Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
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- Commutateur grillé, marmonna le padawan pour lui-même.

Entre ses dents était coincé un tournevis et ses deux mains étaient plongées sous le petit panneau coulissant d'un droïde astromécano endommagé. Au bout de quelques secondes de manipulation, un petit cylindre noir se décrocha et Lyrae l'exposa à la lumière pour mieux ausculter l'élément électronique. Mais au lieu d'observer le commutateur noirci, ses yeux glissèrent sur les doigts rouges qui le tenaient. Des doigts étrangers, toujours boursouflés, mais à la vue desquels il ne sursautait plus, désormais.
Pas qu'il s'était mis à apprécier son nouveau membre, mais il ne lui arrachait plus de surprise, seulement des soupirs fatalistes.

L'examen de l'objet révéla qu'il était inutilisable, et Lyrae l'envoya sur un tas d'objets détruits ou endommagés avant de reposer sa main sur l'astromécano.

- Je peux rien faire pour toi si on te trouve pas des pièces potables, mon pauvre,
murmura-t-il à la machine éteinte après avoir récupéré son tournevis dans sa main valide.

Il sentit son estomac se contracter, signe de la faim qui commençait à se montrer. Mais il n'irait pas au réfectoire maintenant. C'était presque l'heure du rush, le moment où tout le monde se précipitait aux tables et où, immanquablement depuis des jours et des jours, on observait son allure du coin de l'œil ou on lui adressait des regards emplis d'une compassion qui gênait le padawan. Alors il évitait autant que possible de se retrouver dans les endroits où il y avait foule, et la remise du hangar, où l'on entassait toutes les machines devant être réparées, était logiquement devenue son refuge. Quelques techniciens allaient et venaient, mais il y avait tellement de travail pour la reconstruction qu'ils étaient plutôt à courir dans le Temple pour parer au plus urgent. Droïdes incohérents, ordinateurs défectueux et autres moteurs de véhicules calcinés s'entassaient jour après jour dans cette pièce que Lyrae n'avait jamais vu si encombrée : le prétexte parfait pour rester à l'écart tout en se rendant utile. D'ailleurs, les Chevaliers et Maîtres étaient si occupés, eux aussi, qu'on n'avait guère remarqué le temps qu'il passait ici, dans sa solitude protectrice.

Se forçant à oublier sa faim, il laissa là le droïde silencieux pour se rendre nonchalamment à la réserve, où il pourrait peut-être trouver, selon lui, quelque commutateur digne d'être utilisable pour l'astromécano. La réserve, c'était surtout une petite pièce sombre encombrée de cartons où l'on remisait tout ce dont on pensait que cela pourrait servir à nouveau un jour. Normalement, il y aurait aussi dû y avoir des pièces neuves, mais en ces temps difficiles, les pièces neuves étaient rares et lorsqu'elles étaient livrées, elles étaient directement emmenées dans le Temple, où l'on en avait le plus besoin. Ici donc, que des choses usagées qu'il faudrait fouiller méthodiquement, mais l'idée ne répugnait pas Lyrae qui y voyait là un moyen de continuer à éviter de penser à son bras, à la façon dont son Maître avait réagi en le voyant, à tout ce qu'il faudrait réapprendre avec, à ce que le combat au sabre, tâche déjà pénible, deviendrait lorsqu'il s'y essaierait à nouveau, complètement déséquilibré.

Lyrae s'accroupit pour examiner un carton vide, puis un autre rempli de fils... Celui-ci peut-être ? Non, ce n'étaient que des pièces de métal simples. Alors derrière, il aurait peut-être plus de chances. Il poussa rapidement le contenant en question pour découvrir, juste derrière, deux yeux écarquillés.

Des... YEUX ?!

Avec un hoquet de surprise, Lyrae fit un bond en arrière, avant de réaliser que les yeux appartenaient sûrement à un corps, et que le corps lui-même avait de bonne chance d'appartenir à un padawan.
Gagné. Le padawan en question avait un teint blanc et un regard flamboyant d'innocence, ce qui lui rappelait vaguement quelque chose... Ah, oui. Le petit padawan qu'il avait un peu traumatisé en se réveillant dans l'infirmerie.
En se redressant pour se redonner contenance, Lyrae leva un sourcil, manifestant un étonnement vaguement cynique.

- Je peux savoir ce que tu cherches, coincé derrière une montagne de cartons ?
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"Euh..."

Pourtant, il aurait donné son bras que personne n'allait venir le déranger ici.

"Ben..."

