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¤ Il faudra que je réserve une salle auprès de l'administration, pour le cours de la semaine prochaine. ¤ Songea Kyrsk tandis qu'il quittait l'aile du Temple abritant les quartiers des jedis, se rendant d'un pas lent vers le grand hall.

La bure fermement serrée par sa ceinture, l'humain lissait distraitement sa barbe, adressant de-ci de-là de brefs signes de tête aux autres chevaliers arpentant les couloirs de l'académie d'Iziz. Le soleil d'Ondéron libérait de timides rayons au-travers des ouvertures pratiquées à intervalle réguliers dans les murs du bâtiment, créant une alternance de clarté et de pénombre à l'intérieur. L'Alderaanien fit un pas glissé sur sa droite, libérant ainsi le passage pour une petite troupe de novices retardataires qui déboula sans prévenir dans le corridor. Se retournant avec fluidité pour suivre leur course, il réprimanda d'une voix sévère :

« On ne court pas dans les couloirs ! Un jedi se doit de ne jamais être surpris par le Temps, jeunes novices. »

- Nous sommes vraiment navrés, maître Gradeil! Réussit à articuler un Togruta en queue de peloton avant d'accélérer pour rattraper ses pairs.

Une fois la cohorte hors de vue, Kyrsk s'autorisa un sourire indulgent. La jeunesse avait cette étonnante particularité de toujours se comporter avec une rafraîchissante insouciance. Courbant la nuque tout en reprenant sa propre route, le disciple du côté lumineux avisa au loin la moue désapprobatrice d'un inquisiteur républicain Gungan, qui faisait trembler ses bajoues flasques en hochant négativement la tête. Le chevalier plissa les yeux, ses bottes résonnant en écho sur le sol dallé du Temple. Mains jointes à hauteur du sternum, il croisa l'émissaire du Sénat, qui le gratifia en retour d'un coup d’œil suspicieux avant de se remettre à consulter un datapad.

¤ L'ambiance n'est pas à la tolérance, à ce que je vois... ¤ Soliloqua pensivement l'humain au teint d'ébène, détournant un instant son regard de l'horizon lorsque l'éclat éblouissant de l'astre solaire lui frappa la rétine.

Gardant à l'esprit qu'on exigeait sa présence au hall, Kyrsk activa son allure, poursuivant sa réflexion en suivant un itinéraire qu'il connaissant par-cœur.

¤ Mais comment blâmer la République ? Les jedis se sont toujours proclamés les défenseurs de la galaxie, et pourtant, plus les années passent, et plus les échauffourées avec les siths se multiplient. Nous pensions pouvoir contenir toutes les menaces, prévenir tous les complots. Qu'a récolté Ondéron à nous faire ainsi confiance ? Deux attaques, une terrestre, l'autre spatiale.. Et ce, en moins de cinq ans ! L'insécurité récurrente, la perte de contrôle de certains jedis devenus siths, cela commençait à faire beaucoup de trouble venant d'un seul ordre laissé en roue libre. Un système de contrôle, garantissant un fonctionnement en accord avec la démocratie, devait être mis en place. ¤ Raisonna le chevalier d'Alderaan.

La controverse faisait l'objet de nombreux débats au sein de l'académie jedi : fallait-il accepter les contraintes imposées par le Sénat, et obéir à ses inquisiteurs, venus évaluer la qualité de l'enseignement et des méthodes des gardiens de la Paix intergalactique ? Ou au contraire, fallait-il s'insurger contre l'ingérence de la politique dans les affaires de l'Ordre, afin d'empêcher que les jedis ne deviennent l'outil des politiciens ? Difficile à dire, même en s'appuyant sur l'aide précieuse de la Force. D'autant que le vénérable doyen du temple d'Ondéron, le maître jedi Saï Don, avait lui-même férocement prit parti contre cette réforme. De quoi alimenter les débats des heures durant...

Ce que Kyrsk savait, c'est qu'on lui avait "suggéré" à lui et aux autres chevaliers présents sur Iziz, de venir faire acte de présence pour l'arrivée d'un nouveaux convoi de inquisiteurs. Nul besoin de s'embarquer dans une discussion auprès des invités de l'Ordre, l'objectif était simplement de montrer à ces derniers qu'on les accueillait avec respect et bienveillance. En descendant la longue volée de marche menant au hall, le disciple du côté lumineux se demanda si les inquisiteurs ne croiraient pas plutôt à une embuscade, en découvrant le comité qu'on leur réservait.

L'entrée du temple, haute de plafond et richement décorée en statues, voûtes et arches en pierre taillée, se trouvait effectivement plus fréquentée qu'à l'accoutumée. En particulier, la présence inhabituelle d'un grand nombre de silhouettes en bures ou avec un long manteau à capuche laissait présumer qu'un événement particulier serait sur le point de commencer. Le chuchotement de conversations murmurées concurrençait le bruissement du vent dans les branches et le sifflement distant du trafic aérien. Une brise légère refroidissait le vaste espace agréablement, évitant aux personnes présentes d'avoir à supporter une chaleur caniculaire. Aux niveaux supérieurs, les va-et-vient ne s'interrompaient que de façon transitoire, le temps qu'un curieux vérifie l'absence de menace imminente.

Se tenant debout à côté d'une statue représentant une jedi consulaire en pleine méditation, Kyrsk décida de ne pas s'avancer plus. D'abord, parce que devant lui, la circulation pédestre devenait de moins en moins fluide, et ensuite parce qu'il ne voulait surtout pas se trouver à proximité d'un politicien. En retrait, il patienta calmement, guettant le moment où une navette de transport atterrirait sur le fronton du Temple pour y déverser ses distingués passagers. Régulièrement, l'humain aux yeux sombres se faisait dépasser, ne prenait pas la peine de dévisager les traits des passants. Ce pouvait être d'autres membres de l'Ordre en partance, des équipes de retour d'une mission, des messagers, des coursiers venus déposer une réclamation, … La foule bigarrée s'écoulait, pareille au ruisseau serpentant dans le parc de l'académie. L'Alderaanien, en profonde communion avec la Force, faisait de son mieux pour distinguer l'aura d'une navette dans le maelström de vies l'environnant. Paupières closes, respiration lente et régulière, son esprit exercé fit en sorte d'écarter les échos parasites pour ne plus écouter qu'un battement : celui, ténu, d'une masse volante se rapprochant sans hâte de sa position.

Rouvrant les yeux, Kyrsk papillonna quelques secondes, et remit de l'ordre dans sa tenue afin que la boucle de sa ceinture se trouve bien au milieu. En parallèle, il se demanda si maître Fûn et lui ne pourraient pas avoir une petite discussion au cours de l'après-midi. Le Cathar lui offrait souvent des conseils avisés, et plus que jamais, son ancien padawan en aurait besoin. Avec une moue déçue, l'humain se souvint alors que maître Fûn avait été envoyé dans l'espace orbital de Mygeeto la veille, pour une histoire de réseau de contrebandiers.

¤ Il serait temps que tu sois capable d'assumer tes propres choix. ¤ Se morigéna intérieurement l'adepte de la Force en laissant un coup d’œil coupable à la figure pénitente de la statue.

Un regain d'animation secoua l'assistance lorsque, accompagnée d'un rugissement décroissant de réacteur hyperdrive, la délégation d'inquisiteurs se posa non loin de l'arche du hall, bien vite réceptionnée par une équipe d'intendants rompus aux protocoles administratifs. Les nouveaux venus, au nombre de huit, débarquèrent en clignant des yeux, éblouis par la luminosité soudaine, très différente de l'obscurité de l'espace sidéral. Au sein des chevaliers présents, l'humeur générale n'était pas à la liesse, aussi les émissaires du Temple devraient-ils se contenter d'un accueil poli, mais frais. Kysrk, lui, prévoyait de ne pas se montrer. Il se serait déplacé comme demandé, impossible de contredire ce point, mais aller à la rencontre d'individus calculateurs, critiques et faussement mièvres demeurait au-dessus de sa volonté.

