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Depuis une semaine, Orme sentait tous les regards posés sur lui. Un zeste de paranoïa peut-être l'aidait à interpréter l'attention véritable, mais point toujours bienveillante, dont il était l'objet. Chacun tentait de découvrir la manière dont il réagissait. C'était à peine, selon lui, si l'on ne préparait pas déjà sa valise pour l'envoyer vers l'Académie Sith. Car, après tout, n'était-il pas censé sombrer incessamment dans le Côté Obscur ? N'était-ce pas sa réputation et, pour ainsi dire, sa coupable destinée ?

Mais le Padawan tenait bon. Son affliction, pour être profonde, ne passait point les bornes de raison. Bien entendu, le choc, d'abord, avait été rude. Souvent, il songeait à cet instant — séparé en quelque sorte de tous les instants de son existence, comme une minute isolée dans le cours du temps — à son retour de Bakura, après la mission en compagnie de Gamaliel, au Chevalier Jedi Lim'n Tin, un proche ami de son Maître, qui s'était approché de lui, qui lui avait appris la terrible nouvelle.

Il l'avait aussitôt encouragé à la pondération, à la méditation, au sens de la mesure. Nul n'ignorait l'attachement que liait un Padawan à son Maître, et la relation entre Orme Aryssie et Arhm'Yla Brano n'avait pas fait exception à la règle. Sans doute les deux individus avaient été fort différents et, ni dans leurs aspirations, ni dans leurs philosophies, ni dans leurs méthodes, ils n'avaient connu les jours calmes d'une entente parfaite. Et cependant, l'union avait été bien réelle.

Orme avait pleuré. Il s'en souvenait très bien. Il avait eu la réaction la plus naturelle, la plus spontanée, d'un être encore jeune : ni la sagesse ni l'entraînement n'avait ôté à cette perte sensible toute son âpre douleur. Il avait perdu la personne qui, de toute sa vie, avait été la plus proche de lui et, quoique ses discussions avec son Maître n'eussent jamais rien eu de très intime, le Padawan sentait qu'une partie entière de son existence s'abîmait dans le néant.

Puis il s'était apaisé. A tous ceux qui attendaient qu'un semblable événement réveillât en lui d'hypothétiques penchants obscurs, il avait opposé la calme tristesse d'un front uni. Il avait médité cette perte et, en un sens, il l'avait compris. Son Maître était âgée déjà mais, surtout, il la savait prête à affronter cette nouvelle étape de son existence et il n'ignorait pas que les convictions de la Consulaire lui eussent permis d'aborder avec tranquillité sa fin.

L'amertume s'était donc rapidement muée en une nostalgie beaucoup plus saine et, pendant une longue semaine, Orme s'était essentiellement consacré à la méditation, tantôt d'apaiser les soubresauts de douleur qui l'agitaient et de tirer de cette épreuve le meilleur parti. Il ne songeait pas à l'avenir, à l'autre Maître que le Conseil, inévitablement, finirait par lui attribuer. Lui d'ordinaire si préoccupé par l'avenir se contentait de diluer l'instant présent.

Le Conseil, de son côté, devait réfléchir. Orme n'avait jamais vu que de loin ce genre de situations mais il savait que, lorsqu'un Maître mourrait et qu'il fallait en trouver un nouveau pour un Padawan, singulièrement que ce Padawan arrivait vers les dernières années de sa formation, l'affaire était toujours un peu délicate. D'autres préoccupations plus pressantes, naturellement, ralentissaient ces décisions internes. Il fallait attendre.

Orme regrettait simplement que l'explosion du vaisseau de la Consulaire n'eût pas laissé, pour lui (car la famille du Chevalier était éteinte depuis longtemps), un souvenir. Parfois, malgré le calme recouvré, il lui semblait qu'il y avait une injustice en ce qu'une Jedi si respectable trouvât la fin dans un simple accident, une avarie technique, un hasard sans doute. Il ne pouvait se détacher de l'idée que son Maître eût mérité une mort plus glorieuse.