Ce n'était pas un Maître, c'était déjà ça. Ni un chevalier... mais c'était un Jedi, et Iki ne voulait plus voir de Jedi. C'était même pour ça qu'il était là, dans une pièce annexe remplie de feraille, un endroit ou les Jedi n'avaient aucune raison d'aller. Ici c'était pour les mécaniciens, les fous de droïdes et de vaisseaux. Dans l'esprit de l'aldéraanien, les Jedi ne s'intéressaient pas à la technologie. Qu'est ce qu'un Jedi venait faire là ?

"Je voulais pas te faire peur, désolé" fit-il, contrit.

Et ce n'était pas n'importe quel Jedi, c'était celui qui l'avait traîné de force dans la Force et lui avait fait cadeau d'images, de sons, de sensations féroces qui lui donnaient encore des cauchemars. Ça faisait plus d'une semaine et il n'en avait parlé à personne, surtout pas à Maître Lune qui lui avait implicitement interdit de pratiquer la méditation sans lui. Ça avait juste semblé être la meilleure chose à faire pour réconforter Lyrae, lui montrer qu'il n'était pas tout seul ! Et même si se retrouver impuissant avait été très déplaisant, les pensées du jeune garçon sur l'expérience étaient confuses : il ne savait pas trop s'il regrettait ou non. Il ne savait même pas vraiment ce qu'il avait vu, ni pourquoi il avait vu ça.

"Ce que je fais là ? Je..."

Je suis en train de louper très volontairement le cours d'entraînement au sabre parce qu'on m'a prévenu que je devrai encore me battre contre Elkim et Elkim est bien trop fort pour moi et j'en ai assez de me faire ridiculiser devant tous les autres padawans. Bon sang, est-ce que Lyrae était venu le tirer par les oreilles pour le ramener où il devait être ? Est-ce qu'il l'avait trouvé grâce à la Force ? Si c'était le cas, c'était drôlement pratique comme pouvoir. Iki nota dans sa tête de demander à Maître Lune un entraînement poussé de détection, si ça s'appelait comme ça. Nul doute que Maître Lune, à sa fâcheuse habitude, le considérerait comme 'insuffisamment prêt', mais ça valait le coup d'essayer quand même. En ouvrant les yeux comme des billes et en pinçant les lèvres, ça marcherait peut-être. Tydjina l'avait déjà convaincu comme ça et sans même utiliser la Force.

Iki se leva, sortit de sa cachette et se retrouva juste à côté de Lyrae. Tout en s'époussetant, il ne manqua pas de scruter le nouveau bras du jeune homme. "Je cherchais un peu de calme, c'est tout." Il se força à lever le menton pour oublier ces doigts rouges et planta ses yeux dans ceux de Lyrae. Il n'était pas très fier de manquer un cours, ça ne lui était même jamais arrivé de toute sa vie, mais maintenant que c'était fait, il n'allait pas se faire ramener sans tenter au moins une fois d'amadouer son dénicheur. Lentement, les mots bien articulés et prononcés avec tant d'innocence filaient d'entre ses lèvres pour venir s'insinuer dans les conduits auditifs de Lyrae.

"Je fais rien de mal. Ils n'ont pas besoin de moi à l'entraînement et ce n'est pas interdit de venir ici. Je voulais qu'on me laisse un peu tranquille. Tu veux bien me laisser tranquille ?"
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Lyrae contemplait l'enfant avec une stupéfaction amusée.

- Ouais... Je vois, fit-il sur un air entendu, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

Mais il n'avait pas l'intention de le mettre dehors ou d'appeler un Jedi pour le ramener dans son cours. Déjà parce que ça aurait attiré l'attention sur lui, ensuite parce que lui-même se revoyait, quelques années auparavant, se réfugier dans ce même hangar pour manquer les cours d'entraînement au sabre. Ce qui, d'ailleurs, lui avait valu nombre de punitions, mais qu'il préférait à ces séances forcées d'un art où il se montrait particulièrement gauche. Rien que de penser à ce que cela donnerait avec son nouveau bras avait le don de former un sac de nœuds dans ses entrailles.
Il posa ses poings sur ses hanches, son tournevis toujours serré dans sa main valide et soutenant le regard du petit padawan décidément très doué pour jouer de son visage d'ange.

- Hé bien, on est deux à chercher la tranquillité, alors. Mais désolé, je ne peux pas « te laisser tranquille » tout de suite.