« Un jour, ces inquisiteurs finiront par être plus nombreux au Temple que les jedis eux-même. » Monologua à voix basse le natif d'Alderaan plus pour lui que pour un quelconque auditeur.
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Gamaliel détestait avoir raison dans certains cas. Et celui-ci en était un. A la suite des actes de Maitre Don, il aurait parié que le Sénat renforcerait sa présence au Temple. Et comment mieux le faire qu'en envoyant plus d'inquisiteurs encore. Cela n’amènerait rien de bon, c'était certain. Les inquisiteurs manquait cruellement d'une chose essentielle pour avoir une cohérence : la hiérarchie. Aucun n'était vraiment supérieur à l'autre, et ainsi chaque inquisiteurs agissait à sa convenance. Il y avait bien deux leaders tout de même, à savoir les nommés Maragliano et Aballîn, mais même leurs méthodes semblaient différentes.

Passant au niveau de l'entrée, Gamaliel aperçut la navette dont sortit la nouvelle clique d'envoyés du Sénat. Une bien belle bande endimanchée et prête à causer des problèmes. Plus proche de lui, à couvert de l'entrée, il y avait un Jedi, Maitre Kyrsk Gradeil. Celui-ci avait sa bure impeccable. Était-il venu expressément les accueillir ? Pensait-il que le fait d'être un hôte bienveillant changerait la façon de pensées des pingouins du Sénat ? Comprenait-il seulement que pour la plupart, aucun d'entre eux n'était partisan des Jedi ... Il ne s'agissait là que d'êtres souhaitant réglé tel ou tel comptes avec l'Ordre ancestral ...

Gamaliel eut alors l'attention attirée vers l'entrée. Une padawan avait tenté, pour dieu sait qu'elle raison, de passer à toute vitesse devant les inquisiteurs mais l'un d'eux l'avait attrapée par le col et envoyée à terre devant lui. Sortant une matraque, il commença à jurer à la padawan que s'il l'y reprenait, elle aurait droit à quelques "caresses". Les yeux du Jedi se plissèrent. Il s’avança alors pour rejoindre la padawan, dépassant l'endroit où était le Maitre et attirant la matraque dans sa main grâce à la Force. L'inquisiteur, étonné de voir sa matraque lui échapper, regarda qui avait osé quand ses yeux s'arrêtèrent sur Anatho. Inutile d'être devin, les yeux du Jedi parlaient pour lui. Si l'inquisiteur menaçaient encore une fois un padawan de cette manière, Gamaliel lui demanderait des comptes. Semblant insulté, l'inquisiteur ne broncha pas pour autant. La différence entre lui et le Jedi était trop grande. Froissé, il tourna les talons et s'en alla dans le Temple, suivit de ses pairs. Gamaliel releva alors la padawan et lui télépathia en tapotant sa tête amicalement :

-*Fais attention à toi et évite de t'attirer des ennuis.*

Puis il lui fit signe de tête de partir, et revint lui-même dans la partie de l'entrée où se trouvait au préalable (si t'as pas bougé alors encore) le Jedi Kyrsk Gradeil.
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L'incident s'était déroulé devant ces yeux, et en dépit de sa formation jedi, Kyrsk n'avait pas su comment réagir au moment où l'inquisiteur menaça de frapper un novice.

Le chevalier suivait distraitement du regard l'avancée lente et inutilement bruyante de la délégation inquisitoriale en fronçant ses sourcils charbonneux lorsqu'une jeune humaine au teint laiteux coupa la route à la procession. Au sein du hall, l'atmosphère se tendit de façon perceptible. Les différents membres de l'Ordre présents, tous témoin de la scène, affichèrent pourtant des expressions très différentes, allant de l'embarras dissimulé par un revers de main au sourire tendre pour cette petite élève qui, en définitive, n'avait causé aucun mal. De son côté, toujours en retrait, l'Alderaanien fit un pas en avant et tendit le cou, pressentant ce qui allait se produire. Les muscles tendus pour mieux observer le détail des événements, l'humain laissa instinctivement ses mains pendre de chaque côté de son torse, ses doigts s'agitant sous l'effet de la tension environnante.

¤ Voilà qui ne pouvait plus mal tomber... Je ne cesse de le leur répéter, pourtant ! Il ne faut jamais courir dans le hall du Temple ! Il est à craindre que les inquisiteurs se précipitent sur cette occasion pour critiquer sans retenue l'Ordre et ses aspirants. ¤ Appréhenda l'homme à la queue de cheval avec amertume.

A la stupéfaction générale, la réalité fut toute autre. Témoignant de réflexes excellents pour un individu de sa condition, le meneur de la procession sénatoriale projeta son bras droit vers l'inconsciente novice dont il saisit fermement le col de la bure. Exploitant le déséquilibre de la position de la fillette, l'inquisiteur tira avec force dans la direction opposée de la course, envoyant au sol la petite humaine, qui retint à grande peine un hoquet de stupeur. La violence de cette intervention frappa l'assemblée de chevaliers présents telle un coup de tonnerre, amenant avec elle un silence choqué. Pris au dépourvu, Kyrsk se sentit, comme nombre de ces confrères, de sentiments contradictoires le paralysant sur place. D'un côté, la barbarie dont témoignait l'inquisiteur l'enjoignait à se porter au secours de la résidente de l'académie ; mais paradoxalement, il craignait d'interférer, de peur que son intervention n'accroisse encore plus les tensions existants entre le Sénat et l'académie d'Iziz. L'Ordre se trouvait sur une fine pellicule de glace, personne n'en doutait plus, aujourd'hui. Il pouvait suffire d'un incident pour que la République ne mette à l'index l'organisation ainsi que tous ses membres, condamnant les jedis à vivre en parias pour le reste de leur existence. Trop conscient de la situation, le brutal envoyé du Sénat ne se fit pas prier pour pousser plus à même son avantage, profitant de ce que l'auditoire hésitait devant le dilemme.

« Je t'y prends, à te jeter dans mes jambes, petite écervelée ! Tu ferais mieux de ne plus commettre la même erreur, ou bien je te promets quelques caresses qui, à coup sûr, t'enseigneront le respect dû aux adultes. » Siffla-t-il en brandissant ce qui ressemblait fort à une matraque.

¤ Depuis quand les inquisiteurs ont-ils le droit d'amener des armes avec eux ? Et depuis quand les autorise-t-on à prodiguer des leçons de conduite ? ¤ S'interrogea le spectateur immobile en serrant furieusement les poings.

Autour de lui, le mécontentement allait crescendo. Hélas, le code des jedis interdisait à ces derniers de céder à la Colère, faisant de la situation un casse-tête aussi politique que moral. Valait-il mieux intervenir, et sauver une jeune novice en bafouant les fondements de l'Ordre, au risque de sceller le destin du Temple d'Ondéron ? Ou bien demeurer passif, et se faire complice d'un acte de cruauté avéré sur une enfant ?

Au sein de l'assistance, il s'en trouva un pour faire un choix. Fusse le bon ? Rien n'était moins sûr. En revanche, pas un des membres de l'Ordre présents en cet instant ne l'aurait blâmer de prendre parti contre les inquisiteurs. Sortant de la foule rassemblée, le chevalier jedi Gamaliel Anatho désarma le bourreau d'enfant en utilisant l'attraction de la Force, saisissant au vol la menaçante matraque avant de tenir tête à l'émissaire sénatorial. Le Temps parut se suspendre, et l'on entendit avec une distincte clarté chaque vol de speeder au-dessus du hall, chaque froissement d'étoffe, chaque déglutition. Le cœur de Kyrsk manqua un battement, marquant un temps mort dans l'attente de la réaction de l'autorité défiée.

