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Korriban, berceau de la civilisation Sith, foyer de ses derniers disciple et tombeau de ses anciens seigneurs. Ce monde représentait beaucoup pour l'ordre noir, trop au goût de Darth Shakaxhi. Certes il y avait quelque chose de fascinant sur cette planète, de par son histoire, de par la quasi omniprésence du côté obscur, mais ce dernier point, si il faisait l'attraction, rendait également tout cela ennuyeux. Aussi fascinant soit le côté sombre de la Force, il était trop semblable à l'utilisation qu'en faisait les Jedi, une bride pour la fureur réelle de la Force, pour son action si parfaitement chaotique. C'était pour cela qu'il avait toujours préféré Myrkr, du moins depuis qu'il y avait fait son séjour salvateur, des années plus tôt. Mais comme tout Sith qui se respecte, celui qui fut Hunluan un jour avait régulièrement à faire sur Korriban. Cela faisait quelques jours qu'il y étais, cette fois-ci pour pouvoir procéder à la réparation de son avant-bras artificiel. Mais quelques jours d'inactivité étaient déjà trop pour l'esprit si versatile du seigneur fou. L'ennui le guettait, le rendant dangereux pour ses pairs, car capable de céder à ses instincts les plus meurtriers au sein même de l'académie.

Cet ennui, cette urgence d'action, fut certainement la raison qui le motiva à sortir se balader à l'extérieur de l'académie à peine son bras remit en place, plutôt que de s'embraquer immédiatement pour un voyage en vaisseau qui risquait de s'éterniser. Ce fut dans la vallée des seigneurs noirs qu'il se rendit, avec l'espoir secret d'y croiser une guerrier en quête de gloire, ou un Tuk'atas enragé qui oserait le mettre au défi. Dire qu'il n'y avait jamais mit les pieds jusqu'alors, ni avec son défunt seigneur, ni seul. L'idée ne lui était même jamais venu, comme si cette vallée n'avait d'autre valeur que celle que l'on accordait aux morts, autant dire aucune aux yeux du zélosien. Et pourtant, lorsqu'il posa pour la première fois les yeux sur ces monuments qu'étaient les tombeaux Sith, il ne put s'empêcher d'être impressionné, presque émerveillé. Et cette façon que la Force avait de courir avec le vent, emplissant ces lieux comme si ils lui avaient toujours appartenu. Oui, cet endroit recelait des trésors, mais pas ceux que pouvaient y voir le commun des Sith. Et si Shakaxhi avait été d'abord déçut de n'apercevoir aucune menace, il appréciait maintenant le fait d'être seul face à ce spectacle invisible.

"HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA"

Son rire avait brisé le silence sans qu'il ne semble y avoir de raison à cela. Un hypothétique témoin y aurait vu un signe supplémentaire de sa folie, d'autant plus en le voyant commencer à danser tout en s'esclaffant, sautant, tournoyant, et riant toujours autant. Mais ce témoin n'aurait alors pas remarqué que chaque saut, chaque tour fait sur lui même, le faisait progresser dans une direction bien particulière. Car si il semblait incohérent il était guidé comme par un fil, et c'était autour de ce fil qu'il dansait ainsi, se laissant aller jusqu'à la source de sa joie. Il ne l'avait pas sentit immédiatement, comment aurait-il put. Il lui avait fallut fermer les yeux, visualiser les courants de la Force qui emplissaient cette vallée. Alors il avait remarqué ce point, comme un trou, non, un siphon. Autour de ce point la Force se déchainait, tourbillonnait, comme aspirée. Ce n'était pas la première fois qu'il assistait à un tel phénomène. Il y avait eut un précédent, le jour où il avait tué son maitre. Mais le phénomène n'avait alors duré que quelques secondes, une minute tout au plus. Ici, si sa virulence était moindre, il semblait perdurer, comme si la perte qu'avait subit la Force en cet endroit était si grande qu'elle continuait à lui rendre hommage. Oui, un puissant seigneur était mort ici, et Shakaxhi ignorait encore que si ce siphon persistait, c'était parce que l'esprit du seigneur en question n'avait jamais vraiment quitté le monde des vivants, hantant Korriban comme si elle lui appartenait encore.

"Comme ce jour à dut être glorieux..."

Il passait la main dans la perturbation qui animait la Force tout en parlant, caressant ce point que seul lui en cet instant pouvait voir.

"Je me demande depuis combien de temps c'est là..."

Il parlait seul, pour lui même, mais semblait s'attendre à ce qu'on lui réponde. Puis il se mit à trépigner comme un enfant, tapant le sol du pied.

"Je veux savoir !!"

Il ignorait alors qu'une réponse viendrait, qu'en ce jour il ferait une rencontre qui laisserait sa marque en lui, tout comme celle avec le Chiss l'avait fait.
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Errance, chaos, souvenirs... L'esprit du seigneur noir se délitait peu à peu. Une partie de lui-même était si acharnée, si fortement agrippée à la vie que sa conscience se maintenait ici et là, se nourrissant de la volonté des créatures peuplant Korriban, mais aussi des personnes qui cherchaient à la rencontrer. Car il était venu aux oreilles de certains qu'une communication avec le dernier seigneur noir était encore possible – des apprentis Sith en étaient morts, disait-on, au fond du tombeau de Darth Orn. Si d'autres persistaient à croire que ce n'était que des imbéciles qui s'étaient perdus ou qui avaient déserté, l'esprit de la créature s'était pourtant nourri de leurs émotions. Il s'était joué d'eux, leur avait donné envie de ne jamais quitter la caverne. Et ils étaient restés là jusqu'à ce qu'ils se rendent compte qu'ils étaient trop faibles pour remonter à la surface. Alors leur colère éclatait, contre le côté obscur, contre eux-mêmes, et le Seigneur Noir déchu s'en délectait jusqu'à leur mort.
Après quoi, il connaissait quelques jours de répit, quelques nuits pendant lesquels son esprit pouvait ressentir ce qu'il se passait autour du tombeau, toucher les âmes qui s'y aventuraient...

… Jusqu'à la vallée entre deux canyons où il était mort quelques temps plus tôt. Était-ce des jours, des mois, ou des siècles plus tôt ? Il n'aurait plus su dire. Mais on ne l'avait pas oublié, non. Il sentait parfois qu'on se moquait de lui, qu'on racontait qu'il avait été vaincu ici-même par des Jedi... Et quand son esprit y pensait, il devenait fureur noire, incontrôlable et incontrôlée... Mais sans pouvoir agir. Parfois, un Tuk'ata devenait fou dans le tombeau et attaquait ses congénères, provoquant inévitablement un bain de sang. Leur colère, leur peur, leur rage, nourrissaient de nouveau le Seigneur Noir déchu et dans sa délectation de sentiments violents, il en oubliait ce qui avait déclenché sa haine.