Lyrae déposa son outil sur une étagère avant de s'accroupir à nouveau pour reprendre ses recherches. Iki n'avait apparemment pas encore détalé, ce qui laissait penser au jeune homme qu'il ne l'avait peut-être pas tant effrayé que ça, la semaine précédente. Ou alors, il détestait à ce point l'entraînement au sabre qu'il préférait encore rester dans une pièce sombre avec un homme mutilé qui lui refilait des cauchemars sans le faire exprès.
Mais puisqu'il restait là...

- Je cherche un commutateur de taille onze, fit-il en ouvrant un coffre de métal grinçant.C'est une espèce de petit cylindre gris... De la taille d'un œuf. Ça sert à …

Il s'interrompit en tombant sur quelque chose qui ressemblait à l'objet qu'il cherchait, mais celui-là était trop gros, il ne conviendrait pas. D'un geste négligent, il l'envoya par-dessus son épaule avec les cartons déjà vérifié. Le cylindre rata les contenants et tinta sur le sol, mais Lyrae n'en fut pas affecté. En poursuivant sa fouille, il songeait qu'il était inutile d'expliquer à quoi servait le commutateur ; un enfant de onze ans qui se cachait n'en aurait cure.

- Enfin, bref. Tu n'aurais pas vu ça quelque part, pendant ta... Séance de tranquillité ?
l'interrogea-t-il, sarcastique.

Sans regarder le padawan, Lyrae referma le coffre avant de grimper dessus, afin d'atteindre les étagères les plus hautes. Son bras gauche le gênait un peu dans ses mouvements, mais il pensait que cela ne devrait pas trop se voir. Il était juste un peu plus lent que d'ordinaire et, tout seul, il commençait à ne plus voir ce bras. Le regard des autres, plus que la difficulté d'apprivoiser ce membre ou les douleurs qu'il lui causait la nuit, était le plus difficile à vivre.
Mais Iki l'avait déjà vu ainsi, et il n'était pas parti en courant. Alors il chassa de son esprit, comme il l'avait déjà fait des milliers de fois maintenant, les pensées concernant son membre handicapant.

- Non ?
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Iki poussa un soupir de renoncement quand il réalisa au sourire de Lyrae que le grand padawan ne tomberait pas dans le panneau. Au moins il aurait essayé. Prêt à se rendre à cette force supérieure, le garçon fut d'autant plus surpris quand son vis-à-vis annonça ses réelles intentions. En fait, il ne venait pas du tout pour lui. Soulagé, le gamin n'en ressentit pas moins un léger sentiment d'abandon : ça voulait dire que les Chevaliers qui s'occupaient de l'entraînement le jugeaient si peu important qu'ils n'avaient envoyé personne le chercher. Légèrement contrarié, il fronça un instant le nez et les sourcils puis reporta toute son attention sur Lyrae. Peut-être que le grand greffé aussi se fichait bien de ce qu'il pouvait trafiquer, mais au moins il ne le cachait pas.

Le petit brun resta planté là à observer Lyrae s'affairer. Ses yeux ne le quittaient pas, et il ne bougea que pour récupérer le cylindre qui avait atterri au sol. Il le rangea machinalement dans une des boîtes et reprit sa position qui, quoique passive, ne l'empêchait pas de réfléchir. Un commutateur, il ne savait pas du tout ce que c'était, et n'était pas vraiment pressé de le savoir. En tout cas s'il était de la taille d'un œuf de grazer domestique, il serait assez facile à repérer tant ces trucs là étaient gros. Il avait vu des grazers une fois dans une ferme pas très loin d'Aldera et se rappelait avoir été très impressionné par leur corpulence. Mais leur lait était vraiment délicieux.

S'efforçant de ne pas trop se vexer au ton sarcastique de Lyrae, il hésita un peu avant de lui répondre sans grand enthousiasme : "Non, pas vu ça. Mais attends.. je vais t'aider." Fouiller dans un tas d'objets en métal à l'utilité douteuse ne correspondait pas vraiment à son idée d'un jeu, mais puisque Lyrae n'avait visiblement pas l'intention de le dénoncer, c'était la moindre des choses qu'il puisse faire pour le remercier. Il s'activa donc à fureter dans l'étagère juste à gauche de son comparse aux cheveux blancs. Vrai qu'il avait les cheveux blancs. L'attention d'Iki avait été trop accaparée par le bras rouge pour y accorder de l'importance avant.

"Tu sais, Lyrae..."
commença timidement le garçon avant de replonger illico le nez dans sa boîte, soudain très intéressé par ce qu'il y avait dedans. Si il y avait quelqu'un avec qui en parler, c'était bien lui, mais il ne semblait pas très avenant et Iki ne voulait pas encore une fois se faire repousser. "Tiens, c'est pas ça ? Non, c'est pas ça." Il balança le gros cube en métal qu'il venait de prendre et renifla. Chaque réaction de son voisin était surveillée du coin de l'œil, chaque mouvement du bras gauche aussi. Ce bras, à la place de l'autre. L'autre qui s'était fait trancher au moins trois fois par nuit pendant dix nuits.

