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Voilà bien des mois que je n'avais pas posé pied sur la belle Alderan. Désireux de flâner sur les rives du grand lac, j'avais déboursé une fortune pour une soirée convenable. Ayant déjà bu quelques coupes d'un spiritueux si cher que certains osent à peine le nommer, j'étais pris d'une ivresse divine. Pourtant, je ne me réjouissais pas de la suite luxueuse que j'avais réservé à Aldera.

A vrai dire, j'avais même oublié que l'or et la soie m'attendaient pour cette nuit. Assis sur les berges de l'étendue d'eau, j'observais les neiges éternelles des sommets, qui prenaient la teinte de l'amour au fur et à mesure que le soleil se terrait derrière les pics escarpés de ce monde paisible. Quelques nuages rougeâtres planaient au-dessus de cette véritable mer intérieure, qui me séparait de la capitale.

J'entrepris alors de m'allumer une sempiternelle cigarette, comme pour apprécier dans un état un peu plus extatique la scène qui se déroulait sous mes yeux. Le ciel écarlate mimait alors sur mon visage des couleurs douces. Je fermai les yeux.

Rien. Le silence... Je savourais cet instant d'une rare beauté. Ma douleur quotidienne et mes idées sombres s'étaient comme évaporées. La tête me tournait légèrement. Un sourire se dessina alors sur mes lèvres. Quelques bruissements à la surface de l'eau et de légers clapotis me laissaient deviner un couple de créatures ailées prendre leur envol. Tout était si paisible.

Une rafale de vent effleura les reliefs de mon visage. Je passai une main dans mes cheveux. C'est alors que mon cœur se serra. Bien sûr. Aller si bien, ce n'était pas fait pour les personnes telles que moi. Mon ventre se noua, et d'obscures pensées me vinrent à l'esprit. Mon quotidien me rattrapait, même à Alderaan. Mes paupières s'ouvrirent alors. Le ciel était déjà un peu plus sombre, et cette rougeur avait maintenant pris une teinte macabre. Ou peut-être était-ce un effet de mon imagination...

C'est alors que je perçus une présence dans mon dos. N'y prêtant guère attention, je repris une bouffée de ma cigarette, et remerciais la force, si tant est qu'elle y était pour quelque chose, de m'avoir offert ce moment idyllique.
Darth Velvet
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Alderan. Une destination comme une autre. Rien ne m’attend réellement sur cette planète aux allures d’Eden. Rien que la solitude, et le scintillement écarlate de ses eaux sous un crépuscule flamboyant. Cette tranquillité, cette sérénité d’un soir, mon cœur y aspire sans parvenir à chasser les troubles palpitant en son centre. Mon sang bouillonne alors que mon esprit cherche l’apaisement dans ce décor idyllique. Pourquoi, tout semble toujours aussi embrouillé dans mon crâne douloureux d’une migraine menaçante. Pourquoi….

La brise s’engouffre dans mes cheveux sauvages et le ciel se teinte à présent de cette encre sombre et soyeuse, parfait écrin à mes pensées morbides. Mes pas me guident inconsciemment vers ce lac devenu ombre dans le paysage pareille à cette plaie béante qui fustige mon être, marque de mon infamie, emprunte de la perversité de mon âme brisée. Je pourrais ressasser des heures durant les souvenirs noirs, spectres de mes nuits, qui remontent immuablement au départ du soleil, mais je les chasse, épargnant pour un temps ma conscience écorchée.

Là, alors que je foule silencieusement l’herbe humide des berges, le nez plongé dans les étoiles qui depuis longtemps ont perdu ce charme propre à l’inconnu, je ressens sa présence, balafre lumineuse quoique diffuse, dans mon océan de ténèbres. Sa silhouette se détache des rives, le profil perdu vers l’infini de l’horizon, ponctué du rougeoiement occasionnel mais reconnaissable d’une cigarette. Je devrais, simplement tourner les talons. Partir. Mais comme le papillon de nuit s’accrochant à l’étincelle vacillante d’un réverbère, je me sens attirée… irrésistiblement.

Je ne masque pas ma présence en m’approchant de lui, quoique ma démarche silencieuse de prédateur puisse faire croire l’inverse, je me contente d’être moi, tout simplement, sans fioritures, sans ambages. Juste Vel, mirialan torturée et tortionnaire en quête d’une immérité tranquilité, obsédée par le chant étrange d’un inconnu. Dans la brise nocturne, ma bure violine taillée dans la plus pure tradition jedi, claque doucement.

« Belle nuit… »

Ma voix s’éteint comme elle est née. Les mots me manquent, je n’ai jamais été très douée pour nouer des relations ou entamer des conversations alors je m’assoie à coté de lui sous l’invitation muette de son indifférence. L’odeur du tabac qui s’échappe de sa cigarette en volute blanchâtre me chatouille agréablement les narines.

« … pour fuir ses démons. »

Pour les attiser également. Mais ma bouche tait ses mots, tandis que mes mains s’apposent de chaque coté de mon corps de façon à servir d’appui alors que mon buste s’incline en arrière pour contempler la voute céleste dans un silence ouaté.
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J'avais vu juste, sans trop m'en rendre compte. Toujours plongé dans l'océan de mes pensées, le geôlier inconnu qui régnait sur mon cœur semblait prendre un malin plaisir à torturer mon esprit. Pendant ce temps, une silhouette féminine s'était glissée à mes côtés. Victime de cette douleur intérieure, je ne daignai même pas lui répondre.

Manquant à mes élémentaires devoirs de courtoisie, je continuais de scruter les eaux d'Alderaan. Visiblement désireuse de me faire réagir, la femme conclut sa phrase par quatre mots, qui firent l'effet d'une bombe dans mon crâne.