Ainsi, il subsistait. Dans les émotions des organismes vivants à proximité. Quelle malchance qu'il n'ait pas été enterré sur Coruscant, ou sur Nar Shaddaa. Il y aurait toujours trouver de quoi se nourrir...

Mais il y avait de la vie, ici aussi, parfois. Comme ce rire, qui avait déchiré le silence de la vallée des morts, non loin de l'Académie. Si proche de lui, si proche...
Quelle était cette race ? Un humain ? Non... Un zélosien... Un zélosien qui dansait. Comment ne pas être attiré par sa puissance, par sa voix ? Par la légèreté de ses pensées... C'était un bouquet d'émotions lumineuses, le genre d'émotions que la créature aimait à anéantir à dévorer, pour qu'il ne subsiste plus que peur et colère, son dessert favori. Mais le zélosien se rapprochait du point où sa propre haine hurlait encore.

AAAAaaaaaah ! Encore un qui n'était venu que pour le railler ! Encore un qui pensait pouvoir le surpasser, qui pensait qu'à sa place il n'aurait pas été vaincu ! Encore un présomptueux... C'était bien là l'erreur des Sith : on ne leur avait jamais appris l'humilité... L'humilité face à Darth Orn !

- Le sssssavoir se mérite ! persifla l'ex-seigneur noir dans l'esprit qui s'était approché trop près de sa honte, comme une réponse à un enfant capricieux. Le savoir...

Des murmures poursuivirent pour former une phrase incompréhensible. L'esprit qu'il essayait de soumettre était trop puissant dans la Force pour s'en emparer comme il l'avait fait avec les apprentis. Peut-être trop loin du tombeau, aussi. Alors il tenta la ruse.

- Le sssssavoir, cela au moins s'échange, siffla-t-il sur un ton un peu radouci, mais toujours chargé de haine et de menace.

Allez viens, approche, zélosien. Approche du tombeau...
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Ce ne fut d'abord qu'un murmure à peine audible, incompréhensible. Trop absorbé par son observation presque amoureuse de ce trou dans la Force, Darth Shakaxhi n'avait pas sentit la présence s'approcher de lui. Non, pas s'approcher, c'était autre chose. Comme si la présence était déjà là, partout autour de lui, partout dans cette vallée, et qu'elle s'était densifiée près de lui. Désormais il le sentait, c'était à la limite du divin. Une union si profonde avec la Force que cet esprit, ou quoi que ce fut d'autre, en était devenu un élément à part entière. Et il y avait de la colère, tant de colère. Un être si plein de violence, de son vivant, avait dut être magnifique. Le seigneur fou se surprit un instant à imaginer comme il aurait été drôle de s'en faire un ami, un jouet à manipuler et lâcher sur une foule aussi naïve qu'innocente. Mais une telle rage ne pouvait être que celle d'un mort, car c'était l'incarnation d'une haine dirigée vers tout ceux qui osaient être encore en vie.

Enfin les mots devenaient audibles, présents dans l'esprit perturbé du zélosien et nul part ailleurs. Il y avait de la violence dans cette "voix". Une violence qui sembla se calmer alors que Shakaxhi sentait l'esprit défunt se heurter au tumultes du sien. Comme il devait être étrange pour l'âme d'un ancien seigneur noir de sentir celle de ce fou. L'ancien Jedi était un paradoxe chez les Sith, une anomalie qu'on ne pouvait rectifier. Il n'était pas plein de haine, pas assoiffé de puissance, pas plus qu'il n'avait de blessure profonde l'ayant fait sombré dans le côté obscur. Les émotions qui l'habitaient n'étaient pas sombre, pas à cet instant. Il n'était que joie, amusement, légèreté. Presque un véritable Jedi, à quelques détails près. D'abord il y avait la violence de ces émotions en lui, démesurées, changeantes comme les vents d'une tempête. Et puis il y avait ce qui les provoquait, la violence, les cris, le sang, et surtout, avant tout, le chaos. Voilà ce qu'en caressant son esprit le seigneur noir déchu avait put sentir, le chaos dans sa forme la plus pure, la plus parfaite.

"Oooh un esprit frappeur, cogneur, blagueur. Oh oui, une blague. C'est l'histoire d'un fantôme qui veut posséder un fou, mais au moment de prendre la place de l'esprit du vivant, le fou dit : Oh un esprit, ça tombe bien j'ai perdu le mien."

Et il éclata d'un rire démesuré quant à la qualité de la blague qu'il avait faite, des larmes emplissant ses yeux sombres tant il s'esclaffait. Puis, reprenant son souffle, il chercha du regard une manifestation visuelle de l'esprit, en vain.

"Très bien, très bien, on aura bien rigolé."

Le zélosien ne sut pas très bien pourquoi, mais il se mot à marcher d'un pas tranquille vers les tombeaux des seigneurs morts, vers un en particulier, celui du seigneur Orn. Puis il comprit, en s'approchant. À chaque pas la présence se faisait plus forte, plus dense. Ainsi l'esprit devait espérer pouvoir influencer plus le seigneur fou, le contrôler peut-être.

"Avant de me trainer dans votre chambre vous pourriez au moins m'inviter à boire un verre grand fou. Ou ne serait-ce que vous présenter. Pour ma part je suis un lord, un seigneur, de ce qui n'existent que dans les contes pour enfant. Darth Shakaxhi, mais appelez moi donc mon cœur, ou chéri, ou Robert. Nah, j'aime pas Robert, Ethan, c'est pas mal Ethan. Va pour Ethan. Et vous vous êtes ?"

Il s'était soudainement arrêté, à une petite centaine de mètres du tombeau de Darth Orn, regardant un point fixe en face de lui, légèrement en hauteur, comme si c'était là qu'il voyait l'esprit du mort.
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L'esprit rencontré dans cette vallée n'avait l'air d'être qu'un pur non-sens. Comment la Force pouvait-elle être si grande dans cette absurdité de la vie ? Ce phénomène, cet esprit fort et anormal, cela dépassait l'entendement de ce qui restait de l'ex-Seigneur Noir de Korriban. Il ne se heurtait pas à une folie ordinaire. C'était si étrange qu'on ne pouvait même être sûr que cela soit de la folie. Cela ressemblait à une vaste pièce de théâtre, jouée depuis si longtemps que l'acteur principal lui-même avait fini par oublier qu'il n'était pas son personnage étrange.
Et le rire démesuré qui l'accompagnait était lui aussi absent de sens. Mais, malgré l'air de coquille vide qu'avait l'esprit de ce Sith, il était pourtant impossible de s'en emparer. De voir par ses yeux, comme la créature morte aimait à le faire pour passer encore un peu de temps dans ce monde. Grâce à la Force.