Enfin, huit jours après cette terrible annonce, le Padawan fut averti qu'il devait se rendre, le soir au crépuscule, dans la Chambre du Conseil Jedi. Il n'était pas malaisé de deviner qu'un nouveau Maître lui avait été attribué. Enfin, l'esprit de l'adolescent se mit en éveil. De qui pouvait-il bien s'agir ? Se montrerait-il aussi compréhensif que Brano ? Le Conseil avait-il décidé d'essayer, finalement, de le faire rentrer dans le rang ?

Peu avant l'heure dite, Orme se mit en route. Il marchait lentement, comme pour permettre à ses réflexions de se développer. La Chambre du Conseil n'avait jamais abrité, pour lui, d'excellents souvenirs. Il y avait été, comme tous les Padawans, avec son Maître, mais, au contraire de bien des Padawans, il s'y était exprimé avec vivacité et en avait reçu des reproches. Sans doute allait-il désormais devoir amender ses habitudes.

Il ne tarda pas à arriver devant la porte et il n'avait pas attendu une dizaine de secondes que, déjà, de l'intérieur de la Chambre, une voix lui intimait de rentrer — une voix familière désormais à tous les membres de l'Ordre. Orme fit un nouveau pas, laissa la porte s'ouvrir et s'avança finalement au sein de la Chambre du Conseil, où Ellana Caldin se tenait seul, dans les rougeoiements du soir.

Orme s'inclina légèrement et murmura :

— Bonsoir, Grand Maître.
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Ellana ferma les yeux quelques minutes, le temps de se remémorer les étrangers évènements des dernières semaines. Elle était revenue de la planète Impératrice Téta en piteux état, le mot était faible pour décrire la santé du maitre jedi à ce moment là. Le corps rempli de traces de brûlures, plusieurs blessures ouvertes et une désagréable sensation d'avoir perdu toute la motricité de ses membres, la jedi s'était trouvée une nouvelle adversaire à sa hauteur. Effrayante, redoutable et déterminée et honnêtement, Ellana songeait qu'elle ne devait sa survie qu'à Jacen. Sans lui, l'issue de la mission aurait si différente...
Mais, la cuve à bacta et ses pouvoirs de guérison avaient fais un excellent travail et quelques semaines après, la jeune femme était de nouveaux sur pieds, plus en forme que jamais, prête à affronter de nouveau l'inconnu... Elle gardait quelques séquelles néanmoins, de grosses cicatrices qui parcouraient son corps à présent, mais peu importait, elle n'avait de compte à rendre à personne en terme de beauté.
Mais pour l'instant, son devoir de jedi l’amenait à nouveau dans la Chambre du Conseil. Elle se sentait enfoncée dans son siège avec les nombreuses heures passées ici à écouter les rapports de mission ou donner les nouvelles directives et n'attendait qu'une chose, repartir d'ici au plus vite!

Une nouvelle personne entra dans la pièce, un jeune homme qui semblait bientôt approcher la vingtaine. Que le temps passait vite! L'époque où Ellana avait 17 ans lui paraissait tellement loin, trop loin... Il s'approcha au centre de la pièce comme convenu où la jeune femme l'examina rapidement. Fidèle à l'hologramme qu'elle avait vu, le padawan paraissaient néanmoins beaucoup plus triste et profondément affecté par la mort de son maitre. Ce n'était pas courant, mais cela arrivait...lorsque la Force le désirait. Ayant parcouru son dossier, Ellana avait noté un comportement plutôt inhabituel, parfois proche de l'insolence mais il revenait à la jedi de se débrouiller avec ses méthodes.

-Bonsoir Orme. J'ai été désolée d'apprendre la nouvelle. Arhm'Yla Brano n'était pas seulement une jedi exceptionnelle, c'était aussi un membre de notre famille et sois-en sur que nous respecterons encore sa mémoire.

Des paroles réconfortantes ? Ellana ignorait si elle les avait été, à l'époque où son maitre était décédé, elle ne les avait même plus écouté lorsque ces formules s'étaient multipliées. Mais, peut-être que le fait qu'elle avait connu la même mauvaise expérience que lui se ferait sentir à travers la Force ?

