chevalier, et le fait qu'il le saisisse avec cette main plutôt que l'autre avait un sens, du moins pour lui. Cela représentait la distance qui les séparait. Un adversaire tel que lui ne méritait pas de pouvoir toucher la peau du zélosien, seulement le métal froid et sans vie.

"Je connais les hommes comme toi, les Jedi de ta trempe. Ta fierté ne réside pas dans ton habileté à combattre, pas plus que dans ta capacité à manier la Force. Oh non, ça, c'est pour les autres, ceux qui son ennuyeux à mourir. Toi tu es tellement plus que ça. Tu es un homme droit, fier de ne jamais dévier de la route tracée par l'ordre, de ne jamais être brisé. Je pourrais passer des heures à te torturer que tu ne me dirais rien sur l'ordre, ses projets, ses secrets. Alors on va jouer à un dernier jeu petit Jedi, un jeu qui va te faire plus mal que ce bras, crois-moi."

Raffermissant alors sa prise sur le Jedi, il plongea son regard dans le sien, serrant la mâchoire de ce dernier juste assez pour provoquer une légère douleur. Puis il laissa la Force passer entre eux, lier leurs esprits dans une connexion à sens unique. Il laissa les informations déferler en lui comme une vague, un tourbillon. Il ne cherchait rien de particulier, mais il faisait son marché, piochant dans ce vortex de connaissances celles qui l'intéressaient. Et parmi toutes, une se révéla particulière, la vérité sur la situation d'un vieillard, une vérité qui fit résonner le rire dément de Shakaxhi dans l'esprit même de ce chevalier, de ce Gamaliel. Dans son esprit et nulle part ailleurs. Oui, c'était un rire silencieux, qui n'était destiné qu'à lui, qu'à lui signifier que sa défaite était totale.

Coruscant ! Le vieillard était donc sur la planète capitale de la république. Oh comme il était mesquin, vicieux même, de se cacher dans le berceau de l'institution qui le pourchassait. Voilà qui était digne d'intérêt, presque d'admiration. Mais déjà d'autres images, non, une seule, fragmentée, protégée. Mais peu à peu les bouts s'unissaient pour former un visage. Bientôt le Sith allait savoir à qui était ce visage, pourquoi il méritait plus de protection que le vieux maître. Oui, encore un tout petit effort.

"AAAAARGH !!"

La douleur fut vive, d'autant plus violente que Darth Shakaxhi était entièrement concentré sur l'esprit du Jedi. Ainsi il n'avait pas senti quand Gamaliel avait concentré la Force sur son sabre, pas plus qu'il n'avait vu ce dernier voler jusqu'à sa main, sa seule et unique main désormais. Il n'avait pu que sentir la lame de lumière lui transpercer l'épaule d'un coup net, sans bavure. Et la douleur lui avait fait lâcher sa prise, aussi bien psychiquement que physiquement. Il avait alors reculé de quelques pas en recouvrant le trou dans son épaule droite à l'aide de sa main métallique. Sa respiration était soudainement haletante, son visage crispé.

"Petit c..."

Il était prêt à exploser, à ressortir son sabre pour achever l'insolent qui avait osé lui faire si mal. Mais sans même sans douter Gamaliel se sauva la vie en parlant, en lui demandant ce qu'il voulait, en osant prétendre que le vieux pourrait le vaincre. Et de nouveau le zélosien éclata de rire.

"Ce que je veux à la fin ? Un chaos comme il n'en a jamais existé de mémoire d'homme. Mais ça, ce n'est que pour la fin... kof... Ça fait mal ce truc..."

Il prit une inspiration, laissant son corps faire la douleur sienne, laissant la Force le soulager autant qu'elle le pouvait. Puis, après un soupir d'apaisement, il reprit.

"Mais avant la fin, je veux m'amuser, et faire sortir Saï Don de son trou, donner à sa fuite des conséquences qu'il n'avait pas même commencé à imaginer... ça va me faire marrer à un point que t'imagine pas."

Le seigneur fou lâcha alors sa blessure, se penchant pour ramasser le bras coupé du Jedi.

"Je t'emprunte ça Gamaliel Anatho, j'ai dans l'idée que c'est un cadeau qui va plaire à ton héros."

Puis il se retourna, faisant quelques pas pour s'éloigner. Mais il s'arrêta une dernière fois avant de laisser là son adversaire.

"Au fait. Je tiens à ce que tu saches. La blessure que tu viens de m'infliger. Elle coûtera la vie à un enfant de cette planète, et à sa famille également. Alors, croise les doigts pour que le gamin n'ait pas trop de frères et sœurs. Ou que ça ne tombe pas sur le joli minois que j'ai vu dans ta tête."