- Un lord... répéta lentement la voix dans la tête du Sith.

Un court silence suivit, comme si le défunt réfléchissait. En réalité, chaque mot prononcé était une terrible lutte avec la Force, pour rester dans le monde des vivants. Aussi devait-il se ressaisir chaque fois qu'il était parvenu à communiquer, chaque fois qu'une poignée de mots était distillée dans l'esprit difficilement accessible du visiteur étrange. Et si loin de sa chambre, c'était en outre plus ardu... Voilà pourquoi il était essentiel que le Sith se rapproche. Qu'il soit appâté, comme un enfant curieux essaierait d'approcher une main du feu.

- Darth... Shakaxhi, reprit la voix en tâchant de se maîtriser pour ne pas faire exploser ses pulsions de colère. Darth Shakaxhi foule des terres qui m'ont appartenu...

… Et qui, à ses yeux, lui appartenaient encore. Mais le Seigneur Noir n'était plus là, plus assez physiquement présent, pour punir tous ceux qui lui désobéissaient. Même si les apprentis le craignaient encore, car certains d'entre eux avaient définitivement disparus près de son tombeau. Ah ! Oui ! On le craignait encore... Mais lui était-on encore fidèle ? La créature se souvenait de ce Darth Ritter dont on disait qu'il allait prendre sa place, et il mourrait d'envie de savoir ce qu'il en était. Son cœur ne pourrait tolérer qu'il y ait déjà quelqu'un d'autre assis sur son trône. A diriger ses troupes, et à lui voler la splendeur de son prestige.

- Darth Shakaxhi cherche le ssssavoir... siffla-t-il en espérant que le seigneur Sith se rapproche encore un peu plus. Le savoir, l'information. C'est tout ce dont un lord a besoin pour diriger. Pour prendre le pouvoir, et pour le garder...

Un appât classique. L'esprit était peut-être fou, mais c'était lui qui avait évoqué le « savoir ». Du savoir, il en avait. Il en donnerait volontiers, en échange d'un peu d'énergie vitale. Mais pour cela, le visiteur fou devait s'approcher encore plus près du tombeau. Y entrer. Descendre dans sa chambre funéraire près du sarcophage.

- J'ai... du savoir à offrir, Darth Shakaxhi. J'ai...

La fin de la phrase se perdit, comme si de nouveau l'ex Seigneur noir était épuisé. Ou peut-être était-ce une feinte pour que le Sith soit poussé à se rapprocher à cause de l'envie d'entendre la suite ?
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Le savoir... ce mot répété sans cesse par l'esprit ravivait en Darth Shakaxhi quelque chose d'enfoui, quelque chose qu'il avait laissé de côté sans pourtant jamais l'oublier, le temps où il était un Jedi. Il avait alors été l'un des plus grands bretteurs de l'ordre, peut-être même l'un des trois ou quatre meilleur, et ce malgré le fait qu'il n'était que chevalier. Et pourtant ce n'était pas ce qui avait fait sa réputation d'alors. Car son don au sabre tenait du simple fait que c'était par son intermédiaire qu'il cherchait à comprendre la Force, étudiant chacune des formes de combat pour en comprendre le sens plus que l'utilité. Et ainsi, au fil du temps, et ce malgré ses talents de combattant, il était devenu l'un des chevalier qui partaient le moins en mission pour l'ordre, mais le plus en expédition d'étude de la Force. Et on l'avait dès lors considéré comme un érudit, un homme de connaissance, et ce jusqu'à ce qu'il finisse par en savoir trop, jusqu'à ce que la connaissance lui fasse entrevoir une vérité qu'il s'était refusé à croire, une vérité qui avait créé en lui une brèche dans laquelle le mal qui avait emporté l'esprit de sa mère s'était engouffré, et à lui s'était mêlé le côté obscur, le changeant plus radicalement que la plupart. Oui, en ça il était d'un genre unique. Il n'avait jamais été endoctriné, il n'avait pas cédé à ses émotions, il ne s'était pas laissé corrompre par un Sith. Il avait juste apprit la Force, il avait regardé en son cœur et la folie qui sommeillait en lui avait fait le reste, avait fait de Hunluan Melicendre, Jedi respecté et en passe de devenir maitre, Darth Shakaxhi, Sith fou en passe de devenir...tellement plus.

"Tant pis pour Ethan dans ce cas..."

Il avait reprit sa marche, et ce malgré l'absence de réponse. Darth Orn taisait son nom, mais après tout cela importait-il ? Pas vraiment, cet esprit aurait put être celui d'une fillette assassinée par hasard, sans rien d'autre à offrir que ce simulacre de séduction, que l'intérêt du zélosien aurait été tout de même piqué. Peut-être pas avec la même intensité, car il se dégageait de cette présence mystérieuse un pouvoir qui laissait songeur, un tel pouvoir qui ne pouvait que signifier une chose pour qu'il puisse éveiller la curiosité d'un être tel que Shakaxhi, cet esprit avait été un vivant puissant, très puissant, tout comme le laissait penser ce trou qu'il avait laissé dans la Force et qui tardait à se résorber.

"Mais vous en... Roh pas de chichi entre nous vieux brigand, on va se tutoyer. Je disais donc t'en fais pas, même si tu es timide je suis sûr qu'on va bien s'entendre, Darth Orn."

Pourquoi ce nom maintenant ? C'était simple, ses pas l'avaient mené vers les tombeaux, et la direction qu'il prenait était celle d'un seul d'entre eux, le plus récent, celui du dernier Seigneur Noir en date.

"Bien bien bien. Maintenant qu'on peut s'appeler par nos petits noms..."

Il tendit les mains vers le tombeau, et le sol trembla en même temps que les murs de cette crypte démesurée. Oh non, il n'était pas puissant au point de pouvoir faire trembler une telle structure. En réalité son esprit se concentrait sur des blocs de pierre qui entouraient la bâtisse juste sous la surface du sol, provoquant une vibration qui se répercutait sur les murs. L'effet ne dura que quelques instants, mais il était facile de deviner que l'interruption était temporaire.

"Esprit, esprit, tu veux jouer à des jeux d'esprit avec le fou qui se présente devant toi."

Sa voix était toujours aussi chantante, joueuse, si détachée.