C'était comme si elle avait lu en moi. De ce fait, elle avait attisé mon attention. J'écrasais ma cigarette sur un caillou, et tournai mon visage vers elle. Visiblement tout autant séduite que moi par le paysage de ce monde aux mille charmes, ses yeux étaient rivés vers les abîmes célestes. Ses traits doux et sa tenue finement ouvragée ne me laissaient à cet instant aucunement présager que j'avais à mes côtés une Sith. Ainsi dupé, je décidai de réparer l'insulte à ma propre bienséance en engageant la conversation.

-En effet. C'est une bien belle nuit. Et pour fuir ses démons aussi, par ailleurs. À qui ai-je l'honneur ?

Darth Velvet
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Question épineuse lancée au hasard, flèche indomptée qui me traverse à grands fracas. Qui suis-je ? Juste une ombre arpentant ce monde, voilée de mes espoirs brisés, de ma conscience entaillée, entravée de ma haine et de mon dégout. Je ne suis plus rien. Plus personne. Mon identité arrachée aux larmes de mes sanglots, aux gémissements de mes plaintes n’esquisse que le spectre d’un passé douloureux. Velyriana … Vel … Velvet …. Darth Velvet. Toutes celles que je suis, toutes celles que je fus… des masques dissimulant une face lisse et sans visage. L’insolite question aux réponses multiples me cause bien des tracas mais elle appelle une réponse.

« On m’appelle parfois Vel… »

On m’appelait parfois Vel serait plus correct. Quelle importance ? Il n’en saura jamais rien. Mon regard se perd dans le lointain, incapable de soutenir le sien, il préfère se fondre dans l’ébène d’un ciel étoilé. Je me penche encore, vers cette nuit qui me happe, malgré l’aura vacillante de cet inconnu dont j’ignore tout. La brise s’engouffre dans ma bure, et les manches comme des voiles se gonflent doucement fouettés par les mèches sombres de ma chevelure.

« Et toi… ? »

Douce, presque susurrante, ma voix me fait l’effet d’une étrangère, si différente. Je lui demande son nom, mais en vérité c’est plus par mécanisme que pour véritablement le connaitre.
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J'avais perçu dans la voix de la jeune femme qu'elle avait soudainement perdu de son assurance. Il faut dire que, sachant apprécier les belles choses de cet univers, je l'avais peut-être toisé avec trop d'insistance. Je détournai alors mon regard dans la même direction que le sien. La nuit se faisait de plus en plus noire, et les étoiles se dénudaient une à une.

J'avais affaire à une ravissante Mirialan. Comme pour honorer sa grâce, je décidai de me faire docile avec elle.

-Vel...

Je répétai ainsi son nom, comme pour le faire tintinnabuler dans l'atmosphère feutrée des berges paisibles d'Alderaan.

-C'est un joli prénom. Le mien est Ulrich.

Pour ne pas paraître plus inquisiteur, j'orientais la discussion vers ma propre personne. Comme pour la conforter dans l'idée que je n'étais pas une menace. Je penchais alors légèrement mon visage à sa hauteur, tout en scrutant les étoiles, et je pointais du doigt le ciel infini.

-Tu vois, cette petite étoile ? Vois comme elle scintille, parmi toutes ses sœurs. C'est dans ce système que je suis né. Sur Kuat. J'ai passé mon enfance à la capitale, mais j'allais souvent me balader dans les régions naturelles de ce monde. C'est une très belle planète.


Tant bien que mal, je m'efforçais d'utiliser une voix douce. Une sensation étrange me parcourait. M'ouvrir de telle façon était pourtant bien loin de mes habitudes. La Mirialan m'inspirait confiance. Peut-être, après tout, que j'avais simplement besoin de compagnie.
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Son doigt se dresse, érigé vers les ténèbres pailletées et mon regard, instinctivement le suit jusqu’à un petit coin de ciel. Sa maison, ses origines, Kuat.

« Tu es bien loin de chez toi, Ulrich »

Moi j’ignore exactement où se trouve mon foyer de jadis. Ici… peut-être là… Mes paupières se referment sur les fantômes de mes larmes, et la mélancolie dans son chant de tristesse enserre mon cœur d’une étreinte de regrets. Je m’oublie… encore. Mes prunelles se fixent sur les lueurs éthérées perçant le voile nocturne de leurs auras blafardes. Je les maudis. D’un brusque mouvement, je me redresse face aux flots noirs du lac. Au loin, les reflets miroitants de la capitale se réverbèrent sur les vaguelettes, projetant un kaléidoscope de couleurs vives dans l’obscurité tel un phare pour les âmes en peine.

« Pourquoi … ? »

Je ne sais pour quelle raison ces mots ont franchis mes lèvres. Je voudrais les ravaler au fond de ma gorge mais ils restent comme suspendus entre nous. Mes prunelles, océans d’un bleu ravagés de nostalgie, harponnent le regard de mon compagnon. Je détaille enfin ce visage demeuré anonyme… et je suis étonnée de contempler un pâle écho de moi-même. Mes lèvres, lentement, s’ourlent d’un simulacre de sourire. Il y a bien longtemps qu’aucun ne s’était égaré sur les rondeurs de ma bouche. Doucement il s’épanouit pour devenir chaleureux quoique chagriné.
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Surpris par la réaction de celle qui s'était présentée à moi sous le nom de Vel, je la toisais à l'instant où, me tournant le dos, elle embrassait du regard les reflets scintillants d'Aldera, répercutés sur les eaux de son lac. Elle s'était levé si rapidement. Je me demandais alors si j'avais dit quelque chose de déplacé. La demoiselle Mirialan semblait pour le moins avoir une personnalité complexe. J'espérais sincèrement ne pas l'avoir heurté, de quelque manière que cela soit. Les quelques instants durant lesquels son esprit semblait davantage confus qu'admiratif face à ce qu'elle regardait, me parurent simplement insupportables.

Je ne voulais pas la mettre mal à l'aise. Je fis alors mine d'être occupé à autre chose. Tel un chevalier Jedi dégainant son arme vaillamment, je fis glisser de mon paquet une énième cigarette. Actionnant mon antique, mais non moins raffiné briquet à essence, je pouvais alors consumer l'objet de tendre destruction niché au creux de mes lèvres.

