"Non !" cria Iki, en nage, dans l'obscurité du dortoir. Haletant, il redressa le buste et tendit l'oreille. Personne ne réagit.

Encore un cauchemar. Le même cauchemar qui le faisait se réveiller en sursaut, toujours au même moment, et poser une main angoissée sur son bras gauche pour constater qu'il était encore là. Quand il était encore sur Alderaan, Iki avait découvert qu'en prenant conscience qu'il rêvait, il pouvait tenter de contrôler ses rêves. Souvent il se concentrait trop et se réveillait, mais parfois, quand il laissait son esprit divaguer, le garçon survolait des paysages splendides, de sa planète ou de son imagination, pendant un temps inquantifiable.

Ce cauchemar là, en revanche, s'accrochait à lui et le paralysait. Il n'avait aucun moyen d'en modifier le cours et n'arrivait même pas à s'éveiller avant que la lame rouge ne plonge vers lui. Le Sith ne l'avait laissé tranquille qu'une nuit de la semaine, mais le pirate borgne et son immense blaster qu'il vit à la place ne furent guère mieux. Haletant, le garçon s'assit sur le bord de son lit et posa sa tête entre ses mains. Il n'en pouvait plus. Bien sûr, il pouvait tenter de se rendormir, mais au risque de revivre la même scène, encore et encore, toute la nuit, toute sa vie. Ce n'était pas possible.

Rageant, il repoussa ses draps humides de sueur et se leva. Des mèches de cheveux lui collaient aux joues. Il ne voulait pas rester là, alors il prit son sabre et sortit silencieusement, en tenue de nuit et pieds nus. Une fois dans le couloir, il alluma la lame blanche et se dirigea à sa lueur vers l'étage inférieur. Un maître pouvait très bien le repérer et l'interpeller, ça ne le dérangeait pas. Il était même presque prêt à tout avouer tant il était ébranlé, ou alors à cogner dans la première chose molle venue tant il était frustré. Mais ni chose molle, ni Maître ne se mirent en travers de son chemin et le jeune padawan erra une bonne dizaine de minutes sans but précis avant de se retrouver devant la salle de méditation.

Déjà la fatigue reprenait ses droits et il bailla, pensant qu'ici, c'était toujours mieux que son lit. La porte s'ouvrit silencieusement à son approche et il s'engouffra à l'intérieur. Aussitôt une lumière tamisée bleu-grise enveloppa la pièce et Iki éteignit son sabre avant de le jeter sur le siège le plus proche de l'entrée. Puis il s'avança, parcourant la salle du regard à la recherche du coin le plus confortable pour méditer. Sa préférence alla indubitablement pour le grand pouf blanc au centre, sur lequel il se jeta et dans lequel son corps s'enfonça un peu tant ce pouf était mou. Ce n'était pas étonnant qu'il soit constamment pris d'assaut, de jour.

Bras et jambes écartées, l'aldéraanien laissa son regard se perdre dans le plafond vierge de toute distraction visuelle. Il ne fallut pas longtemps du tout pour que ses yeux se ferment. Lentement, sa tête bascula sur le côté et il oublia où il se trouvait.

Sanatas ne dormait pas. Il était tranquillement allongé dans son lit, recouvert par sa couverture, en train de lire, éclairée par une tige lumineuse réglée sur "medium". Il avait emprunté à la bibliothèque du temple un holo-livre et l'avait parcouru toute la journée. L'ouvrage était passionnant et il ne pouvait s'empêcher de le dévorer. Il ne trouverait surement pas le sommeil avant de l'avoir fini. C'était un compendium des mémoires d'un célèbre jedi nommé Jolee Bindo. Écrit dans un style plein d'humour et d'anecdotes croustillantes, il racontait les évènements principaux de la vie de ce jedi atypique, qui avait quitté l'ordre avant de vivre des aventures palpitantes dans la Bordure Extérieure.
Sanatas devenait de plus en plus "fan" de cet homme qui avait vécu de nombreuses choses, rencontrer de nombreuses personnes et visiter de nombreux lieux sans avoir à se soucier du carcan parfois frustrant des jedi. Le livre parlait de comment Bindo s'était mit à pratiquer la contrebande afin d'aider des peuples écrasés sous le joug de dictateurs, pirates, organisations criminelles et autres "déplaisants" du même genre. Il était parsemé d'évocations de ses idées et de sa philosophie, qui plaisait énormément au jeune padawan dévaronien.
Il allait aborder le chapitre "les amours de Jolee ou comment tenter un Bindo" quand il entendit un cri "Non !" dans l'une des cellules voisines. Il éteignit son holo-livre et abaissa la couverture afin de laisser ses sens parcourir la Force. Il reconnut la présence du jeune Iki Seldon, un padawan qu'il avait rencontré le jour de son retour au temple, il y a quelques jours. Apparemment, il était le seul à avoir entendu, les autres élèves devant dormir profondément à cette heure. Il sentit émaner du jeune aldéraanien de l'inquiétude et de la désorientation. Poussé par la curiosité, il se leva de son lit et alla entre-ouvrir la porte de sa chambre afin de jeter un coup à l'extérieur.
Il n'eut aucun mal à repérer le jeune garçon, malgré l'obscurité, car il s'éclairait à la lumière de son sabre laser activé, ne semblant pas s'inquiéter outre mesure d'être vu par un maître ou un chevalier de passage après l'extinction des feux.
Le dévaronien le suivit, n'ayant même pas besoin de se camoufler dans la Force car Iki semblait vraiment "marcher au radar" comme certains pilotes disaient. Pendant une bonne dizaine de minutes, il regarda le garçon errer sans but dans les couloirs avant de pénétrer dans l'une des salles de méditation.
Laissant de passer une minute, Sanatas pénétra à son tour dans la salle, s'attendant à trouver Iki en train de méditer. Au lieu de cela, il le vit affalé dans un grand pouf blanc. Était-il en train de dormir ? Sanatas s'inquiétait pour son nouvel ami (en tout cas, il espérait qu'il le considérait comme tel). Il entreprit de le secouer doucement afin de le réveiller. Ce n'était la peine qu'un padawan de plus est mauvaise réputation *Et puis c'est moi le rebelle ici, faut pas oublier ça...* Il chuchota :