"Mais je ne suis pas fou, je suis la folie, je suis le CHAOS"

Ce dernier mot en revanche. Sa voix s'était déformée, rendue profonde, caverneuse, puissante et pleine d'une froide colère.

"On ne joue pas avec moi, on ne me fait pas miroiter le pouvoir. Car le pouvoir n'est qu'un jouet qui n'a pas encore sut me séduire. Mais soit sûr petit esprit que si je le convoitait cette planète serait en feu, l'ordre Sith réduit à quelques êtres effrayés, pleurnichant leurs larmes dans une mer faite du sang de tout leurs frères. Je ne suis pas un Sith Orn, je suis la Force dans ce qu'elle a de plus pure, de plus sauvage, je suis sa forme primaire avant que vous autres, Jedi et Sith, ne l'a corrompiez, ne la bridiez pour tenter d'en faire votre jouet."

Si le mot Chaos avait presque été hurlé, cette tirade là avait été dite sur un ton étrange. Calme en surface, mais plein d'une tension qu'il ne valait mieux pas faire sortir. De lui se dégageait, en même temps que ses paroles, un tourbillon de Force aussi chaotique que ce qu'il prétendait être, faisant se déformer le vent et la poussière qu'il transportait autour de lui. Puis d'un coup le calme, et ce sourire qui faisait son retour si soudainement.

"Maintenant que les choses sont clairs. Tu tiens vraiment à ce que je rencontre ton cadavre vieux briscard ?"
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L'humour de Darth Shakaxhi passait sur l'esprit de Darth Orn sans vraiment l'atteindre. La créature recherchait du sens, de l'intérêt, n'importe quoi qui put lui permettre de déduire des informations intéressantes sur le Sith qui s'aventurait dans la vallée. C'était un réflexe qu'il avait acquis de son vivant : contrôler l'information, c'était contrôler le monde. En maîtrisant ce qui était dit, on pouvait maîtriser une planète entière, voire un système, si on s'y prenait bien. Pouvait-on contrôler une galaxie ? En grande partie, en théorie, oui. Mais dans la pratique, cela s'était avéré délicat...

Quoiqu'il en était, Darth Shakaxhi l'avait appelé par son nom. Il savait donc à qui il s'adressait, désormais. Darth Orn ne prit pas la peine de confirmer ou de démentir cette information, cela ne l'intéressait pas. Il voulait se concentrer sur le chemin que prenait le Sith, et sur son identité, ses capacités, sa raison d'être. Mais la seule caractéristique qui transparaissait était cette absurdité chronique -dans ses propos comme dans sa tête. Il se nommait « fou », il se nommait « chaos », et pourtant ce n'était pas ce que Darth Orn ressentait exactement. L'intelligence accompagnait cette absurdité de l'esprit, ainsi qu'une force de volonté qui l'empêchait d'atteindre et de manipuler, comme il avait l'habitude de le faire. Pourquoi était-il alors si attaché au chaos ? Il ne pouvait en être autrement, avec le changement d'émotions subi que Darth Orn avait ressenti lorsque le Sith avait prononcé ce mot...

Petit esprit ? Pauvre sot.

- Dans ce cas, c'est que tu ne connais rrrrien du pouvoir ! tonna l'ex-seigneur noir amèrement. C'est que tu n'y as jamais goûté. La faute à ton incompétence ou à ton ignorance ?

La colère de s'entendre ainsi insulté redonnait vie à l'esprit de Darth Orn, qui puisait allègrement dans les émotions négatives qu'il produisait soudain conjointement avec l'étranger qui marchait toujours dans le désert. Et il était convaincu de ses propres paroles : les Sith étaient faits pour dominer le reste du monde. Celui qui ne possédait le pouvoir était un incapable, et celui qui n'en voulait pas était... un fou.
Finalement, c'était peut-être vraiment à la folie elle-même qu'il avait à faire...

- C'est toi, le jouet, Darth Shakaxhi. Toi, le jouet de la Force... La preuve, regarde où tes pas te mènent ? C'est la Force qui les dirige, et qui te faire croire qu'il s'agit de ta volonté.

L'ex-Seigneur noir avait l'impression de parler à un apprenti arrogant, qui n'avait encore rien compris. Ah, il n'était pas un Sith ? Alors que faisait-il ici !

- Pauvre aveugle, cracha-t-il pour attiser encore la colère du Seigneur qui ne voulait pas être un Sith.

Aaah, cette agitation... C'était un flot d'émotion pure et non-dite, du genre de celles dont il se divertissait de son vivant... Et dont il se nourrissait depuis sa mort. C'était aussi agréable que s'il avait pu de nouveau boire ou manger. Comment la peur pouvait-elle entrer en ligne de compte, quand on trouvait le moyen de vivre, de se délecter, même quand on était mort ? Cette idée fit rire le Seigneur Noir, un rire étrange et silencieux dont il prenait bien soin de se servir pour envelopper l'esprit de l'étranger. A défaut de pouvoir le pénétrer, il l'agacerait.

- Allons, allons, allons... Pourquoi aurais-je peur. Pourquoi...
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De nouveau, le rire du seigneur fou éclata, bien plus fort cette fois, telle une bombe de pure folie. Il s'était arrêté de marcher en même temps qu'il avait commencé à s'esclaffer, plié en deux par son hilarité, les mains appuyées sur les genoux afin de ne pas tomber à la renverse. Mais au fond, devait-il rire ou pleurer ? La réponse se trouvait dans la motivation des paroles de l'esprit de Darth Orn, une motivation que le vivant trouvait futile, et c'était pour cela qu'il riait, encore et encore, comme s’il venait d'assister à la plus grande farce de tous les temps. Il ne chercha pas à réitérer ses menaces sur le tombeau du seigneur noir défunt, c'était inutile, cette âme était, à ses yeux, perdue dans sa propre ignorance, une ignorance qui persistait par delà la mort elle-même.

"Oh esprit, esprit d'une gloire passée... Tu m'amuses et me déçois en même temps. C'est un véritable talent que tu as là. D'habitude, les Sith font soit l'un soit l'autre, jamais les deux. Mais c'est toujours mieux que les petits Jedi qui eux ne font que décevoir... Attends ce sera mieux ainsi."

Le zélosien concentra la Force, la mêla à la poussière de ce désert sinistre pour lui faire dessiner une forme, une forme humanoïde, sans visage, de la taille d'un enfant, d'un très jeune enfant. Et ce fut à cette forme qu'il s'adressa, comme si c'était là le corps de Darth Orn.