Les mains d'Iki se crispèrent sur les pans du carton. Il ne voulait plus voir ça. Il voulait comprendre. Il ne voulait pas en parler. Il voulait rentrer chez lui. Il ne voulait plus être Jedi. Il voulait recommencer. D'une voix rauque et peu amène, il lâcha : "J'suis content que tu ailles mieux. J'veux juste savoir une chose." Il se mordit les lèvres, mais c'était trop tard, interdit de reculer. Raclant sa gorge, il leva la tête vers Lyrae. "Celui qui t'a fait ça, il avait les cheveux blancs aussi, pas vrai ? Et un sabre rouge... pas vrai ?"

En attendant la réponse, le jeune padawan grimaça et porta instinctivement sa main droite juste en dessous de son épaule gauche.
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Lyrae écoutait distraitement l'enfant en poursuivant sa recherche méthodique, mais à la description de son agresseur, il se figea soudain, les yeux fixés sur l'étagère qu'il examinait. Perché sur son coffre, il restait ainsi immobile, mais ses méninges fonctionnaient à toute vitesse : il passait en revue dans sa tête tous les padawans de l'aile où il dormait. Puisqu'il faisait partie des plus âgés, il connaissait chaque padawan de son dortoir, car les aînés devaient accueillir, soutenir et souvent réconforter les nouveaux venus. Les dortoirs fonctionnaient comme des petites fratries et même si les padawans ne se connaissaient souvent pas plus que ça et si Lyrae n'était pas toujours le premier vers qui l'on courait quand on avait un problème, il n'en connaissait pas moins le nom de chaque enfant et associait aisément les visages avec les numéros de chambre. Une chose était donc sûre : Iki n'avait jamais fait parti de son dortoir ; donc, à moins d'une coïncidence peu probable, il ne devait pas avoir été là la nuit où la Sith s'était infiltrée pour enlever Yaelna, la nuit où il s'était battu contre l'apprenti qui lui avait pris son bras. Iki n'avait pas pu voir cet attaquant de ses propres yeux.
Lentement, il laissa retomber ses mains le long de son corps, mais ne se retourna pas pour chercher le regard d'Iki.

- Alors... C'est lui que tu as vu à l'infirmerie, c'est ça ?
murmura-t-il.

Pas de doute, la description ne pouvait être un hasard. Et lui-même avait l'impression d'avoir rêvé de ce Sith pendant tout son long séjour dans ce lit d'hôpital ; pas étonnant que ce soit lui qu'Iki ait rencontré. Une chance qu'avec ces cheveux blancs, il n'ait pas cru que c'était lui-même, l'apprenti au sabre rouge.
Machinalement, il releva ses bras et entreprit de poursuivre la fouille de son étagère, mais quinze commutateurs de taille onze aurait pu danser devant ses yeux qu'il ne les aurait pas remarqué.

- C'est ce à quoi il ressemblait, en effet... fit-il pensivement. Mais il n'est plus là, tu sais. Et les Sith ne sont pas prêts de revenir, avec les yeux de la galaxie entière braqués sur nous.

C'était plus pour parler d'autre chose que pour rassurer le petit Alderaanien. Mais il avait plusieurs fois repensé au regard accusateur du dévaronien depuis la semaine précédente, et il devait avouer que chaque fois, il ne s'était pas senti très fier. Il essayait de se trouver des excuses -la fatigue, le choc de la découverte de son bras, le combat avec les Sith, l'absence de son Maître...- mais il savait qu'il aurait dû soit être plus ferme et refuser, soit mieux se servir de son esprit pour enfermer ces images négatives. Lui qui d'habitude excellait dans ce domaine avait fait un faux pas qu'il n'arrivait pas à identifier. Mais le pauvre Alderaanien n'y était pour rien dans tout ça. Lui devait-il des excuses ?
Finalement, il sauta au bas du coffret métallique avant de se retourner vers Iki.

- Ecoute, je suis désolé pour ce qui s'est passé l'autre jour. Franchement, je ne l'ai pas fait exprès. Je ne sais même pas comment tu as pu avoir accès à, heu...

A quoi, d'ailleurs ? Ses pensées ? Son inconscient ? Ses rêves ? Son passé ? Il ne savait pas trop par quelle voie étaient sorties ces images. Il était de toutes façons tellement dans le brouillard, quand c'était arrivé..