-"Yo peedunkee Iki, réveille toi mon pote..."

Iki était enfin dans un état de bien être inégalé. Il ne voyait rien, ne sentait rien, ne pensait à rien, n'entendait.. qu'une voix lui chuchotant de se réveiller. Grommelant légèrement, le garçon entrouvrit les yeux qu'il fixa plus ou moins sur l'origine de la voix en précisant d'un ton pâteux : "J'suis pas petit.. kee baatu baatu." Après avoir cligné plusieurs fois des yeux, il reconnut Sanatas. Le dévaronien était facilement reconnaissable à son teint et ses cornes. Son allure générale donnait encore des frissons à Iki. A chaque fois qu'il le voyait, le petit brun devait taire son instinct qui criait "danger". Ce n'était pas de sa faute à lui mais aux histoires qui se racontaient sur ces démons fourbes et indignes de confiance.

"On est où ?" marmonna l'humain en redressant le buste. Ses jambes à l'horizontale s'enfoncèrent un peu plus dans le pouf. Il se massa le crâne et observa rapidement les alentours bleutés. "Ah.. c'est vrai." Si la mémoire de sa virée nocturne lui revint, ce fut également le cas pour les raisons de cette virée. Il fuyait ses cauchemars et ceux de Lyrae. Peut-être qu'il aurait dû aller à l'Aile B plutôt qu'ici...

Son attention grandissante se reporta sur Sanatas. "Qu'est ce que tu veux ? Tu m'as suivi ?" Est-ce que le dévaronien allait le dénoncer aux Maîtres ? Où peut-être qu'il n'arrivait pas à dormir lui aussi. "C'est moi qui t'ai réveillé ?" Les yeux du garçon s'arrondirent lorsqu'il se souvint enfin que le cornu était présent lors de l'incident. Il replia alors les genoux et croisa les jambes devant lui. "Toi aussi, il t'empêche de dormir ? Tu le vois ?" demanda-t-il d'un ton soudain parfaitement éveillé avant de fermer la bouche. Il posait un peu trop de questions d'un coup.

Ca ne lui était pas venu à l'esprit jusqu'à cet instant que Sanatas ait vu les mêmes choses que lui. Le dévaronien avait toujours l'air si sûr de lui, confiant et intouchable...

Iki s'était réveillé plutôt facilement, en même temps, Sanatas ne l'avait pas trop brusqué. Il grommela une phrase en hutt puis demanda ou il se trouvait avant de regarder autour de lui pour s'en rendre compte. Sanatas s'étonna d'abord de la réaction, on aurait dit que le jeune garçon venait de se réveiller d'un long et profond sommeil alors qu'en réalité, il s'était assoupi cinq minutes à tout casser.
Son attention sembla se reporter sur Sanatas et c'est surement la qu'il avait réalisé qui l'avait réveillé car il le bombarda de questions en prenant une position de léger repli, plutôt choqué que réellement apeuré : "Qu'est ce que tu veux ? Tu m'as suivi ?" "C'est moi qui t'ai réveillé ?" "Toi aussi, il t'empêche de dormir ? Tu le vois ?" Comment ça "il" ? De qui "il" ? Pourtant L'esprit d'Iki avait l'air parfaitement clair sur cette dernière question ce qui semblait étrange car il avait l'air complètement sous le choc il n'y avait pas deux secondes. Sanatas décida d'essayer de le calmer un peu avant d'approfondir le sujet. Il lui prit les mains et lui transféra autant de sentiments apaisants qu'il le put grâce à la Force :

-"Calme toi pateesa, c'est rien... C'est surement rien... Tu as du faire un mauvais rêve, ne t'en fait pas..." Il lui lâcha les mains puis lui donna une petite tape amicale sur l'épaule "Respire un grand coup et dis qui est le "il" dont tu parlais à l'instant."