"Tu crois vraiment que ton emprise sur la galaxie perdure après ta mort ? Que ce que tu fais, ce que tous font, a une influence quelconque sur le déroulement de l'histoire, sur le fonctionnement de la galaxie. Tu t'es accroché si fort à cette idée toute ta vie que même dans la mort, alors que l'évidence te fait face, tu ne parviens pas à la voir."

Il posa alors une main sur l'épaule de cette silhouette grotesque, cette parodie de corps qu'il attribuait au seigneur noir, comme un l'aurait fait un père avec son enfant avant de lui expliquer quelque chose d'important sur la vie.

"Ce que tu ne veux pas voir, cette évidence à laquelle tu restes volontairement aveugle mon enfant, c'est que de nous deux c'est moi le plus lucide."

Il se redressa alors, laissant s'effondrer la poussière, la laissant retourner à sa place dans le désert.

"Oui, je suis l'humble serviteur de la Force, elle guide chacun de mes pas, chacun de mes choix. Ma seule liberté dans la vie comme dans la mort c'est de choisir de la servir pleinement ou non. C'est le seul choix qui nous est laissé, nous qui la sentons en toute chose. Car quand bien même serais-je immortel, quand bien même asservirais-je la galaxie entière sous mon joug. L'éternité ne dure que jusqu'à ce que quelqu'un vous en prive, d'un coup de sabre, ou autrement. Et dès lors, l'œuvre de cette vie, aussi longue, prospère et puissante fut-elle, s'effondre pour laisser place à celle d'un autre. La seule constante, la seule vérité qui régit la galaxie, et le reste de l'univers tout entier, c'est la Force. Et la Force est faite d'un chaos sans nom, sans limites. Elle façonne aussi vite qu'elle détruit, sans raison ni motif. Et plus il y a de chaos plus la Force est grande."

Et de nouveau, le rire, perçant, oppressant, résonnant dans l'air, dans la terre, et même dans ce lieu étrange dans lequel flottait l'esprit sombre. Un rire physique aussi bien que psychique, assourdissant et omniprésent, mais court cette fois.

"Oh oui je suis son serviteur, son plus grand et son plus fidèle serviteur. Mais je ne suis pas aveugle Darth Orn. En réalité, de tous, je suis le seul qui sait voir."
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Pourquoi ce rire insupportable ? Pourquoi cette joie bruyante ? La raison de l'apparent bonheur du Sith qui se présentait dans la vallée dépassait toujours et complètement l'entendement de la créature dont l'esprit survivant dans les tempêtes de sable de Korriban. Les vents lui avaient apporté des voix de si loin, et la chaleur des jours après sa mort l'avait forcé à regarder en face sa position d'échec. Sans compter l'humidité de son tombeau, maintenant, qui semblait être le reflet de la tristesse infinie qui le gagnait parfois, comme si c'était elle qui faisait suinter les murs rouges de sa caverne. Tout cela, depuis tant de temps -des mois, des années ou des décennies ?- l'avait contraint à réfléchir, le persuadant qu'il avait désormais tout compris... Mais non, cette chose qu'il effleurait de l'esprit était tout juste incompréhensible. Peut-être était-ce là son but ? Le dérouter, tout simplement ? Pour le torturer... Peut-être.

Mais il reconnaissait enfin un point commun entre lui et cet être, quelque chose qui pourrait enfin ressembler à une motivation pour le Sith : il méprisait les Jedi, apparemment. Parfait.

- Avoir eu du pouvoir, et vouloir le garder encore un peu, c'est déjà mieux que de ne pas en avoir du tout, persifla la voix, amère.

Enfin, l'ex-seigneur noir était un peu plus lucide, un peu plus sincère après qu'il ait pu se nourrir de la colère de Darth Shakaxhi quelques secondes auparavant. Sa propre fureur un peu calmée, ses idées redevenaient claires mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être sarcastique. Il n'admettrait pas qu'on puisse lui être supérieur, même dans la mort, c'était clair.

- Humble... Serviteur ? poursuivit-il sur le même ton acerbe. Ce doit être dans ta nature, dans ce cas. Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir diriger les inférieurs, les... « humbles serviteurs ». Sache que cela ne s'apprend pas. On commande, ou on sert. Tu as... Choisi ton camp.

Une nouvelle fois, l'esprit du défunt seigneur noir dut faire des efforts dans le silence pour pouvoir continuer à rester dans la réalité, bien que ce ne soit plus aussi douloureux depuis qu'il avait pu puiser dans les émotions du Sith. Ah, si ce dernier se mettait encore en colère, encore un peu, il aimerait ça, il s'en délecterait tant..

- Ah... A quoi te sert donc de pouvoir... de pouvoir voir, si tu n'agis pas ? A quoi te servent tes sens si c'est pour contempler la vie et la mort dans la galaxie ? Certes, nous finissons tous par mourir... Peut-être la Force disparaîtra-t-elle elle aussi un jour, le sais-tu ? Sa vie est juste à une autre échelle que la nôtre. Il existe déjà des êtres pouvant interrompre son existence, effaçant jusqu'à la moindre trace et nous laissant vide de cette Force... Et pourtant, vivants...

Chez les Jedi comme chez les Sith, on entendait parfois parler de tels phénomènes. Ainsi, les Ysalamiri, sur Myrkr, privaient par exemple les utilisateurs de la Force de ce sixième sens en les coupant d'elle, sans appel. Que ne pourrait pas faire un être qui contrôlerait ce pouvoir ? Jedi comme Sith seraient sans défense et tomberaient à genoux devant lui. Cela arriverait, un jour ou l'autre, songeait l'esprit en dérivant, et le règne de la Force cesserait pour laisser place à une autre puissance.

- La Force n'a qu'un temps... Tout, tout n'a qu'un temps. Il y a un temps pour mettre à profit nos capacités, et un autre pour disparaître.

Et, comme pour souligner ses mots, l'esprit de Darth Orn se fit silencieux comme la mort.
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"Ignorant."

Darth Shakaxhi donnait des coups de pieds dans la poussière, sans conviction, comme un enfant le ferait avec le sable. Il était déçu, profondément. Un instant il avait cru que ce fantôme maintenu en vie par l'avidité et la Force le comprendrait. Mais de toute évidence, même mort, les préceptes Sith étaient trop fortement ancrés dans l'âme du défunt seigneur noir. Comme il pouvait les abhorrer ces dogmes stupides, inchangés depuis des millénaires, sans jamais prendre en compte les découvertes nouvelles faites sur la Force au fil du temps.

"Tu n'écoutes pas... Tu entends mais tu n'écoutes pas. Au fond je comprends, la vérité que je t'offre va à l'encontre de la vie que tu a vécu. Ce doit être frustrant, trop pour un être aussi étriqué que toi."

