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L'après-midi venait à peine de commencer, sur Ondéron. Fidèle à son rituel, Ragath avait prit son déjeuner au réfectoire, en silence, à proximité d'un groupe de chevaliers plongés dans un mutisme propre aux réflexions. Ce genre de voisinage présentait le double avantage d'empêcher qu'un padawan bavard ne vienne s'installer à côté du Barabel, et incarnait l'assurance d'un repas calme. Les chevaliers jedis suffisamment curieux et loquaces pour tenter de faire connaissance avec tout novice s'asseyant près d'eux étaient tout de même rares à l'académie.

Une fois correctement sustenté, le grand humanoïde reptilien s'était changé rapidement, afin de revêtir une tenue légère et non-salissante, sans bure, de couleur crème. Son objectif de la journée était de réussir à activer l'un des droïdes astromécanos du hangar du temple, puis de lui faire effectuer une réparation mineure (soudure, dérivation d'énergie ou autre). Une prérogative modeste, mais qui revêtait une toute autre dimension pour un disciple de la Force originaire d'une planète où l'on se chauffait toujours au feu de bois, et où le métal ne servait qu'à confectionner des lances pour la chasse. Depuis son arrivée à Iziz, Ragath se savait avoir fait de nombreux progrès. Il avait assimilé le fonctionnement de très nombreux appareils (interrupteurs, terminaux d'accès à l'Holonet, distributeurs de nourriture ou d'eau) et assimilé la plupart des coutumes de la République. Malheureusement, le natif de Barab I ne pouvait pas en dire autant de la mécanique, du pilotage et des droïdes. Or, ces points devaient absolument être maîtrisés par tout chevalier qui se respecte. Et comme l'imposant saurien s'était fixé pour obligation de compléter sa formation au mieux, en attendant qu'on lui attribue un nouveau maïtre, il n'avait pas d'autre choix que d'aller mettre les griffes dans le cambouis. Toutefois, au bout d'une heure d'essais infructueux, le téméraire novice commença à se demander si activer un droïde ne nécessitait pas une formation en soi...

Agenouillé devant une unité R2, dissimulé par un imposant cargo, Ragath tâchait de trouver quel commande vocale pouvait bien mettre fin au mode Veille du petit mécanicien. Des conteneurs bleu azur en duracier, numérotés de 72 à 78, emplissaient son flanc gauche, charriant une odeur aigre et poivrée (des légumes ?). Filtrant de ce couvert artificiel, les échos de moteurs en démarrage ou de mouvements frénétiques parvenaient à l'attention de l'infiltré. Un escabeau amovible usé, deux ou trois caisses d'outils et une borne de carburant parsemaient les environs, plongées dans l'ombre d'un éclairage capricieux. Le manque de luminosité ne dérangeait d'ailleurs pas le moins du monde le technicien amateur, qui ne désirait pas vraiment être vu aux prises avec... un simple petit droïde astromécano.

A son entrée (silencieuse) dans les hangars, le Barabel avait discrètement exploré le vaste bâtiment dans le but de repérer une cachette, un espace à l'abri des regards avec si possible un petit droïde inactif à proximité. Une fois son bonheur déniché, le padawan solitaire s'était retrouvé confronté à une énigme insoluble : sur quel bouton appuyer pour réveiller l'astromécanicien ? Il y en avait une dizaine, et aucun ne portait d'inscription ou de symbole. Résolu à se fier à son instinct, le massif écailleux avait tout d'abord déclenché l'ouverture d'urgence du système de fonctionnement en d'autharcie, puis l'éjection manuelle de la scie circulaire (qui avait manqué de lui zébrer le torse) avant d'enfoncer le verrou de la vidange. Empestant l'huile usagée, circonspect quand à l'idée de trouver le bon bouton, Ragath s'était souvenu qu'un bon nombre des appareils modernes disposaient d'une reconnaissance vocale pour les commandes les plus simples. L'unique difficulté étant de trouver la bonne phrase, ce qui présentait beaucoup moins de risques que la poursuite du fiasco entamé.

Les genoux pliées pour se mettre à hauteur du micro de l'unité R2, l'apprenti déterminé débitait (sur plusieurs tons) depuis plusieurs minutes tous les synonymes lui venant à l'esprit du mot "activation". Et ce, sans trop élever la voix afin de ne pas attirer l'attention.