-Je connais tout ce que tu endures. Mon propre maitre est mort il y a quelques années et je tenais sa vie entre mes mains.

Sens propre et sens figuré, Ellana tenait réellement les mains de son maitre lorsqu'elle était suspendu à un pont effondré, mais il l'avait laché pour qu'elle survive... Même le temps n’effaçait pas les blessures les plus profondes, il ne parvenait qu'à les atténuer.

-J'entends aussi beaucoup de rumeurs sur toi, d'étranges rumeurs mais jusqu'ici, je n'y ai jamais prêté attention. Je te le demande donc en face à face, est-ce que tu as peur de l'avenir ?

Sa décision était déjà faite, mais l'interrogatoire qu'elle lui ferait subir n'avait rien d'autre pour but que de découvrir jusqu'à quel point sa tâche serait difficile.
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Le Grand Maître Jedi. Combien de passants, dans les rues de Coruscant ou de Corellia, eussent réellement prêté attention à cette femme, qui était pourtant l'une des personnes les plus importantes de la Galaxie ? Qui, s'il ne sentait pas la Force, pouvait se douter que cette silhouette encore fragile était celle qui dirigeait l'Ordre Jedi ? Mais le propre d'un Jedi était souvent de renfermer une grande puissance dans une enveloppe de feuilles — et Orme était bien placé pour le savoir.

Ses sentiments à l'égard du Grand Maître n'étaient sans doute pas les plus tendres. A ses yeux, une partie des problèmes de l'Ordre venaient de la manière dont il était dirigé. Mais, contrairement à Ulrich, qu'il avait rencontré quelques semaines plus tôt — et comme cette rencontre, désormais, lui semblait loin ! — Orme était loin d'être dans ses opinions aussi tranchés qu'il pouvait l'être dans ses reproches et il était toujours prompt à imputer aux institutions plutôt qu'aux personnes, à l'inertie plutôt qu'aux volontés, les imperfections de l'Ordre.

D'Ellana Caldin, après tout, il ne savait pas grand-chose — pas vraiment, du moins. Comme tout le monde, il avait entendu les histoires, ces demi-légendes des hauts faits des Maîtres et Grands Maîtres qui circulaient parmi les Padawans et qui, parfois, étaient un peu exagérées par ceux qui les côtoyaient de plus près. Mais Orme était un pragmatique, et les belles histoires le remuaient moins que les faits : il préférait suspendre son jugement.

Il avait gardé la tête inclinée vers le sol, pour écouter le Grand Maître parler. Ces condoléances, il les savait sincères — elles l'étaient toujours de la part des membres de l'Ordre. Et s'il avait des choses à reprocher aux Jedis, l'indifférence n'en faisait certes pas partie et, même si elles n'étaient pas un soulagement, ces marques de respect et d'attention demeuraient néanmoins une sorte de réconfort, l'assurance que la mémoire Arhm'Yla Brano ne vivrait pas dans ses seuls souvenirs.

Mais Ellana ne tarda pas à rentrer dans le vif du sujet, avec une franchise qui plaisait à Orme. L'adolescent n'avait jamais goûté les sentences détournées et faussement mystérieuses dont certains Jedis se servaient en guise de sagesse, persuadés, lui semblait-il, que l'art du haïku était propice aux réflexions des Padawans. Il préférait une discussion ouverte et directe, et cela faisait bien longtemps que personne, en dehors de son ancien Maître, tout du moins au sein de la hiérarchie de l'Ordre, ne lui en avait vraiment offerte une.

Le Padawan releva les yeux et avec un aplomb inébranlable répondit :

— Non.

Son tempérament l'eût d'ordinaire poussé à s'en tenir là et à laisser son interlocutrice se débattre avec son laconisme, mais le jeune homme se doutait bien que, ce qui se décidait ici, c'était son avenir précisément, et que pour une fois, puisqu'on lui en offrait l'occasion, il fallait se montrer prolixe.