Les yeux maintenant alertes d'Iki s'ouvrirent en grand quand les deux cornes se rapprochèrent. Inconscient des intentions du dévaronien, le garçon lui accorda toutefois le bénéfice du doute et se laissa prendre les mains. Une vague rassurante déferla alors de ses doigts dans son corps tout entier. C'était un peu comme au centre médical : ses épaules étaient plus légères, ses poumons décrassés et il avait envie de sourire. Pile au moment où il allait enlever ses mains, Sanatas lui même rompit le lien.

L'aldéraanien prit une grande inspiration et détendit ses jambes. "Sanatas.. j'ai plus envie de faire ça. La dernière fois..." ça s'était plutôt mal passé, et il n'avait vraiment pas envie de risquer que ça arrive à nouveau, pas avant d'avoir compris ce qui avait provoqué l'incident. Lyrae lui avait déjà dit que la détresse, la haine et la douleur qu'il avait ressenties à ce moment là ne lui appartenaient pas véritablement. Pour autant, savoir ça ne faisait pas disparaître les sensations.

"Tu l'as pas vu alors ? Le sith..." Le regard d'Iki se fit vague, un peu à droite de la tête du dévaronien. "Il a des cheveux blancs et des yeux rouges, et une lame rouge aussi. Il sourit, ça l'amuse. Lyrae est par terre mais il s'en fiche. Mais Lyrae utilise son sabre, tu vois pas ça ?" Le petit brun s'extirpa alors du pouf et alla récupérer son sabre blanc, qu'il garda entre ses mains en retournant vers Sanatas. "Alors le sith il allume sa lame rouge..."

*swooosh*, fit la lame blanche d'Iki.

"Transforme ta rage en puissance ou reste ici blessé à mort en ayant tout perdu, en ayant rien pu faire..."

Calme, avenant, le garçon contourna le pouf et balança son sabre pour trancher la jonction entre l'épaule et le bras gauche de son adversaire.

Quand Sanatas lui lâcha les mains, le garçon dit "Sanatas.. j'ai plus envie de faire ça. La dernière fois..." pour lui indiquer qu'il ne préférait pas retenter l'expérience. Sachant pertinemment qu'Iki avait du être choqué lors de "l'affaire centre médical" il décida bien sur de ne pas insister et acquiesça de la tête.
Enfin, l'enfant se décida à lui expliquer qui était ce "il" qui lui faisait tellement peur. Le dévaronien mis ses mains dans le dos pour lui montrer qu'il écoutait attentivement :

"Tu l'as pas vu alors ? Le sith..." Puis il ajouta "Il a des cheveux blancs et des yeux rouges, et une lame rouge aussi. Il sourit, ça l'amuse. Lyrae est par terre mais il s'en fiche. Mais Lyrae utilise son sabre, tu vois pas ça ?"

Sanatas recula d'un pas, d'un geste assuré, quand Iki se leva de son pouf, sabre laser en main.

"Alors le sith il allume sa lame rouge..."

La lame blanche du sabre laser d'entrainement s'extirpa de la poignée. A cet instant, le jeune alderaanien prononça une phrase que Sanatas essaya de graver dans sa mémoire :

"Transforme ta rage en puissance ou reste ici blessé à mort en ayant tout perdu, en ayant rien pu faire..."

Elle ne semblait pas venir d'Iki mais plutôt émaner de la manifestation non-définie qui les avait perturbé lors de leur méditation collective. D'un calme presque inquiétant, le garçon d'à peine douze ans fit un mouvement pour contourner le pouf et d'un geste le lança dans la direction du dévaronien. Ce dernier garda son calme, il l'observait le garçon et il semblait viser un ennemi imaginaire, il n'était donc pas viser.
Sanatas fit un léger pas sur la droite, tendis son bras afin d'intercepter l'arme grâce à la force. Le sabre décrivit plusieurs cercles de lumière blanche avant d'atterrir, éteint, dans sa main griffue :

-"Woooh peedunkee... Attention à ce que tu fait." en attachant la poignée du sabre à côté de la sienne, à sa ceinture utilitaire. Il s'approcha doucement et avec assurance d'Iki. "Écoute Iki, j'ai beaucoup réfléchi depuis ce qui s'est passé là-bas. J'ai l'impression que le problème vient de Lyrae et que tu en a été victime car tu est plus... Réceptif, comme une sorte de gros aimant à ferrailles de Raxus Prime, j'ai l'impression... Il fit les derniers pas qui le séparait du jeune garçon puis se pencha vers lui "Ce que je préconise, c'est qu'on en parle aux maîtres ou peut être juste à Mish... au maître de Lyrae. Pour l'instant, ce qui me semble le plus important c'est que tu t'applique à démêler toi même tes propres émotions. Il soupesa le sabre d'Iki à sa ceinture avant de le décrocher. "Et comme je vois que tu as l'air d'humeur particulièrement sportive, je te propose de le faire à la manière Echani, un duel amical. En plein combat, les émotions superflues seront ainsi balayées et nous pourrons nous concentrer sur nous mêmes. Ne t'inquiète pas, c'est une salle de méditation, c'est insonorisé, il n'y a aucun risque qu'on réveille quelqu'un."


Il lui tendit son sabre avec un grand sourire.