- A ça, conclut-il avec un geste vague de sa main valide.

Se retournant à nouveau vers son étagère, il posa un pied sur le coffre métallique, s'apprêtant à y remonter.

- Tu sais, il faut éviter d'ouvrir ton esprit à n'importe qui. Si Sanatas ou moi avions eu de mauvaises intentions, il aurait pu arriver... Pire que ça, j'imagine.


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Lyrae ne lui disait pas de se taire ni d'aller voir ailleurs, mais Lyrae ne se tournait pas non plus vers lui pour lui parler yeux dans les yeux. Se balançant d'un pied sur l'autre, Iki essaya de réfléchir à ce que le grand padawan voulait bien lui dire. Ainsi c'était vrai : celui dont il rêvait tout le temps, c'était le jeune sith qui avait vaincu Lyrae. Ce n'était pas une affabulation, ça s'était vraiment passé et lui, Iki, avait tout vu. Plus encore, il avait tout ressenti.

Les mauvais souvenirs lui revenaient en mémoire et le fait que les Siths soient loin maintenant n'y changeait rien. Visage en détresse, le gamin sentait les larmes cogner à la porte de ses paupières mais, soudain, Lyrae se retourna pour s'excuser. Ouvrant grand les yeux car il ne s'attendait pas à tant de sollicitude, l'aldéraanien ressentit un agréable frisson dans tout son corps qui chassa les larmes et plia ses lèvres en un petit sourire. Peu importait au fond que Lyrae ne sache pas expliquer ce qui s'était passé, parce qu'il s'était excusé ! Il s'était excusé avec une sincérité évidente, en le regardant droit dans les yeux. L'aldéraanien se dit aussitôt qu'il était bien idiot : il aurait pu aller le chercher plus tôt pour lui en parler. S'il n'avait pas osé poser sa question, combien de temps encore aurait-il traîné ce poids sans personne pour l'aider à le porter ?

Maintenant que le premier pas était franchi, l'aldéraanien ne voulait pas s'arrêter. Il voulait tout décharger, tout dire pourvu que Lyrae ne l'en empêche pas. Dans sa tête, la quête du commutateur taille 11 fila bien, bien loin. Son grand camarade lui offrit une nouvelle ouverture qu'il s'empressa d'emprunter. En filant se coller juste à côté du coffre contre l'étagère que Lyrae explorait, il obligeait ce dernier à ne pas lui tourner le dos.

"Justement, Maître Lune m'avait déjà dit de pas le faire. Il dit que j'ai pas 'les barrières'. Mais à l'infirmerie... je pensais que ça t'aiderait. Et vous êtes pas n'importe qui, Sanatas et toi, vous êtes des padawans." Il afficha un petit sourire en coin, assez fier de sa répartie, avant de retrouver un air sérieux et contrarié. Son instinct lui dictait que ce qu'il voulait dire, il ne pouvait le dire qu'à lui, et qu'il devait lui dire sans attendre. "Lyrae..." il tourna une fois la langue dans sa bouche, inspira et poursuivit d'un ton de moins en moins serein : "J'ai envie de le retrouver, celui qui a fait ça. J'ai envie de lui faire payer. Je sais que c'est mal de penser à ça. Et.. je sais que tu penses à ça."

Il avait soudain très froid au ventre, et ça s'insinuait dans sa poitrine. Sa main agrippa l'avant-bras rouge de Lyrae. "Parce qu'il a fait mal. Vraiment, vraiment mal." Le garçon frissonna, baissa les yeux et les ferma. Sa tête hocha de droite à gauche et sa voix dérailla un peu. "J'arrive pas à l'enlever. Je veux le retrouver et me venger. C'est pas ça qu'on nous apprend au temple, je sais !"
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Lyrae frissonna à son tour en écoutant attentivement les paroles d'Iki. Il trouvait étrange, voire lugubre, que le padawan prenne tout cela autant à cœur. Certes, l'apprenti Sith avait fait du mal. Il lui avait fait du mal à lui, Lyrae, en découpant sa chair. Qu'Iki ait vu cela était certain, mais voulait-il vraiment dire qu'il avait eu mal lui aussi ? Il n'avait encore jamais connu de tels phénomènes... Mais ses connaissances étaient limitées, et il savait qu'il y avait bien des choses dont il n'avait jamais fait l'expérience.
Le jeune homme soupira, cherchant ses mots en laissant errer son regard, comme si les phrases qu'il faudrait employer étaient inscrites sur les murs gris de la petite pièce.