— J'imagine ce qui se dit sur moi, Grand Maître. On dit que j'étudie avec trop d'acharnement les archives, que je m'entraîne avec trop de ferveur au sabre laser. On dit que je défie certains préceptes de l'Ordre. Que je cherche une puissance et une indépendance qui ne sont pas la Voie du Jedi.

Car sans doute l'insolence n'était pas le principal défaut qu'on lui reprochât. Bien des Padawans se montraient turbulents. Mais il avait toujours semblé que l'entêtement et l'esprit solitaire d'Orme ne naissaient pas de l'impétuosité de la jeunesse, mais plutôt d'une quête d'accomplissement personnel, dont les exemples funestes étaient trop nombreux dans l'histoire de l'Ordre pour ne pas attirer l'attention.

— Je suis peut-être un hétérodoxe, mais je ne suis pas un hérétique. Je n'ai jamais mis en danger ni mon Maître, ni mes camarades. Je n'ai jamais désobéi à un ordre pour mon propre intérêt. Et je n'ai jamais été tenté, pas la moindre seconde, par le Côté Obscur.

Orme n'était pas un grand adepte des professions de foi et celle-ci coûtait beaucoup à son tempérament ; à défaut de la rhétorique d'un grand prédicateur, il avait au moins la sincérité la plus pure de son côté.
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Ellana approuva les paroles du jeune homme d'un signe de tête. Songeuse et prenant le temps d'une réflexion, la jedi constatait que ce n'était pas la première fois qu'elle posait cette question, d'autres avaient répondu approximativement la même chose, d'autres avec moins de ferveur ou moins d'assurance. A prêt tout, lorsqu'elle posait une telle question à un être assez mature pour se forger sa personnalité et sa propre opinion, Ellana ne s'attendait jamais à ce qu'on lui réponde par l'affirmative. Avouer qu'on avait peur, équivalait presque à une volonté de quitter la voie des jedis et le peu de personnes qui avaient emprunté cette option, avaient en effet, quitter l'Ordre.
Donc, dans le cas présent, peu importaient les mots et paroles d'Orme, mais seul comptait sa franchise et sa sincérité. Ellana avait été touchée par le jeune jedi, il avait très vite compris que son avenir de jedi se jouait ici et laissant de côté l'impétuosité et l'acharnement des adolescents, il avait su utiliser ses mots avec sagesse et réflexion.

Le regard violet de la jeune femme s'attarda encore un peu plus sur Orme, faisant une rapide évaluation de ses capacités physiques. Il était très fin, plutôt maigrichon à son goût mais Ellana connaissait cette capacité spéciale des garçons de pouvoir manger tout et n'importe quoi, pendant des heures entières sans prendre un kilo, ni même un gramme. Ppffff, encore une injustice de la nature...

-Étudier avec trop d'acharnement et s'entrainer avec trop de ferveur au sabre laser, ce sont des choses qui ne peuvent être que bénéfiques. Défier les préceptes de l'Ordre, ce n'est qu'une question de point de vue mais ce n'était pas ce qui m'inquiétait le plus. La puissance, nous la recherchons tous, mais c'est ce que nous en faisons et notre volonté de l'utiliser qui détermine ce que nous sommes.

L'avenir était tellement imprévisible, elle-même ne pouvait prévoir quel serait l'avenir d'Orme, même dans un futur proche. Pourtant, la tentation était si grande. Pour l'instant, la formation de Sélène fut plutôt réussite, mais la jeune padawan avait un caractère plutôt réfléchi et sage. Qu'en était-il d'Orme ? Même s'il affirmait le contraire, ses pas l’amèneraient tôt ou tard à affronter le côté obscur et à ce moment là, Ellana en ignorait l'issue.

-Tu as besoin d'un maitre. D'être encore guidé durant quelques années. Comme ta formation est déjà bien entamée, je ne ferais que la terminer et apporter ma petite pierre à l'édifice.

Son choix était fait, Ellana veillerait à faire de lui un jedi honorable et respecté, elle en faisait le serment.