Iki resta bouche bée quand son sabre lui échappa des mains pour atterrir dans celles de Sanatas. Ça ne s'était pas passé comme ça dans son récit acté mais c'était impressionnant. Il tiqua un peu quand le dévaronien lui dit de faire attention, puis réalisa qu'il était plus près de Sanatas qu'il ne le pensait. "Désolé..." murmura-t-il alors, penaud, et il recula un peu en observant son camarade en train de s'approprier son sabre. Il avait juste voulu lui montrer, il n'aurait jamais vraiment coupé le bras de Sanatas, il fallait être fou pour ça ou être un Sith.

Trop songeur à ce qu'il venait de faire, il ne tiqua même pas au 'peedunkee' et ne releva les yeux que lorsque le cornu l’appela par son vrai prénom. Ainsi, Sanatas le qualifiait de réceptif. Ce n'était pas un gros mot, mais est-ce que c'était un bonne chose ? A en croire Maître Lune, il avait besoin de construire des barrières, mais faire ça dans la Force, ce n'était pas comme en bâtir une avec ses mains, du bois, des clous et un marteau. Et bien entendu, les autres padawans y arrivaient mieux que lui. Encore pire, ils en avaient déjà tous, des barrières, sans avoir besoin de rien faire.

Légèrement ronchon face à l'explication de Sanatas, Iki fronça le nez et les sourcils pour signifier que parler de l'incident à d'autres personnes, surtout à des maîtres, ne le tentait toujours pas. Quant à démêler ses émotions, il voulait bien, mais comment reconnaître les siennes de celles de Lyrae ou de celles du Sith ? La réponse vint du dévaronien lui-même, et ce n'était pas le genre de chose à laquelle Iki aurait pensé.

"Un duel ?" s'étonna-t-il en récupérant son sabre. Il le tourna dans tous les sens en le scrutant, puis leva un regard suspicieux vers son camarade. Sanatas avait du avoir vent qu'il était mauvais et voulait tout simplement s'offrir une victoire facile ! En plus, le dévaronien était bien plus grand que lui, donc bien plus fort. Iki en avait assez de se faire humilier, et pourtant, quelque chose lui disait que l'argumentation du cornu tenait la route, que ça pourrait lui faire du bien d'évacuer un peu, de laisser filer ses émotions. Et il n'y aurait personne d'autre que Sanatas pour voir ça.

"C'est peut-être pas une bonne idée", commenta le garçon en tenant le manche du bras à la verticale, ses bras tendus. Son pouce appuya sur le bouton et leurs visages s'éclairèrent. Concentré, il ne quitta pas Sanatas des yeux le temps de se déplacer pour mettre entre eux le grand pouf blanc. Alors il attendit, en pyjama, ses pieds nus rivés au sol, ses genoux fléchis et ses jambes légèrement écartées. Il n'allait pas frapper en premier. D'ailleurs, son adversaire n'avait même pas encore allumé sa lame.

"Tu y vas doucement hein ?" lâcha sa voix d'enfant, et il frissonna un peu en se demandant à qui ce conseil était vraiment adressé.

Iki fronça le nez d'un air contrarié quand Sanatas évoqua l'idée d'aller parler de l'accident du centre médical à quelqu'un, lui signifiant ainsi qu'il n'était absolument pas d'accord pour ça. Le dévaronien se dit qu'il faudrait bien qu'il arrive à le convaincre et se promit de retenter plus tard. Pour le moment, il laissa tomber et se concentra sur le duel.
Le jeune aldéraanien l'avait d'abord regardé d'un air suspicieux. "Un duel ?" "C'est peut-être pas une bonne idée" Sanatas était au courant de ses quelques difficultés l'arme à la main pour avoir suivi quelques cours de Shii-cho avec lui et se douta que le garçon pensait qu'il voulait se moquer de lui. Après qu'il lui est expliqué pourquoi cette idée lui était venue, Iki sembla se faire à l'idée et se mit en position avant d'allumer sa lame. Sanatas lui fit un sourire rassurant et recula d'un pas en se mettant lui aussi en position. Il comptait bien sur y aller mollo, il choisis donc de s'en tenir à quelques passes de Forme I, le fameux Shii-cho afin que le garçon puisse se défendre. Son propre style de combat étant basé sur cette forme ainsi que sur quelques mouvements de Soresu (III) et d'Ataru (IV), il n'en serait ainsi pas vraiment dépaysé. Il ne prit donc pas sa garde habituelle, la lame du sabre dirigée vers l'extérieur mais la garde basique, se présentant lame en avant à son petit adversaire :

-"Okay slagwa on a dit..." Il leva sa lame "N'oublie pas... Tu dois te concentrer sur le combat et rien d'autre, ne pensez à rien d'autre que ça. Tu est prêt ?" Iki lui répondit affirmativement d'un timide signe de tête "Boska !"

Il commença par quelques passes basiques visant le torse afin de voir comment le jeune garçon s'en tirait...

Boska ! Le signal était donné, et Iki l'accueillit avec un frissonnement d'appréhension. Sanatas était bien plus doué que lui, il avait passé plus de temps au Temple, avait même appris d'autres formes que celle de base. Certains de ses coups seraient donc imparables pour le jeune aldéraanien. Pourtant, l'attitude sympathique et réconfortante du dévaronien incitait Iki à ignorer les statistiques et essayer de faire au mieux.