- Bien sûr, que j'y pense,
finit-il par dire lentement. Même si ce n'est pas bien, j'en ai envie. Parce qu'il m'a fait du mal. Je veux dire, il m'a fait du mal, à
moi.

Lyrae pesait ses mots, désireux de trouver un compromis entre expliquer que c'était normal d'éprouver du ressentiment et faire réaliser à Iki que ça l'était moins de sa part à lui. Il ne voulait pas non plus l'accuser, vu l'état déjà anxieux dans lequel il s'était mis.

- Ce genre de sentiments, tu sais, même les Maîtres les éprouvent. C'est juste... Qu'il faut apprendre à ne pas les garder avec soi. Et c'est ce qu'on fera, tous les deux, tu verras.


Lyrae eut un sourire rassurant, mais pas sûr que s'il avait l'occasion de mettre la main sur cet apprenti, il s'empêcherait de tenter de lui rendre la monnaie de sa pièce. Mais cloué au sol ici à cause de son rétablissement et de celui de son Maître, il fallait bien se résoudre à oublier l'idée, au moins momentanément. En réalité, la personne à qui il en voulait le plus, c'était lui-même. Sinya l'avait battu, et cet apprenti aussi. Il n'avait vraiment pas servi à grand chose, dans la bataille. C'était peut-être aussi pour cela, qu'il s'isolait ici. Une punition inconsciente.
Avec sa nonchalance habituelle, Lyrae s'adossa contre le mur, les bras croisés. Il observait Iki pensivement, passant en revue ce que l'enfant lui avait dit et qui lui paraissait si étrange.

- Maître Lune, c'est ton Maître ?
Demanda-t-il sur un ton plus léger.

Il se souvenait vaguement avoir déjà entendu parler de lui. Une connaissance de Misha, probablement.

- C'est plutôt brillant, pour ton âge, d'avoir déjà été repéré. Et ce Maître saura sûrement te dire que nous éprouvons tous des sentiments négatifs, parfois, fit-il.

C'était plus une réaction machinale ; Lyrae eut la sensation de rabâcher tout ce que lui-même avait entendu de ses aînés. Avait-il également le devoir de conseiller à Iki d'aller tout raconter à son Maître ? Il décida que si le padawan en avait besoin, il le ferait de lui-même, donc inutile de l'inciter outre-mesure à le dénoncer.
Après un nouveau regard dans les yeux du padawan, Lyrae haussa les épaules avec un sourire complice. Un des premiers vrais sourires qu'il esquissait depuis sa sortie de l'hôpital, en réalité.

- Fais pas cette tête-là Iki, on n'est pas des hors-la-loi !
Se moqua-t-il. L'autre aux cheveux blancs mérite bien qu'on le déteste un peu. Et dans nos têtes, c'est nous les maîtres de ce qui arrive. Donc, c'est toujours qui gagnons, au final.

Il passa volontairement sous silence que pour sa part, il lui faudrait du temps avant de maîtriser ses propres rêves confus que les médicaments sensés aider sa greffe n'arrangeaient pas. Après un clin d'œil, Lyrae se retourna vers son étagère dont il n'avait pas terminé la fouille.
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Même s'il n'était que padawan comme lui, Lyrae était quand même bien plus grand et donc plus sage. Iki écouta donc religieusement ce qu'il avait à dire dans l'espoir que de simples mots viendraient mettre un terme à ses tourments.

Certaines paroles l'interloquèrent, comme quand Lyrae insista que c'était lui qui avait eu mal et non l'aldéraanien. Là, Iki fronça les sourcils. Ca se voyait bien qu'il avait encore ses deux bras naturels fixés aux épaules. "Mais c'était si réel..." protesta-t-il en chuchotant. Jamais il n'aurait pu imaginer une telle douleur, et l'avoir vécue donnait à sa compassion pour Lyrae un caractère concret, presque tangible. C'est pourquoi il ne regardait pas le nouveau bras avec pitié mais avec une aigreur non dissimulée.

D'autres paroles le rassurèrent, surtout celle où Lyrae disait qu'ils arriveraient à surmonter cette épreuve ensemble. Ce n'était pas exactement ce que le jeune homme avait dit, mais Iki l'entendait comme ça. C'était étonnant comme deux simples mots comme "tu verras", dits de la bonne façon, pouvaient repousser les frissons glacés dans son ventre. Progressivement, les images rémanentes de son cauchemar se dissipèrent, aidées en cela par le changement subtil de sujet qu'opérait Lyrae.