Alors que, l'air ailleurs, je me sentais malgré tout profondément concerné par la réaction de Vel, elle souffla:
« Pourquoi … ? »

Ce mot me déchira le cœur. Elle fit volte-face, et plongea intensément son regard dans le mien. Impossible de détourner le mien. Mes paupières écarquillées, j'étais bien conscient que ce n'était pas l'azur de ses iris qui me maintenait. Comme ont coutume de dire les anciens, les yeux sont le miroir de l'âme.

Son expression m'était si familière. Je comprenais à présent pourquoi j'éprouvais de la bienveillance à son égard. J'avais trouvé une semblable. Cet air mélancolique. Je le connais. Et pour cause, il est mien...

Le même regard. Ses lèvres pulpeuses dessinèrent alors un sourire. De plus en plus prononcé. Elle avait compris. Nous étions fait du même bois. Je baissais alors les yeux à ma gauche. De nature à me montrer intouchable, à afficher un regard inébranlable, j'étais ce soir touché de plein fouet.

Pour toute réponse, je lui tendis une cigarette, ainsi que mon briquet. Trop déstabilisé pour qu'un quelconque son sorte de ma bouche, j'étais de façon évidente, percé à nu. Ma mélancolie reprit alors le dessus. Mais cette fois-ci... Elle était comme accompagnée d'une forme de complaisance. Éduqué durant des années en compagnie d'autres Padawan, têtes à claques au regard aussi creux que leur cœur, je percevais enfin l'ombre d'un sentiment de désespoir intense, ailleurs que face à mon miroir.

-Merci, m'étais-je finalement résolu à lui faire entendre.
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Ses yeux, miroirs irisés où je m’aperçois, vague silhouette nimbée d’ombres et de doute, se détournent de moi. Mon sourire meurt sur mes lèvres. Tout juste éclot, et pourtant déjà fané. Mon cœur se serre, alors que l’emprunte de ma noirceur m’étreint inexorablement de ses ténèbres. Dans le silence feutré de la nuit, les hululements de créatures lointaines ponctuent l’étrange sentiment de gémellité naissant entre nous. Je le devine derrière cette cigarette, je connais le trouble de son âme. Il fait écho au mien.

Ne te détourne pas Ulrich. Ne m’abandonne pas dans ces ténèbres opaques, linceul de mon être d’où tu viens de m’extirper. Reste… un instant encore et soit cette petite lueur vacillante au creux de la nuit noire qui m’attire intensément auprès de sa chaleur.. . Laisse-moi encore un peu gouter au calme de ta source… Si l’eau en est frémissante, si elle se teinte de violine, elle chasse encore le voile d’encre dont je me pare avec douleur…

Mon reflet… pâle… teinté de nostalgie se perd en réflexion sous la fumée grise d’une cigarette. Moi, je préfère me dissoudre dans la contemplation béate de ce monde suspendu entre lumières et ténèbres. Sa main qui se tend me propose son vice, je la refuse quoique mes doigts irrésistiblement frôlent l’acier froid de son antique briquet. Pour s’échapper de cette emprise grandissante, je les envoie en reconnaissance sur la berge. Ils se mélangent à l’herbe fraiche d’où perlent quelques gouttes d’humidité, explorent le sable à la manière d’un mille pattes avant de découvrir, prisonnier du sol sablonneux, un galet à la rondeur parfaite.

« Merci. »

Mon regard hypnotisé par le caillou, lisse et régulier, l’abandonne pour le profil ciselé de mon compagnon nocturne. Je ne réponds pas, parce qu’il n’y a rien à répondre. Mon silence est bien plus éloquent que tous les mots qui me viennent à l’esprit et l’expression de mes prunelles reflètent bien plus fidèlement mes pensées que toutes les paroles que je pourrais prononcer.

Seule la nuit, tiède et claire sous l’égérie chatoyante de ses étoiles, réplique d’un bruissement d’herbes folles sous les baisers du vent. Je me contente de clore mes paupières, de pencher en arrière mon visage, mon pouce caressant la surface plane et douce du galet, testant de sa pulpe le tranchant de son arrête. Puis vivement comme pour chasser l’inéluctable silence ou les sentiments qui troublent la surface de ma relative paix intérieure, mon bras s’amorce, décrit un arc de cercle précis et projette le caillou plat vers les eaux calmes du lac. Il heurte l’onde, arrachant plusieurs gémissements à ses ricochets avant de sombrer profondément au cœur de cette étendue liquide, miroitante sous les lumières nocturnes.

« Parles-moi de Kuat … »

Je murmure de peur de faire fuir celui qui court au devant de ses démons, de crainte qu’il ne s’efface dans le tissu sombre de la nuit sous l’audace de ma curiosité. Mais pour la première fois, aucune hésitation ne frémit dans ma voix, juste un véritable désir de le découvrir. Peut-être pour voir si nous sommes aussi semblables que nous paraissons, peut-être pour comprendre l’éclat morose de ses iris qui trouvent leurs résonnances en moi … peut-être simplement pour prolonger cet instant où je me sens presque en accord avec moi-même.
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Je rangeai mon briquet à essence, ainsi que la cigarette que je tendis à Vel quelques secondes auparavant. Son refus me laissa imaginer qu'elle répugnait à l'idée de se détruire, ne serait-ce que pour quelques miettes de tabac. Son hésitation, marquante, me prouva qu'elle en avait pourtant envie. C'était comme si elle se refusait à laisser entrer en elle toute nocivité.

Si l'on supposait que j'avais vu juste sur ce point, il n'en était évidemment pas de même pour moi. Les vapeurs de l'alcool s'étant progressivement estompé, j'étais pourtant peu de temps auparavant plongé dans l'ivresse. Tortionnaire de mes paradis artificiels, je fuyais chaque jour un peu plus mes problèmes. Le monstre avait grandi en moi. Mon anorexie, accompagnée par mes crises de boulimie, me devenaient insupportables. Mentalement disloqué, je m'écartais de plus en plus des idéaux que je détenais, enfant.