¤ Quelle folie ! Un simple rappel à l'ordre, une simple phrase aurait suffit. Pourquoi prendre le risque de froisser ainsi l'ego d'un inquisiteur ? ¤ Songea l'Alderaanien en proie à un stress infini.

« Humpf ! » Fit l'intéressé avec une moue de suprême dédain avant de passer son chemin.

Un immense soupir de soulagement résonna entre les hauts murs du hall, se répercutant entre les voûtes à l'éblouissante blancheur de nacre. Loin d'être en reste, l'humain barbu relâcha enfin les épaules, inspirant plusieurs fois à fond avant de se passer une main lasse sur les lèvres. Petit à petit, comme si elle s'éveillait d'un long songe, la foule se remit à bruisser doucement, et chacun s'en fut dans sa direction. L'espace se clairsema sans hâte, redevenant le lieu de paix et d'harmonie que tout un chacun sur Ondéron connaissait. Ses yeux sombres planté sur la silhouette solitaire de Gamaliel, Kyrsk observa le jeune homme au regard d'azur avec un mélange de respect et de désapprobation. Sans faire de réel avancée dans sa direction, il apostropha sans détour le jedi.

« Ce que vous venez de faire était extrêmement risqué, j'espère que vous en aviez conscience ? lâcha-t-il d'une voix neutre de basse. Et pourtant,vous avez ici prouvé une clairvoyance digne d'un véritable maître jedi. Mes félicitations. » Reconnut Kyrsk en saluant son interlocuteur d'une légère inclinaison de la tête.

Il lui en coûtait de l'admettre, jamais l'Alderaanien n'aurait eu les nerfs assez solides pour agir ainsi. Sans Gamaliel, une jeune novice se serait probablement fait durement tanner le cuir avant qu'un autre disciple du côté lumineux ne se décide à réagir. Tout devenait si compliqué, si sensible... Les problèmes politiques et diplomatiques venaient s'emmêler en un réseau plus étriqué que jamais autour des affaires courantes, déjà complexes, de l'ordre jedi, rendant la conjecture explosive. Piégés au centre de l'intrigue, les membres de l'Ordre ne pouvaient faire mieux que d'essayer de poursuivre leurs diverses missions sans empirer la situation.

Le servant d'Iziz précisa ensuite son point de vue, ne voulant pas que son vis-à-vis à la chevelure sombre n'interprète mal ses propos. D'un ton sévère, il ajouta donc :

« Néanmoins, et bien que votre intervention eût été motivée par de louables intentions, il n'en demeure pas moins que vous avez franchi une limite invisible, en allant au-delà d'un simple avertissement verbal. En tant que jedi, on attend de vous de la mesure et de la discipline, chevalier Anatho. Provoquer inutilement un inquisiteur de la République en le désarmant par la Force n'aura fait que rappeler à ce dernier combien les non-utilisateurs de la Forces se trouvent impuissants, lorsqu'ils sont confrontés à un jedi. Or, la récente réforme votée au Sénat trouve justement ses fondements dans la crainte, impulsée par les dernières exactions siths en date, que le peuple d'Ondéron nourrit à l'égard de l'Ordre. En donnant un visage à ces peurs irrationnelles, vous faites le jeu de nos détracteurs. »

Kyrsk aurait souhaité que son explication ne sonne pas autant comme une accusation. Toutefois, il ne pouvait se permettre de laisser penser qu'il était défavorable aux récentes mesures prises contre l'Ordre.
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Gamaliel regarda le Jedi à la peau couleur d'ébène. Acceptant ses félicitations d'un léger signe de tête amical, Gamaliel ne sût comment prendre la suite du raisonnement de son confrère. Regardant un instant la matraque, il télépathia à son interlocuteur du moment :

-*L'inquisition n'autorise en rien de telles pratiques ... Et si un homme n'est pas capable de tenir une arme, celle-ci n'a rien à faire dans ses mains. Vous pensez qu'il ne sait pas où il met les pieds ? Ici, les utilisateurs de la Force sont plus courant que les non-utilisateurs. S'ils n'y sont pas prêt, alors ces inquisiteurs n'ont rien à faire en ces lieux.

De plus, j'ai déjà rencontré des non-utilisateurs de la Force remporté la victoire sur des Jedis. Quoi que dans ce cas-ci, il est effectif que la différence entre lui et moi était trop grande. Au moins autant que celle qu'il peut exister entre plusieurs inquisiteurs voulant montrer leur autorité et une pauvre padawan novice qui a juste eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. *


Jetant la matraque dans une poubelle, il regarda les inquisiteurs allant droit devant eux, presque impatient de commencer leur besogne.

-* Regardez les. Si personne n'avait réagit, je vous parie que ce n'aurait pas été un cas isolé. Ces hommes sont pires que des parasites. Laissez les agir à leur guise et ils abuseront à la moindre opportunité. Mais vous, pourquoi ne pas être intervenu ? Vous êtes plus diplomate que moi ... désamorcer pareille situation aurait été chose aisée pour vous ... *

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Rares étaient les résidents du Temple à pouvoir prétendre maîtriser aussi bien la télépathie que le chevalier sentinelle Anatho. Les avis au sein de l'Ordre étaient partagé sur ce mode de communication, jugé trop invasif et direct par certains, au contraire considéré comme la forme d'expression la plus pure et la plus transparente qui soit par d'autres. Les partisans de la télépathie arguaient d'ailleurs à qui voulait l'entendre que, puisqu'il dépendait principalement de la Force, ce moyen de dialoguer rendait extrêmement ardu, pour ne pas dire impossible, le mensonge ou la tromperie. En télépathiant, on prouvait implicitement à son interlocuteur sa bonne foi, et son honnêteté. Du moins, lorsque, comme le chevalier natif de Dantooine, on devenait suffisamment habitué à employer ce mode de communication. La majorité des jedis ne parvenaient, par manque de pratique, qu'à faire passer de simples idées informulées à leurs interlocuteurs, ce qui expliquait pourquoi ils favorisaient la méthode d'élocution "classique". Débattre avec un interlocuteur en ne disposant pour tout vocabulaire que d'imagées mentales et d'émotions à partager restreignait sérieusement le champ de l'argumentaire.

En entendant la réponse silencieuse de Gamaliel, l'Alderaanien hocha la tête en signe de consentement. On ne pouvait nier que les inquisiteurs n'avaient aucun besoin d'une arme pour remplir leurs fonctions, et que, ce faisant, celui qui s'était amusé à brandir une matraque sous le nez des membres de l'Ordre n'aurait jamais pu plaider l'ignorance comme circonstance atténuante. Le reste de l'argumentaire du jeune humain laissa Kyrsk un peu plus songeur.


¤ A l'entendre, on croirait que le représentant du Sénat avait dans l'idée de se battre contre lui... Les inquisiteurs ne sont des politiciens, jamais ils ne s'engageraient dans un affrontement physique. Leurs luttes sont orales, leurs joutes faites d'accusations et de réquisitoires assassins. Pas un ne prendrait le risque de lutter au cors-à-corps, surtout pas contre un jedi. Si celui dont nous parlons s'est retiré, je dirais que c'est plutôt parce qu'il savait pertinemment qu'il outrepassait ses fonctions. Et puis, nous ne savons pas comment auraient réagi ses collègues. Peut-être se seraient-ils interposés ? ¤

L'humain à la peau mate lorgna sur la statue attenante, qui surplombait les deux hommes avec une impassible majesté. En examinant attentivement les lieux, il était possible de remarquer la présence discrète de quelques petits groupes qui, comme eux, discutaient de l'incident, chacun voyant dans le déroulement des événements une signification différente. L'air sombre, Kyrsk réalisa à quel point le débat parvenait à séparer les membres de l'Ordre, autrefois si soudés et unis dans leur lutte contre le côté obscur.