-Mais avant, j'aimerais que les choses soient claires entre nous. Il y a toujours une raison à tout, plusieurs maitres m'ont rapporté leur inquiétude à ton sujet. Tu viens de m'affirmer que tu n'étais pas tenté par le côté obscur, donc il y autre chose... Il y a une raison de pourquoi ton attitude parait si controversée. Un reproche ? Un malaise ?

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Parfois, Orme se demandait s'il recherchait réellement la puissance ou si l'entraînement n'était pas devenu, pour lui, une fin en soi. Après tout, il était loin de sauter sur son sabre laser dès que l'occasion se présentait, alors que cela constituait sans aucun doute pour lui le meilleur moyen de flatter son ego. Il utilisait ses capacités avec parcimonie. Mais s'entraîner, c'était une manière de s'apaiser, d'aller de l'avant, de ne pas songer à certaines choses.

Après tout, Orme n'était pas doué pour parler — aux autres comme à lui-même. Mettre les choses en mot, s'avouer ses propres inquiétudes, ses incertitudes, cela n'était pas facile et, bien souvent, il préférait se réfugier dans l'épuisement des travaux, l'étude ou la pratique, dans l'évanescence de la méditation, plutôt que de réfléchir à ses petites tribulations personnelles — qui sans doute ne devaient pas avoir beaucoup d'intérêt.

Comme bien des Jedis, Orme éprouvait quelques difficultés à saisir le secret d'un délicat équilibre entre une lutte acharnée contre l'égocentrisme et la connaissance de soi-même. Si le moi n'avait aucune importance au regard de l'harmonie du monde, alors pourquoi prêter attention aux fluctuations de son âme particulière ? Il était certain — sincèrement, profondément convaincu — de pouvoir résister aux tentations et, à ses yeux, creuser de ce côté n'était que ménager une place au danger.

L'insistance d'Ellana le mettait donc à rude épreuve. Pendant quelques secondes, il avait cru que sa profession de foi avait suffi et que la Jedi allait lui indiquer le nom de son nouveau Maître. Apprendre qu'elle se chargerait elle-même de parachever sa formation avait déjà été une surprise. Bonne ou mauvaise, Orme n'en était pas tout à fait certain.

D'un côté, il imaginait que sa position allait être difficile désormais. Un hétérodoxe aux côtés du Grand Maître de l'Ordre, voilà qui ne serait pas commun. De l'autre, les missions seraient sans doute intéressantes et il aurait l'occasion d'observer les arcanes de la hiérarchie de l'intérieur, pour se faire une idée un peu plus juste de ce qui fonctionnait et ne fonctionnait — et ce tableau plus subtil de la vie de l'Ordre, il était conscient d'en avoir besoin.

Mais les nouvelles questions du Grand Maître avaient chassé pour l'heure ces considérations de son esprit et Orme avait cessé de réfléchir aux conséquences que cette situation exceptionnelle aurait sur la suite de sa formation. Personne n'avait jamais parlé ouvertement de ces choses avec lui, pas même son précédent Maître, et le Padawan était un peu déstabilisé.

Ce qu'on lui reprochait exactement, il n'était pas certain de bien le savoir. Il savait ce qui lui se reprochait. Orme essaya de contourner la question par l'extérieur.

— Je suppose que ma situation... Je veux dire...

Il haussa les épaules.

— Vous savez que je suis mour... Enfin, malade. Et je suppose que certaines personnes se demandent si le but de mes études ne serait pas de prolonger, au-delà du raisonnable, du naturel, une existence fragile.

La supposition n'était pas très hardie : le désir de fuir la mort était sans aucun doute l'une des plus puissantes motivations à rejoindre le Côté Obscur et peu de Jedis avaient des raisons aussi précises et pressantes de s'en préoccuper que le Coruscantien. Et cependant, il n'y avait jamais songé : il s'était contenté de faire confiance en la Force, qui l'avait porté jusque là, qui le porterait bien encore.

Mais il avait conscience que son nouveau Maître n'attendait pas uniquement qu'il émît des hypothèses sur les faiblesses que les autres lui supposaient. Elle désirait qu'il se révélât. L'expérience était un peu rude, avec une personne qui, pour ainsi dire, demeurait une inconnue, dans une époque aussi douloureuse. Orme n'était pas loin de ressentir cet interrogatoire comme une humiliation.