Le lac poussa alors quelques glapissements sourds. Libéré de mon obscure transe, je levai les yeux en direction de la complexe sonorité. Vel avait fait ricocher un galet plat sur les ondes pures. Un acte qui eut pour effet immédiat d'extirper à mon esprit des souvenirs de jeunesse. Quelques images me revinrent en mémoire. Le temps d'une époque heureuse...

Douce coïncidence, la belle Mirialan me demanda dans un murmure de lui parler de Kuat. Un sourire tendre se dessina sur mon visage.

-J'en ai peu de souvenirs, tu sais... Mais ce sont de très jolis souvenirs.

Mes paupières se fermèrent à cet instant. Ma respiration se fit plus profonde. Mes lèvres formaient un léger creux. Quelques réminiscences... Toujours les yeux clos, je lâchais à Vel des bribes de mots. Ponctués de longs silences.

-Les mers salées... Les couleurs flamboyantes de la capitale... Les montagnes... Les vallées... Le palais royal...

Mes poumons se gorgèrent de l'air pur d'Aderaan.

-Mes jouets... Ma.. mère...

Mes paupières laissèrent alors filtrer l'intensité lumineuse des étoiles sur mes rétines. Mes yeux s'ouvrirent de nouveau. Je jetais à Vel un regard intense, comme pour évaluer si elle avait pris en compte mes dernières paroles. Celles-ci m'avaient échappées. Comme pour détourner ses pensées et son éventuelle curiosité, je poursuivais, comme si de rien n'était.

-J'ai quitté Kuat à 8 ans, lorsque les Jedi ont remarqué mon taux de midichlorien. J'ai ensuite passé le plus clair de mon temps à Coruscant et Ondéron, pour y affiner ma maîtrise de la force. Au final, c'est la banale vie d'un enfant gâté que j'ai vécu sur Kuat, lui dis-je, sur un ton qui se voulait amical.

Ma jumelle oculaire avait visiblement le don de me faire parler.
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« Jedi »

Un tesson de glace se fige en moi, pic acéré et fulgurant qui déchire les chairs de mon cœur dans un tourbillon de sentiments contradictoires. La chaleur bienfaitrice de sa présence disparait sous le souffle hivernal d’une tempête de neige, et dans ces landes de mon esprit où le paysage se mue en désolation givrée rappelant les contrées verglacée de Hoth, l’ombre de ma folie étend son aile sombre.

Mes démons, assoiffés de justice et de vengeance, gangrénés de mes souffrances surgissent de cette nuit paisible, occultant ma sérénité instable d’un temps pour une sourde colère. Je crois que mon visage, loin de s’imposer les contours impassibles d’un masque indifférent, s’irise tour à tour de mes pensées divergentes. A la haine se succédent, l’espoir, le dégout, la fureur, l’envie dans un tumulte d’émotions opposées et absurdes. Le flot me submerge et je sent ma main se crisper aléatoirement sur le tissu de ma bure alors que je combat l’envie pressante de refermer autour de son cou décharné mes doigts.

Mes yeux se plissent arqués sous mes sourcils froncés, le coin de ma bouche s’ourle d’un pli cynique, mais ma figure demeure face au miroitement des lumières sur le lac, incapable de se détourner sans faire éclater toute la passion destructrice de mon être sur Ulrich.

« Tu es un Jedi … » crache ma voix à la fois venimeuse et misérable.

Miroir perfide et cruel qui se joue des similitudes entre lui et moi. Peut-être est-ce cette invraisemblable impression d’appréhender en lui une part de moi-même, de lire cette gémellité qui nous unis au creux d’une nuit devenue silencieuse sous mes exactions, que ma main perdue à ma ceinture dévoilée effleure le manche de mon sabre sans s’en saisir. Mes iris, d’un bleu sombre annonciateur d’orage, glissent sur les reliefs agréables de son minois avant d’accrocher le regard du jeune homme.

Un apaisement sur la blessure purulente de mon âme. Un baume sur la brûlure de mes souvenirs. Il chasse, la confusion et les clameurs de mon esprit alors que les troubles figés sur mes traits s’estompent dans une neutralité consommée.

« Les jedi ne fuient pas leurs démons aux confins de l’univers, ne sont-il pas censés les chasser de leur cœur jusqu’à ce qu’une froide indifférence les gagnent ? Jusqu’à ce qu’il ne soit plus de des robots dépourvus de sentiments autres que leur pitoyable code ? Que fais-tu ici Ulrich, fils de Kuat ? Si loin des tiens ..."

»
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À la fin de ma tirade, je levai les yeux vers Vel. Un changement semblait s'être opéré en elle... Alors calme et sereine, quoique plutôt mélancolique, je pouvais percevoir une intense crispation de sa part. Toujours me faisant dos, sa gestuelle laissait envisager un véritable conflit intérieur. Sa main caressait nerveusement sa ceinture. Elle était comme prête à se saisir d'une arme.

Mon cœur s'emballa. Je n'avais absolument pas prévu ce retournement de situation.

Sa voix, autrefois douce, fusa comme la morsure d'un serpent, dans une bourrasque d'Alderaan.

« Tu es un Jedi … »

Séduit par le charme de la sirène, j'étais dérouté par ce chavirement de situation. Je retenais mon souffle. Mon cœur battait sèchement contre ma poitrine, comme pour s'en échapper. J'étais dépourvu de toute possibilité de riposte par les armes, puisqu'ayant oublié mon sabre à l'hôtel d'Aldera. N'ayant d'alternative plus sage que d'attendre la suite des événements, je restais, non sans anxiété, assis sans ciller. Mes sourcils haussés indiquaient ma stupéfaction. Quant à mes yeux, ils ne laissaient aucunement percer la crainte qui pourtant naissait en moi.

C'est alors que la Mirialan fit volte-face. Une fois de plus, notre regard s'entremêla dans un lyrisme à toute épreuve. Un sentiment intense transparut dans les abîmes de nos yeux.