Il marqua une pause, poussant un nouveau soupir.

"Tu m'as même coupé l'envie de rire. Si tu avais été en vie tu serais mort pour ça. Mais bon, vu que tu es déjà un tas d'os oublié au fond d'un tombeau je vais être généreux, je vais t'expliquer. Je suis l'humble serviteur de la Force, alors oui, je sers, dans une certaine mesure. Mais c'est là mon seul maître. Nul sénat, nul conseil, nul seigneur noir n'a d'emprise sur moi. Personne ne peut se targuer de me commander et tous craignent de me froisser. Vous, les Sith, vous avez cet aphorisme "par la victoire je brise mes chaines" et pourtant vous forgez vous même la plus solide des laisse, le pouvoir. Note que je ne parles pas là de la puissance dans la Force, mais d'un pouvoir purement matériel et donc, par définition, illusoire. Vous avez tellement envie de dominer les autres que ça en devient une faiblesse."

Il hésita un instant, se demandant si il était sage de faire un tel cadeau au seigneur noir, une telle offrande.

"Vous voyez, j'ai passé toute une partie de ma vie à étudier la Force, la façon dont elle se comportait en fonction des influences subies. Les êtres dont vous parlé, capables de faire disparaître la Force, je les ait côtoyé, j'en ai fait mes outils pendant un temps. Et je vais vous dire un secret, ils sont plus liés à la Force que vous et moi. La Force est éternelle. Même si un être s'avérait capable de la faire totalement disparaître elle subsisterait en lui, et imaginez ce qu'il adviendrait à sa mort. Ce flot de pouvoir se déversant dans la galaxie, emportant tout sur son passage, recréant un nouvel univers sur les cendres du notre."

Le zélosien se tut alors, fermant les yeux, plongeant son esprit dans la Force pour toucher celui de Darth Orn. Et lorsqu'il le trouva il s'y accrocha, l'enveloppa, le noyant sous un flot de souvenir. Et ainsi il partagea avec lui ses expériences passées. La grande Kashyyyk, la petite Dagobah, la fureur du côté obscur, le chaos de la Force. Et puis il y eut Myrkr et la grande révélation, pas d'influence obscure là bas, juste le chaos, et cette vision qui s'imprimait à nouveau en Shakaxhi comme en Darth Orn cette fois-ci, la Force enveloppant la galaxie, s'étendant dans l'univers, formant un chaos infini d'où émergeait la vie, la mort, le pouvoir. Et pour finir le calme provoqué par une certitude, une vérité absolue, de tous, celui qui sert le chaos est le plus puissant, le plus libre, le plus vivant. Celui qui sert le chaos sera éternel dans la Force. Oui, en cet instant, ce fut sa folie qu'il partagea avec l'ancien seigneur noir des Sith.
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Pour l'esprit du Seigneur Noir déchu, les paroles du Sith étaient un non-sens. Comment pouvait-il se considérer supérieur, alors qu'il n'avait pas accompli dans sa vie le quart de ce que lui-même avait fait ? Comment pouvait-il juger ses méthodes alors qu'il n'avait pas fait mieux avec d'autres méthodes ? Ah, l'ambition et le sentiment de tout savoir mieux que ses prédécesseurs qui pourtant ont vécu bien plus d'expériences que vous... Cela allait toujours de paire avec la jeunesse. N'avait-il pas ces défauts, lui aussi, lorsqu'il n'était qu'un apprenti ? A vrai dire, il ne s'en souvenait plus. Sa jeunesse, voire même son enfance, s'étaient effacés de sa mémoire, remplacés par des souvenirs plus importants de gloire, de combat, de mort...

Mais Darth Shakaxhi n'était pas un jeune apprenti. Il avait un certain âge malgré son comportement parfois juvénile. Comment se faisait-il alors, qu'il n'ait pas appris ce que tout Sith apprend au cours de sa carrière ? Était-il... Nouveau dans l'Ordre ? Ou bien sa folie l'empêchait-elle de regarder la réalité en face ? Ou bien était-ce un « genre nouveau » de Sith, de ceux que l'on formait maintenant dans cette académie délabrée ?
A dire vrai, tant de raisonnements étaient fatigant pour l'esprit tourmenté de l'ex-seigneur noir,, et il laissa tomber ces élucubrations, oubliant presque qu'il y avait jamais songé.

- Quelle assurance, siffla la voix, plus percuté par le trait de caractère de son interlocuteur que par ses révélations sur la Force. Quelle confiance en toi... N'as-tu jamais connu l'échec, Darth... Shakaxhi ? Et pourquoi te nommes-tu ainsi si tu ne te considères pas Sith ?

Si le fou disait « vous, les Sith », c'était bien qu'il ne se considérait pas comme faisant parti du groupe. Pourquoi alors reprendre leurs coutumes ? Quel intérêt sinon de se faire passer pour des personnes qu'il semblait pourtant détester ? Et que faire sur Korriban, alors, si les moeurs Sith n'avaient aucun sens pour lui ? Autant de mystères que l'esprit errant ne pouvait résoudre. Avait-il tout simplement à faire un fou que rien ne pouvait raisonner ? Qui suivait ses idées en ignorant même quand elles étaient paradoxales ou suicidaires ? Peut-être... Mais si Darth Shakaxhi n'avait aucun pouvoir sur les Sith, il ne l'intéressait presque plus, finalement.

Pour lui, la définition d'un Seigneur Sith se ramenait forcément au pouvoir qu'il détenait. Sinon, ce n'était qu'un marginal. Le genre qu'il détestait...

Mais l'idée d'un flot de Force emportant tout sur son passage, cela le séduisait. Même s'il n'y survivrait pas. Survivre à quoi, de toutes manières ? Sa vie n'était plus qu'une errance furieuse, douloureuse, solitaire.

- Ce serait peut-être la fin de la Force... telle que nous la connaissons, murmura-t-il, pensif, car cela revenait pour lui à ce qu'il évoquait quelques minutes auparavant. Mais...

Mais il ne connaîtrait jamais cela. Parfois, il était lucide quelques minutes et il se rendait compte que son errance était un calvaire, qu'il finirait par lâcher prise, par oublier le monde des vivants, et que ce serait mieux comme ça.
Le Seigneur Noir déchu ne termina pas sa phrase. Un flot de souvenirs s'était engouffré dans son esprit, l'arrachant à l'instant présent, à Korriban et à son esprit enfermé dans son tombeau.