" Éveil ? Démarrage ? Allumage ! " S'acharna le jeune padawan de sa voix grave en essayant de conserver son calme malgré la volonté évidente du droïde de le pousser à bout. Se sentant à bout de patience, il ferma les paupières.

* Inspires à fond. Souviens-toi des séances de méditation... Trouves le lieu de quiétude et de sérénité qui est en toi, et habites-le afin de maintenir ton esprit réceptif à la Force. il n'y a pas d'émotions, il y a la paix ; il n'y a pas d'émotions, il y a la Paix... *

Ce mantra répété jusqu'à ce que son esprit s'apaise, le piètre mécanicien fixa le sol quelques secondes. Depuis trois ans qu'il se formait de façon auto-didacte (maniement du sabre le matin, étude d'une matière technique après le déjeuner, méditation le soir), sa détermination avait toujours pallié au manque de tuteur ou de professeur. Retranché dans la solitude, se mettant volontiers à l'écart, le Barabel négligeait les cours en groupe qui lui auraient pourtant été très profitables, choisissant de se débrouiller seul pour surmonter ses difficultés. Était-ce de la fierté mal placée, ou la peur pudique d'afficher en public son ignorance ? L'intéressé aux yeux ophidiens l'ignorait (ou du moins, préférait ne pas trop y réfléchir). Néanmoins, le casse-tête face auquel il restait bloqué cet après-midi là demeurait sans appel : il lui fallait un professeur. Plissant les lèvres à cette pensée qui chiffonnait son désir d'autonomie, Ragath se releva en murmurant avec fatalité :

" Après tout, savoir reconnaître quand il est inutile de s'acharner est une qualité utile à tout jedi avisé...

Les épaules rentrées, sa queue raccourcie s'agitant mollement dans son dos, le grand reptilien à la gueule garnie de crocs délaissa la pénombre de sa cachette pour se mettre en quête d'un professeur de mécanique. Palpant sa tunique, il constata qu'il puait encore, mais moins (ou alors, son odorat s'était habitué à la forte odeur d'huile) et que ses vêtements avaient presque séchés.
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Kilip commençait son apprentissage, mais pas réellement celui que l'ordre enseignait : il apprenait à vivre en communauté, ce qui ne lui était pas forcément très évident au vu de ses quelques handicapes comme la parole, la taille et l'odeur. Fort heureusement, tous s’accommodaient à ces difficultés, à cause du nombre incroyable d'espèces présentes, mais aussi de l'ouverture d'esprit nécessaire aux garants de la paix, et Kilip venait enfin de l'accepter. Jusqu'à présent, il croyait que leur doctrine guidait leur vie, mais à force de fréquenter des membres il finissait par revoir son jugement.

Sa journée avait commencée comme toutes les autres : au réveil il sortit de la chambre en laissant les autres dormir, l'habitude de se lever avant le début du soleil pour profiter de la fraicheur et des avantages qu'elle procurait étant toujours encrée en lui, et il se rendit dans un des jardins regarder la flore et permettant à ses compagnons à exosquelettes de se nourrir. Il avait senti des changements chez eux : ils avaient été nerveux au début, à cause du changement de climat, mais désormais qu'ils s'étaient habituer à la température et à la forte humidité de l'air - comparée à Tatooine, la majorité des planètes accueillant la vie étaient humides - les insectes habituaient leurs habitudes alimentaires. Surtout maintenant que Kilip avait réduit la quantité de liquide recouvrant ses bures pour diminuer l'odeur, mais ça diminuait aussi le garde manger de ses compagnons. Il espérait seulement qu'ils ne feraient pas trop de dégâts aux plantes et à l’écosystème.

Il se dirigea ensuite vers le réfectoire pour se nourrir à son tour et il n'y resta que peu de temps : il mangeait peu et se sentait oppressé par la quantité phénoménale de nourriture que les membres du temple y consommaient. Un seul petit déjeuner suffirait à nourrir tout l'ancien clan de Kilip durant quelques jours à cause de leur charge nutritionnelle tout comme de leur abondance.