Son visage, alors déformé par une émotion que je n'aurais su nommer, s'apaisa à cet instant précis.

« Les jedi ne fuient pas leurs démons aux confins de l’univers, ne sont-il pas censés les chasser de leur cœur jusqu’à ce qu’une froide indifférence les gagnent ? Jusqu’à ce qu’il ne soit plus des robots dépourvus de sentiments autres que leur pitoyable code ? Que fais-tu ici Ulrich, fils de Kuat ? Si loin des tiens ..."


Rassuré, je contemplais à présent Vel sous un œil plus serein. Sa réaction, brève mais remarquable, m'était tout de même resté dans l'esprit. Après tout, ce n'était peut-être pas une arme sur laquelle ses doigts couraient. Préférant mettre ces pensées sur le compte de ma fugace paranoïa, je décidai de répondre à la Mirialan comme s'il n'en était rien. Même si, une fois de plus, mon regard m'avait trahi.

Mais à cela, que répondre, sinon spontanément ? Ses questions étaient d'ordre logique. Simuler un semblant de réflexion eût été stupide. Et pourtant, un brouillard si épais sévissait dans mon esprit... Malgré les doutes qui avaient germés aussi vite qu'ils étaient mort au sujet de la jeune femme, je décidai de ne pas embuer mes paroles.

-Rien ne me retient sur Kuat, Vel. Si l'on omet le fait que je n'ai aucune promiscuité avec mon père, il passe de toute façon régulièrement sur Coruscant pour des affaires d'ordre politique. J'y suis également une grande partie de mon temps. Si nous voulions nous voir, nous le pourrions.

À l'annonce de ce que j'allais dire, je sentais ma gorge se nouer.

-Voilà maintenant trois mois que... ma mère a quitté Kuat.

Pauvre mère. Toi qui m'a élevé, je ne passais pour ainsi dire plus te voir. Père t'avait rendu totalement folle. Enragée comme tu l'étais devenue, je ne savourais plus un de mes instants passés avec toi. Devenue une harpie, vomissant ta haine et tes larmes sur tes proches, voilà que ce fatidique courrier me parvient. Je me souviendrai éternellement de ce sinistre message qui m'annonça ta mort. Emportée par la maladie, tout ce que je revis de toi fut ce teint blême, lors de tes funérailles. Si tes fonctions vitales s'étaient évanouies, tu semblais pour le moins avoir retrouvé la paix intérieure... Par fierté, je n'avais pas versé une larme lors de la cérémonie.

Je m'aperçus alors que mes yeux vagues étaient susceptibles de laisser comprendre à Vel que de funestes réminiscences m'apparaissaient. Difficile lorsque mon corps me trahissait à un tel point de ne pas envisager le décès de ma progénitrice. J'avalai alors ma salive avec difficulté.

-Je ne suis nullement loin des miens. Ce sont eux, qui sont loin de moi. Quant à la façon qu'a un jedi de régler ses problèmes... Je ne suis que padawan. Et je doute que mon parcours soit couronné de succès. Je ne peux pas guérir les plaies qui sont en moi. Renier mes émotions représente beaucoup trop pour moi.
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Mes propos ne concernaient pas tes géniteurs Ulrich, mais ceux qui constituent ta nouvelle famille, au sein du temple, ces maitres qui s’octroient le droit d’arracher à leurs parents, les enfants qu’ils estiment prometteurs avec la plus totale coopération de ceux-ci et des diverses autorités. On les dit protecteurs, mais ils ne sont que des dealers d'illusions, des marchands de rêves qui n’hésitent pas à s’amputer de leurs membres sans même le frémissement d’une émotion. Protéger la paix ! Foutaises ! Incapables qu’ils sont à protéger leurs padawans et leurs partisans, comment pourraient-ils sauvegarder une chose aussi fragile que la paix !

La surface de mon âme se trouble de bouillonnements furieux, la colère déferle dans mes veines avec la sauvagerie d’un raz-de-marée irrépressible. Ces pensées, me torturent déversant fiel et sel sur les cicatrices à vifs de mon esprit rongé. Mon cœur cogne durement sa prison de chair, le sang afflue à mes tempes. « Padawan » scande ma conscience malade mais alerte, alors que je balaye d’un regard sombre le paysage qui nous entoure de son obscurité. Pas un bruit ne brise la sérénité nocturne. Ni le chant extatique d’un sabre que l’on déploie d’un jet lumineux, ni le craquement des roseaux sous les pas d’un invité surprise.

Ses paroles se sont infiltrées en moi, comme la pluie sur un sol trop sec. Elles ruissèlent avant de s’enfoncer et m’atteindre réellement, dans le terreau de mes idées décousues de logique. Sous ses cils légèrement baissés, ses iris anthracite s’éteignent, signe évident que des souvenirs se bousculent dans ses pensées. Sa voix, elle-même, perturbée se module d’une pointe de tristesse tout juste décelable et enfin je me prête totalement attention à ce qu’il me révèle. Ces propos me frappent avec la vigueur d’une affreuse ressemblance, me renvoyant en pleine face mes propres échecs, mes propres souffrances. En écoutant ses angoisses, c’est les miennes que je trouve. En avisant de ses plaies, c’est les miennes qui se rouvrent. Douleur fugitive au creux de ma poitrine, miroir d’une triste réalité, je me projette en lui, incapable de me dissocier de son âme. Cette aura si fragile, cette petite lumière perdue dans la nuit vacille.

« Où est ton Maître ? »

Ces mots je les prononce avec un calme mordant… lentement… avec toute la retenue dont je suis capable. Je n’ignore pas que nous sommes seuls, mais mon cœur, un peu cruel, un peu meurtri n’oublie pas aisément la rancœur de son reflet.