Lorsque leurs deux lames se croisèrent et crissèrent pour la première fois, Iki faillit bien perdre la sienne car il ne la serrait pas suffisamment fort. Grinçant des dents, le garçon raffermit sa prise et para in extremis une deuxième attaque de l'autre côté. Il n'eut pas le temps de contrer la troisième, mais il évita le pire en reculant d'un pas et la lame de Sanatas fouetta l'air juste devant lui. Comme le gros pouf blanc se situait entre eux deux, il était maintenant hors de portée sauf si son adversaire décidait de contourner l'obstacle. Il profita de ce moment pour se remettre en garde comme il fallait et calmer sa respiration. C'était bien plus simple de se concentrer quand il n'y avait pas d'autres sabres qui valsaient à côté.

Sabre pointé en avant pour maintenir en respect le cornu, l'aldéraanien tâcha de trouver dans l'environnement immédiat le moindre objet dont il pourrait tirer avantage. Puisqu'il n'était pas bon en sabre, mieux valait exploiter d'autres atouts. Hélas, le pouf était bien trop lourd pour qu'il puisse le manipuler et l'envoyer dans les jambes de Sanatas, et à part ce pouf, il n'y avait rien de bien utile. Tant pis, il y avait d'autres choses à tester, le genre qu'on lui aurait interdit de tester pendant un entraînement normal et sous surveillance, parce qu'il fallait se concentrer sur le sabre, rien que le sabre et blablabla.

Le sabre toujours dardé vers la taille de Sanatas, Iki le fixa droit dans les yeux et lui dit de toute sa Force : "Tu peux abandonner maintenant si tu veux. Je suis pas aussi nul que tu crois, et t'aimerais pas te faire blesser par un gamin." Sans attendre de réaction, il avança son pied droit et balança son buste en avant pour porter un faux coup d'estoc, qu'il arrêta un peu avant le ventre. Le padawan dégagea alors sa main gauche du manche pour la mettre à la verticale. Yeux fermés, il canalisa ce qu'il pouvait pour pousser Sanatas et, pourquoi pas si le cornu était suffisamment surpris, le renverser.

Les lames s'entrechoquèrent. Dès le début le jeune homme failli perdre la sienne car il ne serrait pas le manche assez fort. Sanatas ne dit rien, le duel echani devait généralement se passer en silence pour être efficace et de toutes façons, le jeune garçon avait rectifier de lui-même. Le dévaronien avait percé sa garde dès la troisième passe mais il esquiva in extremis en faisant un grand pas en arrière. l'alderaanien profita de cet instant pour reprendre son souffle. Sanatas lui en laissa le temps.
Tout, dans sa manière de se battre ou dans sa façon d'appréhender la situation, évoquait un futur jedi consulaire. Sanatas se remémora rapidement ce qu'il avait lu dans ce livre sur les traditions echani et cela lui permit de se faire une idée de ce que "montrait" ce combat. Le jeune Seldon donnait l'impression d'avoir peu confiance en lui et pas seulement dans le maniement de son sabre laser. Il transparaissait du jeune garçon un sentiment de doute qui s'étendait bien plus loin que la situation de combat. Sanatas se demandait si il partageait les mêmes doutes que lui même, à propos de son futur de jedi ou même de sa simple place au sein du temple.
Iki fixa Sanatas dans les yeux, il tentait de lui implanter une suggestion hypnotique dans son esprit grâce à la Force "Tu peux abandonner maintenant si tu veux. Je suis pas aussi nul que tu crois, et t'aimerais pas te faire blesser par un gamin." Le dévaronien se contenta de sourire en toute réponse mais le garçon en avait profiter pour le feinter. Il avait fait mine de lui porter un coup à l'estomac mais avait brusquement changer de posture afin de le repousser grâce à la Force. Voila qui était digne de ce qu'il savait de la forme XII, le Trakata et Iki l'avait utilisé de manière instinctive surement sans la connaitre. Sanatas glissa pendant deux secondes, le temps qu'il lui fallut pour concentrer la pression de la Force sur ses pieds. Il s'arrêta, fermement camper sur ses deux jambes puis il bondit en direction d'un mouvement svelte, le sabre brandit bien haut, afin de l'abattre en plongeant. Il assaillit plusieurs fois rapidement le jeune garçon mais toujours sur des techniques basiques qu'il pourrait parer mais qui le rendrait vulnérable en cas de changement brusque. Le dévaronien avait prévu quelque chose pour faire une petite pause et faire le point.
Profitant d'une tentative de contre-attaque d'Iki, il fit passer son sabre dans son dos et avec sa main libre attrapa le poignet du jeune garçon, l'attirant en avant. Il put ainsi terminer le mouvement circulaire de sa main armée et en se retournant faire lâcher le sabre à Iki. Il avait appris cette technique de désarmement Ataru pas plus tard que la veille et manifestement, elle marchait très bien. Il recula en souriant, faisant sauter le sabre de l'alderaanien dans sa main avant de stopper la confrontation pour un moment :

-"Alors... Voyons si t'as bien compris l'principe. C'est ton tour d'observer maintenant. On va refaire un tour et tu me dira ce que tu peux dire sur moi après ce nouvel échange."