Il vit des débris de mémoire, reconstitués pour donner du sens -des Jedi, des humains, tout ce qu'il haïssait- comme s'il vivait lui-même cette vie. Pourtant, ce n'était pas la sienne, non. Jamais il n'aurait pactisé avec les Jedi, jamais ! Mais la découverte du chaos -ou plutôt de cette chose vivante, silencieuse et pourtant hurlant sa cacophonie dans l'esprit du seigneur noir déchu, balaya tout sur son passage. Terminé les Jedi, la compassion, les actes mesurés. Oui, Shakaxhi était devenu un serviteur, de cette chose que nul ne pouvait surpasser. Aucun être vivant n'était à la hauteur d'une entité aussi complète, aussi omnisciente.
La créature aurait voulu embrasser pleinement, de tout son esprit égaré, cette Force qui semblait avoir toutes les réponses, supérieure à la vie elle-même. Mais brusquement, l'entité lui fut arrachée, et il fut expulsé -de force, ou était-ce qu'il n'avait plus l'énergie nécessaire pour s'accrocher à l'esprit vivace du Seigneur Sith ?

Et soudain, revenu dans son corps étroit, quelque part sous une pyramide de pierre sombre, l'ex-Seigneur Noir se retrouva aussi misérable qu'il ne l'avait jamais été. On lui avait enlevé une chose précieuse... Mais existait-elle réellement, ou n'était-ce que le fruit de l'imagination puissant de Darth Shakaxhi ? Il ne pouvait y répondre, il n'avait plus de corps pour vérifier cette théorie. Cela resterait-il un mystère à jamais ?

L'esprit ne put pas recontacter Shakaxhi durant de longues minutes. Manque d'énergie, de volonté aussi. Mais bientôt...

- Était-ce... la Force ?
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Jamais il n'avait tenté une pareille expérience. Jamais il n'avait osé partager autant avec un autre. Ses expériences, ses croyances, ses certitudes, tout ce qui faisait de lui Darth Shakaxhi, il l'avait montré, offert, à ce seigneur noir défunt. Un abandon total qui, non seulement, avait fait voir la vérité du zélosien à l'esprit errant, mais l'avait également fait revivre au seigneur fou. Ce fut comme une nouvelle bouffée de folie, une piqûre de rappel, sans qu'il n'en ait pourtant eu besoin. Une expérience partagée et unique. Shakaxhi l'ignorait, mais cet acte, cet abandon quasi total qu'il venait de réaliser, était la chose la plus proche d'un acte d'amour qu'il n'ait jamais accompli, et il l'avait fait avec un mort.

Mais déjà ce moment si particulier était fini, ne laissant plus la place qu'au silence, à la solitude. Il n'y avait plus trace de l'esprit, plus une once de son obscurité dans les lueurs de la Force. Et Shakaxhi tomba à genoux, se penchant sur le sol pour en fouiller la poussière avec hystérie. Comme s’il avait pensé que le sol avait absorbé l'essence même de Darth Orn.

"Hey ho !! Reviens !! T'es où ? Me laisse pas ! On s'amusait bien tous les deux..."

Redressant le buste, il resta cependant à genoux, levant les yeux vers le ciel en poussant un lourd soupir.

"J'y crois pas, je l'ai tout cassé... C'est pas juste... pasjustepasjustepasjusteuuuuh...
-Était-ce... la Force ? "

D'un bond le seigneur Sith était sur ses deux pieds, son sourire lui revenant aux lèvres. La disparition de l'esprit n'avait été que passagère. Elle lui avait pourtant paru durer une éternité, mais, peu importait, désormais, il était revenu.

"J'ai eu peur que tu sois mort. Euh... enfin plus mort que tu ne l'es..."

D'un mouvement de main, comme s’il chassait un insecte, il repoussait ce moment de presque détresse, se retenant tout juste de sautiller de joie en applaudissant.

"Oui oui c'était la Force, son vrai visage. Mais je vais t'expliquer."

Le zélosien marqua une pause, regardant au sol, autour de lui, cherchant en vain quelque chose qui pourrait faire office de tabouret. Puis, après un haussement d'épaules, il se laissa tomber sur les fesses, s'asseyant en tailleur, croisant les bras pour prendre ses pieds dans les mains, comme le font parfois les enfants.

"Comme tu le sais certainement déjà il y a deux écoles dans l'interprétation de la Force, enfin trois. La troisième est la plus proche de la vérité, elle considère que la Force est vivante, mais elle est trop ancrée dans les deux premières pour comprendre toute l'ampleur de cette vérité. Mais passons et parlons des deux écoles principales, les Jedi et les Sith. Toutes deux pensent que la Force est simplement une énergie passant en toute chose, vivante ou non, et que les dons qu'ils possèdent viennent de leur capacité à manipuler cette énergie. La vraie différence entre les deux, c'est que les Jedi pensent que les émotions pervertissent l'énergie, la Force, et qu'il faut donc se priver de ses émotions pour user du vrai potentiel de la Force, et en préserver la pureté. De leur côté, les Sith pensent que le seul moyen de libérer le plein potentiel de la Force, c'est de s'abandonner à ses émotions les plus violentes, que se retenir c'est brider la Force. Bon, je ne vais pas te faire la leçon sur ça, après tout tu connais par cœur les conséquences de la façon de penser des Sith. L'avidité, la soif d'un pouvoir toujours plus grand, qui aboutit à un besoin maladif de domination. Et du côté des Jedi ça donne un sentiment de supériorité morale qui les persuade qu'ils sont les héros de la galaxie et que leur mission première est éradiquer le mal, et donc les Sith, afin de préserver la pureté de la Force et donc de tout ce qu'elle traverse."

Le zélosien marqua une pause, ricanant légèrement, comme s’il s'amusait de l'idiotie des deux camps, de leur aveuglement presque enfantin. Oui c'était ça...

"Ils ont à peu près la même capacité d'analyse que des enfants, c'est valable pour les Sith et les Jedi. La Force est une entité vivante, qui circule effectivement en toute chose. La grande contradiction c'est que vous avez tous compris ça, mais que vous refusez de l'accepter, de le voir. Alors plutôt que dire qu'il s'agit de la Force, les Jedi, et puis les Sith, ont dit qu'il s'agissait de midi-chloriens, et qu'ils n'étaient pas la Force elle-même, mais des organismes liant toute chose à la Force. Tu avoueras que c'est un raisonnement idiot et tellement tiré par les cheveux que n'importe qui d'objectif verrait que ce n'est qu'une façon de ne pas se remettre en cause. Enfin... Passons. Cette entité vivante est pure, et c'est là son seul défaut, si on peut appeler ça comme ça. Car la pureté absolue se corrompt bien trop facilement. Et Jedi et Sith la corrompent. Les uns en la bridant, en l'empêchant d'être aussi chaotique qu'elle devrait, en lui mettant cette laisse qu'est la notion purement humaine du bien et du mal. Et là je parle d'humains, mais ça concerne toutes les espèces pensantes de la galaxie, même si les détails de cette notion peuvent varier selon les espèces."