« T’as-t-il abandonné ? »

Il n'y a pas d'émotion, il n'y a que la paix. L’un des préceptes de l’Ordre. Mais le tumulte des émotions emportaient Ulrich sur les rivages d’un désespoir que j’e m’étonne encore de découvrir si proche du mien. Les Maitres et leurs visions obtus, leurs vertus et leurs grandes devises, incapables de voir leur échec, incapable de concevoir leur erreur, incapable de découvrir en ce garçon l’étincelle de sa peur et le carcan de sa douleur….

« Comment en être étonnée… » murmurais-je entre mes dents
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Perdu dans ma mélancolie, j'avais à peine pris conscience de m'être livré d'une façon exceptionnelle. À l'habitude froid et distant, j'étais avec Vel une toute autre personne... Le vent étant tombé, aucun bruit ne pouvait perturber notre conversation. Mes yeux étaient rivés au sol. Et pourtant, aucun son ne pouvait porter prétexte à ce que notre attention soit portée ailleurs. Il n'y avait dans la nuit noire que nous deux. Ombre de ma tristesse, la Mirialan laissa fuser une phrase dans le vide sonore.

« Où est ton Maître ? »

Je haussai alors mon regard vers elle. Aussi terne que le brouillard des jungles de Dagobah, il était comme un lac morne reflétant un ciel gris.

« T’as-t-il abandonné ? »

-Il a été affecté à une autre tâche. Plus importante, selon le conseil. Je crois qu'il est parti à la guerre. Les ordres venaient d'en haut. De toute façon, je ne crois pas qu'il ait eu beaucoup de peine à laisser son élève.

Je finissais ma phrase sur une voix faussement amusée.

-Il n'a de toute façon jamais trop apprécié ma façon d'appréhender les choses. Il m'a d'ailleurs fait parvenir un hologramme récemment. Ce fut très rapide. Il souhaitait simplement à mon futur mentor d'être plus exigeant qu'il ne le fut avec moi. Il a visiblement la sensation d'avoir raté mon apprentissage. Il est vrai que j'étais quelque peu hermétique aux dogmes enseignés.


Je pointai alors mon regard vers quelques galets, à trois pas de la Mirialan et moi-même. Ceux-ci tremblèrent fébrilement. Lentement, ils s'élevèrent à un mètre de hauteur.

-Peut-être ne suis-je pas fait pour ça, finalement.

Ils retombèrent alors lourdement dans un bruit sourd.
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« Ou peut-être ton Maitre possédait toute l’arrogance inflexible de son Ordre et qu’il n’a su lire en toi. »

Avec une lenteur délibérée, je lève ma main, marionnettiste aux fils éthérés, mes doigts s’agitent comme sur les cordes d’une harpe invisible pressant les liens immatériels qui les relient aux petits galets. Mes lèvres se galbent sous l’esquisse d’un sourire mi-figue, mi-raisin, alors que flottent devant nous, les cailloux de sa démonstration. Ils ne tremblent pas, sous ma musique. Immobiles et fixes, suspendus entre terre et ciel, ils se plient tout simplement à ma volonté.

« Ou peut-être que, finalement, n'es-tu pas fait pour te cantonner à ces dogmes rigides mais pour suivre un chemin différent. »

Ma main s’abaisse, déclenchant une pluie de scories et de pierres sur la berge. J’ignore pour quelle raison exactement, je me surprends à me dévoiler, à déchirer cette ombre où je me cache pour ne pas me révéler. Nous sommes semblables… il est un reflet de mon passé brisé, et mon cœur se déchire devant ce regard nostalgique et perdu qui fut un temps aussi, le mien. Je comprends. Ma raison prend le pas sur l’aile sombre de ma folie, et je devine inconsciemment ce à quoi mon âme aspire. A l’observer ainsi, droit et abandonné, il me prend l’envie de le guider pour éteindre cette mélancolie de ses prunelles troublées… Il me prend l’envie de le réconforter… de l’aider… de chasser pour lui les nuages qui obscurcissent son jugement.

Je conserve ce sourire qui devient plus chaleureux sous la progression de mes pensées.

« L’exigence d’un autre mentor… c’est bien là une réflexion étroite… il est des blessures qu’on ne peut guérir avec l’exigence et la droiture. Il est des plaies qui ne se referment pas sous la pression martiale et l’enseignement froid et impersonnel, tout simplement parce qu’il ne correspond pas à ce que nous sommes. »

Je ne sais plus trop si c’est à moi, ou lui que je m’adresse mais les mots coulent tous seuls entre mes lèvres. Irrépressibles et indomptables, de toutes façons, je ne cherche pas à les retenir, ils expriment parfaitement le fond de ma pensée. Edulcorés peut-être mais fidèles au ressentiment noyant mon cœur.
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La Mirialan avait enfin dévoilé ses pouvoirs. Alors, elle aussi, maîtrisait la force.. Moi qui taisais les doutes que j'avais à son égard. Je comprenais enfin. À la vue de l'aversion qu'elle semblait éprouver pour les Jedi, elle ne pouvait être que Sith. Mais étonnamment, mes craintes s'étaient volatilisées. Cela faisait quelques instants que je la connaissais. Et pourtant, nous étions comme liés. Véritable mise en abîme, nos pensées se faisaient écho l'une à l'autre. Une parfaite harmonie mêlait nos esprits.

Vel parla. Moi qui était pourtant de nature si hermétique, ses dires résonnèrent dans mon cœur comme une hymne fabuleuse.

-Vel...

Je l'appelais par son prénom pour la première fois.

-Tu es mon miroir. Mon reflet est déformé, c'est vrai. Mais tu es faite du même matériau que moi. Un matériau considéré comme exécrable par les amis de l'Ordre.

J'abaissai mes yeux en direction de ma main gantée. Elle s'était refermée. Une poigne de fer. Ce n'était pas de la peur, ni même de la haine contre moi-même. Mais de l'ambition. Une ambition dévorante. Celle qui me poussait à anéantir cette institution malsaine, et aussi élitiste qu'intolérante. Des images défilaient dans ma tête. Le temple Jedi, transformé en immense feu de joie. La mort de le l'Ordre Jedi signifierait la renaissance d'une galaxie nouvelle.