En sortant du réfectoire, il alluma Zuiztie pour qu'il réponde aux salutations que prononçaient les gens du temple. La politesse des membres du temple était incroyable, mais dire bonjour dès que l'on croisait quelqu'un le gonflait, c'est pourquoi Zuiztie avait prit l'habitude de répondre même quand son maitre ne prononçait rien. Cependant, un petit problème technique arriva : le droïde s'éteint dans l'instant, pour se rallumer aussitôt, et ceux quelques fois avant que Zuiztie le désactive. Problème technique?

Il s'assit dans un couloir et ouvrit le boitier. La cause était simple : un faux contact sur une des soudures du câble reliant la batterie aux systèmes principaux. Il fallait tout de même refaire la soudure, ce qui le conduisit au "garage" comme il aimait l'appeler. Une fois dans l'entrée, il se dirigea rapidement vers l'un des établis - à ce détail près que les établis n'étaient pas les choses les plus proches de l'entrée... L'organisation était faite pour permettre aux pilotes de s’installer rapidement, pas pour que les techniciens aient rapidement accès à leurs instruments. Kilip secoua la tête : chacun ses priorités.

Il prit rapidement un fer et avec une adresse née de l'habitude il refit rapidement et proprement la soudure. Il allait pour allumer son boitier quand il entendit non loin :

" Éveil ? Démarrage ? Allumage ! "

Kilip sourit : qui criait ainsi sur une machine? En se retournant il vit une silhouette qui ne lui était pas méconnue. Il alluma Zuiztie et désactiva son intelligence artificielle : il allait se plaindre du manque d’entretien que le jawa lui prodiguait durant l'heure qui suivrait sinon.

" Ragath, c'est bien ça? Un problème? "
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[HRP] : Encore désolé pour cet incommensurable retard Embarassed [/HRP]

Ragath en était à énumérer mentalement la liste des individus qu'il connaissait pouvant potentiellement jouer les professeurs (Luke Kayan y figurait... Et c'était tout) lorsqu'une voix synthétique le tira de sa rêverie. En face de lui, perdu dans le décor d'appareils, de vaisseaux et de droïdes affairés, se tenait le petit jawa qu'il avait accueillit à l'académie. Revêtu de son éternelle bure masquant les détails de son visage, le padawan aux yeux brillants avait interpellé le massif reptilien, démontrant une sollicitude agréable. Mais à son grand étonnement, le barabel tâché d'huile réalisa qu'il ne parvenait plus à retrouver le nom de son jeune camarade ! Gêné et prit de court, Ragath répondit pour gagner du temps :

" Humpf... On peut dire ça, en effet... "

Le natif de Barab I laissa planer un silence, tandis que le démarrage d'un moteur emplissait l'espace sonore avec fracas. Il venait d'avoir une idée. Mais elle lui semblait un peu risquée. En agitant son appendice caudal, il se mit à évaluer la situation.

* J'ai besoin que quelqu'un m’apprenne à me servir d'un droïde, et les jawas ont la réputation d'être des experts en ce qui concerne l'électronique et la robotique. Il... Le nom du petit être rechignait encore à lui revenir. Lui ne devrait pas être différent des autres. En plus, il se balade en permanence avec un traducteur qu'il a bidouillé lui-même. Se souvint le saurien pensif en jetant un œil sur le coin où trônait toujours l'unité R2 désactivée, avant de revenir sur son interlocuteur. Néanmoins, par principe, je ne devrais pas me fier uniquement aux enseignements d'un padawan. Il nous arrive à tous de dire des bêtises, inconsciemment le plus souvent. Lui accorder la confiance et le crédit d'un professeur ne me semble pas très rigoureux.... Mais pour m'expliquer les bases, je pense qu'il ne se trompera pas. * Conclut intérieurement le futur disciple de la Force en repensant à ses propres débuts de guide. Il s'en était tiré honorablement, sans avoir reçu au préalable une formation particulière.