Il eut un mouvement de tête de droite à gauche, comme atterré par la stupidité universelle que l'on s'accordait à appeler la civilisation.

"Quant aux Sith, c'est plus vicieux. Vous bridez aussi la Force, mais pas dans votre façon de l'aborder. Vous avez compris que les émotions font partie de la vie, et que c'est ce qui donne sa Force à la chose la plus vivante de toutes, même si vous n’avez pas encore capté qu'elle était vivante. Vous avez compris que pour la rendre puissante il fallait qu'elle soit chaotique, violente. Et pourtant, comme les gros malins que vous êtes, vous cherchez à instaurer un ordre fait de discipline. Vous n'aspirez qu'au contrôle absous de toutes choses. Tu avoueras que c'est débile. D'un côté vous savez comment vous servir de son vrai pouvoir, même si vous en reniez toute une partie, et de l'autre vous la privez de ce dont elle a besoin pour être plus forte, et par conséquent pour vous rendre plus forts."

Il poussa un soupir, lâchant enfin ses pieds pour passer ses mains dans la poussière, comme s’il s'était agi de sable.

"Tout ça pour dire, la Force est vivante, et elle a besoin de chaos pour prospérer. Plus on sème le chaos, plus elle nous prête de pouvoir, afin qu'on puisse semer encore plus de chaos. C'est pas pour rien que je mets la fessée à tout mes adversaires. À ma connaissance je suis son plus fervent serviteur, ou en tout cas le plus efficace. Alors oui je sais, je suis un serviteur. Mais on ne m'a jamais donné qu'un seul ordre, une voie à suivre. Une voie qui me laisse une liberté totale. Personne ne peut avoir d'emprise sur moi, parce que j'ai tout abandonné pour la Force. Pas de liens, pas d'envie de domination, pas même une vague amitié dont on pourrait se servir pour faire pression sur moi. Le seul moyen de me soumettre c'est de me tuer. Le seul souci c'est que pour le moment personne n'est assez fort pour tenter le coup sans mourir. Et que plus le temps passe, plus je suis puissant dans la Force. Du coup, même s’il y avait un nouveau seigneur noir en activité, la seule chose qu'il pourrait faire c'est me demander poliment de ne pas trop pourrir sa vie, et trembler comme une feuille à l'idée que je me lasse de son règne. Alors un serviteur peut-être, mais un serviteur au-dessus de tous les dirigeants de la galaxie. Ce n’est pas mal comme statut je trouve."
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La voix du zélosien tanguait un peu, probablement au rythme lent d'une oscillation à peine perceptible du conteur dans le sable. Cet être-là se comportait comme un enfant qui aurait entre ses mains un savoir incommensurable, trop grand pour lui. Comme un gamin qui joue avec une arme hautement technologique, parce qu'il ne sait s'en servir autrement que comme un jouet un peu plus sophistiqué que les autres. Mais qui aurait été assez « adulte » pour savoir manipuler la dimension de la Force, et ses milles vérités ?
Quoiqu'il en était, le Seigneur Noir resta longuement silencieux, bercé par la voix de Darth Shakaxhi, qui traitait paradoxalement les Sith et les Jedi d' « enfants ».

Satanés scientifiques, auraient voulu jurer le Seigneur Noir défunt, alors que le mot « midi-chloriens » parvenait à son esprit. Quels imbéciles dans leur tour d'ivoire avaient pu réussir à réduire la Force à ces petites molécules de rien du tout ? De vouloir ainsi tout quantifier, tout soumettre à des règles physiques, c'était bien un travail d'humain. Et ces vermines gonflaient les rangs des Jedi et acceptaient cette réduction de la Force aux midi-chloriens. Peut-être les Sith étaient-ils asservis par leur soif de pouvoir, mais au moins ils ne se rabaissaient pas à de telles conclusions scientifiques pour choisir leurs adeptes. Non, les Sith valaient mieux que ça, quoiqu'en disent Darth Shakaxhi. Du moins, l'Ordre Obscur qu'il avait connu durant sa jeunesse, et l'Ordre qu'il avait essayé de redresser lors de son règne. Ah ! Il devinait déjà que les humains devaient grouiller dans l'Académie Sith depuis sa mort... S'il était encore vivant, il en ferait les esclaves de tous les autres adeptes du côté obscur ! Des larbins !

Le discours du zélosien avait cessé, laissant planer sur le sable en silence méditatif. Le vent se levait de temps à autre, et semblait murmurer les sombres pensées du seigneur noir défunt. Ce dernier oscillait entre ruminer sa haine pour les humains ou s'occuper de l'instant présent pour rester encore un peu accroché à la vie. Mais les propos de l'étrange « serviteur » lui étaient sibyllins, et il ne parvenait qu'avec difficulté à remettre dans l'ordre les explications sur la Force et sur le statut de Darth Shakaxhi.

- Serviteur... de la Force, répéta pensivement la voix de la créature à demi endormie.

Après le choc des flashback, communiquer lui était devenu le plus difficile. Il n'y avait même plus d'émotions fortes avec laquelle se nourrir alentours. Où étaient passés ces maudits apprentis effrayés ? Ne voyait-il plus assez loin pour se nourrir des sentiments cultivés dans l'Académie ?
Soudain, une constatation le frappa. Lui et Darth Shakaxhi avaient un point commun, si sa condition était telle qu'il la décrivait.

- Alors... reprit-il dans un sifflement difficilement perceptible. Alors, tu dois... t'ennuyer. Beaucoup.

Pas d'adversaire de taille, pas de rival à surpasser, pas de nouvelles choses à découvrir... Pas de surprise. La vie du zélosien était-elle comparable à sa mort ?
Il n'y avait pas de mépris dans cette découverte, au contraire. Cela rehaussait même un peu l'estime de Darth Orn pour cet étranger qui n'en était plus tout à fait un. Alors, avant de disparaître tout à fait de la réalité de cette galaxie, connaîtrait-il finalement des vérités insoupçonnées de la Force ?

- Chaos... De longues années... ont encore à s'écouler. Longues... Avant que les choses changent.

Voire, une éternité.

Le défunt perdait le sens des mots et des réalités.
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