Il lança son arme au jeune jedi juste avant de se remettre en position.

Les deux secondes durant lesquelles Sanatas s'éloigna en glissant furent deux secondes de pure jubilation pour Iki. Il n'aurait jamais imaginé que ça puisse marcher si bien. Hélas, son adversaire se stabilisa rapidement et repartit derechef à l'assaut. Iki, qui avait baissé sa garde, se retrouva à nouveau à serrer les dents pour parer chaque coup comme il pouvait. Sanatas était bien plus fort que lui et chaque croisement de sabre pesait un peu plus sur les bras du petit brun. Légèrement aigri par le retournement de situation et croyant voir une opportunité de la réinverser, il frappa de toutes ses forces sur le sabre un peu trop baissé de Sanatas.

A sa grande surprise, ce fut au tour de son propre sabre de fouetter l'air. Il bascula un peu en avant. Avant qu'il n'ait retrouvé son équilibre, son poignet se retrouva prisonnier et il se sentit tiré. Complètement dépassé par cette technique qu'il n'avait jamais étudiée, il ne put qu'ouvrir de grands yeux pour assister impuissant à son désarmement. Son corps tomba sur le pouf et s'affala. Le sourire supérieur et satisfait de Sanatas le fit maugréer en silence : voilà, comme prévu, le cornu se gaussait de lui. C'était injuste, il était bien plus grand ! Et puis il n'aimait vraiment pas voir son sabre laser dans la main d'un autre, même si c'était à peu près un ami !

La machoire serrée et le regard légèrement mauvais, le garçon attendit qu'on veuille bien lui rendre son sabre. Les instructions de Sanatas entrèrent dans son oreille droite et ressortirent par la gauche. Il n'avait pas envie d'observer, il voulait lui rendre la monnaie de sa pièce. Se venger, comme Lyrae voulait se venger du Sith. Comme le Sith voulait se venger d'autre chose. Ça avait l'air bien plus simple de se battre comme ça, et il avait des exemples très concrets sur lesquels s'appuyer - juste le temps d'effacer le sourire de Sanatas.

Assis sur le bord du pouf, le sabre éteint entre les mains, l'aldéraanien gardait les yeux rivés sur ceux de son opposant. Il rappellait à lui ce que d'ordinaire il voulait oublier, ce qui hantait ses nuits et était à l'origine de sa promenade nocturne : le combat entre Lyrae, le Sith, leurs sensations, leur passion, leur hargne. Quand il se sentit prêt, il alluma sa lame blanche et bondit pour frapper à l'horizontale le buste de Sanatas. Qu'on le contre ne le dérangeait pas, il recommençait, frappant rapidement au flanc droit, au flanc gauche, avançant d'un pas à chaque coup. Le garçon y mettait toutes ses forces, et même plus que ça, empêchant le dévaronien de contre-attaquer, minant ses défenses. Les joues rouges et les traits durs, il était prêt à hurler si ça pouvait faire ployer Sanatas plus rapidement.

Il n'y avait plus de pouf entre eux, plus de limite. Bientôt le cornu se trouva acculé contre la paroi ronde de la salle et Iki, transpirant un peu dans son pyjama, se surprit à sourire à son tour. Bloquant une attaque diagonale de Sanatas avec son sabre, il repoussa la lame ennemie sur la gauche, juste assez pour pouvoir donner sans danger un grand coup de genou dans le ventre du cornu.

Iki n'avait pas l'air de vouloir "observer" quoi que ce soit, il donnait plutôt l'impression de vouloir mordre. Il s'était assis sur le pouf après avoir récupéré son sabre laser et regardait maintenant fixement Sanatas. Ni son regard légèrement mauvais ni sa mâchoire crispée ne rassurait le dévaronien. De plus, il ressentait le même sentiment de malaise que pendant leur méditation dans le centre médical, ce malaise qui avait précédé de peu la manifestation du Côté Obscur. Sanatas n'eut pas le temps de prévoir comment réagir que la lame blanche du sabre laser du jeune alderaanien s'activa à peine une demi-seconde avant que ce dernier ne bondisse sur Sanatas pour l'attaquer.
Il attaqua de manière de répétée au buste du dévaronien, avec une férocité et une hargne qui le surpris. Sanatas parvenait à parer chaque fois de justesse mais Iki avançait à chaque assaut, le forçant à reculer et bientôt il se retrouva dangereusement proche du mur au fond de la salle :

-"Hey yo calme toi gamin, c'est pas la peine de..."

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, d'un mouvement rapide le jeune Seldon perça sa garde et le toucha au bras droit. Heureusement, les sabres laser confiés au padawan était des armes d'entrainement à la lame bridée et il ne ressentit qu'une brulure qui lui arracha un grognement. Il avait perdu le peu de concentration qu'il avait gardé et se trouvait maintenant dos au mur. Il tenta une attaque pour repoussé son assaillant mais ce dernier la para avec violence, l'écartant de la ligne. Iki lui assena un violent coup de genou et un craquement sinistre se fit entendre. Le dévaronien avait une côte brisée.