"Oui, c'est un shistavanéen. Mais j'ai pas été repéré, moi. Il m'a même pas choisi." précisa le brun avant d'ironiser, sourire aux coins des lèvres : "Mon père est Sénateur, le Conseil Jedi veut peut-être s'assurer qu'il m'arrive rien. Mais si c'est vraiment ça qu'ils essaient de faire", il hocha négativement la tête, "ils sont pas très bons." Entre l'attaque des Siths où il s'était retrouvé tout seul dans la jungle pendant plusieurs heures sans savoir quoi faire, l'escapade sur le vaisseau de Lizi où un pirate borgne avait bien failli le blasteriser et la séance de méditation commune où il s'était presque perdu dans l'esprit de Lyrae, sa vie était devenue bien mouvementée - et mortellement dangereuse - depuis son arrivée sur Ondéron.

Le ton de la conversation devenait plus léger, si bien que Lyrae se permit même de plaisanter à son tour tout en restant respectueux, ce que l'aldéraanien appréciait énormément. Trop souvent il avait entendu des padawans se moquer méchamment d'autres dans leur dos ou même en face, et il n'avait jamais participé à ça ! L'optimisme volontariste du greffé était aussi contagieux - ça changeait du discours de Père qui disait toujours qu'on était soumis aux lois de la galaxie. Iki préférait penser comme Lyrae.

Lequel se retournait à nouveau pour fouiller, signe évident qu'il ne voulait plus vraiment converser pour l'instant. Un peu déçu, Iki décida de continuer à l'aider dans l'espoir d'une nouvelle ouverture. Il se replaça face à l'étagère de gauche et la porte de la salle s'ouvrit.

"Iki-iki-iki ? Ikiiiiii."

Les yeux d'Iki devinrent ronds comme des planètes et son coeur fit un bond. Cette voix joviale et haute perchée était reconnaissable entre mille. "Oh non.. c'est Grindi." murmura-t-il à son voisin. "C'est une peste, elle me court tout l'temps après." La padawan Togruta, à peine plus vieille que lui, avait sûrement du se porter volontaire pour le chercher et le ramener au cours par les oreilles. Sans attendre qu'elle s'avance, tourne au coin de la salle et les découvre tous les deux, Iki tira bruyamment les cartons du bas de son étagère et se faufila dans le trou. Recroquevillé en bas, il implora Lyrae du regard : "S'te plait, me dénonce pas."
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Fils de sénateur ! Lyrae n'y connaissait pas grand chose en politique, mais il était de notoriété commune que le poste de sénateur était très haut placé. En tant qu'enfant de Coruscant, il avait entendu suffisamment parler des réunions du Sénat pour savoir que les personnages y participant étaient très en vue et très influents. Nul doute qu'il devait garder un œil sur son fils... Même à l'abri dans un Temple Jedi. Certes en mauvais état, mais Iki était toujours en vie. Alors, finalement, peut-être les Jedi ne s'étaient-ils pas si mal débrouillés. Il allait faire part de ce point de vue quand une voix haut perchée troubla leur paisible conversation par ses cris.

Quelques secondes plus tard, une jeune Togruta dégingandée -elle arrivait déjà à l'épaule de Lyrae malgré son jeune âge- apparaissait derrière une étagère. Il était clair qu'elle savourait sa responsabilité de ramener le déserteur à son cours de maniement du sabre, mais elle allait vite déchanter, selon Lyrae.

Cela ne loupa pas. Quand elle se retrouva face à lui, après une première surprise de tomber sur un inconnu, son regard rencontra le bras rouge de Lyrae -qui, pour une fois, ne fit aucun effort pour masquer sa bizarrerie- et elle eut un mouvement de recul à peine perceptible. Son sourire malin retomba un peu et le jeune homme afficha un étonnement poli.

- Tu cherches quelque chose ? Fit-il.

Si ç'avait été un Chevalier, Iki et lui aurait peut-être eu du mal. Mais là, la partie était gagnée d'avance. La Togruta secoua la tête en signe affirmatif.

- Heu, oui. Un padawan qui s'appelle Iki. Il... Il est haut comme ça, expliqua-t-elle en utilisant ses mains, c'est un humain et il...
- Pas vu de padawan, la coupa Lyrae avec décontraction. Il n'y a que toi et moi, ici.

Puis il se retourna vers son étagère et prit soin d'utiliser son bras greffé pour attraper une boîte en hauteur. Rappeler à la Togruta qu'elle était seule dans une pièce sombre avec ce greffé avait exactement eu l'effet escompté : Grindi avait déjà tourné les talons et deux secondes plus tard, elle avait quitté la pièce en prenant soin de refermer la porte derrière elle. Lyrae rit en reposant la boite métallique.