Je me levai subitement, mes yeux plongés dans ceux de Vel.

-C'est une philosophie infecte. On nous apprend que les Sith sont des faibles. Qu'ils ont cédé à la facilité. Et en te regardant, je constate l'inverse. Je peux le ressentir. Nous sommes liés. Nous traversons des épreuves difficiles. Mais nous ne les fuyons pas. Nous les appréhendons simplement d'une autre manière.

Je parlais avec une véhémence qui m'était peu commune. Mais une véhémence éclairée.

-Pire ! Ce sont eux, qui les fuient. Ils prétendent chasser leurs troubles de leur cœur. Et ils y parviennent. Mais ils renient alors une partie d'eux mêmes. Ils se déshumanisent. Ces dogmes erronés doivent...

À cet instant, fusa une vive douleur dans mon crâne. C'était intenable. Je plaquai ma main contre mon front, et fermai les yeux. Je pris conscience que mon cœur battait à tout rompre. Une lutte acharnée se déroulait en moi. Je voyais ma mère. L'hérédité avait voulu que ses pouvoirs me soient transmis. Ses yeux étaient injectés de sang. Elle vociférait comme une harpie enragée, et sang et bile giclaient de sa bouche informe. Cet affreux moment n'était que la vision d'un cauchemar régulier. Il suffit de cinq secondes pour que la douleur cesse. Je rouvris les yeux subitement. Je m'apercevais m'être recroquevillé, les deux mains plaquées sur mes tempes. Je reprenais alors une posture droite. Mes iris gris réapparurent aux yeux de la Sith. Mon esprit s'apaisa. J'ôtais alors mon gant noir, et portais ma main dénudée en direction de Vel. Ma main effleura alors la sienne, puis s'y blottit, dans une tendre caresse... J'avais horreur des personnes trop tactiles. Et pourtant, à cet instant précis, j'avais besoin de ce contact. Sa peau était douce. Elle m'inspira la quiétude.

-Tu n'as rien d'un démon, Vel... J'ignore tout de toi. Mais je sais reconnaître notre similitude.

Une larme perla au long de ma joue blême.
Darth Velvet
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Sa véhémence déchire la sérénité nocturne, dans une envolée de griefs et de fiel. Ses mots fustigent l’Ordre et les Enseignements jedis et je me demande comment un maître peut ignorer autant les velléités et les souffrances de son padawan. Hypnotisés dans leurs prétendus règlements, ils se murent dans leur doctrine sans même s’apercevoir ce qui se déroulent sur leur nez. Quel imbécile celui en charge d’Ulrich qui n’a su déceler les fissures de son âme, rejetant la faute sur une indiscipline illusoire. Oui… un imbécile… ignorant enroulé dans l’étoffe de ses principes édulcorés d’émotions… un aveugle.

Ses propos se rompent, et sans connaitre les motifs de ce désarroi, j’assiste impuissante à cette douleur qui ravage sa chair. Un rictus de douleur crispe ses traits, ses mains se plaquent contre ses tempes et je n’ose bouger. Ce combat qu’il mène contre lui-même, cette bataille dont j’ignore tout, m’est inaccessible et il est le seul à pouvoir la repousser. Ma bouche s’arrondit sans prononcer un mot, hésitante puis apaisée lorsqu’apparait à nouveau le gris embrumé de ses pupilles. Je ne dis rien, muette mais soulagée de constater qu’il est de retour.

Et sous la noirceur scintillante de ce ciel étoilé, je sens cette main qui se love dans la mienne. A peau contre peau, je frisonne, mes doigts frémissent et mes lèvres tremblotent sous la chaleur tendre de sa paume. Je me réfrène, je mords dans leurs pulpes galbée jusqu’à sentir le gout ferreux du sang sur ma langue. Juste pour me retenir, juste pour ne pas laisser mon cœur s’envahir de souvenirs honnis, de visions maudites. Mes paupières se closent pour garder secret les marécages où je me débats. Assimile-t-il mon silence à de la pitié ? Attribut-il la faiblesse de ma main à un désir charnel ? Constate-t-il le tourment dans lequel me plonge ce simple contact? Possible, probable, je m’en moque car si proche de la rupture, je consacre mon esprit à repousser les bribes de mon passé.

« Tu n’as rien d’un démon Vel… J’ignore tout de toi. Mais je sais reconnaitre notre similitude »

Un vent souffle sur les nuages de ma conscience, chassant l’orage menaçant de grêle. Il a raison… je ne suis pas un monstre. Je suis une survivante. Je suis une battante. Apportant une brise salvatrice, ces paroles brident mes terreurs, confine mes angoisses et repoussent la colère mêlée de haine inévitablement associées à ces fantômes. Sans être totalement sereine, je me sais plus calme. Mes yeux s’ouvrent sur son visage, que pour apercevoir cette larme, perle transparente roulant frénétiquement sur sa joue.

Par un étrange automatisme surgit des tréfonds de ma vie d’avant, mon bras se tend vers lui, mon pouce essuie son chagrin d’un revers alors que mes joues s’enflamment d’un vert que je devine plus prononcé. Je me détourne, laissant tomber cette main qui me trahit, embrassant d’un regard incertain l’horizon miroitant du lac.

« Tu as tord Ulrich. Je suis un démon parce que tel est le rôle qu’on m’assigne… Les jedis m’ont crées…. Tu sais j’ai aussi suivit les leçons du Temple, appris des Grands Maîtres. Je me souviens encore que je croyais en cette vertu qu’ils prodiguaient avec tant de fanatisme, mais la vérité c’est qu’ils se moquent bien de nous. Ils flirtent avec le pouvoir en prétendant le renier, ils protègent les peuples mais abandonnent les leurs entres des griffes empoisonnées sans l’ombre d’un remord. Ils se disent vertueux mais hésitent pas à répandre la mort ou la désolation…. Ils forment des machines et non pas des êtres doués de passion, de colère ou d’amour… et le pire c’est qu’ils sont convaincus de détenir la seule et unique vérité. » dis-je en brisant le silence, de ma voix douce légèrement altérée par la notre proximité.