-"umfh !"

*Sale fils de murglak ! Je vais te me le... Non calme toi San'...*

Sanatas fit appel à la Force et une impulsion puissante repoussa le jeune garçon. Se tenant les côtes, le dévaronien réactiva la lame de son sabre et la fit passer à l'arrière de sa main, comme il le faisait habituellement. Il avait compris ce qui "motivait" le comportement soudainement violent d'Iki et cela l'horrifiait. C'était la toute première fois qu'il était confronter à un utilisateur du Côté Obscur. Bon d'accord, c'était un môme de douze ans haut comme trois canettes de bière corellienne et à dire vrai le Côté Obscur l'utilisait lui plus que l'inverse mais Sanatas avait toujours entendu ses maîtres lui dire de se méfier. Il fallait donc qu'il mette toute les chances de son côté, qui sait jusqu'où l'alderaanien pourrait aller sous cette influence. Il repasserait donc à ses techniques de combat habituelles et chercherait à se mettre en sécurité le plus vite possible. Il eut une idée...
Essayant d'oublier la côte cassée qui le faisait souffrir, il bondit à son tour sur son adversaire et le frappa d'un coup de pied sauté avant d'enchainer sur une attaque verticale au sabre. Iki, qui ne l'avait pas lâché du regard para facilement cette attaque et un nouvel échange débuta. Sanatas essayait d'atteindre la porte tout en maintenant son adversaire à l'écart. A cet instant, il aurait donné toute sa collection des Flashin' Banthas pour un modulateur de lame. Il parvint tout de même à la porte et fit mine de réengager le jeune humain. Ils s'échangèrent deux ou trois coups avant que Sanatas ne décoche un violent coup de pied directement sous le menton d'Iki. Ce dernier tomba à la renverse et Sanatas espéra qu'il l'avait sonné. Il fit un geste vers la porte, utilisant la Force pour actionner le bouton d'ouverture à distance et se projeta à l'extérieur de la pièce juste avant d'utiliser ses compétences en sécurité pour fermer rapidement et hermétiquement l'issue. C'est la qu'il s'autorisa une seconde pour souffler et se frotta l'endroit ou sa côte était brisée avec une grimace.

*Sacré Iki...* Pensa t-il en éteignant la lame de son sabre et en pressant le bouton de communication de la salle de méditation. Il chuchota :

-"C'est bon tu te calme un peu la le costaud ? On peut discuter ou t'es vraiment, vraiment pas content la ?"

Pourquoi se calmer, alors qu'il était en train de dominer le combat ? C'était bien la première fois d'ailleurs, et Iki était parfaitement conscient du caractère incongru de leur situation. Sanatas reculait devant lui, devait se servir de la Force pour le maintenir au loin, et tentait même de fuir, le lâche ! Une côte cassée ne lui avait donc pas suffit ? Fallait-il qu'il lui brise les jambes pour enfin le tenir à sa merci ?

Dans un état second, l'aldéraanien laissait libre cours à ce bonheur de gagner. Voilà qui rabattrait le caquet de tous les moqueurs ! Parer les bottes de Sanatas était devenu si facile. Il n'avait toujours aucun style au sabre, ses mouvements étaient toujours aussi grossiers et peu expérimentés, mais il arrivait toujours à placer sa lame au bon endroit, au bon moment. L'excitation montait d'un cran, le poussant à lâcher prise. Sanatas commettait une nouvelle erreur en abaissant sa garde, exposant sa cuisse gauche. Sans hésiter, Iki balança son sabre et... se prit un bon coup de pied dans la mâchoire.

Étonné, les yeux grands ouverts, le garçon entreprit d'improviser une petite guigue à reculons avant de s'écrouler sur le dos au sol. Sa main lâcha le sabre laser qui s'éteignit. Il vit le plafond lisse et courbé faire des vagues, puis ne vit plus rien. Lorsqu'il redressa le buste quelques secondes plus tard, sa main gauche alla masser son menton endolori et il gémit un peu. Il avait l'impression qu'en serrant trop fort les dents, celles-ci se décrocheraient et tomberaient par terre. C'était loin d'être agréable.

Une voix retentit dans l'intercom près de la porte. Sanatas ! Prestement, Iki se releva et tangua un peu jusqu'au bouton sur lequel il écrasa son poing gauche. "Tu m'as fait mal, salaud !" tonna-t-il d'une voix meurtrie. Puis il se souvint avoir entendu un craquement après son coup de genou dans les côtes du dévaronien et un sursaut de honte refoula sa colère. La fierté reprit rapidement le dessus : "Je t'ai bien eu, pas vrai ? Tu fais moins le fier maintenant", tança-t-il l'intercom avec un sourire carnassier. Puis il se souvint qu'il n'aurait jamais dû gagner et une vague de froid l'engourdit un peu.

"Tu.. tu peux rentrer hein. J'ai plus envie de jou.. enfin j'ai plus envie de m'entraîner", précisa-t-il avec beaucoup moins d'assurance et un certain degré de supplication. "Mon sabre est par terre, c'est pas un piège, j'te le jure." Son regard dévia sur l'arme éteinte et abandonnée au sol et il se mordit les lèvres. Non, ça n'avait pas été une très bonne idée.