D'une voix mal assurée, il poursuivit néanmoins :

— Mais je... J'crois que, s'il y a un problème, j'veux dire, j'crois que je ne suis peut-être pas toujours très... Très clair. Avec moi-même. Sur... Sur c'que j'peux ressentir, ou vouloir. J'veux dire, pas en termes de puissance, et tout. Juste, dans la vie, comme ça. Et p't'être qu'on m'reproche d'être trop efficace parce que, hm, c'comme si j'me servais de l'entraînement pour... Comme d'un paravent.

Eh bien, après cet exercice de lucidité, Orme ne se sentait pas le moins du monde soulagé, il ne trouvait pas que cela n'avait pas été aussi difficile que prévu et il continuait à avoir une furieuse envie de disparaître dans le sol.
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Imprévisible, la situation du nouveau padawan l'était. Tandis qu'elle l'écoutait attentivement, elle constatait qu'elle avait du toucher dans le mille, puisque l'inconfort et l'hésitation de son padawan se faisait ressentir, notamment dans l'élocution. Elle ne voulait aucunement humilier Orme, mais la vérité et la sincérité était la clé pour comprendre et si elle voulait l'aider, rien ne servait de se cacher. Aussi, elle pouvait qualifier l'esprit du padawan de complexe, originale pour le moins et surtout dur. Tout le monde avait peur de la mort, les siths spécialement mais depuis leur introduction dans l'Ordre Jedi, on apprenait aux disciples que la mort était une chose qu'il fallait accueillir avec courage et respect. Elle-même ne pensait pas à sa propre mort, mais quand celle-ci viendrait, Ellana accueillerait ce repos éternel comme il se devait. Pourtant, lorsqu'on était jeune et insouciant, cette menace ne pouvait qu'aggraver notre peur... Orme avait-il peur ? Il avait répondu que non tout à l'heure avec sincérité. Alors la question ne se posait pas de ce côté, mais cela n'empêchait nullement les soupçons qu'on portait sur lui.

La Force l'avait maintenu en vie jusqu'ici et pour l'instant, elle pressentait que cela durerait encore une longue période. A prêt tout, la Force ne serait pas assez cruelle pour ôter la vie de son second padawan... Elle l'espérait du moins...

Puis, il enchaina sur le fait que tout lui paraissait incertain, qu'il ne savait pas ce qu'il désirait vraiment. Classique pour un adolescent, la jeune femme songea. Mais, non pour un jedi. Le futur d'Orme était certainement le plus incertain, mais il était son padawan maintenant et Ellana ferait tout, même plus que ce qu'elle pourrait pour le guider sur le même chemin qu'elle.

-Appelle moi Ellana. Évitons les noms pompeux si nous le pouvons.

Le maitre jedi n'avait rien dit sur les paroles d'Orme, et elle n'avait rien à répondre. Elle avait eu ce qu'elle voulait, des réponses, mais il était temps de mettre fin à l'entretien. A prêt tout, la confiance était un travail qui se faisait le long terme, et ce temps, ils l'avaient, à présent.

-Souviens toi, je ne suis pas seulement ton maitre, mais une amie aussi. Si tu as le moindre doute ou que tu veux te vider de quelque chose qui te dépasse, je suis là. Je suis ton pilier maintenant, ou ton tuteur ou ta bouée de secours, je n'ai plus d'autres expressions débiles mais je suis sur que tu as compris le principe.
Je ne remplacerais jamais ton ancien maitre et je n'en ai pas l'intention, je veux juste une nouvelle place, même une toute petite place me suffit, tant que l'honnêteté reste entre nous.


Ellana fit une petite pause, cherchant dans sa mémoire si elle avait quelque chose à rajouter,puis...

-Je n'ai pas une méthode particulière pour enseigner, je me contente d'utiliser les missions comme terrain d'entrainement. Aussi, nous partons dans 2 jours. J'ai quelques trucs à finir et après, ce sera bon.