- Tu peux sortir Iki, elle viendra plus te chercher ici, je crois !
Fit-il, goguenard.

La pièce était retombée dans ce silence pacifique qu'il affectionnait. Cette Grindi portait miraculeusement bien son nom. Il sonnait comme un nez fourré dans toutes les affaires, et il n'aimait pas ce genre de truffe dans son petit monde de mécanique. Il se doutait d'ailleurs qu'Iki n'y resterait pas éternellement ; ç'avait juste été pour lui une cachette bien pratique. Alors, avant qu'il s'en aille...
Il se baissa au niveau des cartons qui dissimulaient l'Alderaanien. Et qui commençaient à remuer.

- Mieux vaut que tu ne traînes pas trop, sinon Miss Je-mets-mon-nez-partout va finir par laisser la place à un Chevalier pour te mettre la main dessus. T'as qu'à faire un petit tour à l'infirmerie ; les vieux trucs sont les meilleurs,
affirma-t-il avec un clin d'œil.

L'estomac de Lyrae croassa et il se dit qu'il serait bientôt temps pour lui de rejoindre un réfectoire quasi-désert pour y prendre un repas à peu près tranquille. Il décida de terminer son discours avant que le pauvre padawan ne s'endorme d'ennui.

- Et tu sais quoi ? Si le type aux cheveux blancs te titille encore, je suis au dortoir de l'aile B, généralement, ajouta-t-il sur un ton qui se voulait désinvolte.

La chambre où plus personne n'entrait ; c'était facile à trouver, mais Lyrae se passa de cette explication. Il eut un sourire avant de se redresser.
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Coincé derrière et entre les cartons, Iki retenait son souffle, restait tout à fait immobile et cherchait même à se dissimuler dans la Force. C'était une technique que Maître Lune tentait de lui enseigner mais sans grand succès. Malgré tous leurs efforts, l'aldéraanien restait aussi visible dans la Force qu'un rancor dans une coursive. Heureusement que Grindi n'était pas forte en détection. Le garçon se demandait d'ailleurs en quoi elle était forte à part le harassement : elle s'asseyait toujours a côté de lui pendant les cours, essayait de s'incruster quand il était avec elkim, braan et tydjina, lui avait même proposé une fois qu'ils étaient tout seuls de toucher ses lekkus.

Il avait refusé bien sûr, avec une grimace de dégoût sur le visage. Elle l'avait mal pris et l'avait planté là. Soulagé, il s'était dit qu'il en était débarrassé mais son l'arrivée inopinée de la Togruta dans le hangar lui prouvait que ça n'allait pas être si facile.

D'en bas, il ne pouvait voir que les jambes de la fille et celles de Lyrae. Tendant l'oreille, il sentit son cœur se presser juste après qu'elle l'ait décrit, mais Lyrae ne le dénonça pas. Il se retint toutefois de souffler avant qu'elle ne soit vraiment loin et qu'il ait reçu le signal et les conseils du greffé. Alors il repoussa les cartons, s'extirpa de sa cachette et, comme la première fois, prit le temps de bien s'épousseter. "Merci Lyrae, t'es un vrai ami !" déclara-t-il avec un grand sourire. Il avait pleinement conscience que Lyrae avait pris un gros risque pour lui en devenant complice de son escapade.

"J'aime pas l'infirmerie... et puis je sais que j'aurais pas dû quitter le cours, même si j'aime pas le sabre." Les lèvres pincées comme un gosse qu'on aurait surpris à voler dans le sac à bonbons, il regardait sa main droite tripatouiller son poignet gauche. "Faut que j'y retourne. J'inventerai une histoire." Ses lèvres affichèrent un rictus malicieux : "Et je veux voir la tête qu'elle fera quand elle reviendra et me verra dans la salle."

Les mains jointes sur son ventre, le jeune padawan s'inclina en avant pour saluer Lyrae selon la tradition de l'aristocratie alderaanienne. Puis il fit volte-face et courut quelques mètres avant de s'arrêter net. Par dessus son épaule, il précisa à son nouvel ami : "Tu sais, j'en ai parlé à personne avant toi." Après un nouveau et franc sourire, il reprit sa course et sortit rapidement. Si Lyrae semblait se satisfaire de sa solitude mieux valait que le grand padawan aux cheveux blancs en profite car elle n'allait pas durer. Dans sa tête, Iki répétait déjà "Aile B" pour mieux l'imprimer.
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