Sanatas se concentra sur la Force et tenta de sentir si le Côté Obscur était encore présent chez le jeune garçon. Il ne ressentit rien à ce sujet mais plutôt une grande honte. Iki regrettait... Le dévaronien décida donc que la situation ne présentait plus de danger immédiat et se décida à entrer. Il tapa le code d'ouverture et annula le verrouillage, il ne fallait pas laisser de traces de leur passage ici. Il pénétra de nouveau dans la salle de méditation et vit effectivement l'alderaanien, le regard honteux ainsi que son arme de jedi, sur le sol à quelques mètres d'eux. Si jamais Iki reprenait les hostilités, ce dont Sanatas doutait fortement, il aurait largement le temps de récupérer le sabre. Il s'avança vers le garçon :

-"Faut vraiment que tu te mette dans ta p'tite tête d'humain que ce n'est pas grave d'être vaincu en entrainement, on est tous ici pour apprendre tu pige ? C'que vous pouvez être fiers parfois..." Le regard du jeune garçon ne changea pas "T'inquiète pas patissa, c'est pas grave... Enfin... ça aurait put être plus grave, ça arrive à tout l'monde de perdre le contrôle. Avec ce qui est arrivé au cours de cette année, c'est normal qu'on soit tous sous pression."

Sanatas parlait, consciemment, comme si cet incident n'avait été qu'un banal coup de frustration mal géré. Il y avait surement de cela mais le Côté Obscur était à l'œuvre depuis l'épisode du centre médical, le dévaronien le sentait bien. Il fallait faire quelque chose et il en était bien conscient, il ne pouvait rien faire pour aider le jeune Seldon, il n'avait pas assez d'expérience avec la Force Obscure (heureusement, en même temps...) Non, il fallait prévenir les maitres. Peut être pas tous mais au moins Lune. Iki avait clairement signifié qu'il ne voulait pas faire ça mais il ne se rendait surement pas compte de l'ampleur que pouvait prendre les choses. Le temple d'Ondéron, ainsi que l'Ordre Jedi par ricochet, étaient extrêmement affaiblis après l'attaque des sith, il ne fallait pas qu'il laisse le Côté Obscur s'insinuer de l'intérieur pour couronner le tout. Ne voulant pas passer des heures à essayer de convaincre vainement Iki, il décida de la jouer un peu plus sournoise. Il en parlerait directement à Lune. Il n'aimait vraiment parler des gens sans qu'ils soient présent, surtout ses frères jedi en fin de compte, mais il ne pouvait pas rester sans rien faire. Avec un peu de chance, Maître Lune arriverait à calmer Iki sans mentionner le nom du dévaronien.

-"Bon le duel echani c'est un échec hein... Faut bien l'dire... Mais ça reste une excellente façon de procédé d'après moi. Konchimiki, c'est pas grave. Tu va rentrer bien sagement dans ta chambre et pioncer un peu. Moi il faut que j'aille discrètement choper un patch de bacta et un tranquillisant pour soigner ma côte à l'infirmerie. Mee jewz ku peedunkee."

Il quitta la pièce et dirigea discrètement vers le centre médical, laissant le soins à Iki de tout remettre en ordre afin de ne pas attirer l'attention le lendemain.

Les doigts croisés, Iki se grattait la peau en évitant le regard de son ami. L'espace d'un moment, au ton moralisateur qu'employait Sanatas, l'aldéraanien crût être en face d'un Maître. Mais le cornu retrouva rapidement son ton rassurant et conciliant et Iki leva les yeux vers lui pour s'assurer qu'il n'était pas vraiment tout à fait fâché.

Il avait beau entendre 'c'est pas grave' répété plusieurs fois, le jeune padawan avait bien du mal à y croire. Lui qui abhorrait toute forme de violence venait de casser une côte à son ami et ça devait faire très mal. A côté, sa douleur au menton était dérisoire. Si seulement il savait comment guérir, il aurait pu effacer immédiatement son erreur et faire comme si rien ne s'était passé ! Mais il ne pouvait pas aider Sanatas et le dévaronien devait risquer une expédition nocturne à l'infirmerie par sa faute. Les épaules d'Iki s'affaissèrent un peu plus et il mima un "pardon" inaudible tandis que le cornu s'échappait. Il espérait juste que son ami ne parlerait de ça à personne.

La salle de méditation était spartiate : aucun meuble, juste quelques sièges et poufs de couleur différente. Leur combat en avait déplacé quelques uns et le garçon les remit à leur place, la tête ailleurs. Après avoir fini, il avisa le sabre inerte par terre et, visage impassible, il se donna de l'élan pour l'envoyer valser du pied. L'arme rebondit contre le mur avant de retomber au sol. Iki la toisa quelques instants, poings serrés, puis il ferma les yeux, calma sa respiration et laissa le sabre revenir vers lui. En l'allumant, il constata qu'il fonctionnait encore.

D'un pas rapide, le garçon franchit la porte de la salle et s'engouffra dans les couloirs du Temple, guidé par la simple lumière blanche de sa lame.