Darth Shakaxhi s'était fait à l'idée d'abandonner le Jedi à son sort, le laisser récupérer lentement de ses blessures, ruminer sa défaite pour finalement chercher ma vengeance et ne trouver en fait que l'obscurité. Mais visiblement sa dernière pique avait réveillé quelque chose chez le chevalier, une volonté qu'il n'avait pas soupçonnée. Il sentait la Force affluer dans le corps de son adversaire. Certainement s'en servait-il pour donner à son corps la force de se battre, car déjà il se relevait et saluait de nouveau, près, visiblement, à se battre. Le Sith haussa les sourcils, surpris, mais visiblement pas inquiet. Il avait déjà prouvé sa supériorité, et s’il était blessé, il ne le devait qu'à son inattention, une erreur qui ne pouvait se produire qu'une fois le combat finit, comme il l'avait cru jusque-là.

"Tu te rends compte que ceci est inutile ? Tu as perdu ce combat, fais-toi à cette idée et ses conséquences."

Pourtant, bien qu'il semblait offrir au Jedi une chance de s'en sortir, il attrapa son sabre de la main gauche, l'activant en le laissant pendre le long de son corps, comme s’il n'avait pas besoin de se mettre en garde pour poursuivre cet affrontement.

"Mais après tout qui suis-je pour rejeter la dernière volonté d'un mourant ?"

Il fit alors quelques pas vers Gamaliel, se mettant à portée de coup, comme pour lui faciliter le travail. Il considérait, de toute évidence, la victoire comme acquise, sans même songer un instant que son rival du moment pouvait, par un quelconque miracle, renverser la vapeur. Il suffisait, après tout, d'un seul coup bien placé, plus particulièrement avec cette blessure à l'épaule qui l'empêchait de se servir de son bras droit correctement. D'ailleurs, en parlant de bras droit, il relâcha celui de Gamaliel sur le sol. Si sa victoire était assurée, il n'était pas nécessaire non plus de se handicaper plus que de raison.

"On va te donner une motivation supplémentaire. Je monte les enchères. Pour chaque passe d'armes que nous aurons à partir de maintenant, une vie sera en jeu. Si tu touches j'épargne une vie, si je touche je tue quelqu'un de plus."

Et comme pour sceller le marché, une rafale de vent s'engouffra dans la cour du temple, soulevant les vêtements amples du Sith, et faisant virevolter brièvement ses longs cheveux dans son dos. Le phénomène provoqua un léger sourire chez le zélosien, qui redressa rapidement sa lame, la tenant droite devant lui, la pointe vers le ciel.

"Tu ne comprends rien ... La mort en elle-même ne m'effraie plus. Pas plus que la vie qui m'a pris les choses auxquelles je tenais."

C'était tout ce que le Jedi avait trouvé à répondre. Il n'avait pas plus peur de la mort que de la vie. Cette déclaration aurait put être convaincante, pleine de classe même, si elle n'avait pas été ponctuée par cette précision. Il avait perdu tout ce à quoi il tenait. Un détail que Gamaliel aurait dut s'abstenir de préciser.

"Bouhouuhouu tout ceux que j'aime sont morts, tout ce qui comptait pour moi a disparu. J'ai plus rien à perdre."

Le zélosien mimait le faciès d'un enfant pleurnichant, accentuant sa moquerie, la concluant par un ricanement malsain. Mais il n'eut pas le temps de finir sa raillerie, déjà le Jedi attaquait comme une furie, utilisant une forme de maniement du sabre réservé aux duels, autrement dit parfait pour la situation. Et ça ne manqua pas. En s'approchant si près, Shakaxhi avait sous-estimé son adversaire, et il ne put rien faire pour esquiver le coup porté. Après lui avoir transpercé l'épaule, la lame jaune, ou plus précisément sa pointe, lacéra son corps, partant du biceps droit, traversant en oblique son abdomen, pour venir se planter de sa cuisse de quelques centimètres.

"AAAAAAARGH"

Cette fois-ci ce ne fut pas la surprise qui le fit hurler mais bel et bien la douleur. Une douleur qui lui fit poser le genoux gauche à terre, celui de la cuisse blessée.

"RAAAAAAAAAAAAH"

Ce second cri en était un de rage, de frustration, et il fut accompagné d'un coup de sabre, de bas en haut, dans lequel le seigneur Sith mit toute sa puissance, toute sa colère face à sa propre stupidité. Si seulement il avait gardé ses distances... Si il avait prit ce combat un tant soit peu au sérieux. Il aurait put éviter une telle blessure. Il s'en voulait tant qu'il ne remarqua même pas que son coup avait porté, et terrassé le Jedi.

Le souffle soudainement court, il fixait le sol, la mâchoire serrée pour ne pas plus grogner sa souffrance. Il lui fallut deux essais pour enfin réussir à se relever. Et même là il vacillait, luttant pour ne pas perdre l'équilibre.

"Bien joué Jedi... Tu as sauvé une vie. Ça fera un orphelin de plus... argh... à moins que ce ne soit une mère qui survive à ses...enfants. Je verrais..."

Il commença à rire, mais le premier gloussement le fit grimacer. La plaie au ventre lui faisait mal, trop pour qu'il parvienne à s'esclaffer librement.

"Survis Gamaliel...Survis... Il va falloir que nous remettions ça un jour."