¤ On dirait bien que là où échouèrent les sempiternelles guerres sabre au clair et les multiples meurtres, une simple rumeur, crédibilisée par une poignée de disciples des ténèbres, a réussi. N'oublions pas qu'à chaque grand schisme au sein de l'Ordre, une nouvelle génération de sith vit le jour... ¤

Mais le chevalier Gradeil refusait de laisser un tel désastre se produire. Par le passé, il avait manqué à ses devoirs ; aujourd'hui, l'heure était venue de prouver qu'il avait appris de ses errances, et que le Conseil n'avait pas eu tort de lui pardonner sa faute. Tandis que son vis-à-vis se débarrassant de l'ustensile de l'inquisiteur, le jedi sentinelle d'Alderaan se demanda ce que, en pareille situation, son mentor lui aurait suggéré de faire. Tenter de convaincre Gamaliel qu'il faisait erreur en voyant l'inquisition comme des "parasites", une force étrangère envahissant l'académie, ne fonctionnerait pas. Le jeune homme à la chevelure de jais exécrait au moins autant que Kyrsk les politiciens. Mieux valait essayer de faire montre de souplesse, en tâchant d'amener graduellement le chevalier Anatho à modifier son point de vue.

Cependant,jamais l'homme au teint d'ébène ne put mettre son plan en œuvre, car une dérangeante question vint le couper dans son élan.

-* Mais vous, pourquoi ne pas être intervenu ? Vous êtes plus diplomate que moi ... désamorcer pareille situation aurait été chose aisée pour vous ... *

Alors qu'il fixait depuis le début de l'échange son interlocuteur droit dans les yeux, le disciple du côté lumineux détourna le regard, laissant ses yeux balayer au hasard la foule hétéroclite s'activant alentour. Oui, pourquoi n'avait-il rien fait, au final ? Parce que si l'inquisiteur avait frappé la novice, cela aurait constitué une faute suffisante pour exiger le renvoi immédiat des émissaires du Sénat ? Bien sûr que non. Parce qu'il pensait que l'inquisiteur était dans son bon droit en malmenant l'élève ? Non, évidemment. Son esprit s'était insurgé en apercevant la matraque brandie. Alors quoi ?

« Hum... Dire que j'aurais su désamorcer la situation aisément est peut-être exagéré... Mais si je n'ai rien fait, c'est parce que... Kyrsk se força à regarder le visage serein de son confrère pour dire, d'une voix basse. J'avais peur des conséquences. Certains membres de l'Ordre redoutent les inquisiteurs. Pas pour leur force physique ou leur sévérité, mais pour leur pouvoir décisionnel. Ils sont les oreilles et les yeux de la République, chevalier Anatho. Avez-vous songé à ce qui se passerait si l'on venait à rapporter au Sénat que l'académie jedi abrite une population d'individus considérés comme "une menace potentielle à la stabilité de la démocratie" ? Ce serait un véritable désastre. Nous deviendrions des hors-la-loi, pourchassés par ceux que nous tentons justement de protéger. Chaque nouvel élève, chaque novice, devrait se retrouver confronté à l'angoisse permanente de se faire arrêter puis jeter en prison, et ce avant d'avoir atteint l'âge de dix ans ! La plus simple mission de reconnaissance prendrait des airs d'opération risquée. Comprenez que, sans le soutien de la République, l'Ordre perdrait beaucoup de sa puissance, tandis que les siths, eux, profiteraient de l'occasion pour étendre leur influence dans la galaxie. »

L'orateur barbu se tu un instant, vérifiant qu'il ne parlait pas trop fort. Sa bure avait perdu de sa mise impeccable, et il sentait sa bouche s'assécher à force de parler. Déglutissant pour reprendre son souffle, Kyrsk résuma sa réponse, le reflet d'une tristesse navrée faisant briller ses prunelles noires :

« Vous vouliez savoir pourquoi je n'ai pas agi ? Hé bien, c'est parce qu'au fond de moi, je considérais que le sort d'une jeune padawan n'importait pas autant que celui de l'ensemble de la galaxie. Certes, cette novice risquait de souffrir. Mais qu'est-ce que la souffrance d'une personne, comparée à la garantie de ne pas voir la galaxie tomber entre les mains des siths ? Et c'est bien que se situe la différence : certains d'entre nous tentent de conserver une vision globale pour déterminer de quelle manière il convient d'agir, tandis que d'autres sont prêts à payer n'importe quel prix pour éviter de voir ne serait-ce qu'un individu souffrir. »

¤ Il va me détester. Me haïr. Me condidérer comme une vermine sans cœur, tout juste bon à se réfugier derrière de grands discours moralisateurs pour ne pas avoir à affronter la réalité de l'injustice. ¤ Pensa Kyrsk en considérant son discours sous le point de vue de son vis-à-vis.

Pour Gamaliel, les paroles de son confrère allaient sonner comme une excuse pitoyable, une tentative de justification creuse d'un indécis incapable de se dédier entièrement à son rôle. Tâchant de faire artager sa vison des choses au jeune homme, l'alderaanien posa une main fraternelle sur l'épaule de son interlocuteur télépathe, l'interrogeant doucement.

« Mais reconnaissez que vous n'étiez pas certain de ce qui allait advenir. Prétendriez-vous avoir eu l'intime conviction que l'inquisiteur n'allait pas prendre votre attitude comme un geste de sédition avéré ? Auriez-vous volé au secours de cette jeune fille, si cela avait signifié la fermeture du Temple, le début d'une vie de paria pour tous nos membres ? Auriez-vous accepté de favoriser l'ascension de l'Empire Sith, condamnant par le fait même des milliers de systèmes à subir leur joug impitoyable, au nom d'une seule vie ? » Demanda-t-il le visage fermé, les sourcils froncés à presque se rejoindre au-dessus de son nez épaté.
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Attentif au plaidoyer de son interlocuteur, Gamaliel n'était pas spécialement d'accord avec celui-ci. Bien sur, ce désaccord n'était qu'une façon différente d'entrevoir les choses et non une source de querelles.

-*Avoir peur des conséquences est une réaction naturelle, Maitre Gradeil. Mais si cette réaction est un obstacle à votre devoir, ne devriez-vous pas en faire abstraction ? Cette padawan aurait effectivement qu'eut un sale moment à passer mais était-ce une raison pour ne pas agir. Imaginez-vous à sa place ... Nous leur offrons un toit, un enseignement, à manger, ... Nous sommes comme leur famille après les avoir retiré de la leur ... Qu'aurait-elle pensé si personne n'avait agi ? Il me semble qu'il est important de protéger nos disciples. Il n'y a qu'ainsi qu'ils sauront que nous sommes dignes de la confiance qu'ils placent en nous. Si alors le Sénat nous mets hors-la-loi, nous pourrons compter sur eux sans même leur demandé ...*

Gamaliel ne sous-entendait pas par là qu'il avait manœuvré pour manipuler un esprit jeune et ouvert, mais plutôt que les conséquences de l'inaction s'avérait être à ses yeux pires que ce qui pouvait se passer suite à ce qu'il avait fait. De plus, il ne mettrait pas un padawan en danger si pareille crise se présentait.

-*Quand à dire que je ne savais pas ce qu'il se passerait ... Évidemment. Je ne peux prétendre connaitre l'avenir, moi qui n'est pas un partisan de la théorie de la "Force contemplative". Mais est-ce la une raison suffisante ? *

Attirant par la Force le sabre de Maitre Gradeil, il l'activa, dévoilant sa lame jaune. Puis, prenant le sien, il fit de même, affichant le point commun des deux sabres.