Utilisant son ton le plus poli, Ragath expliqua à son vis-à-vis en alliant le geste à la parole :


" Mais tu pourrais m'aider à régler ce problème ! Je suis venu au hangar pour me familiariser avec les droîdes et leur fonctionnement. Il se trouvait justement là-bas, dans ce coin, une unité R2 non-active. Je me suis mis à chercher le bouton d'allumage, mais... Il tira sur sa bure, déformant ainsi la tâche malodorante qui s'y était étendue. Tu peux voir ici le résultat. Afin d'épargner ce qui restait de ma tunique, j'ai préféré vérifier si on ne pouvait pas mettre en route l'astromécanicien à distance, par commande vocale. Mais si commande il y a, je ne l'ai pas trouvée... " Conclut le colosse écailleux, la mine assombrie.

Tout en éclairant la lanterne de son comparse, le piètre ingénieur barabel retourna sur ses pas, considérant avec optimisme qu'au moins, il avait déniché de l'aide rapidement (même si dire que l'aide l'avait déniché aurait été plus correct). Sa cachette ne lui parut alors plus aussi discrète qu'austère, et bien plus obscure que tranquille. L'ensemble avait de quoi dérouter un jeune élève de l'académie, surtout si il était dans l'incapacité de voir dans la pénombre. Ragath l'ignorait, mais sa race en était capable. Cependant, ayant vécu trop longtemps en compagnie d'une mentor humaine ne connaissant pas grand-chose de la physiologie des habitants de Barab I, le reptilien ne possédait plus cette caractéristique innée (vivre en permanence dans un endroit bien éclairé n'est pas sans conséquences). Dans le but de rendre sa "salle d'étude" moins effrayante, le saurien se mit en quête de lampes, et alluma toutes les torches qu'il put trouver après une fouille approximative. Un mélange tranché de zones claires et de tâches obscures persistantes remplaça le décor précédent, ce qui était loin de convenir à Ragath. Faute de mieux, il se concentra sur l'unité R2 provocatrice, qui le défiait du regard avec une superbe indécente.

Le fait qu'il ne parvienne toujours pas à mettre le doigt sur le nom de son jeune camarade dérangeait l'imposant humanoïde à sang-froid. Prêt à jouer le tout pour le tout, il prétexta d'une voix innocente :


"Je me demande si la Force ne pourrait pas m’aiguillonner dans ma recherche... En m'indiquant quoi chercher, ou bien où trouver le bon bouton... Voyons si ça fonctionne. Toi, tu n'as qu'à essayer la méthode traditionnelle. " Suggéra-t-il.

Droit comme un I, Ragath abaissa ses paupières et inspira à fond, profondément. Il se mit à répéter plusieurs fois cette action, tandis que, sous sa voute crânienne, son cerveau palpitait frénétiquement; Il était temps de mobiliser les souvenirs stockés dans son cortex


* On y va ! Focalises-toi sur le passé. Revois l'entrée du Temple, le moment où ce jawa est arrivé. Il avait un sac, et son traducteur brillait sur sa poitrine. Visualises son avancée timide, recréé le bruit des discussions qui résonnaient autour de toi... Et imagines-le face à toi. Retrouves les inflexions polis et dédaigneuses du droïde traducteur... *

Le processus se poursuivit un temps indéterminé pour le padawan en "méditation", jusqu'à la seconde où la mémoire lui revint brutalement.

* Oui ! Je me souviens ! Il s'appelle Kilip ! Kilip Jino ! Et il vient de Tatooine, dans la bordure extérieure ! Une planète désertique, où il fait horriblement chaud. La principale activité agricole est celle des fermes hydroponiques, et ses astroports sont remplis de vaisseaux de contrebandiers ! *

Une fois amorcé, le flux de données mémorisées devint vite intarissable. Les heures d'études que le reptilien avait péniblement passées dans la bibliothèque du temple, à consulter inlassablement les hologrammes récapitulant toutes les données accumulées par la république, ressurgissaient en un gruau d'informations indigestes. Chassant l'amas de souvenirs qui refluaient dans sa tête, le saurien bipède ouvrit les yeux, cherchant à localiser la petite silhouette brune au milieu des îlots éblouissant de lumières et de la mer de ténèbres.

" Alors Kilip, tu penses avoir trouvé l'interrupteur de ce droïde ? Parce que, de mon côté, ça n'a pas été très concluant... Où alors si : la Force ne souhaite pas m'aider à allumer cet astromécanicien. " Ironisa l'écailleux en adoptant une moue dépitée, levant mollement le bras pour indiquer l'unité R2.

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