Ces dernières paroles mettaient un terme à la discussion. A présent, les dés étaient jetés, il ne restait plus qu'à continuer la partie...
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Orme fut un peu soulagé en constatant qu'Ellana ne le forçait pas à développer plus en détails ce qu'il avait voulu évoquer par des formules qui, il fallait bien l'avouer, étaient demeurées somme toute assez vagues. Il préférait cependant ne pas penser que cette discrétion inattendue du Grand Maître naissait peut-être d'une quelconque propension à sonder télépathiquement son esprit — la perspective de n'être pas seul dans sa tête lui eût paru par trop inconfortable.

Le jeune homme esquissa un sourire certes un peu pâle en entendant les comparaisons que la Jedi employait pour décrire leur future relation. Le corps n'était pas encore à la plaisanterie, mais il lui était reconnaissant tant d'abattre les circonstances les plus formelles de la rencontre que de lui proposer si sincèrement — car il ne doutait pas qu'elle fût sincère — une aide dont il aurait très certainement besoin un jour.

Oh, naturellement, il n'était pas certain de pouvoir la prendre au mot. S'il ne doutait pas de l'authenticité de ses assurances, il était beaucoup moins assuré d'avoir personnellement assez de courage pour saisir cette main tendue. C'était une chose d'affronter monstres et malfrats, une chose qu'il faisait très bien et très volontiers, c'en était une autre d'évoquer ses petites incertitudes personnelles, et celle-là l'intimidait beaucoup plus que la première.

Mais l'heure n'en était pas encore venue. Le temps peut-être, en apaisant ses plaies, en le faisant grandir encore un peu et en nouant entre lui et son nouveau Maître une confiance étroite, lui permettrait de chercher auprès d'Ellana les conseils nécessaires à une vie de Jedi sereine. Même si, du haut de ses dix-sept ans, cette perspective lui semblait pour l'heure bien lointaine.

Il hocha une dernière fois la tête à l'annonce d'une prochaine mission. Ce n'était pas une surprise : il était d'usage que les Maîtres se fissent accompagner plus volontiers par leurs Padawans lorsqu'ils entraient dans la dernière partie de leur formation, tant il était vrai qu'il y avait des choses que seule l'expérience pouvait apprendre. Orme embrassait toujours volontiers ces nouvelles occasions de découvrir la Galaxie.

Le Padawan s'inclina pour saluer son nouveau Maître et se retira, la conversation manifestement finie. Ce ne fut qu'une fois sorti de la salle du Conseil et comme il empruntait un long détour pour rejoindre sa chambre, afin de penser plus à loisir, qu'il s'autorisa enfin à faire retour sur ce qu'il venait de se passer : les années qui le séparaient encore des épreuves de Chevalier, il les passerait donc en compagnie du Grand Maître de l'Ordre.

Orme était peu sensible au prestige cependant ; ce qu'il voyait surtout, c'était qu'une occasion unique lui était offerte de comprendre plus intimement les fonctionnements de l'Ordre, d'approcher de plus près les importantes négociations qui unissaient cette institution avec les autres forces politiques de la Galaxie. Sans doute ces sujets étaient-ils de le passionner naturellement, mais c'était justement parce qu'il se sentait peu de dispositions pour eux qu'il comprenait la nécessité de se familiariser.

Bien sûr, il ne lui échappait pas que cette nouvelle affectation pouvait également suggérer que, plus que jamais, l'Ordre désirait le tenir à l'oeil et la conversation qu'il venait d'avoir avec le Grand Maître lui montrait assez que sa réputation ne s'était pas exactement améliorée ces derniers temps. Il n'avait jamais désespéré que le temps finirait un jour par lui donner raison et apaiser les doutes de ses détracteurs les plus suspicieux. Suivre l'enseignement d'Ellana était sans doute une étape importante.

En somme, le petit interrogatoire mis à part, les choses ne s'étaient pas si mal passées que cela et si la tristesse de sa perte n'avait pas été si grande, Orme eût abordé cette nouvelle époque avec confiance.
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