-*Nous sommes des sentinelles. Notre honneur nous engage à combattre l'injustice où qu'elle se trouve. Ne pas agir alors qu'elle est sous nos yeux, ce serait bafouer l'honneur de notre ordre. Même si ça nous en coûte, même s'il s'agit de notre meilleur ami en face de nous ... Tel est notre devoir. Cela aurait signifier la fermeture du Temple ... Même dans ce cas, non je n'aurais pas agit différemment.*

Eteignant les deux sabres, il raccrocha le sien à sa ceinture et tendit l'autre à son propriétaire respectueusement.
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¤ Pour lui, la priorité d'un jedi est de veiller sur les siens, d'entretenir la confiance qui règne entre les membres de l'Ordre, du maître le plus expérimenté au plus jeune novice... Alors que selon moi, nous faisons partie d'un ensemble plus vaste, plus général : la République. C'est elle que nous devons protéger, même au péril de notre propre intégrité. Mon raisonnement se plaçait donc à une échelle plus éloignée, mais était-ce la bonne ? En tant que disciple de la Force, un jedi se doit de prioriser le sort de ses frères d'armes, comme un père prioriserait sa famille par-rapport à un inconnu... A moins que son vœu de garantir la Paix et la Justice dans la galaxie ne le lie inextricablement à l'entité la représentant, à savoir la République ? Lequel de nos devoir prévaut sur l'autre, l'abnégation ou l'entraide ? ¤ Hésita le chevalier tandis que son interlocuteur lui exposait sa vision des choses avec tact et délicatesse.

Kyrsk n'abondait toujours pas dans le sens de son vis-à-vis, en dépit de la gêne qu'il avait ressentit en dévoilant les raisons de son inactions et de la cohérence des arguments d'Anatho, mais la discussion lui avait donné matière à réflexion. Alors que, dans son dos, la délégation inquisitoriale remontait à pas lents les escaliers de marbre menant vers les infrastructures internes du Temple, l'Alderaanien reconsidéra son propre point du vue. Il lui faudrait encore méditer de nombreuses heures avant de parvenir à déterminer quelle était, d'après lui, la meilleure conduite à adopter. Inspirant à fond, l'humain à la queue de cheval noire se passa une main dans les cheveux, détaillant sans réellement y prêter attention un imposant cargo de fret en partance pour Naboo. Les iris contractées par la forte luminosité régnant par contraste en-dehors de l'académie, il entendit le natif de Dantooine relativiser les craintes qu'il avait ressenties durant l'incident.

« Peut-être que ne pas être en mesure de prédire l'avenir ne constitue pas une excuse tout à fait valable, en effet... » Reconnut Kyrsk, passant sans y penser deux doigts sur sa barbe avant de revenir à la conversation.

Sans le prévenir, Anatho fit voler son vieux sabre jusqu'à lui, s'appuyant sur le rôle de sentinelle, commun aux deux chevaliers, pour étayer sa réplique avec emphase. Sans sourciller, le jeune homme au regard bleuté confirma les suppositions de son homologue Alderaanien, déclarant que déclencher la fermeture de l'Ordre ne l'aurait pas empêché de défendre la padawan. Cette affirmation frappa l'homme au teint mat, qui dissimula de son mieux sa stupeur en reprenant son arme des mains de Gamaliel. Désemparé par ce qu'il venait d'entendre, l'humain comprit avec une netteté saisissante comment une simple divergence d'opinion parvenait dans certains cas à amener des changements majeurs au sein d'une organisation.

¤ Aucun mot ne peut décrire pareil décalage... Nous sommes semblables en bien des points, partageons les mêmes idéaux, rêvons d'une même Paix... Et pourtant, à cet instant, nos points de vue ne sauraient être plus opposés. La loyauté à l'Ordre contre le Devoir envers la République ; le bien-être des individus contre la stabilité du plus grand nombre ; la Fraternité et la Liberté contre l’Égalité et la Stabilité... Comment de telles notions, toutes bienveillantes, peuvent se retrouver mises en opposition ? ¤ Ne put comprendre l'ancien padawan de maître Fûn, décidant de marcher lentement afin d'éclaircir ses idées.

En fixant le sol parfaitement lisse et brillant composé de grandes dalles brunes et olivâtres à l'éclat vitreux, le chevalier jedi pressentit que poursuivre le débat avec son confrère n'apporterait pas grand-chose à la situation. Chacun s'était exprimé sans détour, exposant ses vues, ce qu'il pensait être le meilleurs des compromis. Maintenant, la Force les appelait, les enjoignant à puiser dans son flux perpétuel et paisible pour y déceler des indications favorisant une compréhension plus fine et détaillée du complexe problème auquel ils faisaient face. Méditer pour affiner sa vision, telle était l'habitude que le vieux Cathar avait transmis à son élève. De plus, les sujets de discussion ne manquaient pas, sur Ondéron. S'assurant que Gamaliel le suivait, Kyrsk poursuivit sa promenade au sein du grand hall, s'approchant calmement de la sortie et de l'extérieur.

« "Combattre l'Injustice où qu'elle se trouve", tel est le Serment prêté par tout jedi sentinelle à son adoubement. Approuva sentencieusement l'homme à la peau sombre pour marquer la transition. Et en parlant d'injustice, auriez-vous eu vent de certains... Avis de recherches, lancés contre des personnalités politiques ? Prenant l'air d'un conspirateur en venant se positionner à l'orée du Temple pour contempler Iziz la belle, le chevalier Gradeil reprit, le visage marqué par la préoccupation. Naturellement, il ne s'agit de rien d'avéré, rien de "concret"... Uniquement des on-dits, colportés par les contrebandiers et autres criminels que des membres de l'Ordre ont entrecroisé le temps d'une mission. Si l'on en croit ces ragots, un mystérieux commanditaire aurait mis à prix les têtes de la Sénatrice Isis Inferno, qui s'était notamment illustré lors de notre dernière confrontation face aux siths. La rumeur fait également état de récompenses pour la mort d'un autre sénateur, Yaven Seldon, ainsi que pour celle du chancelier suprême ou de la Reine Emalia en personne ! Bien que je reste assez dubitatif pour ce qui est des deux dernières, l'idée qu'une personne mal intentionnée, sentant venir le temps des bouleversements politiques, tente de saper la République en éliminant deux sénateurs favorables à l'Ordre me paraît dangereusement plausible. »

Kyrsk toussa brièvement, masquant sa bouche de son poing gauche, avant de se racler discrètement la gorge. Examinant son interlocuteur dans le blanc des yeux, il supposa :

« D'abord une attaque éclair sur le Temple pour affaiblir nos effectifs, suivie quelques temps plus tard d'un second assaut, plus construit ; puis une lente et insidieuse campagne de propagande visant à asphyxier notre autorité, à décrédibiliser les jedis... La suite logique de cette manœuvre serait effectivement de nous priver de nos rares partisans au sein du Sénat, non ? »

En posant sa question, l'Alderaanien espéra que, contre toute attente, Gamaliel le contredise. La perspective d'avoir à affronter seul une République presque intégralement réfractaire aux chevaliers jedis ne l'enchantait guère...
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Le teint de Gamaliel resta impassible quand au point que souleva son homologue. Et pour cause ... Ce qui n'était qu'une simple rumeur aux oreilles du Jedi à la peau d'ébène était un fait avéré pour le Chevalier Anatho. Mais devait-il en parler ? Le Jedi voudrait alors savoir d'où Gamaliel tenait ses informations ... et le fait d'avouer s'être rendu en secret sur Coruscant il y a peu, déjouant avec finesse l'inquisition, ne l'enchantait guère. Il n'avait même pas encore eu l'occasion de délivrer les messages de Maitre Don au Maitre Caldin.

Des rumeurs de contrebandiers disait-il ... Qu'aurait-il dit si Gamaliel lui montrait les avis de recherches ? Le regardant, le Jedi écouta sa supposition. Kyrsk venait sans le savoir de renverser la situation. C'était au tour de Gamaliel à ne pas savoir quoi faire, quoi répondre. Délicate attention de la part de son confrère, même involontaire. Et pourtant il devait répondre ... Ne pas répondre aurait dévoilé trop de choses ... Quand à mentir, pourquoi l'aurait-il fait ? Gamaliel allait devoir choisir soigneusement ce qu'il allait insuffler à l'esprit de l'Aldaraanien.