Ma main se presse alors impulsivement contre la sienne. Ma tête bascule doucement vers l’arrière pour s’offrir à la voute céleste. Je ne le regarde pas et pourtant sans même me rendre compte de ce que je lui propose, je continue.
« Tu sais… tu n’es pas obligé de retourner au Temple Ulrich. Tu peux aussi m’accompagner. »

C’est un autre chemin que je lui offre, une autre possibilité. Un peu comme un cadeau pour avoir dompté les turpitudes de mon cœur et de mon âme, pour avoir été une flamme dans l’ombre de ma nuit.
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Vel avait le don de m'apaiser. Par deux fois, elle avait su dompter mes émotions, le tout dans la tendresse. Ma main, nichée au creux de la sienne, la serra légèrement. Elle me fit alors une proposition.

Tu sais… tu n’es pas obligé de retourner au Temple Ulrich. Tu peux aussi m’accompagner. »

Je fermai les yeux un instant, tout en prenant une profonde inspiration.

-Tu es véritablement la perle du lac d'Alderaan, Vel. Mais je ne sais pas si je dois accepter. Je... C'est vrai que rien ne me rattache au Temple. Et pourtant...

Je scrutais l'horizon. La flamboyante cité d'Alderaan brillait de mille feux.

-Accorde-moi un délai. Si une fois de plus, l'Ordre me procure amertume et déception, alors... Je reviendrai à toi. J'ai besoin d'en être sûr, Vel. Je laisse à cette institution maudite une dernière chance de me prouver sa droiture.
Darth Velvet
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Un rire cristallin s’échappe de ma gorge et résonne clairement dans la fraicheur nocturne. Mes lèvres s’étirent sous un sourire amusée et mes yeux se plissent, animés et pétillants de vie. En cet instant fugace, toute morosité semble s’effacer de mon visage, comme si le masque tristounet déposée sur mes traits se brisait en mille éclats… de rire. Une perle... En voilà un compliment inattendu. Le premier depuis si longtemps qu’il parvient à m’arracher momentanément de cette mélancolie amère où j’erre depuis des lustres. Oh, je ne suis pas une perle Ulrich. La nacre s’est dissoute pour ne laisser qu’un tout petit caillou pointu et banal, mais je suis flattée que tu pense le contraire.

« Je n’ai rien d’une perle, tu sais. »

Mon regard s’égare sur son profil perdu vers l’horizon féérique qui déploie ses enchantements de couleurs et de lumière. L’ondée frémit sous les doigts éthérés du vent, balayant ses cheveux sur son front. Instinctivement je ressens son hésitation, elle vibre entre nous dans sa voix. Peut-être n’est-il pas aussi prêt que je l’imaginais pour rompre le cycle pernicieux de son apprentissage. Peut-être est-il des liens qui le retiennent encore dans son antre de malheur sans qu’il parvienne à les rompre. Ses derniers mots ne sont pas une surprise, et je les prends pour ce qu’ils paressent : un acte désespéré, et inutile.

« Fais comme tu le souhaites. »

Ma main se délivre de la sienne, et se retire sans scrupule, brisant cette intimité qui opprime mon âme à nouveau. Je me relève souplement, avec cette agilité féline trahissant une certaine aisance dans chacun des mes mouvements.

« Je me demande si ta désillusion ne sera pas plus cruelle encore. Mais c’est ton choix, et je le respecterais »

J’esquissais un pas pour repartir, me fondre dans l’obscurité de la nuit, ne faire plus qu’un avec cette étoffe sombre et calme. Il n’y avait plus rien à ajouter. Ah si. Une seule autre chose avant que je ne retourne à la solitude de ma condition.

« Si tu venais à me chercher… demande Velvet au club du « L’Eseryum » à Aldera, le gérant saura comment me joindre. »
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-Entendu, Vel...

La divinité maudite s'engouffrait peu à peu dans le linceul nocturne. Je m'attardais sur ses vêtements. De soyeuses pièces de tissu voletaient dans l'obscurité. Mon cœur se serra.

Alors, je l'ai laissée partir. Est-ce vraiment moi ? J'étais conscient être à un tournant de ma vie. Peut-être une ultime preuve m'était nécessaire. Je savais au fond de moi que je quitterai l'Ordre Jedi. Mais aussi, je voulais être certain de ne jamais regretter ce geste.

Elle était partie. J'étais de nouveau seul. Je portai alors à mes lèvres une cigarette. Encore une, pour griller le temps et réduire en cendres ma solitude. Je détournai de nouveau mon regard vers la cité d'Aldera. Les flots tumultueux montèrent à mes yeux. Les larmes coulaient...

Une demi-heure s'écoula, et je commençais à frissonner. La nuit se faisait froide. Je décidais alors de rentrer à la capitale. Les mains agrippées sur le col de ma veste, je me protégeais des bourrasques d'Alderaan. L'Eseryum... La Mirialan était persuadée que je reviendrai. Et de mon côté... Je n'envisageais pas la possibilité de ne pas y retourner.

Sans voir passer le temps, puisque perdu dans mes pensées, j'arrivais aux abords d'Aldera. J'entrai dans un taxi. J'indiquai la destination à mon conducteur, puis, tout le trajet durant, observais par la vitre teintée la cité, pleine de vie. Après avoir payé les services de celui-ci, je descendais du module. À ses pieds, j'observais le luxueux hôtel. Ma suite m'attendait. D'un air austère, je marchais, impassible, en direction de ma chambre. Les hôteliers avaient eu le bon coup de me laisser une bouteille d'un divin spiritueux sur la table en cristal. C'était le genre de nuit où le sommeil n'était pas décidé à venir à moi. Alors, je viendrai au sommeil.

Après m'être délecté de cette manne, je glissai mon corps dans les draps soyeux de mon lit. Mes pensées s'écoulèrent alors vers le monde des songes...


À suivre...

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