-*Vos propos me rappelle que je dois voir le Maitre Caldin à ce sujet. En effet, je crains que les rumeurs dont vous parlez ne sois qu'une partie de la vérité. C'est sénateur ont bel et bien leur tête mise à prix. Mais, étant donné l’absence momentanée du Maitre, je n'ai pas encore eu le temps de lui en toucher mot. Vous voyez donc vos soupçons quand à ses affiches concrétisés, mais ces avis ont été judicieusement placés sous le couvert de l'anonymat et avec le concours d'un Hutt de Nar Shaddaa. Il est donc en ce moment difficile de savoir qui et pourquoi ...*

Gamaliel ne savait si c'était judicieux de dévoiler cela au Jedi, mais de toute façon, ça aurait fini par se savoir. Il espérait juste que la conversation ne bifurquerait pas sur le "comment" quand à l'obtention de telles informations. La sécurité du doyen des Jedi en dépendait.
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« Alors tout ceci était donc vrai ? On cherche à attenter aux vies de sénateurs pro-jedis? »

Parler fort était extrêmement mal vu au sein du Temple, aussi Kyrsk dut-il se faire violence pour ne pas s'écrier. Les sourcils froncés, il fourragea dans sa barbe comme jamais, déambulant en périphérie de la vaste entrée de l'académie jedi, s'attirant de la part des passants un regard circonspect. Mais l'Alderaanien n'en avait cure. Ses mauvais pressentiments se concrétisaient de plus en plus, découpant lentement la silhouette ténébreuse et noire du côté obscur derrière chaque trouble secouant la galaxie.

L 'imposante navette aux reflets fatigués décolla pour Naboo en bourdonnant paisiblement. A son bord, une dizaine de membres d'équipage, du pilote aux manutentionnaires, s'assureraient tout le long du trajet que leur cargaison parviendrait à bon port, pestant contre la monotonie de leur travail ou la petitesse de leur solde. Cependant, en dépit de leurs grognements, pas un instant ces individus ne songeraient à bâcler leur tâche, ou à abandonner. Car ce faisant, ils priveraient de nourriture, ou de pièces mécaniques, tout un secteur...

¤ Quoi que l'on fasse, nous ne devons pas fuir nos responsabilités... ¤ Soliloqua l'homme à la queue de cheval, le regard perdu dans le vide.

« Je ne ferai qu'émettre un avis, mais à mon sens, les commanditaires de ces mises à prix ne font pas le moindre doutes. Kyrsk balaya l'air du dos de sa main, comme pour lever le voile du mystère. On jurerait y voir la marque des siths. »

Entraînant son interlocuteur un peu plus à l'écart afin de se mettre à l'abri des oreilles indiscrètes (lui n'employant pas la télépathie), l'humain à la peau noire ne se priva pas d'expliciter son propos, sa chevelure ondoyant tandis qu'il accompagnait ses dires de mouvements de la tête.

« Personne ne niera que les Hutts sont des créatures cupides, prêtes à accepter n'importe quel marché pourvu qu'il soit aussi juteux qu'une limace des marais de Dagobah. Ajouté au fait que rares sont les habitants de Nar Shaada à oser viser directement le Sénat, on en arrive à un profil de commanditaire riche, puissant, ne craignant pas de se salir les mains en traitant avec un Hutt, et assez rusé pour ne pas se faire connaître. Ça, plus l'identité des victimes menacées, commence à faire beaucoup d'indices orientant notre piste vers le côté obscur et ses adeptes. »

Le chevalier sentinelle repensa à ce que lui avait confié Gamaliel. L'information ne devait pas filtrer, chose que l'Alderaanien comprenait parfaitement. Savoir que de hautes personnalités politiques se trouvaient directement menacées de mort n'aurait engendré qu'un mouvement de panique au sein du Sénat, rempli de politiciens paranoïaques très doués pour voir des assassins n'importe où. La vie de sénateur n'était certes pas une sinécure, néanmoins, ces derniers ne se privaient pas pour se faire offrir des escortes toujours plus ostentatoires. Moins on entendrait parler des avis de recherche, mieux cela vaudrait.

« Quel dommage que vous n'ayez pas encore pu entretenir maître Caldin de cette histoire, chevalier Anatho. Maître Don hors de l'académie et elle très souvent absente, notre ordre se trouve dépossédé de deux de ses piliers, alors même que nous aurions désespérément besoin de leur sagesse pour éclairer des affaires... »

Le natif d'Alderaan se tut, songeant intérieurement au prix qu'avait dû payer les adeptes du côté lumineux de la Force durant l'attaque de leur temple. En effectif réduit, cette génération n'avait pour ainsi dire pas connu la Paix, qui constituait paradoxalement la majorité des périodes où un jedi avait à servir. De façon relative, les crises majeures (correspondant presque toujours à une invasion sith) ne s'étalaient que sur une dizaine d'année, là où les accalmies pouvaient persister jusqu'à plusieurs décennies.

¤ Mon peuple est fait d'artistes et de philosophes, pas de guerriers... Pourquoi la Force m'a-t-elle appelé en cette ère de troubles ? Qu'ai-je à offrir, moi qui me destinai à devenir simple enseignant ?  ¤ S'interrogea Kyrsk, frustré par son incapacité à percevoir clairement le futur.

Pour donner le change, l'humain au visage impassible se tourna vers le quartier commerçant d'Iziz, et demanda d'une voix distante à son confrère :

« Croyez-vous que nous soyons dans une impasse ? Le temps des dialogues a-t-il disparu ? Est-ce le grondement de la guerre, qui couve au loin ?  »
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Gamaliel s'approcha de Kyrsk et posa sa main sur son épaule, cherchant son regard. Ses yeux à lui prirent un air inspirant détermination et assurance et il télépathia à son confrère :

-*N'aie crainte ... *

Lui insufflant cela, Gamaliel se permit de tenter de balayer les doutes du Jedi par une brise apaisante de Force dans l'esprit de son confrère. Puis, lâchant son épaule, il continua :

-*Vos doutes se sont certes révélés fondés, mais vos conclusions restent hâtives. Rien ne nous permet de penser qu'il y a là une manœuvre Sith. Je ne dis pas que je ne suis pas d'accord avec cet avis, mais que si nous ne nous basons sur nos seules impressions, notre justice s'en trouverait grandement faussés. Même si j'ai la réputation d'un Jedi à la tête brulée, j'ai toujours prit le temps de la réflexion, à défaut de méditer. Peut-être notre "ennemi" veut-il que nous y voyons la marque des Sith, pour ainsi mieux nous surprendre. Il nous faut être prêt à l'imprévisible, c'est ce que je pense *

Gamaliel respira profondément. Il avait évité un sujet compliqué pour répondre à d'autres questions tout aussi compliqués.

-*Je pense que Maitre Caldin reviendra dans peu de temps. Aussi ne vous inquiétez pas. Elle aura ce message. Mais, par souci pour ma source de renseignements et ... pour une autre raison ... ne dites à personne que vous savez que j'ai eu ces informations. J'apprécie le coté anonymats avec tous ces inquisiteurs.*

Le regard fuyant, balayant toute l'entrée, Gamaliel songea alors à la dernière question du Jedi. Elle était empreinte de doutes, d'incertitudes.

-* Un jour, Maitre Don m'a dit que le destin des autres nous échappe souvent, malgré nos efforts. Pourtant, ce jour-là fût le jour de mon retour au Temple. Il ne voulait donc pas dire que nous n'y pouvons rien, mais bien que malgré nos efforts, tout est toujours possible. Peut-être est-ce au loin le grondement de la guerre, l'appel de la bataille qui résonne, mais en ce cas, n'est-ce-pas plus facile pour nous de décider ? ... Ces batailles, Kyrsk sont de loin les plus faciles ... Notre ennemi est face à nous et nous ne le nions pas ...

Les batailles les plus dures sont au dedans de nous ... celle que nous menons contre nous mêmes. Difficile de se voir comme un ennemi. La guerre n'est un obstacle que lorsque vous même êtes en guerre ... Doutez de vous et la mort sera sur le champ de bataille. Soyez convaincu et c'est avec honneur que nous ferons alors front ensemble pour le droit, la justice et l'équité ... C'est ce que nous sommes, et non ce que nous voulons être. La Force a fait de nous des Sentinelles ... Elle avait ses raisons ... Les comprendre n'est pas toujours faciles, mais douter n'aide en rien.*


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L'onde apaisante émise par Gamaliel chassa temporairement les idées noires de son confrère, dont le retour à la quiétude se traduisit par un déserrement des maxillaires. Le faciès plus détendu, il relâcha la tension de ses épaules, et étendit ses doigts en expirant doucement par le nez. Une fois en paix, Kyrsk put de nouveau analyser les quelques éléments dont il disposait, et révisa sa position concernant la signification des avis de recherche. Rendant amicalement son regard à son interlocuteur sentinelle, le chevalier jedi d'Alderaan reconnut avec un soulagement évident :

« Ici encore, votre clairvoyance surpasse la mienne, chevalier Anatho. Je me suis laissé guider par mes peurs, et ce faisant, j'ai biaisé ma perception de l'avenir. La Force n'a fait que me refléter ce que je souhaitais voir, et non ce qui serait. Il me manquait ce temps de réflexion, que vous ne négligez jamais de prendre, pour envisager la situation dans sa globalité. » L'humain à la barbe s'autorisa un bref sourire de reconnaissance dévoilant sa dentition d'ivoire, avant de recouvrer son sérieux. Une main sur la garde de son sabre, il vérifia qu'aucun message important n'avait été envoyé sur son Comlink sans qu'il ne s'en soit rendu compte.

« N'ayez crainte, je ne parlerai à personne de cette histoire d'avis de recherche. Assura Kyrsk en entendant la requête de son frère d'arme, joignant le geste à la parole. Et je comprends tout à fait votre réticence... La présence de nombreux Inquisiteurs au sein de notre académie sur Ondéron ne manque pas d'augmenter sérieusement le risque de voir un secret s'ébruiter. Le principe de précaution nous encourage à ne dévoiler nos informations qu'avec parcimonie, et ce pour plus de sécurité. »

Un Ithorien en habits d'apparat dépassa les disciples du côté lumineux, pénétrant dans l'enceinte du Temple de cette démarche en deux temps si propre à son peuple en chantonnant doucement à l'aide de ses bouches multiples. Supposant qu'il s'agissait d'un notable envoyé par une quelconque délégation pour solliciter l'aide de l'Ordre, l'Alderaanien ne s'attarda pas sur la silhouette. N'ayant pas noté la mention de Gamaliel d'une mystérieuse "autre raison" justifiant de ne pas divulguer la façon dont il s'était procurer ses informations, Kyrsk se répéta les préceptes de l'Ordre jedi. Le mantra l'aidait souvent à recentrer son esprit sur l'essentiel, une habitude quetout utilisateur de la Force ne devait jamais négliger.

¤ "Rester concentré sur l'instant présent". C'est ce que vous ne cessiez de me rappeler, maître Fûn... Comme vous auriez eu honte de moi en m'entendant parler de mes craintes chimériques. ¤ Regretta l'homme au teint d'ébène, avant de se reprendre.

Décidé à ne plus commettre d'impair, le chevalier sentinelle tourna toute son attention vers son interlocuteur au regard azuré, le trafic aérien journalier d'Iziz défilant dans le ciel au-dessus de son crâne en un concert lointain de vrombissements et de sifflements mécaniques, traçant dans les hauteurs un complexe croisillon constitué de lignes en pointillés. De temps à autres, l'un des points colorés de ces lignes disparaissait, avant de grossir à vue d’œil pour venir se poser sur l'une des aires d'atterrissage de la capitale. Le nom de maître Don réapparut dans la conversation, et à cette occasion, Kyrsk examina en son for intérieur le paradoxe des dernières actualités de l'académie.

¤ Saï Don s'est toujours posé en ardent défenseur de la Paix, en partisan de la non-violence. De son propre avis, la force ne devait être employée que si toute les autres alternatives demeuraient vaines. Et ce même individu a récemment engagé une lutte active contre le Sénat... Foulant ainsi du pied le premier de ses principes. A moins que l'incident ne soit que l'aboutissement d'une longue succession de tractation entre le monde politique et celui de l'Ordre jedi ? ¤ Réalisa soudain Kyrsk, inquiet. L'instant suivant, l'homme s'obligea à chasser ces considérations de son esprit. On venait de lui souligner l'importance de la concentration, l'heure n'était pas à la redite. Il était en train de commettre exactement la même erreur que précédemment, à ceci près que ses inquiétudes imaginaires ne se portaient plus sur une éventuelle menace sith, mais sur un complot de vaste envergure lancé par le Sénat.

¤ Reprends-toi, mille blasters ! Il n'y a pas d’Émotions, il n'y a que la Paix... ¤ Se répéta en boucle l'Alderaanien, prêtant une oreille attentive aux propos de son confrère de Dantooine en espérant que cela lui changerait les idées.

¤ "Les batailles les plus dures sont en-dedans de nous.".. Je le crois bien, en effet. Mais ce discours, bien que très juste, reste néanmoins celui d'un va-t-en guerre... Beaucoup des membres de notre ordre semblent prompts à parler de conflits, d'affrontements et de luttes, ces derniers temps... Mais qui a dit que pour préserver la Paix, il fallait faire la guerre ? A l'heure où le plus éminent des pacifistes semble opter pour la voie des armes, et que la majorités de nos responsables les plus avisés se font absents, devrait-on pour autant négliger notre devoir de Gardien ? Nous n'avons pas à vocation de diriger des armées, ou à conduire des batailles. ¤ Considéra l'homme à la queue de cheval en se référant à la doctrine de son ordre.

Mitigé dans son opinion, il répliqua à voix haute, ne voulant pas alimenter les débats plus que de raison :

« Les batailles qui sont en nous peuvent nous occuper toute une vie, sans que jamais nous n'osions y prendre part. C'est là, je crois, qu'elles se font plus redoutables qu'un conflit physique. Difficile de fuir un affrontement au-dehors de nous, car notre lâcheté apparaîtrait aux yeux de tous. La fuite de nos conflits intérieurs est, en revanche, beaucoup plus tentante et facile. » Il y avait dans le ton pénétrant de sa voix de basse une volonté d'approuver les dires du chevalier Anatho, en dépit de leurs divergences.

Poussé par la curiosité, et peut-être aussi pour mieux comprendre la façon de penser de son vis-à-vis, l'adepte du côté lumineux de la Force demanda à Gamaliel, son timbre vibrant prenant des intonations interrogatives :

« Excusez ma question, chevalier Anatho, mais... Vous avez fait référence à votre retour récent au Temple. Je dois avouer que, à part vos faits d'arme sur Anobis, j'ignore tout de votre passé. Que faisiez-vous, avant de réintégrer l'Ordre ? »

L'humain d'Alderaan s'attendait plus ou moins à essuyer un refus, voire à faire fuir son interlocuteur. Toutefois, le jeune homme brun lui faisant face représentait une énigme à ses yeux, dont le fonctionnement titillait l'intellect du chevalier jedi.
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-"Anobis ..."

Gamaliel, sans même s'en rendre compte, prononça le nom de la planète sur le ton du souvenir. Ses yeux semblèrent se perdre dans son esprit alors que celui-ci se souvenait de cette bataille qui marqua un tournant dans le chemin de sa vie. La nouvelle qu'il apprit à son retour au Temple était encore fraiche dans son esprit, comme si au lieu de dater de 8 ans, tout s'était passé hier.

-"Certaines nouvelles ... vous forcent à agir. A mon retour d'Anobis, j'ai appris que mon propre mentor, celui que je pensais mon ami le plus fidèle était en réalité un Sith ... Et je vous l'ai dit, quelque soit l'auteur de l'injustice, c'est notre devoir de l'arrêter. J'ai tenté de l'arrêter, mais il m'a eu et j'ai frôlé la mort. "

Son interlocuteur serait peut-être surpris de ce changement dans la façon de communiquer du Chevalier Anatho, mais certains sujets méritaient le respect. Et en repensant à ce passé, à ce que Kaim lui avait retiré, à Juno, Gamaliel ne pouvait utiliser que des mots. Son esprit s'engouffra dans une mélancolie passagère. Fermant un instant les yeux, portant sa main sur l'étoffe de lin qu'il portait au cou, Gamaliel se souvint de Juno : son odeur, la douceur de sa peau, les projets qu'ils avaient ensemble ... Gamaliel était prêt à renoncer à sa vie pour être avec elle, mais son Maitre se rappela à lui, détruisant tout aussi simplement qu'il l'aurait fait pour un château de cartes.

-"Au final, je l'ai battu, mais ce qu'il m'a retiré ... la peine, la douleur que j'ai ressentit ... Ce fut atroce."

En dire plus sur son passé serait difficile. Gamaliel n'avait encore jamais parlé de Juno à personne au Temple, pas même au Maitre Don, pour qui son respect frôlait l'adoration.
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La voix claire et mélodieuse de Gamaliel, inattendue , surprit l'Alderaanien qui en était venu à s'habituer à percevoir les réponses de son vis-à-vis par télépathie. Interloqué par ce soudain revirement, il prêta une oreille d'autant plus attentive que le visage de son interlocuteur trahissait une peine inimaginable. Choisissant de ne pas couper le jedi sentinelle dans son récit, Kyrsk conserva le silence du début à la fin, son regard effectuant un ballet incessant entre les deux yeux bleus de son homologue de Dantooine. Les sourcils froncés, son haut front plissé par des rides de concentration, il entendit l'adepte du côté lumineux lui narrer d'une voix blanche la trahison de son propre maître, que le jeune homme avait dû affronter par la suite, sans succès.

¤ Ainsi donc, voilà ce qu'il advint de maître Mi'rok... Je venais tout juste d'être nommé chevalier, au moment des faits. En entendant parler de sa disparition du Temple, et comme beaucoup de nos membres, je pensais simplement que le Zabrak s'en était allé s'isoler sur une planète recluse, pour pouvoir méditer à loisir sur les mystères de la Force. Quelle épreuve cela a dû être, d'apprendre que son ancien formateur avait trahi l'Ordre pour rejoindre le côté obscur ! Difficile de s'étonner, si l'ancien padawan n'est pas parvenu à vaincre celui en qui il avait eu toute confiance.. ¤ Compatit l'homme à la barbe noire, en découvrant les vieilles blessures profondément ancrées dans le cœur de son interlocuteur.

Cependant, le récit de Gamaliel ne se termina pas là. Après une longue pause que Kyrsk respecta, offrant à ce dernier tout le temps nécessaire pour faire le deuil de son passé, l'Alderaanien apprit quel fut le sort du traître, et la stupeur étira ses traits d'ordinaires fermés. Camouflant son trouble en faisant mine de surveiller les allées et venues à l'entrée de l'académie jedi, le disciple de la Force n'en revenait pas.

¤ Il est parvenu à vaincre son propre maître ? Un jedi plus expérimenté que lui, disposant des pouvoirs nouvellement acquis du côté obscur ? Décidément, nos parcours respectifs n'ont absolument rien à voir. A son âge, je ne serais même pas certain que j'aurais survécu à un duel contre mon mentor, alors trouver le force de continuer à progresser pour finalement le défier de nouveau... Gamaliel a hérité d'une volonté de duracier ! ¤

Kyrsk se doutait que le chagrin ressentit par son confrère ne pouvait être dissipé par aucun geste, ni par aucune parole, aussi remplie de sagesse fusse-t-elle. Le jeune homme natif de Dantooine seul recelait en lui-même l'énergie et le courage nécessaires pour dépasser sa souffrance, comme sa victoire sur l'ex-jedi Zabrak le prouvait. Sélectionnant ses mots avec soin, le disciple du côté lumineux déclara :

« Vous me voyez navré de vous avoir contraint à revivre une telle tourmente... J'ignorais à quel point ces dernières années avaient été difficiles pour vous, chevalier Anatho. Le sérieux de son expression faciale venait attester ses dires, prononcés d'une voix grave. Je ne peux que vous féliciter d'avoir su trouver en vous la force et la patience de réaliser une telle quête, tout en demeurant dans la Lumière. La plupart du temps, ce genre de drame cause la chute et du maître et de son élève... Vous pouvez être fier, car en menant à bien ce périple, vous avez grandement fait honneur à l'Ordre jedi. »

Tout en tâchant de rassurer le jeune homme, l'Alderaanien s'étonna de ne pas avoir été informé d'un tel fait d'arme. Généralement, le conseil récompensait une action d'éclat par une distinction publique, ou un titre. Que Gamaliel n'ait pas été promu maître passe encore, au vue de sa jeunesse, mais la moindre des choses aurait été de le féliciter officiellement pour son courage et sa détermination. L'incohérence perturba l'homme au teint d'ébène, qui ramena ses bras derrière son dos pour rigidifier sa posture, avant d'écarter légèrement les jambes.

¤ Sauf si... En traquant les fantômes de son passé, il n'ait désobéi à un ordre direct des doyens du Temple. Raisonna le penseur aux yeux sombres, en se souvenant que, par principe, on ne laissait pas un ancien padawan s'occuper de son formateur. Mais oui ! L'ensemble paraît plus cohérent ! Et on y trouve également un début d'explication à son point du vue sur la présence d'inquisiteurs sur Ondéron. Depuis sa promotion, Gamaliel a été contraint de lutter, prenant souvent des décisions contre l'approbation du conseil. Son passif lui a enseigné à se fier d'abord et avant tout à son seul jugement, même lorsque celui-ci l'amène à enfreindre des règles. Rien d'étonnant à ce qu'il ne devienne un chevalier jedi prêt aux pires sacrifices pour préserver ses idéaux : dans le passé,les événements lui donnaient raison lorsqu'il se comportait ainsi. ¤

Autrefois, mais maintenant ? Nul n'était assuré de toujours faire les bons choix. Généralement, les erreurs passées se chargeaient de rappeler aux disciples de la Force que tout un chacun était faillible. Cette notion s’acquérait avec nettement moins de facilité lorsqu'on n'avait connu que le succès. L'Alderaanien passa sa langue sur ses dents en plissant les lèvres, l'esprit en ébullition. Il gardait à l'esprit son rendez-vous avec maître Mi, néanmoins, ses certitudes au regard de l'intérêt à préserver l'Ordre jedi en bons termes avec le Sénat avaient sérieusement été mises à mal par sa discussion avec l'homme à la chevelure de jais.

¤ N'oublions pas l'autre alternative... Que Gamaliel ait, une fois de plus, vu juste. Après tout, sa clairvoyance n'est plus à prouver. Ce serait logique que sa perception des choses soit supérieure à la moyenne. Sauf que les enjeux sont trop importants, ici... Je ne peux me permettre de sceller le sort de millions d'individus sur d'uniques présomptions. ¤ Trancha le chevalier Gradeil en se réfugiant derrière son respect immodéré des règles. Loyal avant tout à la république, l'humain s'adressa à son interlocuteur, fouillant le hall du regard.

« On dirait bien que nos confrères s'en sont retournés à leurs activités respectives. La journée est loin d'être finie, et l'arrivée d'une nouvelle cohorte d'émissaires du Sénat ne fait que me prouver qu'actuellement, nous ne devons surtout pas nous reposer sur nos lauriers. » Conclut posément le jedi en levant la tête pour examiner le ciel azuré de la journée.

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